Nuit du 23 au 24 février 1935 : Un cyclone dévastateur sur les Deux-Sèvres

Un véritable cyclone ravage une partie de la France accumulant des dégâts considérables dans les Deux-Sèvres, le Poitou, le Sud-Ouest,
la Bourgogne et le Bourbonnais

Le nombre des victimes semble heureusement
devoir être assez restreint

L’ouragan, dont la vitesse moyenne aurait été de 100
kilomètres à l’heure, a interrompu partiellement les
communications ferroviaires et télégraphiques

PARIS, 23 février (de notre rédaction parisienne). — Une violente tempête a causé, la nuit dernière, de très sérieux dégâts aux lignes télégraphiques dans les régions du Sud-Ouest, du Bourbonnais et de la Bourgogne. Les communications télégraphiques directes entre Paris et un certain nombre de villes situées au Sud de la Loire ont été interrompues.
M. Georges Mandel, ministre des P. T. T., a pris immédiatement des mesures pour que le trafic puisse tout de même rapidement s’écouler. Grâce à l’utilisation des câbles souterrains et des lignes aériennes secondaires, toutes les relations sont désormais rétablies.
Un communiqué du P. O.
PARIS, 23 février (de notre rédaction parisienne) :
La direction des Chemins de fer du P. O. communique qu’une violente tempête a sévi, la nuit dernière, sur les départements de l’Indre-et-Loire, des Deux-Sèvres, de la Charente et, en particulier, sur le Poitou.
Des chutes d’arbres, de poteaux télégraphiques ont entravé la marche des trains occasionnant des retards assez considérables et l’interruption des communications téléphoniques.
Heureusement, aucun accident n’est à déplorer. Un train de marchandises se dirigeant vers Saincaize (Nièvre) et devant passer à Châtellerault à 3 h. 31, a dû s’arrêter en cours de route.
Le rapide Pyrénées-Côte-d’Argent-Paris, qui passe à Châtellerault à 5 h. 37, n’a pu poursuivre sa marche.
Les courriers du Midi et de Bordeaux, de Cette-ville, ne sont arrivés en gare de Châtellerault qu’avec de gros retards.
Pendant plusieurs heures, cette gare ne put communiquer télégraphiquement et téléphoniquement qu’avec les stations de Dissay et de Port-de-Piles, situées à mi-chemin entre Poitiers et Tours.
De Châtellerault, les communications, télégraphiques ont été interrompues avec La Rochelle, Niort, Civray, Montmorillon et plusieurs localités du Sud de la Vienne. Elles ont subi de grands retards avec Limoges, Toulouse, Nantes, Angers, Rennes, Lyon, Caen, Rouen.
Des fils électriques à haute et basse tension ont été brisés en divers endroits. Châtellerault et diverses localités de la région ont été privées d’électricité. Toute la nuit, l’ouragan et la pluie ont fait rage, provoquant de graves dégâts.

UNE NUIT D’ÉPOUVANTE A NIORT

NIORT, 23 février. (De notre rédaction.) — Il n’y a pas beaucoup de Niortais qui ont pu fermer les yeux cette nuit.
C’est une véritable nuit d’épouvante que nous avons vécue.
Depuis plusieurs jours la tempête soufflait avec violence de l’Ouest-Sud-Ouest et vendredi les giboulées de grêle avaient succédé à la pluie. Mais, dans la nuit de vendredi à samedi, c’est une véritable tornade qui s’est abattue sur la ville, à partir d’une heure du matin. Venant de la direction de La Rochelle, elle souffla pendant plus de deux heures au cours desquelles le vent secoua la ville avec une violence inaccoutumée dans un bruit de volets qui battaient et de matériaux tombant sur la chaussée.
Au matin, quand la ville s’éveilla, les rues et les places étaient jonchées de branches d’arbres, de tuiles, d’ardoises, de planches et de tuyaux de cheminées.
Peu à peu on s’aperçut que les dégâts étaient beaucoup plus importants qu’on ne l’avait pensé tout d’abord. Actuellement on ne peut encore les évaluer, car toutes les communications sont coupées et les enseignements très difficiles à rassembler. Sur la place de la Brèche, les quelques attractions qui s’y trouvaient ont eu leurs bâches arrachées et la pluie, tombant en torrents à l’intérieur, a fait subir à leurs propriétaires des pertes considérables.
L’Hippo-Palace, à lui seul, aura à effectuer pour plus de 50.000 francs de réparations.
Dans le jardin public de la Brèche, plusieurs arbres qui en faisaient l’ornement sont déracinés. Il en est de même dans le jardin public situé au bout de la rue de la Regratterie.
Des arbres sont également arrachés dans tous les coins de la ville, en particulier rue de la Juiverie, dont l’un est tombé sur la toiture du collège Saint-Hilaire ; avenue de Paris, avenue de Limoges, ainsi qu’à l’École Normale, avenue de La Rochelle.
Quinze troncs coupaient la chaussée à la sortie de la ville. Même chose à la sortie de l’avenue de Limoges, et aux Maisons-Rouges, sur l’avenue de Paris.
Le hall du stade Espinassou a été emporté. Les tribunes du vélodrome de Romagné ont été renversées puis emportées à plus de vingt mètres. Elles se sont brisées, comme si les pauvres dirigeants du vélodrome de Romagné avaient encore besoin d’un désastre pareil.
En pleine tempête l’électricité s’éteignit tout à coup, plongeant la ville dans une obscurité complète.
A 11 heures du matin le courant n’avait pas pu être rétabli, car de nombreuses lignes haute tension traînaient à terre et on pouvait craindre les accidente les plus graves. Les communications téléphoniques et télégraphiques sont interrompues. Les poteaux téléphoniques ayant été arrachés par le vent ou par les arbres tombés sur les lignes, les communications téléphoniques et télégraphiques sont interrompues. A 10 heures du matin, Niort n’était relié téléphoniquement que par un seul fil avec Paris et un autre avec Saint-Maixent-l’École. Le télégraphe ne fonctionnait plus qu’avec Prahecq et Saint-Maixent-l’École. Donc, impossible de communiquer avec La Rochelle ni avec n’importe quelle localité des Deux-Sèvres.
Le trafic ferroviaire retardé ou arrêté.
Les lignes téléphoniques étant également tombées sur les voies ferrées, le trafic fut retardé ou interrompu. 600 mètres de lignes seraient tombés près de Marigny ; 500 mètres près de Saint-Florent, et également quelques centaines de mètres sur la ligne de Poitiers et Paris, près de Bouillon-Nouze. Les trains durent s’arrêter pour attendre que la voie fût quelque peu déblayée. Aussi, les trains de Paris et de Poitiers, entrèrent-ils en gare avec plus d’une heure de retard. Ceux de La Roche-sur-Yon, Fontenay-le-Comte et de Bressuire subirent des retards considérables. Ils ne purent entrer en gare qu’après 9 heures. Dès l’aube, des équipes avaient été envoyées pour haubanner les poteaux, remplacer les lignes tombées, par des câbles. On espérait que le trafic normal pourrait reprendre dans la soirée sur les lignes de Paris-Niort, Paris-La Rochelle et Paris-Barcelone. Mais il faudra plusieurs jours pour remettre les lignes en état.
Les trains, pour entrer en gare, au lieu de passer par le pont d’Inkermann étaient déviés par la gare de triage, puis refoulés sur la gare des voyageurs. Ceux en partance dans la même direction ne pouvaient emprunter qu’une seule des trois voies.
Sur les routes
Le trafic routier a été complètement interrompu sur toutes les routes partant de Niort. De nombreux forains de Niort, qui se rendaient aux marchés de Champdeniers, Saint-Maixent. Poitiers, n’ont pas pu passer et ils ont été obligés de faire demi-tour ou de gagner leur marché par des chemins de terre. Les autobus voulurent, malgré tout, assurer leur service ; mais ils ont été arrêtés à quelques kilomètres de Niort, voire même à quelques centaines de mètres.
L’autobus d’Angers réussit à franchir les arbres tombés sur la route d’Échiré et sur la route de Champdeniers, dans la côte de Chizon ; mais, à Rouvres, il se trouva en présence d’un gros ormeau barrant complètement la route sur laquelle était tombée la ligne à haute tension. Il voulut faire demi-tour pour prendre un chemin détourné sur la gauche. Un autre arbre lui barra la route et un cycliste qui arrivait déclara :
« Je viens de Surin. Il y a plus de 60 arbres tombés ! J’ai fait plus de chemin dans les champs que sur la chaussée… »
Revenant sur sa droite, l’autobus se trouva à nouveau bloqué par un arbre énorme. Force lui fut donc de s’arrêter en attendant que des équipes d’ouvriers bénévoles aient scié les troncs d’arbres et libéré le passage ; mais, l’opération dut se répéter de nombreuses fois.
Il est impossible actuellement de savoir exactement où les dégâts ont été le plus importants. En tout cas, ils sont très grands sur toute la région des rives de la Sèvre, exposée aux vents du Sud-Ouest.
A Surineau, en particulier, de nombreux arbres ont été abattus. Tous les beaux pieds du parc de M. Pierrey sont à terre.
Un arbre défonce la toiture de la demeure d’une vieille femme
C’est un gros arbre de ce parc qui s’est abattu, vers 2 heures du matin, sur la maison basse où dormait Mlle Clémentine Nouzilles. La toiture fut écrasée et de nombreuses branches vinrent donner violemment contre le plancher du grenier. Mlle Clémentine Nouzilles, qui dormait immédiatement au-dessous, se précipita au dehors sans prendre le temps de se vêtir.
« Je suis restée dans la cour pendant plus de deux heures ! nous a-t-elle dit. Je n’osais plus rentrer… »
Une famille entière l’échappe belle
A la ferme de Crouzé, une famille entière a échappé de peu à un accident grave. L’ouragan emporta d’abord la toiture, puis tout a coup les murs s’abattirent. De grosses pierres défoncèrent le parquet. Pris de frayeur on le conçoit, le fermier, sa femme, ses enfants et ses domestiques se précipitèrent dehors en chemise. Ils traversèrent la cour, sous la pluie battante et les rafales, pour aller se réfugier dans une vieille chapelle. Mais à peine en atteignaient-ils la porte, qu’un gros noyer qui se trouvait près de là s’abattit dans un craquement sinistre et vint écraser le coin de la chapelle.
Dès maintenant on se rend compte que les dégâts infligés aux cultivateurs sont extrêmement élevés. Nous espérons que les pouvoirs publics leur viendront en aide. De nombreux cultivateurs ont vu leur blé, entassé dans leurs greniers, abîmé par la pluie et en grande partie devenu invendable.

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24 février 1935 – Niort

Les ravages causés par le cyclone entre Niort et La Roche-sur-Yon

NIORT, 23 février (De notre rédaction). — L’ouragan n’a pas soufflé partout avec la même violence. De Niort à La Roche-sur-Yon, nous avons pu en juger par le nombre des arbres tombés sur la route. Entre Niort et Benêt, sur 10 kilomètres, il y avait plus de 100 arbres déracinés, barrant la route. Le service des Ponts et Chaussées s’empressait de scier les troncs et de les dégager pour rétablir la circulation.
Aux environs d’Oulmes, il semble qu’il y ait eu une région de calme relatif. Puis, à l’approche de Fontenay-le-Comte, le spectacle lamentable se renouvelle. Jusqu’à La Roche-sur-Yon, les arbres tombés sont beaucoup moins nombreux que du côté de Niort.
A Sainte-Hermine, nous avons rencontré un voyageur qui, pour venir de La Rochelle avait dû abandonner la grande route et chercher un chemin de terre dans la plaine. Il nous a raconté qu’à La Rochelle, le parc splendide du Mail était dévasté. A 18 h. 30, la lumière n’était pas encore rétablie à Niort, qui reçoit son courant de la Centrale de l’Ile Jourdain. Des efforts vont être tentés pour rattacher cette distribution à la Centrale de Paymoreau, dans les Deux-Sèvres. Les lignes téléphoniques ne sont pas encore toutes réparées et les communications avec la région demeurent encore impossibles.

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25 février 1935 – Niort

LENDEMAIN DE TORNADE

Des milliers d’arbres sont arrachés. Les dégâts matériels sont très
importants, notamment dans le sud du département où les lignes
téléphoniques ne sont pas réparées. Le courant électrique manque
encore dans certains quartiers.

Malgré l’admirable activité des services  de tous ordres, les dégâts causés par le cyclone dans la nuit de vendredi à samedi sont loin d’être réparés, et il faudra plus d’une semaine pour que tous les services reprennent leur marche normale. Hier encore, les trains venant de Thouars ont subi un certain retard.
De même que ceux venant de La Rochelle et de Fontenay-le-Comte. Par contre, la plupart des routes étaient dégagées dès samedi soir, sauf celle de Niort à Poitiers qui est restée 48 heures obstruée.
Niort sans lumière ni force motrice
Niort a été privée de lumière et de force motrice, depuis la nuit de vendredi jusqu’au dimanche. On s’imagine les perturbations qui ont pu en résulter en ville ! De nombreuses industries fonctionnant à l’électricité n’ont pu reprendre le travail. Les boulangers, obligés de brasser leur pain à bras, n’ont pu faire leur tournée habituelle, ni satisfaire les exigences de leur clientèle.
Hier matin, cependant, le courant a pu être rétabli dans une partie de la ville, car le service électrique avait pu rattacher le réseau des Deux-Sèvres à l’usine électrique de Faymoreau (Vendée). D’autres quartiers sont restés privés de lumière.
Dans les P. T. T.
Pendant 24 heures, nous n’avons été reliés au reste de la France que par une seule ligne avec Paris. Hier matin, seulement, on avait réussi à rétablir deux circuits sur Poitiers.
La ligne de La Rochelle n’était remise partiellement en état que jusqu’à la limite du département.
Les circuits départementaux de Niort étaient tous hors d’usage, sauf une ligne téléphonique sur Saint-Maixent et une télégraphique avec Prahecq. Dans les autres villes du département le même embarras existait. A Parthenay, il n’y avait plus aucun circuit avec les départements voisins ni avec Paris, ni avec Niort.
Il restait seulement des circuits départementaux : de Parthenay avec Moncoutant, Secondigny, Amailloux, Le Tallud, Airvault, Tenzay et Saint-Loup, encore celui-ci était-il coupé hier matin.
Par contre, Parthenay a pu être relié dimanche avec Thouars et avec Bressuire, ainsi qu’avec Poitiers par une ligne détournée, passant par Penzay et Miredeau. Thouars était isolé du reste du département.
M. Rouquet, directeur des Postes, rentrait de la tournée d’inspection qu’il avait tenu à faire lui-même samedi, quand nous avons pu le joindre samedi soir il nous a indiqué que plus que de 80 kilomètres de fils étaient par terre dans le Sud du département, et que, pour les remplacer, ils avaient dû faire venir des câbles de Nantes. Rennes et Nancy. Comme nous l’interrogions sur la durée des travaux de réparation, il n’a pu que nous répondre par un hommage au dévouement absolu des équipes d’employés qui, depuis deux jours, travaillent avec un dévouement admirable, et aux téléphonistes qui font l’impossible pour donner satisfaction à tous les abonnés en utilisant les quelques circuits qui restent à leur disposition. Les circuits départementaux seront réparés les derniers. On va d’abord s’employer à rétablir ceux de Niort, La Rochelle, Niort-Fontenay, Niort-Nantes et Niort-Tours.
Les habitants de la rue de la Paix ont couché dans leurs caves.
Nous avons donné hier une physionomie complète des dégâts causés à Niort, mais parmi les détails nouveaux que nous avons pu recueillir depuis, et qui ressemblent pour beaucoup à ceux donnés hier, voici une anecdote qui montre combien les Niortais ont été frappés d’épouvante par la violence du cyclone, et par le bruit que faisaient en retombant sur le sol, les matériaux emportés par le vent. Les habitants de la rue de la Paix ont tous couché dans leurs caves, tellement ils avaient l’impression que leurs maisons allaient être emportées par la rafale.
Vers minuit trente, un homme qui se rendait dans le quartier du Frêne fut pris par le vent et emporté comme un fétu de paille. Il parcourut ainsi, nous dit-il, environ vingt mètres, et finalement fut bloqué contre le parapet du pont de l’avenue de Limoges.
On nous a relaté également que samedi matin un camion partit de Niort à 5 h. 30, n’arriva à Frontenay-Rohan, distant de 10 kilomètres, qu’à 9 h. 30.
A travers le département ravagé
Comme il était absolument impossible de communiquer avec le reste du département par téléphone, nous avons essayé de faire le triste bilan de ce sinistre par une tournée rapide en automobile. Disons tout de suite que le sud des Deux-Sèvres a été beaucoup plus éprouvé que le nord. Partout, des centaines et des centaines d’arbres sont déracinés et déchiquetés. C’est autour de la route de La Rochelle-Niort-Poitiers que nous avons remarqué les plus importants dégâts.
Nombreux sont les arbres tombés sur la route, aux environs des Maisons Rouges. Mais, à six kilomètres de Niort, les Ponts et Chaussées, qui n’ont pourtant pas chômé non plus depuis deux jours, ont été obligés d’établir un barrage et de faire dévier toute la circulation routière par une petite route oui passe par Chauray et François. La route n’a pu en effet, être dégagée entre Trévins et La Crèche. Jusqu’à Saint-Maixent, particulière ment dans la côte de Kadoré, la route est bordée de centaines d’arbres tombés.
Saint-Maixent a particulièrement souffert
Toute la campagne saint-maixentaise est dévastée. L’ouragan a été terrible et a duré sans interruption de 2 heures du matin à 5 heures. Partout, l’angoisse a régné dans la campagne. C’est par milliers qu’on compte les vergers dépouillés de leurs arbres et les immeubles sans toiture ni cheminée. Les communes les plus éprouvées sont celles d’Azay-le-Brûlé, Romans et Nanteuil.
Le plateau du Panier Fleuri, où passe la route de Niort, est jonché d’arbres couchés à quelques mètres  les uns des autres. Une honorable  famille d’artisans, qui habite sur le plateau, dans un petit pavillon de bois a vu celui-ci coupé en deux par arbre tombé dessus. L’arbre est même tombé à 50 centimètres de la chambre où était couchée Mme Roy, ainsi que son mari.
C’est à 3 heures que la bourrasque a atteint son maximum. Il faudrait remonter à 1905 pour retrouver le souvenir d’une pareille catastrophe. La ville a été privée de courrier, et toute la région est sans lumière. L’Ecole Militaire, par contre, a peu souffert. Quelques arbres ont été déracines et des salles d’étude ont vu leurs cloisons tomber. Voici encore, à la sortie de Saint-Maixent, quelques arbres tombés sur des maisons. Partout sur les routes, des équipes de cantonniers partent la cognée sur l’épaule ou la scie à la main.
Jusqu’à Reffanes, les dégâts sont beaucoup moins importants ; puis, au-delà, des spectacles de désolation recommencent et sont particulièrement lamentables de Pompaire jusqu’à Parthenay.
A Parthenay.
L’ouragan a enlevé les bâches des attractions qui se trouvaient sur. la place du Drapeau. Des glaces de vitrines ont été brisées en ville. Au château du Plant, 100 arbres ont été abattus. Le calvaire de Châtillon-sur-Thouet git en morceaux, et, pour comble de malheur, en pleine tempête, un incendie a détruit, place du Château, à Parthenay, une remise, faisant ainsi plus de 12.000 francs de dégâts.
De Parthenay à Thouars les dégâts sont particulièrement grands sur la rive droite du Thouet. A Gourgé Plus de 700 mètres de lignes téléphoniques ont été couchées a bas. Les arbres tombés ne se comptent pas.
A l’ouest du Thouet, jusqu’à Bressuire, les dommages causés sont ceux que fait souvent une tempête assez violente. A Bressuire, la toiture du dépôt de machines a été emportée.
Mais, si l’on revient vers le sud, on retrouve la désolation.
Mazières-en-Gâtine
A Mazières-en-Gâtine, la toiture de la ferme de la veuve Robin a été emportée, soit 10.000 francs de dégâts. Une maison neuve près de la gare n’a plus de toit. Plus loin, la ferme du « Petit-Chêne » a 300 pieds de pommiers arrachés. Dans l’ensemble, cependant, la Gâtine, protégée par ses haies nombreuses, n’a pas été trop éprouvée ; mais, aux environs de Champdeniers, jusqu’à la Sèvre Niortaise, nombreux sont encore les arbres déracinés.
Au Sud de Niort
Au sud de Niort, un calme relatif semble régner jusqu’à Prahecq ; par contre, la forêt de Chizé semble avoir beaucoup souffert. Le garde forestier de Rimbault évalue à 1.500 environ le nombre des arbres déracinés au carrefour du chêne Empereur. On dirait que la guerre est passée là. Sur la route de Prahecq, les dégâts sont à peu près nuls, sauf cependant à Aiffres, où les arbres tombés sont plus nombreux.
Dans le bourg de Périgné, les maisons sont indemnes, mais, par contre, le vent fit une véritable hécatombe de noyers. La route de Prahecq à Beauvoir est coupée à l’arrivée de cette dernière bourgade par les fils téléphoniques de la ligne de chemin de fer, qui forment un indicible enchevêtrement. Le garde-barrière, dont la maisonnette retient encore un poteau, nous a dit toute la peur qu’il a eue.
Beauvoir a souffert de la tornade ;  la plupart des maisons ont été endommagées. Une ferme même, sise à  la Croix-Portillon, a vu sa toiture enlevée entièrement, et un train de marchandises venant de Saint Jean d’Angély fut obligé de s’arrêter en gare de Beauvoir à 3 h. 30 du matin, par suite d’une panne causée par le choc de trois sapins.
A Frontenay-Rohan-Rohan et environs
Comme nous le disions plus haut, la route de La Rochelle à Niort a été particulièrement éprouvée. De Niort à Frontenay-Rohan-Rohan, sur une distance de 10 kilomètres, une quarantaine d’arbres ont été arrachés, et de Frontenay-Rohan-Rohan au Pont, soit sur 5 kilomètres, on en compte plus de vingt.
Dans le bourg de Frontenay-Rohan-Rohan, des quantités de toitures ont été arrachées, soit en entier, soit en partie. Un arbre de la route est tombé sur la maison de Mme Bernard, de Laumonerie.
La laiterie a beaucoup souffert. Toute la construction de la caséine a été endommagée.
Dans le parc du capitaine Cottereau, en plein centre, 16 arbres, et les plus gros, ont été arrachés par la tornade.
A Fougerit, petit village voisin, des hangars ont été détruits, et à Epannes, des maisons d’habitation se sont écroulées. Au Pont, chez M. Coutinet, un arbre est tombé sur un toit à porcs, tuant plusieurs animaux.
A Saint-Symphorien également, les dégâts se chiffrent plusieurs milliers de francs.
A Arçais, la tempête fit rage. Le hangar d’une scierie fut déporté de plusieurs mètres et un tuyau d’une cheminée de 28 mètres de hauteur fut projeté sur le sol.
——————————————————————————–Fernand Daudin.

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26 février 1935 – Les dégâts de la tornade

Une nouvelle bourrasque à Niort où la crue de la Sèvre est menaçante

NIORT, 25 février (de notre correspondant) :
La température continue d’être inclémente. Le vent souffle toujours avec violence.
Dimanche, vers 22 heures, la bourrasque fut très forte. Nous n’en voulons pour preuve que l’extrême prudence de cet automobiliste qui, rentrant chez lui, dimanche soir, préféra retarder son arrivée de quelques heures et garer sa voiture dans un champ, où il passa la nuit, loin du danger des arbres de la route.
Aujourd’hui, les averses et même les brouillards de grêle, coupés de coups de tonnerre, se sont succédés à de courts intervalles.
Cependant, la Sèvre monte considérablement et, sans le vent contraire, le courant entraînerait ses eaux bourbeuses à une vitesse extraordinaire. La crue a été sans cesse croissante depuis samedi les dernières pluies faisaient prévoir une hausse de niveau.
Les lignes téléphoniques et télégraphiques sont peu à peu remises en état mais on comprendra aisément que ce travail ne se fasse pas en un jour. Aujourd’hui, le bureau de Niort se trouvait relié, en plus de Paris et de Saint-Maixent, avec Poitiers. Mauzé, La Crèche, Frontenay-Rohan-Rohan et les environs immédiats de la ville de Niort.
Les trains et les autobus ont encore accusé de longs retards.
A Celles-sur-Belle
La tempête a déraciné les arbres, enlevant des tuiles et même des toitures. L’église a été découverte en certains endroits et une partie d’un cadran de l’horloge du clocher est tombée.
Tous les bâtiments situés en plein air et surtout vers le quartier de la Gare ont eu des avaries. Des cheminées ont été emportées. Il n’y a pas d’accident de personnes à déplorer, mais les dégâts matériels sont très importants.
A Ménigoute
Les dégâts sont nombreux. De tous côtés on signale des toitures enlevées ; des tuyaux de cheminées coupés en deux. Dans le bourg, deux cheminées out été entièrement démolies ; des poteaux télégraphiques ont été renversés, des fils électriques coupés. Nombre d’arbres jonchent le sol entravant la circulation.
L’autorail qui fait le service de Parthenay à Melle et qui passe en gare de Ménigoute, vers 8 heures du matin, n’a pu circuler. C’est un autobus qui a fait le service et apporté les correspondances, vers 13 heures. Le niveau de la Vosne a considérablement augmenté. Les prés qui bordent la rivière sont inondés.
A Parthenay
Le Sport Athlétique Parthenaisien a été très touché par la tempête. En effet l’on pouvait voir dimanche sur son terrain des Cordiers que la tribune, pourtant d’envergure, avait été déplacée et que la toiture en zinc avait été en partie arrachée. La buvette a été projetée dans la rue des Cordiers; toutes les tables sont brisées, ainsi que l’achalandage. Tous les panneaux-réclame, au nombre d’une soixantaine, entourant le terrain du S.A.P. ont été projetés dans le voisinage, ou tordus, ou descellés. Les dégâts sont évalués à une vingtaine de mille francs, car, en deux endroits, le mur de clôture s’est écroulé.
Il faut espérer que M. Brisset, le dévoué président du S. A. P., pourra obtenir du ministère de l’Education physique une indemnité lui permettant de remettre tout cela en état. Dans le voisinage du S. A. P., une vingtaine de sapins ont été arrachés ou coupés dans le parc de M. Savin. Il en est de même dans le parc de M. Aubrun, propriétaire de l’usine d’équarrisse.
A Mauzé
Toutes les routes des environs de Mauzé étaient obstruées par la chute des arbres. La gendarmerie a dû réquisitionner les habitants de Prin-Deyrançon et du Petit-Breuil-Deyrançon, pour dégager la route de Niort, au lieu-dit « Niotteau », parce qu’une vingtaine d’arbres y étaient tombés.
A la sortie de Mauzé, sur les routes de La Rochelle et Rochefort, même spectacle. Ce sont les habitants de Mauzé qui ont aidé les cantonniers à dégager ces deux routes.
A Thouars
Partout, ce ne sont que cheminées démolies, dalles qui pendent, arbres complètement déracinés qui, en tombant, ont presque toujours brisé quelque chose.
Des hangars se sont écroulés, des toitures entières sont arrachées. Une maison eut tout un côté de sa toiture et de sa charpente soulevé. Après avoir traversé la route, passé par-dessus la maison d’en face, les débris vinrent s’abattre dans le jardin de cette dernière maison, sur des toits à lapins, parcourant ainsi une cinquantaine de mètres dans l’espace.
Depuis de longues années, on n’avait vu pareille chose, et les vieux Thouarsais rapprochent cette tempête de celle qui, le 21 janvier 1890, enleva le pont suspendu de Saint-Jacques de Thouars
A Mazières-en-Gâtine
Aux fermes de la Touche, Pressigny, Beauchamp, etc.. des maisons, hangars, écuries, sont, complètement découverts ou détruits. À la gare de Mazières-Verruyes, la charpente de la demeure de M. Aimon a été emportée dans un champ, de l’autre côté de la route. A la maison d’école des garçons, une servitude s’est effondrée.
Au château du Petit-Cheux, à Pressigny, on compte les arbres arrachés par centaine. Au château de la Ménardière, une trentaine sont tombées Chez M. Bodier à la Maison-Neuve, la cour présente le spectacle d’une véritable hécatombe d’arbres. Les pommiers principalement, ont souffert de la tempête.
Les lignes électriques sont coupées en multiples endroits. Nous n’aurons certainement pas de lumière avant une huitaine de jours.

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26 février 1935 – Potins de la Brèche

Après le cyclone

Après avoir mis bien des malheureux dans la peine, le cyclone va permettre à certains de se chauffer pendant tous les vilains jours que nous avons encore sans doute à passer. Ils sont nombreux, en effet, les pauvres gens qui parcourent les routes nationales pour faire d’amples provisions de bois tombé au cours de la nuit de vendredi à samedi.
Et c’est ainsi qu’on peut croiser des quantités d’hommes, de femmes et d’enfants, à demi-courbés sous le poids d’un fagot, ou poussant, devant eux. de petites charrettes chargées de branches d’arbres.

Pas de chômage

Dimanche dernier, n’a pas été une journée de repos pour tout le inonde. Demandez plutôt aux marchands de tuiles et d’ardoises et aux maçons qui ne pouvaient arriver à livrer leurs marchandises et à prêter leur concours aux personnes dont les demeures avaient particulièrement souffert de la tornade.
Il n’y aura pas de chômage, cette semaine, chez les couvreurs, zingueurs et vitriers.

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26 février 1935

THOUARS

APRÈS LA TEMPÊTE. — Dès samedi soir, le courant électrique était rétabli, pour le plus grand plaisir des Thouarsais, qui avaient décédé de se rendre, soit à la brasserie Excelsior où avait lieu le bal des « Sangliers ».
Après une nuit très calme, la journée du dimanche fut gratifiée de nombreuses averses.
Les différentes manifestations sportives prévues pour ce dimanche 24 n’eurent pas lieu : le match de rugby comptant pour le championnat de France fut repoussé, et les membres du V. C. T. qui avaient organisé une sortie à Montreuil-Bellay durent renoncer au départ,
Les dégâts causés par la tempête furent particulièrement considérables dans le groupe d’habitations de sous-officiers et officiers avoisinant l’entrepôt de réserve générale des munitions, route de Puyravault. Plusieurs de ces pavillons ont eu leur toiture sérieusement endommagée.
Dans la campagne, de toute part, on signale des désastres : c’est à Poupois, dans le parc du château de la Josselinière, de superbes arbres arrachés, entr’autre un sapin de 30 mètres de hauteur.
A Rigné, la flèche de l’église est tombée et un hangar s’est écroulé
A Doret, également, des servitudes ont été emportées par le vent, etc…

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6 février 1938 – Saint Maixent – TROIS ANS APRÈS

Trois ans après l’ouragan nuit 22 et 23 février 1935

Dans la nuit du 22 au 23 février 1935, un ouragan épouvantable, qui dura de 1 heure à 5 heures du matin, semant la terreur et l’angoisse dans les foyers, dévasta plusieurs contrées de la France. Notre contrée poitevine eut particulièrement à souffrir, et c’est autour de la route La Rochelle-Niort-Poitiers qu’on enregistra les plus importants dégâts. A Saint-Maixent surtout, dans les vergers et sur les avenues, des centaines d’arbres avaient été déracinés, déchiquetés ou ébranlés, et ceux qui étaient restés debout, donnant des inquiétudes, avaient  pour la plupart été sciés à la base. A partir de ce moment la détermination des Ponts et Chaussées était prise : arracher les rescapés et refaire complètement l’avenue du Plateau, du Panier Fleuri à la Porte Châlon. Ce travail terminé depuis la semaine dernière, l’atelier des ouvriers communaux met la dernière main aux trottoirs, où une centaine de jeunes tilleuls ont remplacé les ormeaux de l’Intendant de Blossac.
Pour le troisième anniversaire de cette nuit tragique, tout sera terminé, et l’amertume ressentie par la suppression de nos ancêtres de la route qui faisaient l’ornement de notre gracieuse cité, sera compensée par l’espoir des jeunes ramures odorantes de nos tilleuls et ce sera l’adoucissement aux regrets de la disparition de ces témoins du passé.
Tel le sourire de l’enfant qui, dans son berceau, comble le vide du fauteuil causé par la disparition du grand-père.

C’était en 1935, en 1936 c’était les inondations (voir article sur 1936). Source des documents : Ouest-Éclair, édition de Vendée.


Les chroniques météo de l’année 1935…
La tempête des 22 et 23 février a atteint son maximum de violence dans la nuit du 22 au 23 :
http://www.meteo-paris.com/chronique/annee/1935

 

Un cyclone en 1917 à Bressuire :

Après le cyclone du 13 mai 1917 à Bressuire. Amas de grêlons rue de la Huchette.

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Quelques apports bibliographiques :

La Crèche dévastée par la tornade de 1935 (voir cartes postales anciennes ci-dessus) a connu un autre phénomène en 2008 :
Le village de la Crèche et la mini tornade du 7 juillet 2008 :
http://www.keraunos.org/dossier-tornade-la-creche-7-juillet-2008-tornade-france.htm

http://keraunos.forumpro.fr/t646-tornade-f1-a-la-creche-79-07-juillet-2008-vers-10h10

http://forums.infoclimat.fr/topic/32323-tornade-a-la-creche-79/

D’autres tornades dans les Deux-Sèvres :
Tornade du 26 juillet 1983 :
http://forums.infoclimat.fr/topic/23282-tornade-meurtriere-dans-le-poitou-charentes/

Photo d’un tuba à Thouars en juin 2008 :
http://keraunos.forumpro.fr/t503-tuba-thouars-le-1-juin-2008

Tornade à Brion sur Thouet le 31 juillet 2008 :
http://keraunos.forumpro.fr/t879-tornade-a-brion-sur-thouet-79-31-juillet-2008-vers-16h00

Tornade à Saint André sur Sèvre le 31 octobre 2003 :
http://www.keraunos.org/dossier-tornade-saint-andre-sur-sevre-31-octobre-2003-keraunos.htm

On évoque la tornade de 1935 :
http://keraunos.forumpro.fr/t384-tornade-probable-le-23-fevrier-1935-sauze-vaussais79-civray86

Tornades en Poitou Charentes :
http://superstorm.forumactif.com/t419-tornades-en-poitou-charentes

La chaine du Courrier de l’Ouest sur Youtube, mini tornade de Boismé – mercredi 14 décembre 2011 :
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=SLwUts6H3Ng

Les sources de l’histoire de l’environnement – Les archives départementales et les catastrophes naturelles.
Andrée Corvol et ses trois ouvrages sur l’histoire de l’environnement :

Nature, environnement et paysage.
Tome I, l’héritage du XVIIIe siècle.
Guide de recherches archivistiques et bibliographiques
Andrée Corvol, Isabelle Richefort – 1995 – L’Harmattan – 296 pages

Les sources de l’histoire de l’environnement.
Tome II, le XIXe siècle
Sous la direction de Andrée Corvol
Réalisé en coédition par la direction des Archives de France et l’Institut d’Histoire moderne et contemporaine – 1999 – L’Harmattan – 504 pages

Les sources de l’histoire de l’environnement.
Tome III : le XXe siècle
Sous la direction d’Andrée Corvol
Réalisé en coédition par la direction des Archives de France et l’Institut d’Histoire moderne et contemporaine – 2003 – L’Harmattan – 756 pages

Andrée Corvol (dir.), Les sources de l’histoire de l’Environnement, le XIXe siècle – Massard-Guilbaud Geneviève – 2000
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2000_num_19_4_2136_t1_0630_0000_3

Les sources de l’histoire de l’environnement : le XIXe siècle
http://books.google.fr/books?id=IoZiKTgGvIcC&pg=PA153&dq=catastrophe+naturelle+%22deux-s%C3%A8vres%22&hl=fr&sa=X&ei=TVI-T43BI4fJhAfywNDlBQ&ved=0CDkQ6AEwAA#v=onepage&q=%22deux-s%C3%A8vres%22&f=false

Dont extrait :

 

 

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Sainte Verge, Sainte Viergue, Sainte et village des Deux-Sèvres, qui aurait put s’appeler Sainte-Elvire

En 1930, le curé de Sainte-Verge fut expulsé de son village par la municipalité, dans les mois qui suivirent, ce fut le tour du chef des pompiers….

L’origine des articles est le journal Ouest-Éclair, édition de Vendée, des articles ont une autre origine qui est mentionnée. Les coupures sont en mode vignette, faire un click droit sur l’image et ouvrir vers … pour les lire.

19 février 1930
La question du presbytère
Les gens de la souriante commune de Sainte-Verge — presque faubourg de Thouars — étaient dimanche, une fois de plus, en effervescence, au sujet de la brûlante question de l’augmentation du presbytère qui, ainsi que nous l’avons relaté, fut agitée une première fois vers la fin de décembre.
A cette époque, on s’en souvient, la nouvelle municipalité composée en majeure partie de jeunes conseillers municipaux qui s’étaient présentés sous l’étiquette socialiste, avaient décidé d’augmenter le loyer du presbytère.
Une lettre de l’évêque de Poitiers
M. le curé Vergniaud, qui depuis 21 ans exerce son ministère avec un tact et un esprit conciliant, que même que ses adversaires doivent lui reconnaitre, mis au courant de la nouvelle, y répondit quelques jours plus tard, en lisant à ses paroissiens une lettre de son chef, Mgr l’évêque de Poitiers, qui lui ordonnait de ne pas se soumettre aux exigences de la municipalité, quand bien même son départ devrait en résulter, cela afin de ne pas créer de précédent dans le diocèse.
La commune s’agite
Mis en émoi par cette menace, des amis du vénérable pasteur firent circuler parmi les électeurs de la commune une liste de protestations contre l’augmentation du loyer de la cure ; cette liste se couvrit — nous a-t-on assuré — de 204 signatures sur environ 275 électeurs à qui elles furent présentées.
Le petit pays se prononçait donc ouvertement pour le maintien de son curé.
Une séance mouvementée au conseil municipal
Et c’est la présentation de cette liste au Conseil municipal qui vient une fois de plus rallumer le feu qui couve dans le cœur de bien des habitants.
Cela s’est produit samedi soir. Le Conseil municipal était réuni pour sa session de février sans avoir fait paraître aucun ordre du jour.
M. Désiré Bouleau, jeune maire, à qui tous — malgré ses idées anticléricales — s’accordent à reconnaître des qualités administratives qui en font un premier magistrat prudent, intelligent et avisé, présidait, entouré de son Conseil au grand complet. Les conseillers n’abordèrent pas la question de l’augmentation du presbytère ; mais ils comprirent fort bien qu’elle serait posée en raison de la présence inaccoutumée d’une centaine de personnes, dont une quinzaine de femmes. La question vint en effet sur le tapis au moment où M. le maire, sans avoir soufflé mot sur cette affaire, déclara la séance terminée. C’est alors que l’un des assistants lui présenta la liste de protestation en demandant ce que pensait le Conseil de cette consultation populaire, et quelle décision il en résulterait.
« Aucune pour le moment, répondirent M. le maire et ses conseillers ; nous allons à nouveau étudier la question, et nous la résoudrons à une prochaine séance du Conseil, devrions-nous nous réunir en session extraordinaire. »
Ce fut, cela va sans dire, un mécontentement général de la part des assistants, qui auraient voulu savoir ce soir-là ce que décidaient leurs édiles au sujet de cette grave question, qui depuis deux mois passionne l’opinion publique. Comme nous l’avons dit, les gens du pays voudraient voir ce conflit terminé et la paix établie.
On dit que…
Le dimanche, les conversations d’il y a deux mois reprenaient leur train. Les uns assuraient que le maire, ennuyé de ce conflit voulait démissionner ; les autres certifiaient que les conseillers ne reviendraient pas sur leur décision, qui devait entraîner le départ de M. le curé ; qu’un de ses acharnés adversaires du Conseil se faisait fort de déménager les meubles et de faire de l’église une salle de danse, etc…
Voilà, en toute impartialité, où en sont des événements qui jettent le trouble dans une commune habituellement calme et paisible.

Remarque : au début de l’article il est dit « ainsi que nous l’avons relaté vers fin décembre », je n’ai pas trouvé l’article.

23 février 1930
Les tribulations d’une municipalité
Si, comme nous l’avons dit, la question du Presbytère, qui est actuellement à l’ordre du jour, rend bien perplexes les habitants de Sainte-Verge, on peut dire que le maire et son Conseil ne sont pas les moins ennuyés dans l’affaire.
En effet, depuis la manifestation qui eut lieu à l’issue de la réunion du Conseil municipal, le samedi 18 février, une certaine divergence de vues s’est produite dans le Conseil. Le maire et cinq de ses conseillers, qui étaient partisans de l’augmentation avant la séance de samedi, ont, depuis, changé d’avis devant l’attitude de leurs concitoyens. Ils sont maintenant nettement désireux de voir se calmer cette effervescence et de ne plus parler de cette affaire. D’ailleurs, ils estiment qu’ils ont encore du temps devant eux pour résoudre cette question d’une façon pacifique, puisque le bail de M. le Curé n’expire qu’en juillet prochain
D’ici là peut intervenir un arrangement amiable souhaité bien sincèrement.
La nouvelle attitude de ces modérés est expliqué par eux, de la façon suivante : « Puisque la majorité des électeurs qui nous ont confié la gérance des affaires communales, nous demande, par leur protestation presque unanime de faire cesser le conflit existant entre nous et M. le Curé, notre conscience nous conseille de nous ranger à cet avis. Nous donnerons ainsi une preuve de notre bonne volonté et nous montrerons que nous sommes les vrais représentants de nos électeurs, qui nous expriment aujourd’hui leurs désirs de paix et de Conciliation.
A la recherche d’une solution
Trouvera-t-on une solution avant l’expiration du bail de la cure ?
M. le Maire, qui le souhaite maintenant ardemment, voit bien un moyen qui arrangerait peut-être les choses. Ce serait de faire accepter par M le Curé le paiement des contributions et les réparations de l’immeuble dont le montant s’élèverait certainement à plus de 150 francs par an, somme dont il est question d’augmenter le loyer annuel. Cette solution ne semble pas possible aux partisans de M. le Curé.
Il faut en chercher une autre. Mais laquelle ? Comment faire pour « ménager la chèvre et le chou » ? C’est-à-dire pour exécuter, d’une part, les recommandations préfectorales et d’autre part, donner satisfaction à la population presque presque tout entière qui entend qu’on laisse M le Curé tranquille ?
M le Maire, au tempérament pacifique et conciliant, aurait pensé, nous a-t-on assuré, à donner sa démission, si les choses devaient se compliquer encore.
Un bon conseil
On nous a également assuré qu’un des conseiller, ayant demandé, sur ce sujet embarrassant un conseil à M. Chacun, maire socialiste de Thouars et conseiller général du canton, celui-ci lui aurait textuellement répondu ceci :
« Si votre curé est convenable, laissez-le donc tranquille ! »
Cette qualité, M le curé Vergnaud a prouvé qu’il la possède, depuis 21 ans qu’il exerce son ministère dans une paroisse assez agitée, puisque, sur une façade de l’église, au moment des inventaires, quelques conseillers municipaux de l’époque avaient tenu à faire remarquer aux fidèles et à leur curé que cet édifice religieux était devenu bien communal, en y faisant peindre, en gros caractères, l’inscription suivante, encore bien apparente :
« République Française », et en dessous : « Liberté, Egalité, Fraternité ».

16 mars 1930
La brûlante question du presbytère
Le calme qui semble  revenu dans la coquette et paisible bourgade de Ste-Verge, n’est qu’apparent et supernactel. Au fond des  cœurs, le feu couvre sous la cendre. Nos lecteurs savent pourquoi c’est toujours de la brûlante question du presbytère qu’il s’agit.
Ces jours derniers, le bruit courait que le maire avait envoyé se démission à la préfecture. S’il a dû en arriver là, c’est qu’il la bien voulu. Nous l’avons dit, tous, ses adversaires comme ses amis, lui reconnaissaient, malgré son jeune âge, des qualités sérieuses et nombreuses qui pouvaient faire de lui un excellent maire. Pourquoi s’est-il lancé dans cette aventure, pour revenir ensuite, devant des difficultés imprévues, sur sa première décision ?
Les gens, qui se disent bien informés, déclaraient, qu’une fois sa démission acceptée, M. Bouteau, comme simple conseiller, s’unirait à ses anciens amis partisans de l’augmentation.
Mais dans ce cas, qui ceindra l’écharpe tricolore ? M le curé est bien décidé à suivre les ordres très nets de son évêque. Quel sera parmi nos conseillers celui qui acceptera le poste de maire, s’il doit le lendemain de son élection, ceint de son écharpe, assisté du garde champêtre et des gendarmes, venir signifier au pasteur vénéré de toute la population qu’il a à quitter une maison qu’il occupe paisiblement depuis de nombreuses années et à abandonner une population qu’il aime et dont il est aimé ? Car c’est bien pour ne pas accomplir cette besogne répugnante, que le maire actuel veut donner sa démission.
On assure d’autre part que, dès que la démission de M. Bouteau sera officielle, deux conseillers modérés se retireront du conseil afin de provoquer des élections municipales partielles.
Au fond, la municipalité se rend compte qu’elle a fait une « gaffe ». Elle s’est jetée inconsidérément, par zèle anticléricale, dans une aventure dont elle ne peut plus sortir. Il lui en coûte trop de se désavouer elle-même. Le fait ne serait pourtant pas sans précédent dans la région. D’autres municipalités, celles de Louzy, celle de St-Léger-de-Montbrun, celle de Missé, celle même du gros chef-lieu de canton de Saint-Varent, ont connu les mêmes difficultés, se sont vues en face du même mouvement de révolte que celui qui soulève actuellement Sainte-Verge. Or ces municipalités ont préféré sacrifier leurs sentiments ou leurs idées aux intérêts bien compris de la commune qu’elles représentaient. Nous livrons ces exemples aux méditations de nos fougueux conseillers anticléricaux. Si on les traite de « dégonfleurs », suivant le mot de l’un d’eux, ils digéreront « l’épithète » pour le plus grand bien de la commune.
On assure que la démission de M. Bouteau serait acceptée par M. le préfet des Deux-Sèvres.
M. Bouteau garderait cependant sa place de conseiller et, comme tel, il demeurerait partisan de l’augmentation du loyer du presbytère.
Nous donnons cette information sous toutes réserves.

19 mars 1930
Pour ne pas avoir à expulser le curé de sa paroisse, le maire de Sainte-Verge démissionne.
Comme nous l’avons déjà annoncé sous réserve ces jours derniers, M. Bouteau, jeune maire socialiste de Sainte-Verge, a envoyé sa démission à la Préfecture. Et celle-ci vient d’être acceptée.
Il ne voulait pas, dit-il lui, enfant de la commune, être contraint à ceindre l’écharpe tricolore pour aller, accompagné de deux gendarmes, expulser M. le Curé de son presbytère.
M. Bouteau garde cependant sa place de conseiller. Et ainsi l’Assemblée municipale, qui se trouve au complet, va pouvoir procéder à l’élection d’un nouveau maire.
Quel sera celui de nos conseillers qui consentira à accepter ce poste, dans les circonstances présentes ?…  Attendons.

Le Matin – 19 mars 1930
Un maire socialiste démissionne pour ne pas expulser le curé de sa commune
THOUARS, 18 mars, Téléph. Matin. – Il y a près d’un mois le conseil municipal de Sainte-Verge décidait d’augmenter de 150 francs par an le loyer annuel du presbytère. Conformément aux instructions épiscopales, le curé, M. Vergniaud, refusant de s’incliner et étant approuvé par 220 électeurs sur 270, le jeune maire socialiste, M. Désiré Bouteau, ne pouvant trouver un compromis, a démissionné pour ne pas procéder à l’expulsion.

Le Temps 21 mars 1930
Démission d’un maire socialiste
Le conseil municipal de Sainte-Verge (Deux-Sèvres), avait décidé, il y a quelques semaines, d’augmenter le loyer du presbytère de 150 francs par an. Le curé se conformant aux ordres de l’évêque, a refusé d’accepter cette augmentation, et une pétition, signée par une partie de la population a appuyé son refus.
Le maire socialiste de Sainte-Verge, M. Bouteau, a alors adressé sa démission au Préfet des Deux-Sèvres. « Il ne voulait pas, a t-il dit, lui, enfant de la commune, être contraint à ceindre l’écharpe tricolore pour aller, accompagné de deux gendarmes, expulser le curé de son presbytère ». Cette démission vient d’être acceptée par le Préfet.

23 mars 1930
Sainte-Verge a un nouveau maire
Le Conseil municipal s’est réuni jeudi soir, pour élire un nouveau maire en remplacement de M. Désiré Bouteau, qui a démissionné dans les circonstances que l’on sait.
La séance étant publique, une soixantaine de personnes y assistaient.
M. Godin, premier adjoint, s’installe dans le fauteuil présidentiel et déclare la séance ouverte. M. Ollivier lit le procès-verbal de la dernière séance et M. Godin cède sa place à M. Gaury, doyen d’âge, tandis que M. Henri Beugnon, le benjamin de notre assemblée communale, est nommé secrétaire. Et le moment solennel est arrivé. On vote pour l’élection du maire.
L’élu
Le vote a donné les résultats suivants : M. François Piet, 7 voix ; M. Gaury, 2 voix ; M Godin, 1 voix.
En conséquence, M. François Piet est élu maire de Ste-Verge et succède à M. Bouteau, qui, nous l’avons dit, garde cependant sa place de conseiller.
A la suite de la proclamation des résultats du vote, un incident se produit. Personne ne connaît M. François Piet ; on ne connaît que M. Ernest Piet, conseiller municipal. Le nouveau maire fait connaître qu’à l’état civil il est inscrit sous le prénom de François. Et l’incident est clos.
M. François Piet, maire de Sainte-Verge, s’installe alors dans son fauteuil, l’air satisfait.
Il inaugure ses nouvelles fonctions en demandant qu’une souscription publique soit ouverte dans la commune en faveur des sinistrés du Sud-Ouest. Ce projet est adopté à l’unanimité.
Et le maire déclare la séance terminée.
L’orage éclate
L’assistance n’est pas de cet avis. Quelqu’un demande au maire ce qu’il pense de la pétition faite en faveur de la non augmentation du presbytère Le maire répond évasivement : « Nous verrons cela plus tard, nous étudierons la question au sein du Conseil. »
En entendant ces paroles, les assistants, qui savent combien le nouveau maire est hostile à la pétition, se mirent à crier : « hou ! hou ! conspuez-le ; conspuez-le » etc…
Le maire et quelques conseillers sortirent de la salle et se rendirent dans un café voisin, tandis que les cris hostiles reprenaient de plus belle.
Le garde champêtre réussit cependant, par ses exhortations, à ramener le calme. Et chacun regagna son logis.
Mais on commente vivement l’attitude des « sept » qui ont élu le nouveau maire. On leur reproche âprement d’avoir bouleversé la commune, plus par sectarisme, que pour une question pécuniaire.
Quand cette question sera-t-elle résolue définitivement ? Comment le serait-elle ? Bien malin, qui pourrait le dire.

30 mars 1930
Une nouvelle démission
Après la démission de M. le maire Bouteau, qui remplissait ces fonctions depuis le renouvellement du Conseil municipal, il nous faut enregistrer celle de M. Gallerneau Eugène.
Contrairement à son collègue, ce dernier abandonne définitivement le Conseil municipal. On chuchote que M. Bouteau, le maire d’hier, reste au sein du Conseil jusqu’à ce que son remplaçant ait mené à bien l’offensive contre le presbytère.
La démission de M. Gallerneau ne va rien changer à l’affaire ; car le nouveau maire dispose toujours pour approuver ses futures décisions des voix qui l’ont élu. On dit que la brûlante question qui a mis en émoi notre paisible population viendra en discussion dans le courant de la semaine prochaine.
Puissent les esprits s’apaiser un peu et la fureur anticléricale de certains marquer un temps d’arrêt. Le vieux combisme est vraiment trop démodé de nos jours.

2 avril 1930
Et les démissions continuent…
Après la démission du sein du conseil municipal de M. Gallerneau, il nous faut encore enregistrer celle de M. Brémauld. Comme celle de son collègue, celle-ci est motivée par le conflit qui a surgit entre la municipalité, et la cure.
Sera-ce la dernière démission ? Et verrons-nous d’autres conseillers suivre l’exemple de leurs deux collègues ?
Certains le croient facilement et s’il en était ainsi, ces défections successives pourraient être d’une importance capitale, puisqu’elles entraineraient fatalement de nouvelles élections.
Quoiqu’il en soit ces démissions devraient donner à réfléchir aux promoteurs du conflit.

6 avril 1930
Le conflit entre le presbytère et la municipalité serait en voie d’apaisement
Une fois de plus, il nous faut revenir sur le conflit dont depuis quelques dimanches nous entretenons nos nombreux lecteurs.
Cette brûlante question qui, comme nous le disions dimanche, a entraîné la démission du maire puis de deux conseillers municipaux, est actuellement, dit-on, en voie d’arrangement, et notre pasteur vénéré nous resterait.
Nous ne connaissons pas encore les clauses de cet accord ; mais ce coup de théâtre serait dû aux longs et patients efforts de vieux habitants de la commune, à la prudence et à l’habileté desquels il nous est agréable de rendre ici un public hommage.
Puissions-nous, à brève échéance, voir le calme et la tranquillité renaître en notre petite cité ! Ceux à qui la guerre n’a rien appris, les vieux survivants du « régime abject », n’ont qu’à se souvenir avec Waldeck-Rousseau que « l’anticléricalisme n’est pas un article d’exportation »
M. le Président de la République, dans les discours qu’il a prononcés ces jours-ci à Nantes, ne nous a-t-il pas fait entendre, lui-aussi, un langage tout de sagesse et de modération en faisant appel avec une telle insistance à l’union de tous les citoyens ?
Terminons en formulant le souhait que les joyeuses envolées des cloches pascales, faisant écho aux paroles présidentielles, voient enfin régner à Sainte-Verge la concorde et la paix, pour le plus grand bien de tous. L’orage n’a que trop duré.
A dimanche, nous l’espérons, de nouvelles précisions.
IMPARTIAL

16 juillet 1930
VERS LA SOLUTION D’UN REGRETTABLE CONFLIT. — C’est avec une profonde émotion que la majeure partie de la population de notre petit pays a remarqué dernièrement les allées et venues d’un huissier de Thouars à la cure, pour signifier à son paisible et vénérable locataire d’avoir, soit à signer l’augmentation de loyer que lui impose la municipalité, — et, en cas de refus de M. le curé qui respecte les ordres de son évêque — d’avoir à vider les lieux dans un assez bref délai.
Nous croyons savoir que le vénérable pasteur avant que s’accomplisse l’irréparable et stupide mesure municipale, s’adressera aux hommes de loi en appelant en référé les édiles anticléricaux de la commune où il exerce ses fonctions ecclésiastiques depuis 21 ans avec un tact et une dignité que lui reconnaissent même ceux qui font tout actuellement pour le faire partir tout en assurant à qui veut les entendre que le curé ne les dérange pas du tout et qu’ils ne demandent qu’à le voir rester ! ! !

17 juillet 1930
UNE ÉGLISE RURALE VA FERMER SES PORTES
On se souvient que quelque temps après le dernier renouvellement des municipalités, M. Blouteau, maire de la commune de Sainte-Verge — charmante localité, située à quelques kilomètres de Thouars — et ses conseillers, décidèrent à la quasi unanimité d’augmenter légèrement le prix du loyer du presbytère et en conséquence en informèrent le locataire, M. l’abbé Vergniau qui, depuis 22 ans l’habite en qualité de curé de la paroisse.
Se conformant aux ordres formels de l’évêque de Poitiers qui ordonne aux curés de son diocèse de répondre par un refus catégorique, si minime soit la somme demandée. M. le Curé de Sainte-Verge en informa ses nouveaux propriétaires.
Emus de ce conflit, les trois quarts des électeurs de la commune signèrent une protestation contre la décision de leurs édiles, demandant la non-augmentation de la cure. Voyant que le pays se prononçait ouvertement pour le maintien de son curé, le maire de Sainte-Verge fit entendre un langage de conciliation à ses collègues ; ce fut en vain : ceux-ci ne voulurent rien savoir, ne tenant pas, suivant leur propre expression, à passer, aux yeux de leurs partisans pour des « dégonfleurs ».
Devant cette attitude, M. Bouteau, maire, démissionna et fut remplacé par M. Ernest Piet qui, au cours de plusieurs réunions du Conseil, parfois tumultueuses, continua d’agiter la question sans parvenir à la solutionner en faveur de M. Vergniau.
Le bail de la cure étant arrivé à expiration à la fin du mois dernier, il vient donc, conformément à la loi, d’être signifié par huissier à M. l’abbé Vergniau, d’avoir à quitter les lieux qu’il occupait depuis 22 ans. Cette nouvelle, M. le Curé de Sainte-Verge l’a portée à la connaissance de ses paroissiens au dernier office dominical. Tout en leur faisant des adieux émouvants, il leur a annoncé que tous ses préparatifs de départ étaient faits, mais qu’il ne les quitterait que lorsqu’il serait expulsé par la force publique. Il va sans dire que ces événements causent une certaine émotion parmi la majeure partie des habitants d’une commune d’ordinaire calme et paisible.

Le Petit-Parisien – 18 juillet 1930
Thouars, 17 juillet (dépêche Petit-Parisien)
Peu avant son élection, la municipalité de Sainte-Verge décida que le loyer du presbytère serait augmenté. Le curé, M. Vergniau, fit savoir qu’il ne payerait pas cette augmentation, se conformant en cela aux ordres de l’évêque de Poitiers.
Un grand nombre d’électeurs signèrent une protestation contre la décision prise par le conseil municipal. Le maire, M. Bouteau, proposa alors à ses collègues de se montrer conciliants, mais ce fut en vain. Alors le maire démissionna. Il fut remplacé par M. Ernest Piet, qui, au cours de plusieurs réunions, parfois tumultueuses, tenta vainement d’obtenir des conseillers l’annulation de leur vote.
Le bail de M. Vergniau étant arrivé à expiration à la fin du mois dernier, il vient, conformément à la loi, d’être signifié au curé d’avoir à quitter son logement.
Le curé de Sainte-Verge a porté cette nouvelle à la connaissance de ses paroissiens au cours du dernier office dominical. En leur faisant ses adieux, il leur a annoncé que ses préparatifs de départ étaient faits, mais qu’il ne quitterait sa paroisse que lorsqu’il serait expulsé par des agents de la force publique.

20 juillet 1930
La question du presbytère
La nouvelle que nous avons annoncée de l’expulsion prochaine — à moins d’événements nouveaux qui ne semblent guère possibles — du curé de la paroisse a intéressé certains de nos grands confrères parisiens qui l’ont reproduite à leur tour, prouvant ainsi que le fait présent n’était pas comparable à celui d’un simple particulier qui a des démêlés avec son propriétaire.
Cette nouvelle a également suscité bien des commentaires dans la commune, où la majorité des habitants aurait été si heureuse de voir ce conflit s’apaiser avant d’aboutir au point extrême où il est rendu.
Une faible minorité, qui préfère sans doute la guerre à la paix, trouve tout naturel ce qui se passe actuellement et estime que le curé, tout comme un autre, peut bien se soumettre aux modestes exigences de son propriétaire.
M. le curé, lui aussi admet très bien que l’augmentation du prix de son loyer demandée par la municipalité n’a rien d’excessive.
Il la trouve ridiculement modeste, et c’est pourquoi il ne cède pas, car ce n’est pas la question de la somme d’argent qui est en jeu, mais la question de principe. Et sur celle-ci l’évêque de Poitiers est inflexible. Il a ordonné, comme nous l’avons déjà dit, aux curés de son diocèse de refuser même un centime d’augmentation, afin de ne pas créer de précédents dans les questions de loyers qui se compliqueraient d’année en année, et s’étendraient de paroisse à paroisse.
Cet ordre du chef hiérarchique du curé de Sainte-Verge n’était pas ignoré de ceux qui soulevèrent ce conflit quelque temps après leur avènement à la mairie. Pareil conflit avait, en effet, été déjà soulevé et résolu de façon pacifique par d’autres communes limitrophes de Sainte-Verge, comme par exemple par celle de Louzy éloignée de celle-ci d’une distance de trois kilomètres. Là aussi la population se montra hostile au projet de ses dirigeants qui, plus sages que leurs collègues de Sainte-Verge, ne s’entêtèrent pas dans leur première décision.
Si elle avait imité cet exemple nous sommes persuadés que la municipalité de Sainte-Verge eût remonté dans l’estime de la plupart de ses administrés. Ceux-ci n’éprouvent plus en effet que du mépris pour des gens qui ont montré que leur sectarisme, en exigeant une somme ridiculement modeste, qui n’aurait guère enrichi la caisse communale. Et pour ce motif futile, ils n’ont pas hésité à chasser « manu militari », un modeste curé de campagne
qui était depuis plus de vingt ans au milieu d’une population qui l’estimait et l’aimait.

8 août 1930
EN RÉFÉRÉ. — En même temps que paraissait l’article annonçant le départ de M. le Curé, on apprenait que cette mesure arbitraire était reculée de quelques jours, le tribunal de Niort ayant été saisi d’une demande en référé contre la sentence du tribunal de Thouars.
Cette prolongation de quelques jours sera bien accueillie par les gens de cœur du pays, qui ne verront pas partir sans un serrement de cœur l’ecclésiastique dévoué et aimable avec lequel tous entretiennent des relations courtoises, qu’ils soient pratiquants ou non.

20 août 1930
Vers le dénouement
Mercredi soir, M. l’abbé Vergniaud, le vénérable curé de Sainte-Verge, a reçu, par voie d’huissier, la sommation d’avoir à quitter son presbytère dans la huitaine. C’est donc jeudi prochain, 7 août, au soir, que le curé de Sainte-Verge quittera ses paroissiens. Il est, de plus, condamné à payer les frais de procédure, qui s’élèvent à la somme de 200 francs.
Ainsi se terminera ce long et regrettable conflit, provoqué par une municipalité qui a marché sciemment contre l’opinion de la grosse majorité de la population qu’elle devrait représenter. La liste de protestations, dont nous avons parlé en son temps, est une preuve de ce que nous avançons.
Et, dans quelques jours, Sainte-Verge sera comme plongée dans le deuil ; on n’entendra plus, matin et soir, le doux carillon de l’ « Angélus ». Finies les joyeuses envolées des cloches, qui saluaient le nouveau-né à son entrée dans la vie ou qui chantaient l’allégresse de ceux que venait d’unir la bénédiction nuptiale. Finies aussi, les notes graves et religieuses qui tombaient du clocher tandis que s’en allait vers sa dernière demeure un enfant du pays.
Les vrais enfants de Sainte-Verge trouveront qu’il y a, chez eux, quelque chose de changé.

12 octobre 1930
La question du presbytère
Le dénouement approche
Nos lecteurs sont au courant de la question du presbytère. Nous en avons parlé à plusieurs reprises. Toujours pendante, cette question va sous peu avoir une solution.
L’abbé Vergnault, le vénérable curé de la paroisse, s’est présenté devant les juges de Bressuire au sujet de l’augmentation du loyer du presbytère. Aucun arrangement n’étant survenu, comme d’ailleurs cela était à prévoir, il a été signifié au digne ecclésiastique qu’il serait expulsé le 20 de ce mois, d’un presbytère qui a été construit, au siècle dernier, grâce aux souscriptions des catholiques et, en particulier, grâce à la magnifique libéralité d’une famille aujourd’hui disparue. Sous le régime du Concordat jusqu’en 1906, ce presbytère fut mis gracieusement à la disposition des curés de Sainte-Verge, pour le logement desquels il avait été bâti.
Il a donc une destination religieuse consacrée par son origine et par le temps.
Cependant, en 1906. lors de l’application de la loi de séparation, l’autorité diocésaine, dans un but de conciliation, permit au desservant de payer un loyer pour le presbytère. Le prix de location était admis pour reconnaître le droit de propriété de la commune. Il devait être modeste et non en rapport avec la valeur locative de l’immeuble.
En 1929, aux termes d’un bail signé pour 9 ans, mais résiliable après 3 et 6 ans, ce prix était de 190 francs.
C’est dans ces conditions qu’en 1930, la municipalité de Sainte-Verge, composée d’éléments socialistes, sans attendre l’expiration du bail, décida d’augmenter le loyer et mit M. le curé Vergnault en demeure d’accepter l’augmentation.
Un avertissement
Le diocèse de Poitiers manque de prêtres. Près de 200 paroisses sont privées de curés. Aussi l’autorité diocésaine donne t-elle des prêtres de préférence aux paroisses plus hospitalières, qui n’aggravent pas les conditions antérieures du bail curial. C’est compréhensible.
La municipalité de Sainte-Verge fut donc officiellement informée par l’autorité diocésaine que M. l’abbé Vergnault n’était pas autorisé à accepter des conditions qui constituaient une aggravation des charges anciennes et qu’il recevrait l’ordre de quitter la paroisse sans y être remplacé si la décision municipale était mise à exécution. Toute cérémonie cultuelle serait interdite dans l’église de Sainte-Verge. Les habitants devraient aller à Louzy (commune distante d’environ trois kilomètres) pour les mariages et les enterrements religieux.
Mise au courant de la situation, la population manifesta clairement sa volonté. 204 électeurs, en effet, sur 275 inscrits, signèrent une pétition demandant le maintien des conditions anciennes pour le bail du presbytère. L’opinion publique s’était donc prononcée sur une question bien précise qui l’intéressait directement.
De tout cela, la municipalité, chargée cependant de défendre les intérêts de la population, n’a tenu aucun compte. Jusqu’au bout, elle s’est obstinée sous prétexte qu’il y avait entêtement de la part de l’évêque. Et pourtant, les édiles savaient parfaitement ce qui s’était passé dans d’autres communes, à Louzy par exemple. Là. une municipalité plus conciliante et plus intelligente, après avoir soulevé la même question, l’avait résolue pacifiquement, au gré des électeurs.
C’est cette obstination anticléricale, opposée à la volonté de la majorité des électeurs, qui sera cause que le 20 octobre, huissier, commissaire et gendarmes de Thouars viendront expulser un modeste curé de campagne qui, depuis 22 ans, avait su s’attirer l’estime et la sympathie de tous, même de ceux qui seront responsables de cette expulsion indigne.

21 octobre 1930
AVANT L’EXPULSION
Hier, comme aux jours des plus grandes fêtes religieuses, les fidèles de la coquette commune de Sainte-Verge, se pressaient nombreux aux offices du dimanche, où pour la dernière fois et pour toujours peut-être les appelaient les joyeuses envolées des cloches. Si les habitants avaient répondu nombreux aux appels de celles-ci, c’est que leur pasteur, M l’abbé Vergnault, curé de la paroisse depuis 22 ans, devait, au milieu de l’émotion de tous les assistants, célébrer ce jour-là les derniers offices religieux. Car il doit être expulsé du presbytère et par conséquent du pays dans le courant de cette semaine, à un jour et à une heure que M. le Commissaire de police de Thouars, chargé de cette mission, tient secrets. Il a pris cette décision afin de procéder avec le plus de calme possible et d’éviter tout incident.

2 novembre 1930
UN DÉLAI. — Lundi M. le commissaire de police de Thouars, accompagné d’un huissier, est venu notifier à M. le curé que le parquet avait reporté son expulsion au 15 de ce mois.
Cette visite, qui était attendue si impatiemment, provoqua un attroupement de quelques personnes qui firent sonner les cloches de l’église ; tout se passa dans le plus grand calme, surtout lorsque la nouvelle du délai parvint à la connaissance du public.

13 novembre 1930
Élections complémentaires
Dimanche prochain 16 novembre, auront lieu, à Sainte-Verge, des élections municipales complémentaires pour pourvoir au remplacement de trois conseillers, qui, à la suite des regrettables incidents qui se sont produits, au moment du conflit entre la Municipalité et M. le Curé, ont donné leur démission.
La lutte sera certainement chaude en raison de la surexcitation des esprits causée par une année de discussions, parfois vives, entre gens du même pays, voire même entre familles alliées. De plus, cette consultation communale aura lieu le lendemain où la veille de l’expulsion du vénérable ecclésiastique qui, pendant près d’une semaine, a été sur le qui-vive.

16 novembre 1930
Jour d’élections
Nous l’avons annoncé, c’est aujourd’hui qu’ont lieu les élection municipales complémentaires pour pourvoir au remplacement des trois conseillers qui ont donné leur démission à la suite du conflit survenu entre la municipalité et la cure. En accomplissant ce geste, ces trois conseillers se rangeaient à l’avis de la majorité des électeurs qui signèrent la fameuse liste de protestation dont nous avons parlé.
La lutte sera chaude en raison de la surexcitation des esprits et des divisions profondes causées, même entre familles, par ce malheureux conflit.
Voici les noms des candidats qui vont solliciter le suffrage des électeurs. Sur la liste du maire figurent MM. Bourdier, cheminot ; Régnier et Alexandre, propriétaires-cultivateurs.
Les trois candidats qui leur sont opposés sont MM. Boutet Albert, Bodin Auguste et Guilbault Georges.
On prévoit le succès de ces trois derniers comme certain, étant donné qu’ils sont connus comme de sincères partisans de la concorde et du respect absolu des croyances et de toutes les libertés.

18 novembre 1930
LES ÉLECTEURS SE SONT PRONONCÉS
Les élections de Sainte-Verge ont eu lieu dimanche dernier dans le plus grand calme. Les électeurs sont accourus aux urnes avec un empressement qu’on voit rarement dans des élections complémentaires. Il y eut 256 votants, dont 4 bulletins nuls sur 280 inscrits.
La liste patronnée par le maire a été battue, alors qu’aux dernières élections elle avait remporté un éclatant succès. Ainsi la population s’est donc affirmée, une fois de plus, hostile aux procédés d’ostracisme dont à fait preuve le maire dans les récents événements. Le suffrage universel a protesté énergiquement contre une dictature sectaire.
Voici les résultats :
Liste du maire. — MM. Bourdin, 107 voix ; Reignier, 106 v. ; Alexandre, 105 v.
Liste opposée. — MM. Bobin, 142 voix ; Guilbault, 141 v. ; Boutet, 140 v.
Que fera le maire de Sainte-Verge devant cette défaite ? Gardera-t-il la même désinvolture à l’égard du suffrage universel ?
En tous cas, M. le curé attend d’un moment à l’autre la visite du commissaire et de l’huissier qui doivent l’expulser manu militari.
FAUSSE ALERTE
Mais la population ne semble pas accepter son départ sans quelque peine. Une vive anxiété règne dans le village, et elle nous a valu une histoire amusante : nous venions d’arriver lundi à Sainte-Verge, quand le bruit a couru que le commissaire de police et l’huissier étaient là.
Grand émoi ! les femmes sortent sur le seuil de leur porte. On court prévenir les amis. Pour nous, nous nous préparions à prendre des notes, pour un article sensationnel.
Nous sortons dans la rue, plus de commissaire, plus d’huissier. On nous avait tout simplement pris avec notre dépositaire à Thouars, pour le commissaire et l’huissier !
Et tout cela à cause de la casquette galonnée de ce brave Prioult !

23 novembre 1930
DANS L’ATTENTE DE L’EXPULSION
Contrairement aux bruits qui ont couru, l’expulsion du curé de Sainte-Verge n’a pas encore eu lieu.
L’intéressé, qui attend les autorités dans une certaine anxiété compréhensible, a déjà été prévenu qu’il serait expulsé il y a environ un mois.
Au bout de 15 jours, est venu un ordre du Procureur de la République, accordant un délai qui expirait le samedi soir 15 novembre, à minuit.
Le jugement étant prononcé, rien ne peut, paraît-il, en empêcher l’exécution, même pas l’acte de donation de terrain sur lequel est construit le presbytère et dont la découverte va, dit-on, être la cause d’un procès entre la municipalité de la commune et les héritiers des familles donatrices.
Si la découverte de cet acte entraîne une procédure, elle ne peut changer l’exécution du jugement ordonnant l’expulsion manu militari du curé de Sainte-Verge qui, ainsi qu’il a été dit, exerce son ministère dans cette commune depuis 22 ans.

Le Matin – 26 novembre 1930
L’abbé Verganult desservant de Sainte-Verge (Deux-Sèvres), qui refusait une augmentation de loyer, est expulsé de son presbytère.

26 novembre 1930
M. le Curé de Sainte-Verge a été expulsé de son presbytère lundi matin.
Lundi matin, à 10 heures, M. le Commissaire de police de Thouars, accompagné d’un huissier, d’un agent et de deux hommes de peine, est allé frapper au portail de la cure de Ste-Verge, où, depuis un mois, M. l’abbé Vergnault, desservant de la paroisse, attendait d’être expulsé du presbytère qu’il habite depuis 22 ans, et pour lequel, par ordre de l’évêque de Poitiers, son chef, il avait refusé d’accepter une augmentation de loyer que voulait lui imposer la nouvelle municipalité.
A la vue de ceux qui venaient faire exécuter le jugement d’expulsion, M. l’abbé Vergnault se dirigea vers son église et sonna une dernière fois les cloches. A cet appel inattendu, plusieurs personnes, se doutant de ce qui allaient se passer accoururent. Elles étaient assez nombreuses lorsque, ceint de son écharpe, le commissaire prononça les trois sommations d’usage. Celui à qui elles s’adressaient ayant opposé un refus catégorique, l’agent se rendit à Thouars chercher la gendarmerie.
Pendant ces minutes d’attente, le vénérable curé aux cheveux blancs recommanda le calme à la foule qui s’était massée autour du presbytère. Puis, avec émotion, il lut quelques lignes flétrissant la conduite des promoteurs de la mesure judiciaire, dont il était l’objet, la seule à sa connaissance qui se soit produite dans le diocèse de Poitiers.
Il fit remarquer que cette sentence était d’autant plus arbitraire que la cure avait été construite par la souscription des catholiques de la commune sur un terrain ayant été spécialement donné pour cette construction par des personnes, dont les héritiers vivent encore et revendiquent leurs droits.
Il avait à peine terminé sa lecture, qui fut écoutée dans un calme impressionnant, que M. le Capitaine de gendarmerie, commandant les brigades de l’arrondissement de Bressuire, accompagné de l’adjudant commandant celles de Thouars, arrivait à son tour. Il conseilla à l’ecclésiastique de se soumettre aux exigences de la loi. Ce fut alors que, sans résistance, celui-ci se laissa prendre au bras par un agent et franchir une dernière fois le seuil de son presbytère et il se retrouva au milieu de la foule qui l’attendait dans la rue et aussi en présence de son mobilier que les deux hommes de peine sortaient de la cure.
Il résultera de cette expulsion que les cérémonies cultuelles auront lieu désormais dans la commune de Louzy, distante de Sainte-Verge de trois kilomètre, et dans laquelle, ainsi que dans beaucoup d’autres de la région, le même conflit avait été soulevé mais pacifiquement résolu.

30 novembre 1930
Après l’expulsion
Dans notre compte rendu de la journée d’expulsion, nous avons notamment souligné le cas particulier de la construction du presbytère. Voici, à Ce sujet, la reproduction d’un document sur la situation particulière et qui sera sans doute cause d’un long procès entre la Municipalité et les descendants de ceux qui en offrirent le terrain sur lequel il est édifié.
Ce document, encore inédit, établit d’une manière irréfutable, que cet immeuble a été élevé sur un terrain donné à cet effet à la commune par M. de la Raye, ancien lieutenant de louveterie. L’acte de donation, passé le 15 avril 1846 par devant Me Cothereau, notaire, à Thouars, stipule que le terrain est concédé « à la condition expresse qu’il sera employé, partie pour la construction du presbytère ; partie pour le jardin du presbytère ».
Il s’agit, on le voit, d’une donation conditionnelle révocable par conséquent le jour où la condition n’est plus remplie.
C’est fort souvent que les tribunaux annulent des donations pour cause de non exécution des conditions stipulées.
Le jour donc où, comme actuellement, le presbytère n’abrite plus un ecclésiastique, la « condition expresse », posée par M. de la Raye à sa donation, n’est plus remplie, et les héritiers, qui sont encore existants, sont fondés à revendiquer la propriété du terrain autrefois concédé par leur famille.
Le Code civil est formel sur ce point. L’article 953 stipule en effet que : « La donation entre vifs pourra être révoquée pour cause d’inexécution sous lesquelles elle aura été faite.,. »
L’article 954 n’est pas moins formel à ce sujet, puisqu’il stipule que « Dans le cas de la révocation pour cause d’inexécution des conditions, les biens rentreront dans les mains du donateur, libres de toutes charges et hypothèques du chef de donataire ; et le donateur aura, contre les tiers, détenteurs des immeubles donnés tous les droits qu’il aurait contre le donataire lui-même ».
Voilà, notre avis, deux petits articles qui pourraient bien souffler en bise glaciale sur l’enthousiasme des acquéreurs éventuels du presbytère.
Comme on le voit, c’est en perspective un procès long et coûteux.

7 décembre 1930
Après le départ du curé
Le calme est loin d’être revenu à Sainte-Verge. La réunion du Conseil municipal, qui a eu lieu ces jours derniers, semble le prouver. Une cinquantaine d’habitants de la localité avaient tenu à y assister. Ce fut une séance orageuse. On aborda la question des enterrements.
Les trois nouveaux conseillers, qui combattent tout désordre, calculèrent que les frais par personne à enterrer s’élèveraient à plus de 50 francs, sans compter la perte de temps pour les formalités à remplir pour les enterrements qui, ainsi qu’il a été dit, auront lieu désormais à Louzy.
Les murmures s’élevèrent dans la salle et l’on ne fut pas peu surpris, pour calmer les esprits, sans doute, d’entendre certains conseillers qui avaient toujours été hostiles au projet de conciliation entre la municipalité et le curé, faire l’apologie de celui-ci en regrettant vivement son départ qui entraîne tant de difficultés.

Il n’y a plus de curé et qui va enterrer les défunts ???

6 janvier 1931
La question des enterrements
Et voilà que le départ du curé de Sainte-Verge entraîne des complications dont les habitants sont victimes. Car on n’a point pensé à la question des enterrements.
Exemple : dernièrement, M Audouin, homme très estimable, décédait à deux heures du matin, à la suite d’une longue et douloureuse maladie.Comme c’était son devoir, M. Audouin fils, après avoir rendu les derniers devoirs à son regretté père, se rendit dans la matinée près du maire de Ste-Verge, pour lui demander les renseignements sur les formalités à remplir concernant la cérémonie religieuse à Louzy.
Ce mode d’enterrement ne plaisait sans doute pas, au maire, qui répondit à son interlocuteur :
« Ce n’est pas mon affaire ! ! D’ailleurs, je pars à la chasse ! ! Adressez-vous au secrétaire de mairie. »
Douloureusement surpris d’une telle réponse, faite avec tant de désinvolture, M. Audouin fils s’en alla trouver la personne qu’on lui avait désignée. Or, à son grand étonnement, il ne fut pas peu surpris d’entendre une réponse identique :
« Ce n’est pas mon affaire, il faut vous adresser au maire », lui répondit, à son tour, le secrétaire de mairie.
M. Audouin fils s’en fut alors trouver le garde-champêtre, M. Daniel, homme serviable et correct à tous points de vue ; celui-ci se mit complaisamment à la disposition de son concitoyen, l’accompagnant près du maire et du curé de Louzy, pour régler toutes formalités et dispositions à prendre pour les obsèques de M. Audouin père.
On raconte que, se rendant compte de la bévue commise. quelques édiles se seraient mis en quête de renseignements afin de savoir à quoi s’en tenir pour le règlement des futurs enterrements religieux.

12 mars 1931
L’ANCIEN CURÉ DE STE-VERGE EST REÇU A BRAS OUVERT PAR SES NOUVEAUX PAROISSIENS. — M. le curé Vergnault, chassé de son presbytère de Sainte-Verge, a été nommé à Sauzay, près d’Argenton-Château. Il fit son entrée dans sa nouvelle paroisse la semaine dernière, et fut reçu par le maire, entouré de son Conseil, tandis que les trois cloches de l’église sonnaient à toute volée et qu’un feu de joie brûlait sur la place faisant exploser bombes et pétards.
Toute la population massée sur la place acclama son nouveau pasteur.

 

ET MAINTENANT LE CHEF DES POMPIERS !

Et qui va éteindre les incendies ???

16 janvier 1931
UN CONFLIT A LA SUBDIVISION DES SAPEURS-POMPIERS. — A l’issue de leur banquet annuel, la majeure partie des sapeurs-pompiers de la commune auxquels se sont ralliés depuis tous les autres sapeurs, ont notifié à leur lieutenant qu’ils démissionnaient parce que celui-ci leur imposait assez souvent des exigences de service exagérées et parce qu’il refusait d’accepter, comme cela se fait ailleurs, l’adhésion de membres honoraires, non seulement pour subventionner la société, mais aussi pour  aider à l’apaisement des conflits qui peuvent surgir.

25 janvier 1931
LE CONFLIT DE LA SUBDIVISION DES SAPEURS-POMPIERS. — Voilà une quinzaine de jours, nous avons annoncé que la presque totalité des sapeurs-pompiers de la commune avaient démissionné parce qu’ils ne voulaient pas servir sous les ordres de M. Gaury, lieutenant commandant la subdivision. Aucun accord n’est encore intervenu. Des deux côtés, chacun reste sur ses positions. La prochaine réunion mensuelle aura lieu le premier dimanche d’avril. Que se passsera-t-il d’ici là ? Attendons.

14 mai 1931
LE CONFLIT DURE TOUJOURS. — La deuxième réunion des sapeurs-pompiers de la commune, qui avait lieu ce mois-ci, n’a pas eu plus de succès que la première ; seuls, trois ou quatre partisans du lieutenant Gaury répondirent à l’appel. Les autres sapeurs s’abstinrent, cette fois-ci encore, de se rendre à la manœuvre.
On dit que ceux-ci auraient décidé de se réunir tous à la réunion de juin, afin d’avoir une explication définitive avec leur chef, qu’ils voudraient voir démissionner.
Puisse un arrangement amiable survenir et mettre fin à un regrettable conflit, qui n’a que trop duré.

25 mai 1931
VERS UNE SOLUTION. — On dit qu’à la suite d’une entrevue entre M. Gaury, lieutenant commandant la subdivision des sapeurs-pompiers de la commune et une délégation de ceux-ci, l’officier sus-nommé se rendrait aux désirs de la presque totalité de ses hommes en démissionnant.
Si, comme nous en avons la conviction, celui-ci joint le geste à la parole, ce sera la fin d’un conflit regrettable et la reconstitution à brève échéance, de l’excellente subdivision de sapeurs-pompiers de Sainte-Verge dont le dévouement et le mépris du danger sont connus de tous.

12 juillet 1931
LA FIN D’UN CONFLIT. — Dimanche dernier, les sapeurs-pompiers se sont enfin réunis pour la manœuvre mensuelle qui n’avait pas eu lieu depuis plusieurs mois à cause du conflit existant entre la plupart des hommes et leur lieutenant.
Ce dernier ayant envoyé sa démission au préfet, tout est rentré dans le calme.

 

2 août 1931
UNE PROCHAINE SORTIE.— Nous croyons savoir que sous peu les membres de la subdivision des sapeurs-pompiers de la commune, qu’ainsi que nous l’avons annoncé est reconstituée depuis quelque temps seulement, feront une promenade-sortie dans le coin pittoresque de Courmiers à Thouars.
Il y aura repas champêtre à midi et jeux divers l’après-midi ; le soir, un bal champêtre clôturera cette journée de réjouissances.

6 août 1931
UNE SORTIE CHAMPÊTRE DE NOS POMPIERS. — Suivant la coutume annuelle des hommes de la sub-division des sapeurs-pompiers de Thouars se sont — à l’issue de la manœuvre mensuelle — rendus en groupes joyeux dans le site pittoresque du cirque de Misse pour se retrouver chez l’ami Manger à Fertevault, où, comme tous les ans, les attendaient une succulente et odorante friture fraîchement sortie du Thouet.
Aux places d’honneur avaient pris place : M. Gauduchon. commandant la subdivision et Gaury, officier honoraire de la subdivision de Sainte-Verge.
A l’issue de ces amicales agapes et avant que les chanteurs ne se fassent entendre, M. le lieutenant Gaury se lève et dit combien il est heureux et fier d’épingler la croix des braves sur la poitrine de son collègue, le lieutenant Gauduchon. Un tonnerre d’applaudissements salue ses paroles.
Cette simple et touchante cérémonie terminée, les chanteurs ont la parole ; comme au feu il n’y eut pas de « tire au flanc » et chacun y alla de sa petite chanson.
Le retour à Thouars s’accomplit gaiement et déjà, il faisait nuit lorsque eût lieu la dislocation du cortège de nos braves sapeurs, qui regagnèrent leur logis heureux de ces bonnes heures de franche camaraderie.

13 août 1931
UNE SORTIE – Les hommes de la subdivision des sapeurs-pompiers de Sainte-Verge, se sont rendus dimanche à l’issue de la manœuvre, dans le coin champêtre du « Gué au Riche », où ils firent un repas champêtre ; après quoi, les joyeux convives s’acheminèrent vers « L’Entente Amicale » de Pompois. Et comme toujours en semblable circonstance, ce fut par des chants que se termina cette délicieuse journée passée en grande partie en plein air.

11 décembre 1931
LA SAINTE-BARBE. — Fidèle à sa tradition, la subdivision des sapeurs-pompiers a célébré dimanche sa fête annuelle de la Sainte-Barbe. L’après-midi, eut lieu, à travers les rues du bourg, un défilé impeccable aux sons des meilleurs pas redoublés joués par l’excellente clique de la subdivision.
Le soir, à 8 heures, un grand banquet réunissait les sapeurs-pompiers et les membres honoraires.
Ce fut une belle réunion d’amis, présidée par le nouveau et sympathique sous-lieutenant, M. Bretonneau, ayant à ses côtés M. Ernest Piet, maire de la commune, et de nombreux conseillers municipaux.
Une soixantaine de convives se trouvaient ainsi réunis.
Après que chanteurs et chanteuses eurent finit de se faire applaudir, un grand bal termina la fête.

Remarque : les pompiers de notre village gaulois fêtent la Sainte-Barbe, ils font la fête, il n’est pas dit si le barde a été bâillonné…

Il fallait un incendie…

29 décembre 1931
LE FEU AU VILLAGE. — Vendredi soir, vers 6 heures, au village de Belleville près de Thouars, un immense pailler, situé en bordure de la route et appartenant à M. Bohy, maquignon, prenait feu et bientôt d’immenses flammes s’élevaient dans la nuit tel un fantastique et énorme feu de Saint-Jean.
Les pompiers de Sainte-Verge alertés, ainsi que de nombreux habitants accourus sur les lieux durent se borner à préserver les maisons voisines.
Comme quelques personnes avaient remarquer quelques temps avant l’incendie, un étranger rôdant dans les parages d’où le feu était pris, ils le signalèrent aux gendarmes de Thouars accourus sur les lieux. Celui-ci retrouvé et peu après habilement interrogé, avoua être l’auteur du méfait qu’il avait commis afin dit-il de se venger de gens de la contrée l’ayant éconduit lorsqu’il leur demanda l’aumône.
Il déclara se nommer Martin Albert, être né à Paris, en 1892. actuellement sans domicile fixe, et fut incarcéré à la prison de Bressuire.
Les pertes subies par M. Bohy sont évaluées à près de 4.000 francs. Elles sont fort heureusement couvertes par une assurance.

Sainte-Verge une commune bien de chez nous, où Astérix et Obélix auraient pu habiter ! Dans les temps les plus anciens Sainte-Verge s’appelait Les Hauts-Bois. Sur Wikipedia, on peut lire : La municipalité, consciente du caractère particulier de sa toponymie, a adhéré à l’Association des communes de France aux noms burlesques et chantants (classé dans la catégorie jeux de mots).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Association_des_communes_de_France_aux_noms_burlesques_et_chantants

http://www.commune-burlesque.com/commune.php?commune=sainte-verge

Et d’après le site : http://le-cercle-histo.over-blog.fr/article-polemique-autour-d-un-eventuel-divorce-thouars-ste-verge–42721234.html
qui est en général bien renseigné, Sainte-Verge ne vire plus mais se vire !!!!

A la vue de tout cela, je me demande si c’est à Sainte-Verge qu’est née cette expression, oui, une institutrice, mutée dans l’école du village, au courant des évènements et inquiète pour son avenir (vont-ils me virer…), s’écria à l’entrée en voyant le panneau : http://droles-de-panneaux.skyrock.com/2338162831-Sainte-Verge-79100.html

Faire un click droit puis ouvrir vers …    Je suis mutée à Sainte-Verge

 

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Sainte Verge, un peu d’histoire

SAINTE VERGE – SAINTE VIERGUE

 

SAINTE VIERGUE, VIERGE.
Sainte Viergue est appelée vulgairement sainte Vierge (1), et c’est le titre vénérable que porte une église paroissiale à une lieue au nord de Thouars (Deux-Sèvres), dans le diocèse de Poitiers. C’est dans cette même église que la bienheureuse Viergue fut enterrée près le grand autel sous la pierre du tombeau, on voit sculptée une quenouille, munie d’une poignée de chanvre avec son fuseau, pour marquer qu’elle était bergère. Au reste, l’église dans laquelle elle repose a depuis longtemps reçu d’elle le nom qu’elle porte, puisque, par sa fondation même, elle portait le titre de Notre-Dame des Hauts-Bois, dans les Gaules. Les Hauts-Bois est !e nom que portait le pays avant celui de Sainte-Verge. C’est ainsi que le raconte du Saussay à la fin du martyrologe de France.
Sainte Viergue était une simple bergère, qui se sanctifia comme sainte Germaine Cousin et d’autres par les vertus obscures d’une piété dont ses miracles révélèrent l’éminence sur son tombeau même. Ce tombeau fut vénéré dans l’église paroissiale jusqu’à la Révolution de 1793, qui le renversa et dissipa ses cendres. Ce qui reste de son tombeau dans l’église du village de Sainte-Verge, qui compte à peu près de 1,000 à 1,200 habitants, se réduit peu à peu en poussière, les fidèles la raclant pour en mêler les débris à l’eau d’une fontaine qui porte le nom de la Sainte, dans le parc du château voisin. Ce breuvage est donné contre la fièvre. La Sainte aurait vécu sur le bord même de cette fontaine, qui est à 100 m. mètres de l’église et qui maintenant porte également son nom ; la source parait miraculeuse, car par les années de grande sécheresse elle coule toujours avec une invariable régularité, alors que les puits eux-mêmes tarissent.
Le peuple croit encore dans cette contrée que sainte Viergue était une grande demoiselle que les persécutions de sa famille forcèrent de s’aller cacher dans les bois, où une vache la nourrit longtemps de son lait, qu’elle lui apportait chaque jour. Sa fête se fait dans la paroisse le 7 janvier.
Ceci date d’une époque reculée, sans qu’on puisse constater le temps précis. L’église dans laquelle sainte Viergue a été enterrée, probablement par les religieux habitant le cloître y attenant, est du XIe siècle, et avait pour titulaire Notre-Dame avant les miracles opérés sur le tombeau de la Sainte le tombeau lui-même parait être du XIIIe ou du XIVe siècle.
D’après les archives poitevines, le corps de cette bienheureuse fut transporté dans l’église abbatiale de Saint-Vincent de Metz, témoin Meurisse, évoque suffragant de Théodorie, quarante-septième évêque, en son livre III des évêques de Metz (910). Nous avons fait les recherches les plus actives pour savoir ce qu’il en était de cette translation. Sainte Viergue est complètement oubliée à Metz, et le fait de la translation parait controuvé à un hagiographe très-compétent de l’Est de la France, M. le chanoine Guillaume, aumônier de la chapelle ducale de Nancy, que nous avons consulté à ce sujet. Il existe dans le canton de Dieuze, diocèse de Nancy, une paroisse nommée Vergaville. D’aucuns ont pensé que cette localité avait emprunté son nom à la sainte du Poitou dont les reliques auraient enrichi une abbaye qui s’élevait autrefois sur le territoire de Vergaville et sur l’emplacement de laquelle la charme se promène depuis longtemps. Or, si l’on remonte à la charte de fondation de cette abbaye, on voit que le lieu où elle s’éleva s’appelait, avant la fondation même qui eut lieu au Xe siècle Widirgodesdorf, c’est-à-dire la vierge du village. Et de fait la
sainte vierge était la patronne principale de l’abbaye.
M. L’abbé Auber, chanoine historiographe du diocèse de Poitiers, et M. Gouin, curé de Sainte-Verge, celui-ci a bien voulu nous traduire une ancienne légende d’un Propre de Poitiers.

(1). Alias, Verge, Virgana, Virginie. Sainte-Verge est le nom de la commune et de la paroisse où a vécu la Sainte.

Les petits Bollandistes : vies des saints. T. II – Du 27 janvier au 23 février, d’après les Bollandistes, le père Giry, Surius… ; par Mgr Paul Guérin, camérier du pape Pie IX.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k307324/f161

Remarque : le résultat du grattage de la pierre tombale de Sainte-Verge mis dans des potions que l’on donnait aux fiévreux est mentionné dans « Le folk-Lore de la France. Le ciel et la terre, par Paul Sébillot ». Il est mentionné l’origine de l’information que je n’ai pas trouvée, cependant voir à la fin de cette page dans « les tirés à part de l’école des chartes » et le travail de Beauchet-Filleau.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k123017g/f353

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Les cinq vierges chrétiennes consacrées à Dieu par Saint-Hilaire


Le Poitou, plus encore peut-être que la plupart des autres provinces, vit alors un certain nombre de jeunes filles se vouer à ce genre de vie pénitente et solitaire. Nos trois autres vierges, disciples de saint Hilaire, que nous avons nommées, sainte Verge (1), Sainte-Néomaye (2) et Sainte-Triaise, paraissent avoir suivi la même voie. Malheureusement, sur les deux premières, nous ne possédons que des données trop incertaines. Nous savons seulement que sainte Verge vécut et mourut dans le village qui, depuis lors, a pris son nom près de Thouars, et que sainte Néomaye s’est sanctifiée et, selon toute apparence, a été enterrée dans l’église du bourg, qui s’est formé autour de sa cellule, non loin de Saint-Maixent. Quant à sainte Triaise, nous en parlerons tout à l’heure.

(1) Chastelain dit (Martyrologue, romain annoté, t. 1, page 117) : « Dans le lieu qui porte son nom, près Thouars, on la fait contemporaine de saint Hilaire.
Meurisse, au rapport du recollet Arthus du Moustier, auteur du Gyne… dit que le corps de sainte Viergue est à Saint-Vincent de Metz.  » – Comment et à quelle époque cette translation a-t-elle eu lieu, nous l’ignorons. La fète de sainte Vergue ou Verge était célébrée le 7 janvier. Elle était particulièrement honorée dans l’abbaye de Saint-Jouin-de-Marnes (Bibliothèque Mazarine, ms. 785).- D. Estiennot a ecrit d’elle (Not. ad litan., Putonicas) :
« S. Virgana, nata in parœcia B. Mariae de Haut-Bois, in diœcesi Pictaviensa, » in qua sepulcrumejus apparet perspicue. » Le sarcophage dont parle D. Estiennot existe encore dans l’église de Sainte-Verge. Il était autrefois dans le sanctuaire devant l’autel. Relégué, depuis la révolution de 1793, dans un coin de l’église, il sera prochainement remis en son ancienne place, où de nombreux pèlerins venaient autrefois le vénérer. Sainte-Verge etait un prieuré dépendant de l’abbaye de Saint-Jouin. Au XIIe siècle il était conventuel, comme on le voit par plusieurs chartes du cartulaire inédit de Saint-Laon de Thouars, que nous publierons peut-être un jour.

Mémoires de la Société des antiquaires de l’Ouest – 1873 – Tome 37 – page 435, chapitre intitulé les cinq vierges chrétiennes consacrées à Dieu par Saint-Hilaire : Florentia (Florence), d’Abra (Abre), De Virgana (Verge), de Neomedia (Néomaye) et Troecia (Triaise).
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k272308k/f454.langFR

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Année 697

Faut-il placer ici, comme appartenant à ce même VIIe siècle que nous terminons, la vie de sainte Verge, encore connue par le nom qu’en a gardé une paroisse des environs de Thouars ? (55). C’est une question que nous ne décidons pas, tout en paraissant la résoudre affirmativement. Nous la plaçons, croyons-nous, à l’extrême limite qui lui soit possible, et assez persuadé pourtant qu’elle a pu la précéder d’un ou deux siècles, Sainte Verge passe dans la contrée, où sa vie n’est connue que par des traditions populaires, pour avoir été une grande demoiselle que les persécutions de sa famille (56), peut-être païenne, forcèrent de s’aller cacher dans les bois, où une vache de la maison la nourrit longtemps de son lait, qu’elle lui apportait tous les jours. Mais plus généralement on la regarde comme une simple bergère, qui se sanctifia, comme sainte Néomaye et d’autres, par les vertus obscures d’une piété dont ses miracles révélèrent l’éminence sur son tombeau même. Ce tombeau, entouré d’abord de tant de respects, est devenu après sa mort le lieu d’une église paroissiale qui subsiste encore avec ce titre, et possède une population de mille à douze cents âmes, à une lieue au Nord de Thouars. Les révolutionnaires de 93 renversèrent le tombeau et dispersèrent ses cendres. Ce qui reste de ce sépulcre en pierre est réduit insensiblement en poussière par les fidèles du village et des environs, qui le raclent fréquemment pour en mêler les débris à l’eau d’une fontaine portant le nom de la sainte dans le parc du château voisin. Ce breuvage est donné contre la fièvre.
Les annales du diocèse de Metz mentionnent qu’une partie des reliques de la jeune sainte y sont parvenues, sans doute par suite de quelque voyage entrepris pour les sauver pendant les troubles du IXe siècle. En ce même diocèse, un village, prés de Dieuze (57), porte le nom de Vergaville, et avait autrefois une abbaye de Bénédictins. Ce nom indiquerait-il quelque rapprochement possible avec celui de la sainte poitevine ? Sainte Verge est honorée dans son église paroissiale le 7 janvier, qui est sans doute le jour de sa mort, sous le titre de vierge, du rit double. Dans le diocèse, on en fait mémoire le même jour.

Note 55 : Sancta Virgana que nous traduirions mieux par Virgane que par Verge comme on l’a fait de temps immémorial dans le Poitou, et encore mieux que par Vierge, que quelques hagiographes ont préféré, nous ne savons pourquoi.

Note 56 : Ce détail qu’il ne faut pas négliger dans la critique historique, reculerait nécessairement de deux ou trois siècles, comme nous le pensons, l’existence de la sainte dont les parents, appartenant à une grande famille, n’auraient pas été païens au VIIe siècle. Alors, sans doute, il pouvait y en avoir encore dans les campagnes, comme les actes des conciles en font foi ; mais les familles patriciennes professaient toute la religion de la cour, très décidément chrétienne depuis Clovis.

Histoire générale, civile, religieuse et littéraire du Poitou, par M. le chanoine Auber — Tome 3, livre XVI, page 160, ce qui correspond à l’année 697.
http://www.archive.org/details/histoiregnra03aubeuoft

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SAINTE VERGE, Vierge.
Sainte Verge ou sainte Vierge naquit, suivant les notes justificatives des litanies des saints du Poitou, par Mgr de la Rocheposay, dans la paroisse de Ste-Marie-de-Haut-Bois, au diocèse de Poitiers.
La légende populaire de cette sainte offre une grande analogie avec celle de Geneviève de Braban. Victime comme elle d’une calomnie, retirée comme elle dans les bois, découverte par un pâtre qui s’imagina de suivre les traces d’une de ses vaches qu’il surprit donnant son lait à la pauvre fille, sainte Verge put triompher enfin de ses ennemis, et mériter les honneurs dus à sa vertu.
Ce qui paraît plus certain c’est que, simple bergère, elle sut acquérir dans cette humble condition une telle sainteté, qu’après sa mort, l’église devenue dépositaire de son tombeau justement vénéré prit le nom de la pieuse jeune fille, et s’appela depuis Ste Verge.
Ce tombeau, mutilé en 1793, existe encore, mais il est vide. On mêle la poussière de cette pierre avec l’eau d’une fontaine située dans le parc du château de Sainte-Verge, pour être administrée en breuvage aux fiévreux.
Quant au corps de sainte Verge, si on en croit du Saussais, il fut transporté à Metz dans l’église abbatiale de St-Vincent. On vénérait en effet dans cette église une sainte du nom de Virgine, dont on possédait les reliques (4).
La fête de sainte Verge est indiquée dans les litanies poitevines au 7 janvier.
(1) Sainte Verge se traduit en latin par Virgana ; l’analogie entre ce nom et celui de Virgina (Vierge) a pu donner lieu à l’opinion de du Saussais. Quoi qu’il en soit, il résulte d’une communication due à la bienveillance de S. G. Mgr l’évêque de Metz que l’église (aujourd’hui paroissiale) de Saint-Vincent de Metz ne possède plus rien des reliques de sainte Virgine, qui y figuraient certainement autrefois, et dont l’authenticité avait été reconnue en 1642 par les visiteurs de la congrégation de Saint-Vanne. (Lettre du 5 janvier 1856.)

Les Vies des Saints du Poitou et des personnages d’éminente piété… nés ou qui ont vécu dans cette province – Charles de Chergé – 1856 – page 174

http://books.google.fr/books?id=RnqnzYrJwl8C&hl=fr&pg=PR3#v=onepage&q&f=false

http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Vies_des_Saints_du_Poitou_ou_des_personnages_d%27%C3%A9minente_pi%C3%A9t%C3%A9_-_Charles_de_Cherg%C3%A9_-_1856.png?uselang=fr#

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CHÂTEAU DE SAINTE-VERGE


Inventaire des archives du château de Sainte-Verge, près Thouars, seigneurie de la Forest-Sainte-Verge, châtellenie de Bouillé-Saint-Paul, seigneurie de Rochefou, seigneurie de La Relandière, etc., 1321-1815, publié par le Marquis Régis de L’Estourbeillon, (1858-1946) en 1895.

Présentation :
Livres offerts – Comptes-rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres – 1896, on lit :
« Le chartrier du château de Sainte-Verge ne contient plus les archives de cette terre qui ont disparu, mais on y trouve celles de la châtellenie de Bouillé-Saint-Paul.
Il comprend 1380 articles de 1321 à 1815 ».
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1896_num_40_1_70722

Marquis de l’Estourbeillon, Inventaire des archives des châteaux bretons. — I. Archives du château de Saffré (1394-1610). — II. Archives du château de Penhoët (1237-1800). — III. Archives de la seigneurie de la Morlaye au château du Lou, en Mauron (1514-1815). — IV. Archives du château de la Maillardière, en Vertou (1315- 1718).
Où il est dit : « Tous ces inventaires, conçus d’après le même plan, comprennent :
1° un tableau des mouvances des seigneuries et la liste aussi complète que possible des possesseurs successifs de ces seigneuries.
2° une analyse de toutes les pièces du chartrier, classées pour chaque seigneurie par ordre chronologique.
3° une table alphabétique des noms de toutes les personnes mentionnées dans ces analyses.
Le nombre de ces pièces est souvent considérable. On en compte 400 au château de Saffré, 990 au Penhoët, 1380 à Sainte-Verge. La plupart appartiennent aux trois derniers siècles, mais un certain nombre remontent aux XVe et XIVe siècles, quelques unes même au XIIIe siècle. Quant à l’intérêt qu’elles présentent, il est comme on le comprend aisément, fort inégal. La plupart ne peuvent guère servir qu’à illustrer l’histoire de familles ou de terre assez obscures, mais beaucoup aussi présentent une réelle importance et sont susceptibles de fournir une précieuse contribution à l’éclaircissement des faits historiques les plus divers : lettres et mandements des rois de France et des ducs de Bretagne, création de foires, concessions de privilèges, exemptions d’impôts, coutumes locales, etc…»
Jean Lemoine – 1899
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1899_num_60_1_452540_t1_0121_0000_3

INTRODUCTION DE L’OUVRAGE

Un des coins les plus intéressants et les moins connus de l’ancienne, province du Poitou est sans contredit le pays de Thouars, l’un des principaux apanages de la puissante maison de la Trémoille. Or parmi les plus anciennes seigneuries de cette région, on distinguait avant la Révolution l’antique domaine de la Forest-Sainte-Verge, dont l’important chartrier, abondait en renseignements précieux pour ce pays. Située dans le bourg même de Sainte-Verge, la terre de la Forest, qui, appartenait au XIVe siècle à la famille Jousseaume avait pris naissance autour de l’église fondée en l’honneur d’une petite bergère nommée Vierge, qui y était née et y avait saintement vécu (1). De hauts et puissants seigneurs habitèrent tour à tour ce manoir, qui appartient actuellement à MM. Léonce et Jules de Beauregard, de Poitiers, et il y a quelque temps ses aimables propriétaires, auxquels des liens cordiaux de parenté nous unissent. nous ayant confié l’examen de ses intéressantes archives, nous résolûmes aussitôt, avec leur assentiment, de faire connaître à tous les travailleurs les nombreux documents de ce magnifique chartrier. Il serait à souhaiter que tout possesseur d’archives mît ainsi le public à même de profiter, grâce à de bons inventaires, d’une foule de renseignements et de richesses historiques ignorées, et nous ne saurions trop par suite, dans la circonstance, exprimer à MM. de Beauregard toute notre gratitude, pour leur gracieuse communication.
Par suite de circonstances demeurées ignorées, mais très vraisemblablement au cours de la période révolutionnaire, les archives de la seigneurie de Sainte-Verge proprement dite et de ses premiers possesseurs ont complètement disparu et ne figurent plus au chartrier que
nous avons dépouillé, mais il n’en est pas moins, aussi considérable qu’intéressant, par la variété des fonds et des documents qui s’y trouvent réunis. Au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, les de Cornillon, possesseurs de Sainte-Verge y avaient accumulé toutes leurs archives de famille et celles de plusieurs maisons alliées ; au début du XIXe siècle, la famille Guenyveau de la Raye, acquéreur depuis 1793, y réunit à son tour les importantes archives de la châtellenie de Bouillé-Saint-Paul, des terres de Rochefou, Touchegon, la Pinarderie, la Relandière et de nombreux documents de familles, qui lui étaient venus successivement par suite d’alliances avec la famille Fouqueteau des Mortiers et de celle-ci avec la puissante famille du Chastel, largement possessionnée dans cette région avant la Révolution. Or étant donné l’importance et la variété de ces documents, nous avons jugé nécessaire de les publier en trois fascicules, ayant respectivement pour objet :
1° La châtellenie de Bouillé-Saint-Paul avec ses dépendances : Rochefou et la Relandière
2° La Pinarderie et Touchegon
3° Archives des diverses familles
Mais de plus, pour l’intelligence de ces documents et pour mettre plus facilement à même le lecteur d’en tirer parti, il nous a paru nécessaire de donner un tableau aussi exact que possible des mouvances de ces seigneuries et aussi de leurs possesseurs successifs, en commençant par ceux de la Forest-Sainte-Verge, terre qui conserve ce chartrier.
Les voici, tels qu’à l’aide des pièces il nous a été possible de le reconstituer.

(1) Hugues Imbert, Histoire de Thouars, pages 128-129

Et si nous nous rapportons à la note précédente :

Histoire de Thouars par Hugues Imbert – Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres, 2e série, Tome X, 1870

Chapitre XXVI – Eglise de Sainte-Verge (1308-1333)
Page 128
Nous avons vu, dès 1117, la mention du monastère de Sainte-Verge, à l’occasion d’une donation faite au profit de l’abbaye de Saint-Laon, par Normand, seigneur de la cour de Thouars, et Aénor, sa femme. L’église de Sainte-Verge avait été fondée en l’honneur d’une petite bergère nommée Vierge qui était née et avait vécu dans un lieu nommé la Forêt. Quelques chroniqueurs ont cru reconnaître sous cette désignation le bourg de Notre-Dame-du-Haut-Bois devenu Sainte-Pezenne. Dufour a partagé cette erreur. La terre de la Forêt existe encore dans le bourg même de Sainte-Verge. Au commencement du XIVe siècle, un personnage nommé Jean Jousseaume, qui était seigneur de la Forest, fait des donations au profit de cette église (1). Un titre du 11 septembre 1428 constate la fondation et la dotation de deux chapellenies au même lieu, par Louis Jousseaume, écuyer, seigneur de Soussais, village voisin de Sainte-Verge, Jean Jousseaume, écuyer, seigneur de la Forêt-sur-Sèvre et de Commequiers, et par Jeanne de l’Ile, sa veuve, tutrice de Louis et Jeanne leurs enfants mineurs (2).
L’édifice dont nous venons de parler remonte bien certainement au XIe siècle. Le mur latéral du nord présente quelques traces de l’opus spicatum. On remarque à l’extérieur, les restes d’une abside circulaire, à l’intérieur, des chapiteaux barbares et le tombeau de la bergère morte en odeur de sainteté. Si l’on en juge par les dimensions de ce tombeau (1 m. 40 de longueur sur 0 m. 33 de largeur), Vierge devait être une enfant. Il serait à désirer que ce petit monument funéraire de l’époque romane secondaire fût placé dans un meilleur jour. Caché dans un angle du transept, il est à peine visible.

(1) Beauchet-Filleau, dictionnaire des Familles du Poitou
(2) Dom Fonteneau, tome XXVI, page 363

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k208674c/f140

Remarque : L’Inventaire des archives du château de Sainte-Verge, près Thouars, publié par le Marquis Régis de L’Estourbeillon, est (était ?) sur le site de la BNF. Il n’est plus accessible. On peut encore voir l’accès au document par le moteur de recherche :
http://www.culture.fr/recherche/?typeSearch=collection&SearchableText=Sainte-Verge&portal_type=CLT_Site_Note

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Lettres missives originales du XVIe siècle tirées des archives du Duc de la Trémoille

 

Juin 1590 ; de Thouars.

Pierre Orré, (1), membre du conseil du duché de Thouars,
A la duchesse.

Plaintes contre les usurpations, la méchanceté et l’avarice du prieur de Sainte-Verge. Poursuites judiciaires à continuer contre lui et son abbé, pour maintenir les droits du duché et sauvegarder les intérêts des pauvres paroissiens de Sainte-Verge.

A MADAME, A PARYS.

Madame, j’ay bien ozé prandre la hardiesse vous escripre pour vous faire entendre que le prieur de Saincte Vierge (2), en vostre chatellannye de Thouars, ne se contentant du revenu dudict prieuré, qui est de grande valleur, et de usurper sur les riches et grands, mesmement voullant faire ung fief audict Saincte Vierge, qui seroyt au grand préjudice de voz droictz et de Monseigneur vostre filz duc de Thouars, – ce que voz bons serviteurs de par desça tasche de jour en jour à empescher telle usurpacion et en a tousjours et dès cy davant procès, mesme qu’il y en a despuis peu de temps esté faict ranvoy aux  Requestes d’une cause pour la mesme chose, que je croix que Monsieur Rouhet ne oubliera à poursuivre, – ledict prieur, poursuivant et contynuant tousjours sa mauvaise et pernisieuze
envie, tasche par tous subtilz moyens faire perdre une belle aumousne publicque et généralle que doibt ledict prieur, et avoyt accoustumé se bailler audict Saincte Vierge par trois fois la sepmaines ; et encore délaisse a faire le divin service deubz en l’église dudict Saincte Vierge et parreillement ne fournist de luminaire.
Quoy voyant, Monsieur vostre advocat fiscal audict Thouars, avec les pauvres habitants dudit Saincte Vierge, qui sont presque tous mandians leur vie (3), au moyen des grandes ruines qu’ilz ont heu par les gens de guerre que charté des bledz qui durent en ce païs y a si longtemps, et se ocmante de plus en plus, auroyent saisy ledict prieuré de Saincte Vierge par deffault dudict divin service, luminaire et ausmonne non donnés.
L’abbé, relligieux et couvent de Sainct Jouin lez Marnes (4), dont deppand ledict prieuré, cuidant se exempter faire ce qu’il doibt forment appel de ladicte saisine et se pourvoist à Poictiers, par une provision. Ce que voyant voz pauvres subjectz, habittans dudict Saincte Vierge, ont trouvé remède se pourvoir par appel en la court de parlement à Paris, où la cause est pandautes à présant par appel ; en laquelle iceux voz pauvres subjectz ont bien besoin d’aide pour leur conserver leur bon droict par la faveur de Vostre Grandeur, à laquelle ilz ont recours comme leur dame et mestresse ayant cest honneur estre voz pauvres subjectz, pour en estres maintenuz et conservez.
Vous supplians très humblement, Madame, leur voulloir aider de vostre faveur à l’endroict de Mons’ le procureur général du Roy pour conclure avecques eux en la cause, au désir des lettres par eux obtenues en la court, et aussy envers Monsieur de Thellis, leur procureur, pour apporter toutes diligences. Et ce faisant, Madame, ferez œuvre très charittable et pieuze, qui est vostre naturelle et bonne coustume user à l’androict de voz pauvres subjectz comme sont lesdictz habittans dudict Saincte Vierge, la plus grand part des queulx meurrent à force de endurer de faim ; qui est ung grand mal pour ceux qui en sont occasion, comme ledict prieur. Leur ostant le pain qui est à eulx, vaudroict autant leur coupper la gorge tout ung coup. Les queulx voz pauvres subjectz prieront, et moy avecques eux et en mon particullier, à jamais Jésus Crist, Nostre Seigneur, pour vostre bonne prospérité et aucmantation de Vostre Grandeur, et qu’il vous doient, Madame, ce que très, bien luy savez demander.
De vostre Thouars, ce. (5)..
Vostre très humble et très obbéissant serviteur,
PIERRE ORRÉ, qui vous salue humblement.

Olographe.

(1) La famille Orré a donné au moins quatre générations de procureurs en l’élection de Thouars. En 1781. le titulaire était Annibal Orré. Douze ans plus tard, un de ses parents, vieillard qui était revenu mutilé de la bataille de Fontenoy, fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire et guillotiné à Saumur. Porté sur l’échafaud, et pendant les préparatifs de l’exécution, il dit qu’il était heureux, ayant déjà perdu une jambe pour son Roi, de lui faire, à près de cinquante ans d’intervalle, le sacrifice de sa tête, puis jetant au milieu de la foule sa jambe de bois et sa perruque, il ajouta à haute voix « Et voilà pour la canaille. » Nous tenons ce fait d’un magistrat poitevin.
(2) Dépendant du monastère de Saint-Jouin-de-Marnes. Mieux vaudrait Sainte-Viergue, la patronne de la paroisse étant Sancta Virgana, dont la fête est fixée au 7 janvier.
(3) Ajouter ici le mot tant.
(4) Ordre de Saint-Benoit, diocèse de Poitiers, aujourd’hui département des Deux-Sèvres. La Société de Statistique a publié en 1854,  un recueil de ses chartes.
(5) Omise ici, la date est indiquée au dos de la lettre.

Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres – 2e série, 1881, Tome 19 – page 335 — Lettres missives originales du XVIe siècle (100 de femmes et 200 d’hommes), tirées des archives du Duc de la Trémoille et publiées par P. Marchegay et H. Imbert.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k208683b/f353.langFR

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Sainte-Verge et ses hameaux dans le dictionnaire topographique du département des Deux-Sèvres, comprenant les noms de lieux anciens et modernes par Bélisaire Ledain, remarquons que Sainte-Verge était dans le territoire appelé « Marche commune de Poitou et d’Anjou ».

 

SAINTE-VERGE, canton de Thouars.
- Sancta Virgana, 1117 (cartulaire St-Laon Thouars.)
- Sainte-Verdre, 1318 (arch. V. II. 3, 804)
- Sainte-Vierge, 1453 (cartulaire St-Laon Thouars)
- Ste-Verge (pouillé 1648)
Cette paroisse faisait partie des marche communes de Poitou et Anjou, de la sénéchaussée et du gouvernement militaire de Saumur.  Elle dependait du doyenné et élection de Thouars et du bailliage de la Grande Marche, ressort du siège de la vicomté de Thouars. La cure était il la nomination de l’abbé de St-Jouin-de-Marnes. Il y avait 210 feux en 1750.

LES BEAUMONTS, ancien fief relevant de Saint-Laon, 1787, Archives des Deux-Sèvres, série H, 67), L. disp.

BELLEVILLE, village commune de Sainte-Verge, Belleville en Thouarçois, 1437 (cartulaire Chambon), Relevant de Thouars, 1470, fiefs de la vicomté de thouars

BLANCHARD, village et moulin commune de Sainte-Verge.
- Molendinum Blanchardi, 1107 (cartulaire de St-Laon de Thouars, et Gall. christ. II, 373) -  Blanchart, v. 1130 (cart. St-Laon) -  Blanchar, 1160 (id.) – La Roche de Blanchart, 1318 (arch. V. H. 3, 804) -  Moulin Blanchard, 1398 (cart. St-Laon).

LA BRACHETIERE, 1521, relevant de Thouars (chartrier de Thouars)

CHAMP-FRISÉ, ancien fief relevant de Saint-Laon de Thouars, 1786 (archives des Deux-sèvres H. 67). L. disp.

CHAMPIGNY, moulin – Champoinne, v. 1127 ; Champeigné, v. 1130 ; Campoigné, v. 1130 ; Champegné, v. 1160 (cart St-Laon de Thouars) – Champigné, 1238 (cart. Chambon).

LA CROIX-LORIOUX, ancien fief relevant de St-Laon de Thouars, 1738 (arch.D. S. série H. 337). L. disp.

ENTERRÉ, moulin – Interré, v.1110 (cart. St-Laon Thouars) – Anterré (Cassini).

LA FLOCELLIÈRE, localité disparue commune de Ste-Verge, relevant de Thouars, 1477 (chartrier de Thouars).

LES FONTENELLES, ferme, ancien fief relevant de St-Laon de Thouars, 1738 (arch. D. S., série H, 337)

LA FORÊT, Jean de la Fourest, 1352 (cartulaire de St-Laon Thouars) – La Fourest de saincte Vierge, 1516 (mémoire société statistique Deux-Sèvres, 2e série, XIV) – La Forest en Sainte-Verge, 1603 (arch. D. S. série H, 302). Relevant de Thouars.

LES GAUDIÈRES, ancien fief relevant de St-Laon de Thouars, 1786 (arch. D. S., série H. 67).

LA GOSSELINIÈRE, logis et hameau – La Goicelinèrs, 1253 (cartulaire St-Michel-Thouars) – La Goisselinière, relevant de Thouars, 1384 (chartrier de Thouars) – La Goursselinière, 1394 (arch. V. Brosse-Guilgault, 1) – La Gaucelynère, 1428 (id.).

LE GUÉ-AU-RICHE, moulin, commune de Mauzé-Thouarsais et de Ste-Verge -  Molendinum de Vado divitis, 1238 (cart. Chambon) – Le Gué au Riche, 1488 (arch. V. H. 3, 807) – Le Gué aux Riches (Cassini).

LES NOHLLES, ancien fief relevant de St-Laon de Thouars, 1786 (arch. D.S. H. 67).

PICHAUD, village commune de Ste-Verge – Puychault, relevant de Thouars, 1470 (hist. Thouars, 178).

POMPOIS, village commune de Sainte-Verge – Villa Pampeia, v. 1147 (chartrier  Thouars ; – bull. soc. stat. 1883, p. 236) – Ponpoieum, 1161 (cart. St-Laon Thouars) – Ponpée, 1263 (chartrier de Thouars) – Ponpaium, 1278 (id.) – Ponpeye, 1316 (arch. hist. Poit. VII) – Pompae, 1333 (arch. V. H. 3, 809) – Pompay, 1479 (arch. Barre) – Ponpoy, 1568 (arch. V. H. 3, 809) – Ponpoix (Cassini).

RIGOLLIER, éc. commune de Ste-Verge – Rigallier (Cassini)

SOUSSAIS, hameau, commune de Ste-Verge – Socaium, v. 1200 (cartulaire St-Laon de Thouars) – Relevant de Thouars (chartrier de Thouars)

MARCHE COMMUNE DE POITOU ET D’ANJOU – Ce territoire comprenait les paroisses de Louzy, Ste-Verge, St-Martin-de-Mâcon, St-Léger-de-Montbrun, Tourtenay, Brion, St-Cyr-la-Lande, Massais, Bouillé-St-Paul, Bouillé-Loretz, Argenton-l’Église, St-Martin-de-Sanzay, Bagneux, Cersay, situées dans le département des Deux-Sèvres, et les paroisses de St-Macaire et le Vaudelenay, dans celui de Maine-et-Loire. Les vicomtes de Thouars et les seigneurs de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) y exerçaient la juridiction en commun et par indivis. Le ressort en était commun au sénéchal de Poitou et au bailli d’Anjou dès 1333 (cart. de St-Laon Thouars). L’appel des sentences de Montreuil était porté à Saumur et celui des sentences de Thouars à Poitiers. Cet état de choses, réglementé dès 1269 par sentence d’Eustache de Beaumarchais, sénéchal de Poitou (revue d’Anjou, 1855, p. 113), avait donné lieu à des conflits perpétuels et inextricables. L’édit du 4 juin 1633, suivi de la déclaration du 16 aooût 1635, firent cesser l’indivision judiciaire de la Marche, dont les paroisses furent rattachées à la sénéchaussée de Saumur (Pocquet de Livonnière, traité des marches commune d’Anjou et Poitou). Toutefois un édit de 1635 restitua aux seigneurs de Montreuil et de Thouars leur juridiction sur la Marche, mais avec prévention concurrente avec les officiers de Saumur, sauf à Ste-Verge, Louzy, et Monthrun (les marches séparantes d’Anjou, Bretagne et Poitiers, par Emile Chénon, 1892). La marche de Poitou et d’Anjou avait été exemptée de la gabelle par concessions royales des 8 avril 1396 et 18 mars 1484 (chartrier de Thouars catal. aut. par G. Charavay, 1891, p. 34). Les origines des marches communes, qui remontent au moins aux Xe et XIe siècles, sont d’ailleurs fort obscures.

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Remarque au sujet de la Marche du Poitou

 

Sur le Net on trouve des informations liées à Marche(s) du Poitou, telles que :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marches_Bretagne-Poitou
Sachant que la Vendée était le Bas-Poitou, dont Luçon.  Mais quant à la Marche du Poitou qui nous intéresse, faut aller puiser dans des ouvrages tels que :
Histoire de Thouars par Hugues Imbert – Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres, 2e série, Tome X, 1870
Chapitre XXIV – Les Marches (1256-1274)
Page 123 :
Dans la même année (le 10 août), le vicomte de Thouars termina par une transaction des discussions qui s’étaient élevées enttre lui et les seigneurs de Montreuil-Bellay au sujet des Marches (3). Cette question des marches revient assez souvent. Elle ne se vida définitivement qu’en 1774. Nous aurons occasion d’en reparler. On donnait le nom de marches aux terrains situés sur la limite de deux provinces. Les marches communes au vicomte de Thouars et au seigneur de Montreuil-Bellay se divisaient en deux parties. La grande marche comprenait seize paroisses : Louzy, Sainte-Verge, Macon, Monbrun, Massais, Tourtenay, Brion, Bouillé-Saint-Paul, Argenton-l’Eglise, Saint-Martin-de-Sanzay,
Bagneux, Bouillé-Loretz, Saint-Macaire, Le Vaudelnay, Saint-Cyr-la-Lande et Cersais.
La petite marche ne se composait que de deux paroisses : le Puy-Notre-Dame et Saint-Hilaire de Rillé (4).
Les officiers du vicomte de Thouars et du baron de Montreuil-Bellay avaient un égal droit de juridiction sur ces paroisses ; mais ils ne pouvaient agir séparément. Ils rendaient la justice en commun et partageaient les émoluments. Le vicomte de Thouars avait cependant le privilège de prélever, avant tout partage, une somme de douze livres dix sous, pour marquer sa suprématie. C’est ce qu’on appelait le droit avantageux. Il y avait du reste sur ces paroisses beaucoup de droits réservés au vicomte (5).

(3) Dom Fonteneau, t. LXXXVII
(4) Chartrier de Thouars
(5) Charte de 1333 ; Cartulaire de Saint-Laon
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k208674c/f135

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POMPOIS, VILLAGE DE SAINTE-VERGE

Pompois apparait dans une lettre datant de 1470, que l’on trouve dans : Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France. 11 / publiés par Paul Guérin,…

Lettres accordant à Jean d’Appelvoisin, chevalier, la permission de fortifier son lieu et seigneurie de Thiors, avec droit de moyenne et basse justice audit lieu et autres lui appartenant en de Thouars. (JJ. 196, n° 255, fol. 155 v°.)
Avril 1470 (avant le 22).

Voici le début de la lettre avec la note qui réfère à Pompois :

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, que pour consideracion des grans et recommandables services que nostre amé et feal conseiller et chambf!)an, Jehan d’Appellevoisin, chevalier, seigneur de Thiors et de la Jobetière (1), et les siens ont … etc…

(1) Jean d’Appelvoisin, chevalier, sr de Thiors et de la Jobtière, chambellan de Louis XI et fort avant dans ses bonnes grâces, comme on le voit par le passage des présentes lettres où le roi déclare que Thiors lui a paru un lieu si plaisant qu’il se propose d’y faire sa demeure, quand il viendra dans le pays. était le fils aîné de Mathurin d’Appelvoisin, chef de cette branche de Thiors par son mariage avec Jeanne de Meulles, dame de Pompoy, fille de Jean de Meulles, sr de Thiors. Ils étaient mariés dès avant le 30 avril 1420 car à cette date Mathurin d’Appelvoisin rendit un aveu, au nom de sa femme, au vicomte de Thouars, pour le fief de Grandchamp près Pompoy. Jeanne de Meulles le renouvela le 16 décembre 1445, peu de temps après qu’elle fut devenue veuve, et le même jour, elle fit aveu au même de sa seigneurie de Thiors-Vollebinne. (Les fiefs de la vicomté de Thouars, par MM. le duc de La Trémoïlle et H. Clouzot, in-4°, p. 60 et 136.) Mathurin d’Appelvoisin était donc décédé à la fin de l’année 1445. Sur un registre des grandes assises de Bressuire, postérieur de dix ans, on lit qu’une amende de deux écus fut prononcée contre Jean d’Appelvoisin, chevalier, pour n’avoir point dressé l’inventaire des biens de son feu père. (Chartrier de Saint-Loup, aux Arch. des Deux-Sèvres, E 1747. fol. 51.) L’écart entre les deux dates pourrait faire supposer qu’il ne s’agit pas du Sr de Thiors cependant nous ne voyons pas à quel autre membre de la famille d’Appelvoisin cette mention pourrait s’appliquer. Le même fonds contient un aveu de l’hôtel et maison noble de la Jobtière rendu au sr de Bressuire par Mathurin d’Appelvoisin en 1444, et un second de l’année 1447, rendu par Jean, son fils. (Id., E 1529.) Le 21 janvier 1455, le même Jean d’Appelvoisin reçut de Guillaume de Puyguyon, écuyer, seigneur dudit lieu, l’hommage du fief dit le Petit-Pelvezin, et le 3 août 1467, il fit aveu de son hôtel de Tourtenay au vicomte de Thouars. Son nom est inscrit sur le rôle des hommes d’armes de la compagnie du sr de Laigle, au ban et arrière-ban de Poitou convoqué le 5 octobre 1467. Au ban réuni l’an 1488, sa veuve et son fils aîné fournirent deux brigandiniers.
Jean d’Appelvoisin avait épousé : 1° en 1439, Marie Dobé, fille d’Amaury et de Catherine Du Bouchet ; 2° Renée Boux du Teil, qui était veuve dès l’an 1486 et dont il eut deux fils, Hardy, sr de Thiors, et Guillaume, chef de la branche de la Bodinatière, et une fille Marie, mariée en 1490 à Jean de La Roche. (Dict. des familles du Poitou, nouv. édit.,t. I, p. 84.)

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209504x/f286

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POMPOIS C’EST UN VIN RENOMMÉ

Rapports et délibérations – Conseil général des Deux-Sèvres – Août 1901
Viticulture
Rapport sur la reconstitution de vignoble en Deux-Sèvres pour l’année 1900-1901 – page 551
Si nous avons cru devoir parler ainsi du centre du département, il n’en est pas de même pour le nord, c’est-à-dire les cantons de Thouars, Saint-Varent ; une partie de ceux d’Argenton-Château, d’Airvault et de Saint-Loup, dans lesquels on a de tout temps obtenu les meilleurs vins blancs du département et des vins rouges renommés tels que le Pompois, sans oublier le vin de Veron des environs de Saint-Loup. Avec de pareils produits, la vigne est une culture rémunératrice. Ces vins, qui se rapprochent des types de l’Anjou et de la Tourraine, commencent à trouver des débouchés sur Paris et dans tous les grands centres ; leur goût agréable, leur saveur fraîche, les font accepter par de nombreux consommateurs qui délaissent de plus en plus les produits méridionaux.

Rapports et délibérations – Conseil général des Deux-Sèvres – Août 1904
Viticulture
Rapport sur la reconstitution de vignoble en Deux-Sèvres pour l’année 1900-1901 – page 705
On peut dire que les vins blancs du Thouarsais ont maintenant un débouché assuré par la consommation des grandes villes où ils prennent la place des apéritifs de toutes sortes ; de plus ils constituent des vins de table très appréciés quand ils ne peuvent aller jusqu’aux vins de dessert. Les plaines dans lesquelles on a planté du Groslot et autres cépages d’abondance, alimenteront Saumur pour faire les champagnisés à bas prix.  Pompois continuera la culture du Breton pour faire les vins de qualité rivalisant avec le Bourgueil ; mais je crois  qu’il sera prudent de limiter ce cépage peu productif aux coteaux et terrains permettant de faire bon et d’obtenir le maximum de parfum. Les vins rouges de qualité moyenne ou inférieurs semblent destinés à avoir une vente moins assurée que le vin blanc.

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LA GOSSELINIÈRE

Le château : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Sainte-Verge_ch%C3%A2teau_Gosselini%C3%A8re.JPG

Le château de la Gosselinière était la propriété de Bergeon Emile Firmin – 21 juillet 1828 (Argenton Château) – 18 mars 1891 (Sainte-Verge).
Sénateur, Conseiller Général du canton de Thouars, maire de Sainte-Verge, où il possède le château de la Gosselinière. Source :
http://www.senat.fr/senateur-3eme-republique/bergeon_emile1621r3.html

Et aussi à la page 266 : http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/biographies/1789-1889/Tome_1/BERARDIER%20DE%20BATAUT_BERLET.PDF

C’était aussi la propriété d’une vieille famille noble du Poitou, les Aloigny (Allogny), famille sortie du Poitou et une des plus anciennes de France, la maison d’Aloigny a été confirmé dans sa noblesse en 1667. Notons Aloigny de Rochefort, né le 5 avril 1757 à Sainte-Verge, émigra en Espagne (émigré le 30 octobre 1792, cité souvent sous la forme Dalogny), ses biens ayant été confisqués à la Révolution. Voir Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57394970/f64.image.r=gosseliniere.langFR

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ENTERRÉ

Il existe un article appelé « Enterré, fief de Sainte-Verge », par H. Bodin, dans la Revue pays thouarsais, n° 21, 1938 – Voir :
Bulletin de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres – Tome VII – 1938
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58544124/f34

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LA FLOCELLIÈRE – LA FLOCELIÈRE

Village disparu est mentionné dans :
Le Maréchal de La Meilleraye, par A.-D. de La Fontenelle de Vaudoré, 1839
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5611989w/f7

Où il est dit : le premier acte de la collection de Dom Fonteneau, relatif à Charles de La Porte, premier du nom, est du 24 mars 1602 ; et cet individu est qualifié de seigneur du Châtel de la Mesleraye, de la Lunardière et de la Flocelière Sainte Verge ; cette dernière terre était située à Sainte-Verge, près Thouars.

Attention il existe près de Pouzauges une commune appelée la Flocelière, dont un Seigneur de la Flocellière, qui doit être celui qui est cité dans « Archives historiques du Poitou », exemple dans un chapitre appelé « Duguesclin et la délivrance de Mortagne sur Sèvre en 1373 » dans le tome VIII (1879), page 413 :

Un capitaine anglais, très connu, Jean d’Evreux, frère du trop fameux Charles-le-Mauvais, était prisonnier de Duguesclin depuis la bataille de Chizé (20 mars 1373), Les seigneurs poitevins qui assiégeaient Mortagne, et dont les principaux étaient les sires de Pouzauges, de Thors et des Essarts, de la Flocellière, d’Argenton, de Bressuire, de Chollet et André Rouaut, capitaine de Thouars, négocièrent la délivrance de Jean d’Evreux et son échange contre la reddition du château de Mortagne.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209475d/f418

De même dans « Archives historiques du Poitou. T. 1 », page 108, document datant de août 1239 :
Guy, vicomte de Thouars, et Alix de Mauléon, sa femme, donnent à Geoffroy de la Flocelière le four et le péage du Boupère, les villages de la Roussière, de la Brunelière et de la Frenollière, moyennant cinq cents sous de rachat et quinze jours de garde annuelle au château de Pouzauges. (D. F., vol. VIII, d’après une copie aux Archives du château de l’Estenduère.)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2094686/f117

Le marquis de la Flocelière dans le chartrier de Thouars :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5510876c.image.r=Floceli%C3%A8re+.f213.langFR

Savoir aussi que Pouzauges était dans l’élection de Thouars qui contenait 104 paroisses. L’élection de Thouars était située en trois sortes de pays et climats. Une partie est en bocage, qu’on appelle Gâtine, une autre partie en pays de plaine, et la dernière en pays de vigne. Thouars est le siège de l’élection où l’on trouve aussi : Argenton-le-Château, Bressuire et Pouzauges. Voir le détail de l’élection de Thouars (ainsi que l’élection de Mauléon, Saint-Maixent, Niort, Poitiers (dont Parthenay)) dans : « État du Poitou sous Louis XIV – Charles Colbert de Croissy, Dugast-Matifeux – 1865 ».
http://books.google.fr/books?id=ug6UqiTe-jkC&hl=fr&pg=PP9#v=onepage&q&f=false

Dans Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres – 2e série, 1873, 1874 – Tome 13 – Chapitre intitulé cartulaire de l’abbaye de Chambon par Hugues Imbert :
Pierre de Vernon, abbé de la Trinité de Mauléon, devint abbé commendataire de Chambon et succéda probablement à Guy de Vernon, son parent. Il est mentionné pour la première fois dans le cartulaire à la date du 10 mars 1471, et pour la dernière fois le 14 décembre 1513. L’année suivante il figura au procès-verbal de la coutume de Poitou. Il fit hommage à
Louis de Granges, sgr de Montfernier, le 23 juillet 1471, et à la veuve de ce personnage, le 4 9 juin 1474. Un aveu de lui à René de Surgères, sgr de la Flocelière et de Belleville en Thouarsais, est daté du 5 août 1492.
Chercher Flocelière dans les autres pages.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k208677h/f201

Remarque : L’abbaye Notre-Dame de Chambon, disparue de nos jours, se trouvait à Mauzé-Thouarsais, voir Wikipedia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Notre-Dame_de_Chambon

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L’école primaire dans les Deux-Sèvres
depuis ses origines jusqu’à nos jours
Pierre Dauthuile, inspecteur d’académie à Niort

 

SAINTE-VERGE (875 h.). — Le premier acte authentique, relatif à renseignement dans cette commune, est une délibération du 5 nivôse an IX, rétribuant le curé pour les services qu’il rend comme instituteur. En voici la copie :
- … Le produit des biens communaux qui est de quarante-huit boisseaux de blé froment et de vingt-quatre boisseaux de baillarge, mesure de Thouars, a depuis plusieurs années été laissé à la disposition du citoyen Valleray pour les services qu’il rend à la commune, tant comme instituteur que comme ministre du culte ; pourquoi le Conseil est d’avis qu’il en ait encore la jouissance.
Vers 1818, M. Amand, marchand drapier à Thouars, établit une école privée à Sainte-Verge ; en 1820, il la transporta à Belleville, village de la commune des Hameaux, contiguë à Sainte-Verge. Sa femme tenait la boutique de draperie, tandis qu’il venait chaque matin à son école, le vendredi, jour de marché à Thouars, il redevenait commerçant et les élèves avaient congé.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57638676/f178

Dans le même ouvrage à la page 331 il y a un chapitre appelé « Anciens livres et anciens cahiers », où sont mentionnées les mesures de longueur que l’on apprenaient à l’école et à la page 342, la verge : 3 mètres 901 à la Mothe Saint-Héray, Niort, Celles, Sainte Néomaye.

Voir le chapitre « Les anciennes mesures des Deux-Sèvres, comparées à celles du système métrique » dans : Mémoires – Société historique et scientifique des Deux-Sèvres – 1907 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k208705n/f101
Verge (page 99) :
1°) mesure de longueur utilisée dans tout le département, et qui avait 12 pieds de long ou 3m. 90.
2°) Mesure agraire dont la surface était de 12 pieds carrés ou 0 are 15 à Niort, La Mothe-Saint-Héray, Celles, Sauzé-Vaussais, Sainte-Néomaye, Surin, Xaintray, les Alleuds.

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Sainte-Verge dans la base Mérimée et la base Mémoire
http://www.culture.gouv.fr/documentation/memoire/LISTES/bases/AG_dpt-79.htm

La Réserve Naturelle Nationale du Toarcien (Sainte-Verge)
http://www.lhommeetlapierre.com/IMG/pdf/RNT.pdf

Stratotype du Toarcien à Thouars
http://www.panoramio.com/photo/5209302

De Billazais à Sainte-Verge – Notes et rêveries en regardant les paysages thouarsais de Marc Deneyer – Par François Bon
http://pdf.actualite-poitou-charentes.info/063/actu63janv2004_40-44.pdf

Le patrimoine industriel de Poitou-Charentes : Usine de ferblanterie (fabrique de bacs à laver) Bac’lav Briand – Sainte-Verge (Deux-Sèvres), 73 rue du Docteur-Barret
http://inventaire.poitou-charentes.fr/patind/pi/notice.php?id=IA79002416

Monument aux morts – Première Guerre mondiale (1914-1918) – Sainte-Verge (Deux-Sèvres)
http://www.crrl.com.fr/archives/Allegories_de_la_Republique/SAINTE_VERGE.pdf

http://le-cercle-histo.over-blog.fr/article-le-monument-aux-morts-de-1914-1918-ste-verge-deux-sevres-70969826.html

Lavoirs de Sainte-Verge
http://lavoirsdeuxsevres.free.fr/html/Communes/CommunesS/Sainte-Verge.html

L’église de Sainte-Verge porte sur sa façade l’inscription « Liberté Égalité Fraternité »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Sainte-Verge_%C3%A9glise_2.JPG

Quand la République s’affichait sur les façades des églises
http://www.atheisme.org/eglises-republique-francaise.html

L’église de Sainte-Verge a été reconstruite entre 1878 et 1885. Une des trois cloches vient d’être restaurée
http://www.lanouvellerepublique.fr/Deux-Sevres/Videos-et-diaporamas/Videos/n/Contenus/Articles/2011/12/01/La-cloche-a-regagne-son-clocher

http://www.lanouvellerepublique.fr/Deux-Sevres/communes/Thouars/n/Contenus/Articles/2012/01/03/Dimanche-l-unique-messe

Cartes postales anciennes de Sainte-Verge
http://le-cercle-histo.over-blog.fr/article-cartes-postales-des-temps-anciens-ste-verge-deux-sevres-71025204.html

Le four à pain de Sainte-Verge – On peut en profiter pour écouter la chanson grâce au petit lecteur deezer
http://le-cercle-histo.over-blog.fr/article-le-four-a-pain-de-sainte-verge-deux-sevres-70969681.html

Les chargés du tourisme sont très efficases, on vient de loin  ….
http://francesurveillance.xooit.com/t1814-02-01-2008-02h30-Deux-Sevres-79-Boule-lumineuse-mobile.htm
Et comme on a les moyens on s’offre un « extra » !
http://www.lanouvellerepublique.fr/Deux-Sevres/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2011/10/16/Jean-Claude-Bourret-aime-toujours-les-ovnis

http://www.lanouvellerepublique.fr/Deux-Sevres/Loisirs/Livres-cd-dvd/n/Contenus/Articles/2011/10/10/Jean-Claude-Bourret-invite-de-Sainte-Verge

 

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BAROUD D’HONNEUR A SAINTE-VERGE – JUIN 1940

 

Les 19 et 20 juin 1940, sur la Loire, à Saumur, 2200 hommes se sont opposés à 12000 Allemands. Ce sont les Cadets de Saumur, les Elèves Aspirants de Saint-Maixent et autres bataillons, voir le déroulement des opérations à Thouars et les environs sur le site :

http://www.amicaleartificiers.fr/pages/histo/histhouars.htm

Un extrait d’un combat à Sainte-Verge, (les noms ont été changés) d’après le livre :

Ceux de la Cavalerie, 1939-1940. Illustrations de Paul Janin. Avant-propos du Général Weygand.
Préface du Général Langlois. – RICO, Françis.
Paris-Lyon, Archat, 1942, in 4, broché, illustrations, 182 pages

Faire un click droit pour ouvrir vers autre onglet ou fenêtre, autre click pour agrandir l’image, sinon vous trouverez la page sur le Figaro du 29 octobre 1941 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k410896w/f4

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EXEMPLES D’OUTILS DE RECHERCHE


Remarque : je ne suis pas spécialiste de l’histoire de Sainte-Verge, dans la commune et environs (des personnes originaires de Sainte-Verge, etc …), il y a des personnes compétentes. Sainte-Verge est à quelques lieux de Thouars, et qui dit Thouars dit « chartrier de Thouars » :
http://www.fabula.org/actualites/autour-des-la-tremoille-et-du-chartrier-de-thouars_13703.php

Bien voir aussi que pas mal de documents ne sont pas accessibles au public ceci à la BNF et autres écoles.

Chartrier de Thouars (XIe siècle – XIXe siècle) – Archives Nationales (Paris)
http://daf.archivesdefrance.culture.gouv.fr/sdx-222-daf-bora-ap/ap/fiche.xsp?id=DAFANCH00AP_1AP

Chartrier de Thouars, documents historiques et généalogiques – 1877
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5510876c

Pour se familiariser avec des terminologies (chartrier, cartulaire, etc.)
http://www.histoirepassion.eu/spip.php?mot145

Sur le même site, chercher « glossaire » dans le moteur de recherche interne, on obtient une liste où on trouve :
http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article745

Plus au sud, on a d’autres documents, qui sont aussi des références dans leur domaine, dont la chronique de Maillezais (ou de Saint-Maixent) :
http://www.histoirepassion.eu/spip.php?rubrique122

Rabelais, originaire du Chinonais a passé la majeure partie de sa vie dans le Poitou (Haut et Bas-Poitou), sa formation se passe à Fonteany le Comte et Maillezais, dans cet ouvrage un chapitre sur Rabelais et le Poitou (Vienne, Vendée et Deux-Sèvres) :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5575288q/f167.image.r=poitou

On trouve des documents sur le site de la Bibliothèque numérique de l’école nationale des chartes, dont « les tirés à part ».
http://bibnum.enc.sorbonne.fr/
http://bibnum.enc.sorbonne.fr/?site=localhost&a=p&p=about&c=tap&l=fr&w=utf-8
Lire la présentation : « antérieur à 1940 »
Sur Sainte Verge apparemment un seul document où l’on parle de la sainte, pour cela mettre « sainte verge » (avec les doubles quotes) dans le moteur de recheche.
Il est conseillé de lire l’aide en haut à droite.
On obitient ainsi :

Simples notes sur quelques pelerinages, pieuses pratiques, usages, etc., dans le diocese de Poitiers — M. Beauchet-Filleau,… — 39 pages.
http://bibnum.enc.sorbonne.fr/gsdl/collect/tap/archives/HASH019a/87256b22.dir/0000005562107.pdf
Et à la page 10 : « A Sainte-Verge, on se contentait de gratter la pierre du tombeau de la sainte et d’en mélanger la poussière avec les potions que l’on administrait aux malades ».

Attention le moteur de recherche est sensible aux caractères tels que les accents, si on met « deux-sèvres » = pas de documents, si on met « deux sevres » (sans accent ni trait d’union), on obtient :
Nouvelles notes pour servir a l’histoire de l’imprimerie a Niort et dans les Deux-Sevres — Henri Clouzot — 51 pages.

Dans le moteur de recherche, rechercher dans les titres, on peut mettre : Niort ou Bressuire ou Maixent ou thouars ou poitou ou poitevin ou poitiers, etc…
Si on cherche dans le texte intégral « gatine » ou « gâtine » on n’obtient pas le même résultat.

La bibliothèque de l’Ecole des chartes (dont la partie numérique ci-dessus), si on recherche avec maixent, on obtient 14 réponses, (mais seuls 2 documents sont numérisés et accessibles par le net) :
http://catalogue.enc.sorbonne.fr/

On peut aussi accéder aux thèses de l’école, du moins (pour le public) à une liste de thèses et parfois à une présentation de la thèse, comme par exemple :
L’homme et l’environnement dans le Marais poitevin (seconde moitié du xvie siècle- début du xxe siècle)
http://theses.enc.sorbonne.fr/2002/suire

On peut aussi consulter :
http://elec.enc.sorbonne.fr/

http://theleme.enc.sorbonne.fr/dossiers/
Où l’on trouve un magnifique manuscrit : Être le voisin de saint Maixent : dons et confirmations de dons à Saint-Maixent pour une entrée en religion (1096)
http://theleme.enc.sorbonne.fr/dossiers/notice54.php

Bibliothèque de l’École des chartes :
« Publiée par la Société de l’École des chartes, la Bibliothèque de l’École des chartes est consacrée à l’étude critique et à l’exploitation des matériaux de l’histoire, du Moyen Age à l’époque contemporaine. »
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/revue/bec

Un autre outil : Telma, avec la liste des Chartes originales antérieures à 1121 conservées en France :
http://www.cn-telma.fr/
Présentation et définitions :
http://www.cn-telma.fr/originaux/index/
La liste (où on voit que la recherche avec Thouars est très riche…)
http://www.cn-telma.fr/originaux/listechartes/

Autre outil, Bibliothèque de l’École des Chartes à la BNF, à ce jour 114 unités disponibles, on peut affiner en cherchant « sainte verge » (avec les doubles quotes), dans les 114 unités, à ce jour, on obtient 3 documents. cherchez aussi « Ste verge » au cas où…
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343785784/date.r=

Autre accès : http://signets.bnf.fr/html/notices/n_638.html

Anciennes chartes françaises conservées aux archives du département de la Vienne – Louis Rédet – 1854.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1854_num_15_1_445194

Cartulaire de Saint-Maixent – A droite de la page il y a : introduction, pourquoi, comment et pour qui.
http://cartulomellois.canalblog.com/

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UN BAPTÊME DE CLOCHE A POUGNE-HÉRISSON

UN BAPTÊME DE CLOCHE A POUGNE-HÉRISSON

 

L’Ouest-Eclair, le 27 août 1936

Comme à Allonne, le petit bourg de Pougne veut fêter dignement le passage de Mgr Mesguen, évêque de Poitiers, qui vient pour baptiser une cloche offerte par souscription publique.
15 heures, tout est prêt pour l’arrivée de Mgr Mesguen, fleurs, guirlandes, banderoles, sont disposées avec goût et flottent au gré du vent, dont le souffle égaie ce beau dimanche d’été.
Tous les habitants de Pougnes-Hérisson sont là, et même on est venu de loin, car ce n’est pas tous les jours que l’on baptise une cloche. Celle que l’on a remplacée, parce que fêlée, avait été baptisée en 1784.
A 16 heures, l’auto de Mgr Mesguen arrive, précédée et entourée de cavaliers et de cyclistes. La foule se masse autour pour avoir la bénédiction de l’évêque. C’est un gentil bébé qui va avoir la première. Mgr Mesguen questionne et félicite l’heureuse maman, donne quelques poignées de mains aux hommes qui sont nombreux, et se dirige en hâte vers le monument aux Morts de la Guerre 1914-1918 en donnant sa bénédiction aux nombreux fidèles groupés dans la principale rue.
Le premier arrêt de Mgr Mesguen est pour les héros de la Grande Guerre. Une prière. Quelques bonnes paroles et, dans la vieille église de Pougne va se dérouler la cérémonie du baptême de la cloche. Beaucoup ne pourront pas entrer pour y assister. Ils resteront sous le porche ou sur la place en attendant la fin de la cérémonie.
La cloche est au centre de la petite église, habillée de dentelle. Son nom est Jacqueline-Jeanne-Eugénie ; sa marraine, Mlle Jacqueline Saurais, et son parrain, M. Jean Brault.
La cérémonie prend fin à 18 h. 30, et les ouvriers hissent à sa nouvelle demeure la cloche que la foule a hâte d’entendre sonner, et qui, désormais, sera l’annonciatrice des joies et des peines.

La commune est formée de la réunion de deux bourgs, Pougne et Hérisson, distants de 3 km. La réunion des deux communes est intervenue en 1801.

On distingue sur la carte de Cassini une église à Pougnes et une église à Hérisson

 

Dictionnaire topographique du département des Deux-Sèvres, comprenant les noms de lieux anciens et modernes par Bélisaire Ledain,… ; publié par Alfred Dupond, Archiviste des Deux-Sèvres.  Poitiers, 1902.

Page 219 du livre / 267 du fichier pdf

POUGNE-HÉRISSON – Canton de Secondigny

- Pugne, 1102 (cartulaire de Bourgueil)

- Poigne, 1274 (cartulaire de Bourgueil)

- Pugnie, 1326 (cartulaire de l’évêché Poitiers)

- Poignes, 1407 (archives Barre)

- Pouignes, 1430 (collection de R. Denisot, apud bibliothèque nationale)

- Pougnes, 1663 (archives Barre)

- Relevant de la châtellenie de Hérisson.

- Notre Dame de Pougnes était à la nomination de l’abbé de Bourgueil (pouillé 1782).

Dépendait de l’archiprêtré de Parthenay, de la châtellenie de Hérisson, de la sénéchaussée de Poitiers et de l’élection de Niort, après avoir fait partie de celle de Parthenay au XVIe siècle (dénombrement des justices de la baronnie de Parthenay, 1744 – État élection de Niort, 1716). Relevant de Parthenay. La cure était à la nomination de l’abbé de Bourgueil. La commune et la paroisse de Hérisson ont été réunies à celle de Pougne.

 

Page 144 du livre / 192 du pdf

Hérisson, bourg, commune de Pougne-Hérisson.

Ancien château, anciennes commune et paroisse réunies à celles de Pougne.

– Castrum qui vocatur Hericius, 1041-1044 (cartulaire de Saint-Maixent, 120).

– Herico, Ericho, 1102 (cartulaire de Bourgueil).

– Fonteneau (I, 515).

– Ericium, 1188 (cartulaire de l’Absie, apud Dupuy, 828).

– Eriçun, 1192 (cartulaire de Saint Maixent, 382).

– Hericon, 1217 (chartrier de l’Absie, apud Baluze, LI, p. 81).

– Irriconium, 1218 (cartulaire de Raiz, charte de Savary de Mauléon).

– Ericiun, 1218 ; Hericiun in Gastinea, 1218 (archives Barre, II, 153).

– Ericum, 1233 (Baluze, LI, charte d’Aimeri d’Argenton).

– Ericonium, 1275 (cartulaire Bourgueil).

– Héricon, 1300 (grand-Gauthier).

– Hérisson, 1389 (papiers de la Brouard.).

– Ériçon, 1447 (archives V. pap. Drochon).

– Ériczon ou Érisson en Thouarçois, 1476 (papier famille Robin).

– St-Jehan d’Hérisson, 1482 (archives de la société des antiquaires de l’ouest).

– Hérizon en Thouarçoys, 1518 (archives V. Caduère, 22).

– Hérisson en Thouarçois, 1564 (papier famille Robin).

– Ce fief fut réuni au duché de Thouars, 1602 (id.).

– Hérisson-en-Gâtine, 1640-1689.

Il y avait deux églises Saint-Georges qui était la paroisse, et Saint-Jean (pouillé 1782). La cure était à la nomination de l’abbé de Bourgueil.

La châtellenie de Hérisson-en-Gâtine faisait partie de la baronnie de Parthenay et ressortissait en appel du bailliage de Parthenay. Elle comprenait les paroisses de Hérisson, Pougne et Fénery, une partie des paroisses de Saint-Aubin-le-Clou, de Secondigny, du Beugnon, de la Boissière-en-Gâtine, des Groseillers, quelques faibles portions de Clessé, de Neuvy, de Gourgé, de Parthenay et de la Chapelle-Bertrand (dénombrement des justices de la baronnie de Parthenay). 1744 ; – mémoire sur les justice seigneuriales du Poitou par Beauchet-Filleau).

De même qu’à Châteauneuf, il y avait une seconde seigneurie d’Hérisson dite Hérisson-en-Thouarsais, réunie au duché de Thouars par Claude de la Trimouille en 1602, dont la mouvance féodale moins importante se trouvait dans une paroisse éloignée, celle de Luché-Thouarsais (fiefs des vicomte de Thouars).

Hérisson dépendait de l’archiprêtré de Parthenay, de l’élection de Niort en 1555, de celle de Parthenay en 1579-1631, puis de nouveau de celle de Niort (état de l’élection 1716). Il formait avec Pougne une seule collecte de 83 feux en 1116, et de 90 en 1750.

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Les dictionnaires géographiques

Bibliothèque nationale de France – État des Dictionnaires géographiques en ligne sur Gallica – Avril 2009

http://blog.bnf.fr/uploads/gallica/2009/04/dictionnairesgeographie1.pdf

http://issuu.com/a.dhermy/docs/dictionnaires_geographiques

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Inventaire analytique des archives du château de La Bare, Tome 1, Alfred Richard, 1868

http://books.google.fr/books?id=avYDAAAAYAAJ&hl=fr&pg=PR47#v=onepage&q&f=false

16 novembre 1649 – Bénédiction de deux chapelles dans l’église Notre-Dame de Pougne, celle du côté de l’évangile en l’honneur de Saint Joseph et de Saint Anne, et celle du côté de l’épitre, sous les cloches, en l’honneur de saint Louis et de sainte Marguerite, faites en présence de Jacques Garnier, trésorier de Saint Hilaire, abbé de Bonnevault, auditeur-général de l’archevêché de Bordeaux au ressort de Paris, de Marguerite Chataigner, dame de la Faye, et de Jacques Richier-Garnier, chevalier, seigneur et fondateur de Pougne, par Louis Mousnier, curé de Pougne, Antoine Sabiron, curé d’Azay, Charles de Mériaudeau, curé de Boussay, et René Vallin, vicaire de Saint Aubin.

13 juin 1655. Baptême de Louise, fille d’honorable Jean Ayrault, sieur de La Couldraye, et de Renée Texier ; parrain : Jacques Richier-Garnier, chevalier, seigneur et fondateur de Pougne; marraine : Louise de Brémont, dame de Pougne.

23 septembre 1658. Baptême de Marie, fille de Jacques Richier-Garnier, chevalier, seigneur et fondateur de Pougne, et de Louise de Brémont ; parrain : Jean Ayrault, sieur de la Couldraye ; marraine : Suzanne Marchand.

27 février 1680. Baptême de Jacques, fils de feu Jacques Richier-Garnier, écuyer, seigneur de La Merrière et de Marie Louise Robin ; parrain : Jacques Richier-Garnier, écuyer, seigneur de Pougne ; marraine : Renée Richard.

28 décembre 1686. Inhumation dans le chœur de l’église de Pougne, de Jacques Richier-Garnier, écuyer, seigneur dudit lieu, successivement époux de Marie Seigneureau, de Louise de Bourmont et de Renée Richard, veuve de Louis Robin ; y assistaient : Jacques Richier-Garnier, petit-fils du défunt, Marie Louise Robin, sa belle-fille, Marie, Charlotte et Louise Richier-Garnier, ses filles, René Mulot, curé de Trays, et Jean Beaufou, curé de Clessé.

7 octobre 1706. Baptême de Jacques, fils de Jacques Richier-Garnier, écuyer, seigneur de Pougne et de dame Anne Suzanne Gourjault ; parrain : Louis de Guignard ; marraine : Marguerite Compain

Extraits des registres de l’église Notre Dame de Pougne, faite par C. Chedevergne, curé en 1752.

18 décembre 1650. Contrat de mariage de Jacques Richier-Garnier, seigneur de Pougne, avec Marie Seigneureau, dame de Cloistre, fille de feu Charles Seigneureau, chevalier, seigneur des Tournelles et de Jacqueline de Ferrières ; le futur, sous l’autorité de messire Jacques Garnier, trésorier de Saint-Hilaire de Poitiers, son grand-oncle et curateur, de Marguerite Chasteigner, sa mère, veuve d’Antoine Richier, chevalier, seigneur de la Faye, de La Peyratte et de la fontaine-Bray, son père, et de Louis Richer, chevalier, seigneur de la Faye, son frère aîné, et la future, sous l’autorité de Jacqueline de Ferrière, sa mère et de Charles Seigneureau, son frère aîné, chevalier, seigneur de Lamarin et des Tournelles, de l’avis de Jacques de Ferrières, chevalier, seigneur de Champigny, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, son oncle maternel, de Jacques Nepveu, chevalier, seigneur de la Mantellerie, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi, son cousin germain paternel, de Louis Daviau, chevalier, seigneur de Piollant et de la Chèze, gouverneur de Loudun, de Jacques Daviau, chevalier, seigneur de Relay et de Louis Favreau, chevalier, seigneur de Chizay, ses proches parents.

Jacques Richier reçoit pour dot la terre de la Fontaine-Bray, une rente d’une livre 5 sous sur une maison de la paroisse de Pougne, et la renonciation faite par Jacques Garnier à l’usufruit qu’il s’était réservé sur la terre de Pougne, sur le jardin de La Cagouillère, près la porte de la Tranchée, à Poitiers, et sur les autres lieux mentionnés dans la donation du 7 août 1632 ; quant à Marie Seigneureau on lui assigne comme dot une rente de 150 livres.

Etc…

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Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France – XI (1465-1474) – Publiés par Paul Guérin.
Dans « Archives Historiques du Poitou, XXXVIII, 1919 »
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k209504x/f190

MCCCCLI

Rémission donnée en faveur de Guillaume Saucet, boucher à Hérisson, qui, étant ivre, avait tué, d’un coup de javeline, Gervais Mainot, serviteur d’un gentilhomme nommé François Gomart, lequel Gervais, d’ailleurs, étant venu à Hérisson pour préparer les logis de la compagnie de son maître, avait dépouillé brutalement une pauvre femme d’une charge de paille ce qui avait excité l’indignation dudit Saucet. (JJ. 197, n° 10, fol. 6.)

Janvier 1469.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons, etc. nous avoir receue l’umble supplicacion de Guillaume Saucet, povre boucher, demourant à Heriçon en Poictou, contenant que, le quatorziesme jour de novembre dernier passé, ung nommé Gervois Mennot, acompagné de deux hommes en habillement de guerre, vindrent audit lieu de Heriçon, environ soulail couchant, pour prendre les logeis de leurs maistres ou autrement, et se disoit ledit Mainot estre serviteur d’ung gentilhomme nommé François Gomart (1). Et tantost après que ledit Mainot fut arrivé audit lieu de Heriçon, il trouva une femme qui portoit ung faiz de paille, laquelle paille icelui Mennot osta à ladite femme par force et la porta en l’ostel d’un nommé Festicier où il se vouloit loger, jaçoit ce que ladite femme le debatoit à tout son povoir, sur lequel debat survint ledit Guillaume Saulcet, suppliant, qui print parolles avec ledit Mannot pour ladite paille ; et après plusieurs parolles eues entre eulx, icelui Saulcet se empara d’une javeline qu’il trouva contre la maison d’un nommé Jehan Germain et ladite javeline print en sa main et vint parler à ung de ceux qui estoient venuz avec ledit Mainot et lui dit « Que allègues tu ? » ou parolles semblables. Et ce fait, ledit suppliant,  qui estoit yvre et embeu, se transporta par devers ledit Mainot qui vouloit monter à cheval, et après qu’il fut monté et qu’il s’en aloit, icelui suppliant frappa ledit Mannot du bout de sa javeline par derrière, en lui disant « Tue ! avant ! » et le bleça ou cousté, au moien de quoy, au bout de deux ou trois jours après, cheut malade au lit et y a demouré l’espace de III. sepmaines et jusques au cinquiesmejour de décembre, qu’il est allé de vie à trespas. A l’occasion duquel cas, le dit suppliant, doubtant rigueur de justice, s’est absenté du pays, et n’y oseroit jamaiz seurement retourner, se nostre gracene lui estoitsur ce impartie, en nous humblement requerant que, attendu que en tous ses faiz il a tousjours esté de bonne vie, renommée et honneste conversacion, etc., il nous plaise sur ce lui impartir nostre grace. Pourquoy, etc., voulans, etc. audit suppliant, de nostre grace especial, plaine puissance et auctorité royal, avons quicté, remis et pardonné, quictons, remettons et pardonnons le fait et cas dessus dit, avec toute peine, amende et offence corporelle, criminelle et civille en quoy, à ceste cause, il pourroit estre encouru envers nous et justice, et l’avons restitué, etc., satisfacion faicte à partie civillement tant seulement, si faicte n’est, etc. Si donnons en mandement, par ces mesmes presentes, au seneschal du Poictou et à tous noz autres justiciers, etc. que de nostre presente grace, etc. Donné aux Montilz lès Tours, ou moys de janvier l’an de grace mil cccc. soixante huit, et de nostre règne le huictiesme.

Ainsi signé Par le roy. B. Meurin. Visa. Contentor. J. Duhan.

1. On trouve, vers la même époque, un Foucaut Gommart, chevalier, sr d’Echillais en Saintonge, qui, ayant frappé mortellement, avec son valet nommé Capitaine, un de ses sujets de ladite seigneurie d’Echillais,  obtint des lettres de rémission, datées de Bourges, au mois de mai 1455. (JJ. 191, n° 171, fol. 90 v°). Un Jean Gomart, écuyer, était poursuivi au criminel,  quelques années plus tard, par le prieur et les religieux de Tusson, de l’ordre de Fontevrault. (Actes des 13 juillet 1459, 10 et 29 décembre 1461.
(Arch. nat., X2 29, fol. 73, et X2a 30, fol. 96, 97 v°).

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Mémoires et observations générales sur l’élection de Niort – 1729, par Forien le Jeune et Boucher, receveur ancien et alternatif

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k208687v/f258

Secondigné en Gastine.

Il si fabrique quelques tirtaines croizées dont la chaine est de fil, de demie aulne de large et de 44 à 46 aulnes à la pièce, valant ordinairemt 22 à 23 s. l’aulne, qu’oy qu’il y ait beaucoup d’ouvriers employés à cette fabrication il ne si en fait guère que 500 pièces par année, n’y travaillant que pendant l’hiver, la plus grande partie de ces étoffes s’envoyent aux foires de Caen et de la Guibraye, pour la Normandie, il s’en vend aussy quelques pièces dans la province.

Hérisson et Pougne.

Idem à cette différence, qu’il si en fabrique la moitié moins qu’à Secondigné.
Il n’y a point d’autres manufactures à établir en ces lieux là pour d’étoffes d’un plus haut prix, ny de la même qualité les laines du pais n’étant pas assez fines, et ny en ayant pas suffisamment, outre qu’on auroit peine a en avoir le débit.

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État sur l’élection de Niort – 1744 – Attribué à J. V. M. Chebrou du Petit-Château

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k208687v/f433

Hérisson et Pougne. Deux paroisses qui ne font qu’une collecte, du diocèse de Poitiers l’une et l’autre, au nord de Niort à huit lieues de distance.


Ces deux paroisses ici contiennent ensemble dix sept métairies dans un terrain sablonneux et partie couvert de bruyères, Pougne vaut quelque chose de mieux pour le pacage qu’Hérisson.
M. de Clisson est sgr de cette dernière et M. de Pougne de l’autre.

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Alphonse Farault – Répertoire des dessins archéologiques de Arthur Bouneault à la Bibliothèque municipale de Niort

N° 1320. Pougne-Hérisson – Église, trois blasons gravés de Jacques de Pougnes (?) et initiales sur la cloche, XVIe siècle (1740, 1741, 17472) – Cloche classée comme monument historique – Arrêté du 25 septembre 1901.

N° 1329. Hérisson. Eglise, fragment de plate-tombe avec épitaphe non armoiriée, de Zacharie Jean Roy (1732)

N° 1330. Pougne Hérisson. Hérisson, église, inscription datée sur la cloche, XVIe siècle. (1739)
Cloche classée comme monument historique (Arrêté du 25 septembre 1901).

N° 1331. Hérisson, église, plate-tombe, avec épitaphe non armoriée, de Jacquette Arouet, VXIIe siècle. (1733)

N° 1332. Hérisson, église, plate-tombe, avec épitaphe non armoriée, de Charlotte d’Escoubleau de Sourdis, XVIIIe siècle (1734)
Cf. H. Imbert (Revue de l’Aunis, de la Saintonge et du Poitou, 2e sem. 1867, t.,VI, p. 398).

N° 1333. Hérisson, église, porte sculptée et datée, XVe siècle, (1746)

N° 1334. Hérisson, église, sarcophage en granit. (2479 )

N° 1335. Hérisson, presbytère, blason sculpté des Arouet, sur la cheminée de la maison. (1745)

Source : Mémoires – Société historique et scientifique des Deux-Sèvres – 1914
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k208712v/f330

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POUGNE-HÉRISSON (742 h.). — Vers 1796, un boisselier du bourg, nommé Jean Bluteau, enseigna la lecture à quelques jeunes gens. Il parait avoir enseigné jusqu’en 1819, bien qu’il eût été nommé maire en 1801 et qu’il eût occupé le poste jusqu’en avril 1819. Après lui, les jeunes gens qui voulurent s’instruire furent obligés d’aller à Nouvy-Bouin et à Saint-Aubin-le-Cloud. L’absence d’instituteur de 1819 à 1849 est due sans doute au peu d’importance de la commune à cette époque (1).

(1) — Son accroissement rapide et continu à partir de 1861, qui est dû au développement de la culture, mérite d’être signalé. Ainsi en 1861, elle avait 466 habitants ; en 1856, 537 en 1871, 560 ; en 1816, 513 ; en 1881, 610 ; en 1886, 684 ; en 1891, 712 ; en 1896, 742 ; en 1901 ; 776.

Source : L’école primaire dans les Deux-Sèvres depuis ses origines jusqu’à nos jours – P. Dauthuile – 1904.

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Tout savoir sur Pougne-Hérisson, sur Secondigny et les communes du canton de Secondigny

 

http://histoire.secondigny.free.fr/

http://histoire.secondigny.free.fr/images/stories/pdf/fief-pougne.pdf

Et des photos, des cartes postales, etc…

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Rapports et délibérations – Conseil général des Deux-Sèvres – Session d’avril 1889

Les écoles de hameau

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Rapports et délibérations – Conseil général des Deux-Sèvres – Août 1900

Rapport des médecins-inspecteurs

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Rapports et délibérations – Conseil général des Deux-Sèvres – Août 1897

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Un haras de baudets à Pougne-Hérisson


Dictionnaire géographique, administratif, postal, statistique, archéologique de la France de l’Algérie et de ses colonies – Adolphe Joanne – 1869
http://www.archive.org/details/dictionnairego00joanuoft

Dictionnaire topographique, statistique et postal de la France – M. A. Peigné – 1863
http://books.google.fr/books?id=QaxCAAAAYAAJ&hl=fr&pg=PR3#v=onepage&q&f=false

Ruisseau des Arcis, ou Palais, que dit Ledain dans son dictionnaire :

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Les monuments et objets divers de
Pougne-Hérisson

 

Des monuments classés historiques à Pougne-Hérisson ? Une liste des monuments des Deux-Sèvres, avec dans la colonne notice, un lien vers la base Mérimée :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_monuments_historiques_des_Deux-S%C3%A8vres#P des monuments suivants :

Église Saint-Georges-de-Hérisson – Château de Hérisson – Auberge Saint-Georges de Hérisson

Il existe quelques sites qui « explicitent » les Bases Architecture et Patrimoine, il y a des fichiers « aide » dans les bases, mais souvent on a l’impression « d’être passé à côté de », exemple,  soit la base :
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/memoire_fr?ACTION=NOUVEAU&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P où dans localisation je mets Aigonnay,  le résultat donne des centaines de documents, si je mets Pougne-Hérisson, je n’obtiens pas grand-chose, on se dit alors que la base se remplit « alphabétiquement » ? Non car si on cherche avec Thorigné on obtient des centaines de documents.

De même, soit les cimetières protestants à Prailles
Si je consulte le Patrimoine architectural, avec :
recherche libre = Cimetière privé et localisation = prailles, la recherche donne 15 documents
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/mersri_fr?ACTION=NOUVEAU&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P

Si je consulte Architecture et patrimoine mobilier avec :
Localisation = prailles et recherche libre = Cimetière privé, la recherche donne 28 documents
http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/memoire_fr?ACTION=NOUVEAU&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P

http://www.culture.fr/fr/sections
Recherche avec Pougne-Hérisson : le moteur collection donne 4 documents, listons les, puis décochons « uniquement avec images », on obtient alors 19 documents.

Recherche par les bases de données du Ministère de la Culture
http://www.culturecommunication.gouv.fr/En-pratique/Bases-de-donnees

Dont l’organisation :
http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/presenta/bddinv.htm

Mais qui fait quoi et où trouver quoi :
http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/inventai/bdd.htm

Inventaire général du patrimoine culturel, dont les bases informatiques :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Inventaire_g%C3%A9n%C3%A9ral_du_patrimoine_culturel

La base Mérimée http://fr.wikipedia.org/wiki/Base_M%C3%A9rim%C3%A9e ne recense  pas que les monuments classés.

L’accès le plus simple aux bases est l’accès géographique, de plus cela permet de se familiariser avec les syntaxes de mots clefs, surtout pour les noms composés :
http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/patrimoine/
Cliquez sur « accès géographique » en haut de la page. Sur la gauche apparait alors : « Liste des communes de France par département ». On clique sur cette ligne, apparaît une carte de France, cliquer sur les Deux-Sèvres, on obtient ainsi la liste des communes des Deux-Sèvres et l’accès aux bases à côté du nom de la commune. Pour Pougne-Hérisson : 3 objets dans la base Mérimée, 6 objets dans la base Palissy, 4 objets dans la base mémoire, rien dans la base ArchiDoc

On a aussi directement : Base Mémoire, accès cartographique
http://www.culture.gouv.fr/documentation/memoire/LISTES/bases/france-dpt.htm
ou : Bases Mérimée, Palissy, Mémoire : accès cartographique des …
http://www.culture.gouv.fr/documentation/memoire/LISTES/bases/carte-dpt.htm
ou : Base inventaire des communes des Deux-Sèvres
http://www.culture.gouv.fr/documentation/memoire/LISTES/bases/AG_dpt-79.htm

La Médiathèque de l’architecture et du patrimoine
http://www.mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr/

Le catalogue en ligne du patrimoine culturel numérisé
http://www.numerique.culture.fr/pub-fr/index.html

Base bibliographique « Malraux »
http://www.culture.gouv.fr/documentation/malraux/pres.htm

La DRAC région Poitou-Charentes n’est pas intégrée à la base Malraux (il y a la Vendée, on peut mettre Vendée dans le moteur de recherche puis affiner), pour avoir Poitou-Charentes  :
http://www.poitou-charentes.culture.gouv.fr/v4.htm/section4/ch2.htm

Dans la fenêtre recherche mettre « pougne », on obtient 2 documents. Avec Bressuire on obtient 48 documents. On peut chercher :
Par des noms de communes, de hameaux, par des noms d’auteur d’ouvrage (Desaivre, Lévesque, Alfred Richard), des mémoires universitaires, avec les mots : (Licence, mémoire de licence, maîtrise, mémoire de maîtrise, thèse, doctorat, etc…), mais aussi avec les mots : moulin à papier, moulin à eau, marais poitevin, Moyen-Age (mettre un tiret). Etc…

Les bases de données Architecture dans les signets de la BNF, où l’on trouve des explications sur les bases précédentes :
http://signets.bnf.fr/html/categories/c_720archi_bases.html

http://signets.bnf.fr/html/categories/c_700bases_images.html

Les signets de la BNF (cliquez sur Aide en haut pour avoir définition et explications) :
http://signets.bnf.fr/accueil.html

De même ici, les différences entre base Mémoire, Palissy, Mérimée, etc…
Chapitre : Les bases de données du ministère de la Culture
http://www2.cndp.fr/archivage/valid/66047/66047-9420-11591.pdf

Église Saint-Georges-de-Hérisson dans « l’inventaire du patrimoine culturel » de la région Poitou-Charentes
http://inventaire.poitou-charentes.fr/patroman/nuitsromanes/notice.php?id=IA79004289
Nuits Romanes, la liste : http://inventaire.poitou-charentes.fr/patroman/nuitsromanes/liste.html

Un autre inventaire qui n’est pas lié aux précédents : Inventaire du Patrimoine de la Gâtine (dans le champ recherche : canton = Secondigny et commune = Pougne-Hérisson). Il arrive que le lien soit temporairement indisponible..
http://www.cc-parthenay.fr/basegatine/v1/recherche.asp

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Le château de Hérisson, un des premiers châteaux de Gâtine, par Marie-Pierre BAUDRY, dans la revue « le Picton »
http://www.lepicton.com/articles/210-63.pdf

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La Merveille de Hérisson

La merveille de Hérisson, pierre branlante de 16 m. de tour.

Sites et monuments naturels classés dans les Deux-Sèvres, en exécution de la loi du 21 avril 1906.
Au cours de la séance de juin de la société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres, M. Gelin, secrétaire de la Commission départementale de conservation des sites et monuments naturels de caractères artistiques, commission instituée dans chaque département en exécution de la loi du 21 avril 1906, a fait connaître les résultats qui ont été obtenus jusqu’ici dans les Deux-Sèvres.
Sur 34 sites, monuments naturels, beaux arbres, dont cette commission avait poursuivi le classement, elle n’a pu obtenir jusqu’ici que 13 adhésions des propriétaires intéressés, adhésions qui ont été suivies aussitôt d’arrêtés ministériels de classement. C’est un faible chiffre, mais qui ne saurait manquer de s’accroitre, lorsque les propriétaires auront compris l’intérêt d’une mesure ayant pour but essentiel de mettre en évidence le caractère de beauté, l’attrait artistique et d’assurer la préservation des objets qui leur appartiennent.
Voici la liste des sites et objets actuellement classés :

1). La pierre oscillante, dite Merveille de Hérisson, sur le territoire de la commune de Pougne-Hérisson, appartenant à M. Ganne, conseiller général.

2). La pierre oscillante à double support de la Garrelière, dite la Grotte à l’Hermite, commune de Neuvy-Bouin, propriétaire : M. de Talhouet-Boishorand.

3). Les rochers de quartz blanc de Pyrome, commune de La chapelle Largeau, propriétaire : M. Cesbron-Lavaud.

4). La Pierre au Diable, commune de Souvigné, propriétaire : Mme de Ricaumont, née Richard.

5). Les rochers du Thouet, dans la traversée de Parthenay-Ville, propriétaire : la commune.

6). La grotte préhistorique de Loubeau, près Melle, et les galeries de mine (creusées pour l’exploitation du minerai argentière) qui aboutissent à cette grotte, propriétaire : M. le sénateur Théodore Girard.

7). Le Gourre d’Or, excavation naturelle approfondie, pense-t-on, par des chercheurs d’or, près de la gare de Cerizay, propriétaire : Mme Marolleau.

8). La butte de Moncoué, superbe tertre crétacé isolé sur les bords du Thouet, et entouré de sept dolmens, la plupart bien conservés, propriétaire : la commune de Taizé.

9). La Motte de Sain-Jouin, établie sur un tertre crétacé, et d’où l’on aperçoit tous les détails du vaste panorama où se déroulèrent les péripéties de la bataille dite de Moncontour (1569), engagée entre protestants et catholiques, propriétaire : la commune de Saint-Jouin-de-Marnes.

10). Le beau chêne placé sur le chemin de Niort à Saint-Liguaire, près de l’entrée de ce bourg, propriétaire : Mme la comtesse de Malartic.

11). Le rideau de grands arbres qui couronnent la vallée du moulin de Douhault, dans la forêt de l’Hermitain (commune de Prailles).

12 à 15). Le chêne de l’Empereur, les Sept Chênes (issus d’un même pied), les Chênes du Pâtis de Rimbault, et le Chêne Baraban – tous situés en la forêt domaniale de Chizé, et dont l’administration des forêts avait spontanément décidé, avant la loi de 1906, d’assurer la conservation

Henri Gelin

Source : Bulletin de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres, tome 1, années 1912-1913

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Le site PÉGASE Poitou-Charentes, portail géographique des services de l’état, les 108 sites classés et 137 sites inscrits de la région, dont ceux du département des Deux-Sèvres : Cliquez sur les noms de sites, il s’en suit un téléchargement d’un fichier zip dans lequel on trouve copie des arrêtés de classement et parfois l’histoire du site (exemple pour la Pierre au Diable), la description du site (exemple le chêne vert de Marigny).
http://www.pegase-poitou-charentes.fr/accueil/ressources_territoriales/patrimoine_naturel/sites#deux-sevres
Guide et vidéo explicative :
http://www.pegase-poitou-charentes.fr/accueil/ressources_territoriales

 

Pour avoir une liste des sites et des monuments naturels classés en France :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichSarde.do?reprise=true&page=1&idSarde=SARDOBJT000007104572&ordre=CROISSANT&nature=&g=ls

Fichier national des sites classés (s’ouvre avec Excel ou équivalent) :
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/xls/fichierExcel_sites_classesprotegeeMai_2011.xls

Quant à la Merveille de Hérisson, la consultation de la base Gâtine est indispensable ! Il y a une photo en haut à droite
http://www.cc-parthenay.fr/basegatine/v1/Patrimoine.asp?NoPatrimoine=986

Une explication dans la plume en Gâtine n° 1, fichier Pdf à télécharger (fichier protégé dont l’ouverture peut prendre un certain temps…) :
http://plumeengatine.pagesperso-orange.fr/ancien_n/ancien.htm
Dans le n° 3 « Fiefs et armoiries du comté de Secondigny » (1ère partie) par Claude Julliot. Dont les familles d’Hérisson.
Dans le n° 5 « « Les armoiries du canton de Secondigny » par Claude Julliot.
Voir aussi : http://plumeengatine.pagesperso-orange.fr/biblio/biblio.htm
Mais voir le site histoire et patrimoine de Secondigny en Gâtine, mentionné plus haut.

La Merveille sur le site histoire et patrimoine de Secondigny en Gâtine :
http://histoire.secondigny.free.fr/index.php?option=com_datsogallery&Itemid=42&func=detail&catid=21&id=310

Une petite visite au pays des chirons :
http://www.fotogag.fr/archive/2011/01/02/1-y-croire-pour-le-voir.html

Les arbres remarquables des Deux-Sèvres (on y trouve les arbres classés…) :
http://krapooarboricole.files.wordpress.com/2010/10/arbres-remarquables-deux-sc3a8vres.pdf

 

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Pougne-Hérisson, c’est « le nombril du monde »

 

Cherchons avec Google avec l’outil « mot à mot » (cliquez sur plus d’outils à gauche de la page Google), soit : nombril du monde, soit : « nombril du monde » pougne, etc… Ne pas oubliez les vidéos sur Youtube, Dailymotion et autres (TF1, France 3).

Si par hasard vous accédez au site : http://www.nombril.com/, n’ayez pas peur de cliquez sur le rocher en haut de la page….

Le programme 2012  : http://www.nombril.com/spip.php?article130

http://www.yannickjaulin.com/ (le calendrier à gauche)

Et il était sur France Inter y a pas très longtemps … Il suffit de chercher Yannick Jaulin france inter, avec un moteur de recherche, on obtient par exemple :

Mercredi 17 août 2011, émission « VU D’ICI »  – disponible jusqu’au 12 mai 2014
http://www.franceinter.fr/emission-vu-dici-le-nombril-du-monde-pougne-herisson

Lundi 11 juillet 2011 – Les cartes routières de Yannick Jaulin – disponible jusqu’au 5 avril 1914 – L’émission débute par une balade dans les Deux-Sèvres.
http://www.franceinter.fr/emission-qu-importe-le-chemin-les-cartes-routieres-de-yannick-jaulin

On a aussi accès par (avec d’autres émissions radio, télé, etc…) : http://www.yannickjaulin.com/actualites_grenier.php

Un autre vendéen, Sébastien Bertrand (difficile de parler de Yannick sans parler de Sébastien) :

Sur le site de RFI, chercher Sébastien Bertrand, il est passé voir  Yasmine Chouaki (Emission En Sol Majeur) à écouter sur :
http://www.rfi.fr/emission/20110216-1-sebastien-bertrand-rediffusion

http://www.rfi.fr/emission/20110216-2-sebastien-bertrand-rediffusion

Et encore :
Culture Vive – Sébastien Bertrand sur le chemin de la belle étoile – 1 novembre 2001
http://www.rfi.fr/emission/20111101-1-sebastien-bertrand-le-chemin-belle-etoile

En 2007 Yannick Jaulin était chez Yasmine Chouaki :
RFI – Culture Vive – Le conteur, Yannick Jaulin – 15 novembre 2007
http://www.rfi.fr/radiofr/editions/072/edition_66_20071115.asp

Carnets du monde – Sébastien Bertrand – 10 décembre 2011 – Dans la 2e partie de l’émission :
http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Carnets-du-monde/Sons/Carnets-du-monde-10-12-11-857135/

Chercher Jaulin à l’aide du moteur de recherche interne de France Inter et de RFI

A bétou

 

 

 

 

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Il y a 76 ans – 4 janvier 1936 – Inondations Deux-Sèvres

Le 4 janvier 1936, l’Ouest-Éclair

UNE AVALANCHE D’EAU ENGLOUTIT TOUT UN QUARTIER DE SAINT-MAIXENT


La cote de 1904 est dépassée
NIORT, 3 janvier. De notre rédaction.
Certes, après les pluies continuelles et torrentielles dont nous venions d’être gratifiés depuis quelques jours, nous pouvions nous attendre à des inondations, mais pas de l’importance de celles qui se produisirent hier.
Ce fut, dès les premières heures de la matinée, une véritable avalanche qui envahit les bas quartiers de Saint-Maixent ; en moins d’une heure, la circulation fut interrompue sous le pont du chemin de fer ; elle le fut également rue des Marais, rue des Tanneries, et rue du Port de Lessons.
Rapidement le niveau atteignit 1 mètre 45. La cote de la fameuse crue de 1904 fut dépassée. De nombreuses familles furent bloquées dans leurs maisons.
Le colonel Hasseler, commandant l’École militaire de Saint-Maixent, et le lieutenant-colonel Besnier, vinrent se rendre compte du danger en compagnie de la Municipalité de Saint-Maixent qui mit la troupe à la disposition de celle-ci. Tandis que M. le commissaire de police assurait l’exécution des dispositions prises, les chariots militaires allaient porter secours aux inondés ; les chevaux avançaient d’ailleurs assez péniblement, ayant de l’eau jusqu’au poitrail.
Fait unique dans la mémoire des vieux Maixentais, la place Denfert était elle-même recouverte d’eau. Inutile de dire que les nombreux moulins de la région sont envahis ; les meuniers ont dû, pour la plupart, se réfugier dans leurs greniers.
A l’heure où nous téléphonons, on nous indique que deux personnes auraient disparu, mais nous donnons, pour le moment, cette information sous toutes réserves, M. Jouany, préfet des Deux-Sèvres, vient de partir sur les lieux.

Au Puys d’Enfer
L’inondation de Saint-Maixent est due, en partie, à la forte crue de la Sèvre, mais c’est surtout le Puy-d’Enfer qui a déversé le plus d’eau.
Cette pittoresque vallée, admirable reproduction en miniature d’une gorge pyrénéenne, est devenue un torrent impétueux qui charrie, dans un bruit assourdissant, jusqu’à d’énormes troncs d’arbres.
Les eaux du lac qui se trouve au-dessus franchissent une digue de 30 mètres de large et tombent d’une hauteur de 15 mètres, formant une superbe cascade. Des habitants nous ont affirmé que vers 8 h. 30, c’est une véritable nappe d’eau qui a descendu les coteaux voisins pendant quelques secondes.

A Niort
Prévenus par l’importance de la crue qui a lieu à Saint-Maixent, les Niortais ont aussitôt pris leurs dispositions ; des maisons ont été évacuées, des meubles du rez-de-chaussée ont été, dans beaucoup d’autres, montés au premier étage.
Déjà le pré Leroy est envahi ; le quai de la Regratterie est complètement recouvert ; la circulation est interrompue chemin de Saint-Martin ; l’écluse de Comporté est complètement noyée.
On attendait le maximum de la crue pour 21 heures.
Aux abords de la ville, dans des parties basses, les eaux forment d’immenses lacs ; la route de La Rochelle et la route de Saint-Jean sont coupées.

Dans le marais
Dès vendredi matin, la crue de la Sèvre mettait le Marais dans une situation inquiétante ; on signalait, en particulier, que le Marais de la Cagnote était recouvert par plus d’un mètre d’eau.
Tous les travaux des maraichins sont suspendus.
La route allant de Coulon à Irleau est coupée en plusieurs endroits entre La Sotterie et Passerelle. Les personnes devant emprunter cette voie de communication feront bien de prendre des précautions en conséquence.
Que sera-ce quand la crue de Saint-Maixent atteindra Coulon, La Sotterie et Irleau ?

A Bouin
Bouin, 3 janvier (de notre correspondant). — Plus nous avançons en saison, plus le temps devient mauvais. De forts orages se sont abattus sur Bouin hier et avant-hier, accompagnés de grosse pluie, de grêle et de fort vent. La foudre est tombée sur le clocher, n’occasionnant heureusement aucun accident de personnes.
On ne voit et on n’entend parler que d’inondations. Les marais sont couverts, des habitants sont obligés d’abandonner leurs maisons. Les communications se font par yole et beaucoup s’en servent dans l’intérieur de leurs habitations.
Ce mauvais temps cause un préjudice  considérable aux cultivateurs.

Pas de victimes à St-Maixent
C’est par suite d’une erreur d’interprétation qu’on avait signalé la disparition de deux personnes à St-Maixent-l’Ecole. Plusieurs villages se trouvaient cernés par les eaux et les habitants étaient restés à l’intérieur. C’est pourquoi on n’avait aucune nouvelle d’eux.
Dans l’après-midi d’hier, le sauvetage a continué sous la direction de M. le Commissaire de police de St-Maixent. Au chariot de l’école militaire, on a dû substituer des canots pour opérer plus facilement. C’est ainsi que les habitants du village des Aubiers ont pu évacuer leurs maisons et être ramenés à Saint-Maixent.
En attendant, la pluie continue et le vent souffle du sud-ouest en tempête.

Une forte crue du Thouet à Parthenay
Parthenay, 3 décembre (de notre correspondant) :
Nous avons annoncé, dans nos colonnes que, jeudi matin, notre rivière « Le Thouet » avait débordé de son lit à la suite de pluies persistantes et en particulier de celle qui est tombée sans interruption au cours de la nuit de mercredi à jeudi.
Aussi, de nombreuses personnes de la ville se sont-elles rendues toute l’après-midi de jeudi, d’une part, vers le pont Saint-Jacques, où, depuis 24 heures, la rivière avait grossi de près de 80 centimètres ; d’autre part, sur la place du Château, pour juger du coup d’œil de la « Prée » complètement envahie par les eaux. De même, les curieux furent nombreux à Saint-Paul, où la rivière prenait l’aspect d’un torrent, en particulier au moment où elle recouvrait l’îlot planté de jeunes arbres, qui se trouve devant la laiterie Barribault. Enfin, on nous a signalé qu’au moulin de la Grève, il n’était plus possible d’utiliser la passerelle pour le moment, et que le chemin rejoignant le moulin menant à Parthenay-le-Vieux, était, lui aussi, en ce moment-ci impraticable.
Dans la soirée de jeudi, nous avons remarqué que la crue avait tendance à diminuer.

A Thouars, la route d’Orbé est coupée par les eaux
Thouars.  3 décembre (de notre correspondant) :
C’est une chose qui peut paraître à première vue insensée, car, dans ce village, situé à quelques kilomètres à l’est de Thouars, ne passe aucune rivière, aucun ruisseau.
Pourtant, des Thouarsais, qui, jeudi, durent aller en automobile à Orbé, ont été grandement étonnés de trouver la route baignant sur une grande longueur, sous 15 centimètres d’eau.
Les terres environnantes, saturées des eaux des dernières pluies, n’en peuvent plus recevoir, et le trop-plein se répand dans les cours, et jusque sur les routes.
Il serait grand’temps que les pluies cessent, car chacun s’inquiète grandement du lendemain.

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Le 5 janvier 1936, l’Ouest-Éclair

NIORT

LE QUARTIER DU PORT BLOQUÉ PAR LES EAUX

Les habitants sont ravitaillés par câbles La crue du 4 janvier a dépassé de 50 centimètres celle de 1904.

La crue continue et s’aggrave. Les pouvoirs publics ont fait des merveilles
Aussitôt que fut connue à Niort, la crue de Saint-Maixent, les préparatifs commencèrent en hâte ; car on sait que Niort subit généralement les crues douze heures après Saint-Maixent. D’ailleurs la Sèvre montait rapidement. Certains prétendent qu’elle montait de dix à quinze centimètres à l’heure. Dès l’après-midi de vendredi, le quai de la Regratterie était coupé ; coupés aussi la rue de Bessac et le chemin de St-Martin.

La veillée d’armes
Plus particulièrement menacé, le quartier du Port connut une véritable veillée d’armes. Après le dîner, nombreux étaient les curieux venus suivre les progrès de la crue aux vieux ponts. Les habitants s’affairaient. Les uns montaient leurs meubles du rez-de-chaussée au premier, d’autres évacuaient leurs maisons. Rue Baugier les plâtriers travaillaient dans la fièvre à élever devant chaque porte de petits murs de briques et à boucher le moindre trou. Dans chaque maison, on veillait à protéger tout ce qui pouvait être atteint par l’eau. Le cordonnier de la place des Ormeaux rangeait ses outils sur les étagères les plus hautes. Dans une humble maison, une femme avait réussi à installer son buffet sur une table. Plus loin, place du port, une autre en avait fait autant pour sa cuisinière.
Ceux qui disposaient de bateaux les amarraient solidement à leur porte et d’autres construisaient des passerelles.
La nuit apporta un peu de calme ; mais le bruit de l’inondation grossissant, empêcha beaucoup de gens de dormir et au matin le quartier du Port tout entier se trouva cerné par les eaux. Bien entendu il ne pouvait être question de passer par le quai de la Regratterie et même par suite d’un violent courant, pas une auto, pas un charriot, n’auraient pu s’y aventurer. L’eau montait si loin que M. Antoine Main, président du Tribunal civil, qui habite au coin du quai, était bloqué chez lui.
La rue de Bessac et la rue Baugier étaient transformées en torrent. Un courant d’une rare violence s’était amorcé entre la place des Ormeaux et la place du Port, s’engouffrant au passage dans les portes cochères ouvertes. Boulevard Main, l’eau arrivant par les canalisations souterraines dont elle avait crevé la voûte, jaillissait à plus d’un mètre de hauteur. La rue Gambetta était coupée par plus d’un mètre d’eau.
Les coquettes habitations construites sur les bords du canal, en direction de Saint-Martin étaient envahies.

Les secours sont merveilleusement organisés
Il faisait à peine jour que les secours s’organisaient. Disons tout de suite qu’ils l’ont été avec une rapidité merveilleuse et digne de tout éloge.
M. Martinet, architecte municipal, assisté de tout le personnel du service des travaux de la ville, s’était employé à trouver des camions et des charriots pour assurer le transbordement des ouvriers se rendant à leur travail. M. Frelicot, commissaire de police avec de nombreux agents, assurait le service d’ordre rue Baugier et rue de Fontenay, tandis que d’autres agents se trouvaient avec les gendarmes rue Gambetta.
Le commandant Fournier et les pompiers chaussés de bottes en caoutchouc portaient secours à tous les sinistrés qui les appelaient. Les bonnes volontés s’offraient également nombreuses et dévouées.

Le Préfet et le Maire sur les lieux
Sept heures et demie. Il fera beau aujourd’hui et la crue ne sera pas de longue durée. Il n’en faut pas plus pour que les Niortais, même les plus éprouvés, retrouvent leur bonne humeur.
Mais voici que les autorités viennent apporter le réconfort de leur présence. Conduits par M. Frelicot, commissaire de police, M. Jouany, préfet des Deux-Sèvres et M. le docteur Panou, maire de Niort, arrivent sur les vieux ponts. Un charriot les attend rue Baugier. Ils y montent en compagnie de M. Martinet et ils veulent bien admettre l’Ouest-Eclair en leur compagnie. En route les chevaux entrent dans l’eau. Ils en ont bientôt jusqu’au poitrail et l’eau affleure même la plate-forme du charriot, comme elle monte partout jusqu’aux fenêtres des maisons place du port. Il faut faire attention, car le courant est violent. Des camions, d’autres charriots passent lentement, chargés d’ouvriers et d’employés qui vont travailler.
On signale qu’une femme malade quelque part par-là ne peut recevoir de secours. On appelle le commandant Fournier pour qu’il aille chercher le docteur Lavigne, bloqué rue Gambetta.

Le ravitaillement
Dès 10 heures, il faut penser à l’importante question du ravitaillement, Un charriot chargé de pain et de viande passe dans les rues. On jette un câble aux habitants qui attendent aux fenêtres des étages. Puis à l’aide d’un panier on leur fait parvenir pain et victuailles. Quelques-uns ne peuvent recevoir aucun secours. Habitant au fond de cours traversées par des torrents, ils ne peuvent espérer la venue d’un bateau. M. le docteur Panou reste sur les lieux tandis que M. le Préfet part pour Saint-Maixent.
Mais maintenant un soleil radieux baigne ce spectacle de désolation.
On signale que, rue du Fort-Foucault, une octogénaire qui se trouvait malade, a du être transportée à l’hôpital à l’aide d’un charriot, ainsi qu’une jeune maman qui avait un bébé de quelques semaines.

A Niort, la crue d’hier, 4 janvier, a dépassé de 50 centimètres celle de 1904
La crue d’hier comptera tristement dans les annales niortaises. Elle a battu le record que détenait jusque-là la crue de 1904, avec 3 m. 55, puisqu’elle s’est élevée hier matin, au Vieux Pont, à 4 m. 05, soit 50 centimètres de plus.
Les dégâts, qu’on ne peut chiffrer exactement pour le moment, sont considérables. Outre ceux causés par l’eau, qui a pénétré dans tant de maisons, on signale des murs qui se sont écroulés, des maisons qui menacent de s’effondrer. Les rues sont ravinées ; la place du Port est en partie défoncée et des canalisations souterraines d’égouts devront être refaites à neuf, car de profondes excavations s’y sont creusées.
Trois importantes usines niortaises vont terriblement souffrir des suites de cette crue, car elles ont été complètement envahies par l’eau avant que les précautions eussent été prises. Ce sont les usines des trieurs Clert-Biscara, les usines Saint-Jean de M. Léchelle et les usines Boinot.
Aux usines Biscara, le bois flotte et ne sera de longtemps utilisable. L’eau arrive jusqu’aux moulins d’une quantité importante de trieurs qui étaient destinée à l’Exposition agricole de Paris. Hier-après midi, par suite d’une baisse de quinze centimètres environ, quelques ouvriers, chaussés de bottes de caoutchouc, ont pu réussir à charger une partie de ce matériel sur des camions.
Aux usines Saint-Jean, de nombreux bidons vides ont été emportés par le courant très violent, qui a mis hors d’usage des machines électriques installées au rez-de-chaussée.
Aux usines Boinot, la ganterie et une partie des chemiseries sont envahies par les eaux. Comme partout ailleurs, le travail est interrompu. Les matières premières ont subi des détériorations, ainsi que des machines.
On signale d’autre part qu’il est impossible de ravitailler Saint-Martin ni Belle-Ile, d’où pourtant on aurait fait savoir qu’on manquait de pain.

A Niort, le Service des Ponts-et-Chaussées continue à veiller
Hier après-midi, la garde mobile est venue prêter main-forte à la gendarmerie, à la police et aux pompiers qui, depuis le milieu de la nuit dernière, veillaient et travaillaient.
D’autre part, les services des Ponts et Chaussées, alertés, n’ont cessé de coopérer au sauvetage et ont prévu les accidents possibles. M. Jomier, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées monté dans un camion, a visité hier les principales rues envahies par l’eau.

A Mauzé-sur-le-Mignon
MAUZÉ, 4 janvier (de notre correspondant). — Le niveau du Mignon et de tous les cours d’eau de la région de Mauzé monte d’heure en heure. A Mauzé, le quartier de la Péroterie est envahi par le flot qui a obligé plusieurs habitants à évacuer leurs écuries. Près de la minoterie, le Mignon charrie en grondant un volume d’eau considérable, et l’on s’attend à voir envahies toutes les habitations du bord de l’eau. Le lavoir municipal est totalement isolé.
A Simoussais, plusieurs maisons sont inondées : chez M Larelle, chez M. Moinier, chez d’autres encore, le rez-de-chaussée des maisons est inhabitable, tandis, que, dans les écuries, le bétail est dans l’eau.
La ferme du Pont de l’Arceau a dû être évacuée : elle occupe, pour l’instant, le milieu d’un lac.
Le village de La Laigne a été envahi par les eaux du petit ruisseau qui le traverse. Dans la journée de vendredi, Mmes Planet et Godineau ont dû quitter leur domicile. Les rues sont transformées en rivières. L’eau arrive jusqu’au milieu de la route nationale, qui surplombe cependant de beaucoup le niveau du sol du village.
On signale d’autres inondations à Thorigny, à Ussolière, dans toutes les vallées des cours d’eau.
Dans le marais, le désastre est plus grave. Les digues qui, le long du Mignon, doivent retenir les eaux, se sont rompues en plusieurs endroits, et les fermes qu’elles protégeaient sont en danger. Les habitants de « La Hutte » ont dû déménager en pleine nuit ; aux Fontenelles, à l’Abotteau, en mainte « cabane », on a dû fuir également. Et la pluie tombe toujours, tandis que le vent fait rage. On n’avait pas vu semblable désastre depuis bien des années.

Le Marais Poitevin est transformé en immense nappe d’eau
On pourrait croire que la mer est revenue, comme au temps passés, aux portes de Niort, Tout le Marais poitevin est recouvert par les eaux, qui s’étendent ainsi sur plusieurs kilomètres de larges, de chaque côté de la Sèvre.
La route de Coulon est coupée à partir de Sevrau, où les cabanes des cénobites baignent, jusqu’à Magné, où les scieries sont complètement inondées. La route de Niort à Sansais est aussi coupée en plusieurs endroits. Il serait vain et imprudent d’essayer d’emprunter la route de Coulon à la Sotterie.
D’après les renseignements qui nous parviennent, des maisons maraichines sont menacées, particulièrement aux cabanes de Ballanger, où les propriétaires ont dû partir, et dans d’autres les occupants se sont réfugiés dans les greniers.

A Saint-Maixent-l’Ecole, le niveau a baissé légèrement
M. Jouany, préfet des Deux-Sèvres, s’est rendu ce matin à Saint-Maixent, où, en compagnie de M. Moinard, maire, il a visité les sinistrés.
Le niveau a légèrement baissé. Le Puy d’Enfer amène moins d’eau,; mais la Sèvre reste étale.

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Les inondations en France depuis le VIe siècle jusqu’à nos jours – Maurice Champion – 1864

Chapitre 33 – Inondations dans les bassins dépendants de l’Océan  – Le Lay – La Sèvre-Niortaise.— L’Autise — La Vendée. — Situation ancienne des contrées que traversent ces rivières. — Submersion générale. — Travaux de desséchement des marais. — Rupture des digues des marais de Vix et Maillerais, en 1791. — Grande crue de la Sèvre, en 1859. — Observations de M. l’ingénieur en chef Deglaude, sur la régime  de cette rivière. — La Charente. — La Tardouère. — La Boutonne. — Le Né. — Grandes crues de la Charente, en 1740, 1747 et 1783. — Détails contemporains. — Forte crue en 1801. — Inondation en 1859. — Ses effets à Angoulème, — Civray, — Aigre, — Savigné. — Submersion de la Rochefoucauld par la Tardouère.

La vaste étendu de marais que l’on voit sur les rives du Lay et de la Sèvre est le résultat de grands épanchements d’eau, dans les temps anciens, et tout le territoire compris dans la partie inférieure de ces cours d’eau est essentiellement aquatique ; comme en Flandre, on a dû y exécuter d’immenses travaux de dessèchement. « Des nivellements récents, écrivait en 1818, M. Cavoleau, secrétaire général du département de la Vendée (1), démontrent que le sol de nos marais est à peu près au même niveau que celui des marées moyennes du golfe de l’Aiguillon, et plus bas d’un mètre et demi ou deux mètres que le niveau des hautes marées des syzygies. Ainsi, pendant plusieurs siècles, la mer couvrait nos marais cinq ou six fois chaque nouvelle et pleine lune. Le lit du Lay, de la Sèvre-Niortaise et de leurs affluents, moins profond qu’il ne l’est aujourd’hui, était encore moins capable de contenir les eaux de ces rivières, qui s’étendaient sur toute cette immense surface qui n’était qu’un cloaque fangeux, foyer d’exhalaisons pestilentielles et incapable de se prêter à aucune espèce de culture. Quelques parties plus élevées se desséchaient naturellement pendant l’été, et la chaleur établissait une végétation vigoureuse sur cette vase molle et humide. Cette observation fit présumer sans doute qu’en facilitant, par des moyens artificiels, l’écoulement des eaux, le dessèchement annuel serait plus complet et durerait plus longtemps ; telle fut la cause des premières tentatives qui furent faites pour le dessèchement de nos marais. Nous manquons de monuments historiques pour fixer avec précision l’époque de ces premiers essais, mais il est probable que les deux premiers monuments relatifs à ce genre d’industrie sont le canal de Moriq et celui de Luçon. Avant que le canal de Luçon fût creusé, les eaux du Lay et de la Sèvre, grossies par celles de leurs affluents, se répandaient sur toute la plage marécageuse aussi loin qu’elles pouvaient s’étendre, et devaient souvent se confondre. Les levées du canal de Luçon leur opposèrent une barrière qu’elles ne purent plus franchir ; et le marais fut divisé en deux parties qui n’eurent plus ensemble aucun rapport. La partie occidentale forma le bassin de la Sèvre, et la partie occidentale celui du Lay. »
Dès le XIIIe siècle, des tentatives de dessèchements des terrains submergés furent faites au moyen de canaux, ou plutôt de rigoles, avec levées en terre s’opposant au débordement des rivières. Ce système eut ses avantages et ses inconvénients. « A une époque qui n’est pas fixée, dit un historien de Langon (2), on creusa un large et profond canal, auquel on ne donna qu’une levée, commençant au village de Langlée, continuant à travers les terres de Vouillé, et se rendant vers Marans. Il fut nommé bot (3) ou Achenaut de Langlée. Il parait que la levée de ce canal était assez forte pour s’opposer au débordement de la Vendée, qui n’en était pas fort éloignée, et que tous les marais situés à l’ouest furent assez desséchés pour former d’excellentes  prairies. A la même époque, une levée construite pour aller à pied du Poiré à Véluire ne laissa d’autre issue aux eaux de la Vendée que la largeur du lit même de la rivière, sur laquelle on avait construit un pont. Trop resserrées dans ce canal étroit, et retenues par le bot de Langlée, elles refluèrent vers leur source, et inondèrent le faubourg des Loges de la ville de Fontenay, situé dans une position très basse, sur la rive gauche de la Vendée (4). Dans une année pluvieuse, l’inondation fut telle, que les habitants, pour sauver leurs maisons, résolurent d’aller la nuit rompre la levée du Poiré et celle du canal de Langlée. Les eaux trouvèrent une issue, et le faubourg des loges fut sauvé, mais les marais, que le bot de Langlée garantissait de l’inondation, retombèrent dans leur premier état, et les communes riveraines furent privées des fourrages et des pâturages qu’elles avaient coutume d’en tirer. Elles se plaignirent, et des commissaires, délégués par Philippe III, se transportèrent sur les lieux pour examiner le mal et en chercher le remède ».
Ce système de l’écoulement des eaux par des canaux se développa encore et arriva même à une certaine perfection, mais il ne tarda pas à tomber en décadence, faute d’entretien, sans doute, car on voit par des lettres patentes de François 1er, du 11 août 1526, « que tous les canaux étaient comblés, que les digues opposées aux invasions de la mer étaient rompues, que tout le pays était submergé et qu’on ne pouvait plus y voyager ni à pied, ni à cheval, ni en charrette. Le roi ordonna que le mal fût réparé ; mais il paraît que des ordres ne furent pas exécutés, ou que les troubles et l’anarchie de la dernière moitié du XVIe siècle détruisirent ce qui avait été fait, car au milieu du XVIe siècle, on fut obligé de consacrer, de nouveau, au dessèchement de ces marais des capitaux immenses. A cette époque, la partie orientale du bassin de la Sèvre n’avait pas encore participé à ce bienfait ; elle ne formait alors qu’un cloaque fangeux, couvert, pendant presque toute l’année, par les débordements de la Sèvre, de l’Autyse et de la Vendée, qui n’avaient d’autre issue à la mer que le lit même de la Sèvre, trop peu profond et gêné par des obstacles qui retardaient l’écoulement des eaux. Malgré l’édit d’Henri IV, du 8 avril 1599, sur les dessèchements, cette grande œuvre d’utilité publique ne commença vraiment à se manifester qu’en 1643, où une compagnie réalisa le premier dessèchement régulier et complet dans la partie occidentale du bassin de la Sèvre, entre la Vendée et le canal de Luçon. A partir de ce moment, l’impulsion fut donnée ; le court espace de quinze années fut suffisant pour dessécher tous les marais de cette contrée, pour tirer du sein des eaux et couvrir de riches productions, une vaste étendue de terre, que la nature semblait avoir vouée à une éternelle stérilité. Mais ces conquêtes de l’industrie sur un élément destructeur ne se bornèrent pas à la partie occidentale du bassin de la Sèvre. L’enthousiasme des dessèchements se communiqua aux propriétaires de la partie orientale,  au nord et au midi de la rivière, qui opérèrent les mêmes prodiges, en surmontant des difficultés plus grandes encore (5).
« Pour garantir les marais desséchés de l’invasion des eaux de la Sèvre et de ses affluents, on les avait entourés de fortes digues. A peine furent-elles construites, que l’on s’aperçut qu’elles resserraient beaucoup trop le lit de la Sèvre, de sorte que les eaux affluaient dans la partie inférieure avec une violence qui menaçait d’engloutir tout ce qui se trouvait sur leur passage. La ville de Marans fut particulièrement menacée d’une entière destruction ; les habitants effrayés communiquèrent leurs alarmes à tous ceux de leurs voisins que ce torrent pouvait atteindre ; et, dès l’année 1662, ils tinrent une assemblée dans laquelle on chercha le remède au mal que l’on craignait. Les intéressés aux dessèchements des deux rives de la Sèvre sondèrent le mal dont ils étaient eux-mêmes les auteurs. Ils s’aperçurent avec effroi que l’élément fougueux dont ils avaient espéré contenir la violence, pouvait engloutir leurs digues dans une heure, et avec elles, les sommes considérables qu’ils avaient dépensées, pour tirer leurs propriétés du sein des eaux. Ils se réunir et ne trouvèrent pas d’autre moyen de prévenir le danger qui les menaçait que de creuser un nouveau canal pour dériver et conduire à la mer, sans passer par Marans, une partie des eaux de la Sèvre et de des affluents. Ce canal fut creusé en 1664, entre la Sèvre et le marais de Vix ; on le nomme contre-bot de Vix, parce qu’il fut creusé au pied et en dehors du bot ou levée du canal de Vix, qu’il suit parallèlement dans tout son développement. Depuis qu’il est creusé, non seulement les digues des marais desséchés sont moins menacées, mais la grande étendue de marais qui reste encore à dessécher dans cette partie du bassin, est moins inondée et est devenue plus productive. »
Cependant des ruptures se manifestèrent plusieurs fois dans les digues, comme, par exemple, au mois de janvier 1791, où les marais de Vix et Maillezais furent submergés à la suite d’un accident de ce genre. Il résulte du procès-verbal dressé pour constater les pertes, évaluées à 444,475 livres, « que les eaux considérables dont étaient chargés les marais mouillés qui confrontent aux marais desséchés, agités par un très grand vent, rompirent, la nuit du 19 au 20 janvier, la digue appelée de l’Ile Delle, dans la largeur de 25 toises, et que, malgré l’activité qui fut mise en usage pour la réparer promptement, les marais furent en peu de temps couverts d’environ deux pieds d’eau ; que l’écoulement de ces eaux ne s’opéra que très lentement, et pas avant la fin d’avril (6).
Aucun renseignement authentique n’existe sur les grandes crues de la Sèvre antérieurement à 1859. Celle qui eut lieu cette année, au mois de novembre, est considérée dans le pays, comme la plus haute connue ; elle s’éleva à Niort, à 1 m. 52 au-dessus du niveau réglementaire des eaux, et à Marans, ne dépassa ce niveau que de 1 m. 05 seulement. Son débit a été estimé à 200 mc. Le 1er novembre à Niort, la Sèvre, qui allait toujours grossissant depuis quelques jours, submergea les quais de la Regratterie, la petite place des Ormeaux et une partie de la grande rue du Port. Les magasins étaient envahis, et les eaux pénétraient dans les habitations. Sevreau, Magné, Coulon, Saint-Liguaire et les villages du haut de la Sèvre, furent inondés. On écrivait de Napoléon-Vendée (7) : « Les pluies diluviennes qui sont tombées la semaine dernière et au commencement de celle-ci, ont considérablement grossi les différents cours d’eau de la Vendée. Dimanche, vers neuf heure du matin, le ruisseau l’Yon, qui est presque toujours sans eau et peut à peine faire aller un moulin près de Napoléon, a grossi subitement et s’est élevé de plusieurs mètres. Les habitations riveraines et les prairies ont été inondées, et, pour donner une issue aux eaux, il a fallu ouvrir une tranchée aux boulevards du sud de la ville. L’inondation s’est également fait sentir dans différentes autres localités du département de la Vendée. Dampierre, Chantonnay, Mareuil, Talmont ont été pendant deux ou trois jours envahis par les eaux. »
Quelques explications suffiront pour faire comprendre comment il se fait, dit M. l’ingénieur en chef Deglaude (8), chargé du service spécial de la Sèvre, qu’on ait porté si peu d’attention jusque-là aux crues de cette rivière. La Sèvre, à partir de Niort, est canalisée au moyen de barrages éclusés ; elle coule lentement dans un lit très étroit, de 20 à 30 mètres de largeur, à travers une vallée extrêmement plate, d’une margeur moyenne d’environ 4,000 mètres. La pente totale des 54 kilomètres de son parcours jusqu’à Marans est de 7,50 mètres. Cette pente est divisée en 7 biefs, dont les chutes varient entre 1,50 mètre et 0,40 mètre. La pente par kilomètres qui, à Niort, est de 1,34 mètre, n’est plus, sur les 20 derniers kilomètres, de Bazoin à Marans, que de 0,03 mètre. Au-delà de Marans jusqu’à la mer, la navigation de la Sèvre est maritime. Sur ces derniers 13 kilomètres de son cours, sa pente se relève brusquement à 0,22 mètre par kilomètre, et les inondations ne sont plus à craindre. Il suffit d’une crue de 27 mc par seconde pour occasionner l’épanchement des eaux sur leurs rives, en amont de Marans. Dès que l’eau déborde, elle s’étale promptement sur toute la largeur de la vallée, d’où elle se retire ensuite très lentement à travers les milles canaux du réseau de dessèchement de cette vallée, autrefois très marécageuse et aujourd’hui d’une grande fertilité. Les propriétaires des 16,000 hectares dudit bassin submersible, dont la valeur a augmenté d’au moins 30 millions depuis 1835, sont loin de redouter les grandes crues, à moins qu’elles ne surviennent, par extraordinaire, pendant que les récoltes sont sur pied. ils désirent, au contraire, les longues inondations d’hiver qui sont fertilisantes, et qu’ils cherchent à prolonger ; mais en revanche, ils redoutent extrêmement les moindres petites crues du printemps, parce que la plus petite crue submerge toute la vallée, tout aussi bien que la plus grande crue extraordinaire, et que la submersion d’un territoire bien cultivé est à ce moment véritablement désastreuse. Il suffit d’une simple petite crue, ayant un débit supérieur à 27 mc, pour détruire la totalité des récoltes de cette vaste superficie.

(1). Description du département de la Vendée. Nantes, 1818, in-4, p. 28.
(2). Cité par M. Cavoleau, p. 30
(3). Dans le pays, le mot Bot est synonyme de levée ou digue ; contre-bot signifie un canal creusé au pied et le long d’une digue.
(4). Ch. Estienne disait en 1525, en parlant de Fontenay-le-Comte : « Au pied des murailles de cette ville passe Vendée, petite rivière, laquelle est aucunes fois si grande et impétueuse, qu’elle couvre tout le bas Fontenay et aussi les prairies à l’entour. » (Le Guide des chemins de France, page 204).
(5). Cavoleau, ouvrage cité, page 32 (Topographie. Bassin de la Sèvre).  Voir 1e partie.
(6). voir supplique adressée aux administrateurs du district de Fontenay, par les intéressés au  dessèchement des marais de Vix et Maillezais. Deuxième partie. Documents, page CXLIV, pièce 322.
(7). Revue de l’Ouest du 5 novembre 1859.
(8). Lettre particulière datée de Niort, le 5 mars 1863.

 

L’étang du Puy-d’Enfer dont les eaux se sont déversées sur Saint Maixent

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Le 6 janvier 1936 – L’Ouest-Éclair

NIORT – APRÈS LA CRUE DE LA SÈVRE


Dans le quartier du port, la Sèvre avait baissé hier matin de un mètre au moins et l’eau s’était retirée de nombreuses rues : rue Baugier, rue de Bessac, place du Port, boulevard du Main, étaient à sec, mais dans quel état !
Ici les pavés avaient été arrachés et emportés par le courant et se creusaient des trous profonds ; toutes les chaussées étaient ravinées ; le boulevard du Main interdit à la circulation de peur d’accident car la voûte d’un canal souterrain avait été crevée en plusieurs endroits.
Enfin, délivrés, les habitants contemplaient, la mort dans l’âme, les dégâts causés à leurs maisons et à leurs meubles.
Chez M. Pelet, peintre, rue Baugier, l’eau s’est élevée à 75 centimètres, détériorant les meubles, baignant les rouleaux de papier peint, les pots de peinture, tout le matériel.
Place du Port, le plancher d’une chambre a été soulevé par l’eau. A côté, une maison en contrebas a encore un mètre d’eau. Le malheureux locataire gémit devant sa porte : « Je ne peux même pas entrer chez moi pour sauver quelque chose et dire que les pompiers sont partis ce matin à l’exercice, au son des tambours et des clairons ; ils feraient mieux de venir pomper l’eau qu’il y a chez moi ».
Partout règne la désolation ; partout la même consternation attristé les physionomies.
Le quartier du port est complètement dévasté et impossible de décrire chaque cas particulier mais pour juger de l’ampleur du sinistre un coup d’œil suffit sur ces rues défoncées, sur ces gens qui s’affairent, sur ces meubles détériorés s’entassant devant les portes.
A cette vue, le cœur se serre ; que vont donc devenir tous ces braves gens qui déjà, pour beaucoup, sont douloureusement touchés par la crise ?
Les industries elles-mêmes sont cruellement atteintes ; outre les usines Biscara, Lechelle et Boinot, dont nous avons parlé hier, il faut citer la scierie Braugier dans laquelle le courant s’est engouffré avec une telle violence que les portes ont été arrachées, le bois jeté pêle-mêle, les scies et machines mises hors d’usage ; une auto a baigné pendant 24 heures ; les stocks de bois seront inutilisables ; un pont menace ruine, soulevé par la crue, il s’est retrouvé, à la décrue, miraculeusement en équilibre.
Les dégâts Les dégâts s’élèvent à plus de 50.000 francs.
Chez M. Lefébure, des milliers et des milliers de francs de marchandises d’épicerie ont été dépréciées ou complètement anéanties.

A Bessac
Il a fallu attendre la fin de la crue pour pouvoir atteindre les dernières maisons du quartier de Bessac ; celles-ci, voisines de Fleuriau, sont bâties sur la rive de la Sèvre, en amont de la ville.
Au cours de la randonnée que nous avons faite dans la matinée d’hier, nous avons pu juger de l’importance des dégâts causés dans cette partie de la ville. Si les habitants de la rue Baugier et rue Bessac étaient désormais hors de danger, les ménagères n’en étaient cependant pas moins affairées ; armées de balais, de pelles, elles faisaient le nettoyage consciencieux de leurs demeures à l’intérieur desquelles l’eau avait amassé du limon et de la saleté de toute sorte.
Tout un côté de la rue Bessac était encore inondé ; les maisons n’avaient accès que par un pont de planches. Enfin place du Moulin-de-Bessac, le spectacle était lamentable, des murs écroulés, des débris de bois, de ferrailles ; une vraie couche de boue de laquelle se dégageait une odeur fétide atteste la violence de la crue.
Bien que ce soit dimanche, il y a grande animation dans ce quartier retiré et les voix de tous les travailleurs se mêlent au grondement sourd des eaux qui semblent encore mécontentes et inassouvies ; c’est qu’en effet, dans un espace très réduit, il se trouve dans ce quartier qui porte le nom de Moulin de Blossac, une blanchisserie, une crinerie, fabrique de semelles de sabots.

6.000 francs de dégâts à la Blanchisserie Modèle
La cour de la blanchisserie modèle n’est plus qu’un cloaque. Avertis d’une crue qu’on prévoyait de 40 centimètres seulement, les propriétaires n’avaient pris presque aucune précaution ; aussi les dégâts sont-ils considérables : les bâtiments abritant les produits chimiques, savon, javel, le garage et les bureaux directement adossés à la rivière ont été entièrement inondés ; un mur même n’ayant pu résister à la poussée des eaux s’est écroulé et a été détruit.
Le combustible a été emporté et une voiture automobile a été submergée ; trois moteurs électriques ont été mis hors d’usage ; seul le linge a pu être sauvé à temps dans la nuit.

Un sabotier s’accrochait désespérément à ses billes de bois
Dans la même cour, au milieu, de laquelle subsiste seule désormais une volière habitée par quelques pigeons, se trouve également l’atelier de M. Bagot, fabricant de semelles de sabots. Celui-ci venait justement de recevoir un wagon de billes de bois destinées à être travaillées. Le sabotier les avait rangées dans sa cour, à proximité de son atelier qui abritait tout son outillage, et un nombre considérable de semelles de sabots qu’il devait livrer sous peu.
M. Bagot ne put rien sauver, et il assista impuissant à la débâcle. Ce fut en vain qu’il s’accrocha à chacune des billes de bois qui, une après l’autre, partaient à la dérive. Toutes ses machines ont été détériorées.
« Comme c’est malheureux, nous confiait-il, hier matin, d’avoir travaillé comme je l’ai fait et de voir ainsi tout son travail et tout son gain emporté par l’eau. »

Les Établissements Sene ont également souffert
Enfin, la troisième usine est celle des Établissements Sene ; c’est une crinerie, où l’on travaille la soie de porc. Tout comme leurs voisins, les propriétaires, qui étaient loin de s’attendre à semblable catastrophe, n’avaient pas pris de précautions. Hier matin, les dégâts apparurent considérables. Les machines ont beaucoup souffert Quantité de machines ont été détruites.

Les maisons particulières n’ont point été épargnées
Toutes les maisons riveraines de la rue de Bessac ont évidemment été inondées. Il n’est pas un rez-de-chaussée qui n’ait été submergé, mais, malgré tout, hier matin, tout le monde acceptait de bon cœur les propos gais et comiques, faisant contre mauvaise fortune bonne figure : témoins celui-ci qui annonçait à un ami qu’il venait de laver son meuble et sa vaisselle à coups de balai ; celui-là, qu’il venait de retrouver son carnet de mariage et son livret militaire sous le foyer de sa cuisine, cet autre enfin qui se lamentait de ne plus voir son chat, disparu depuis quarante-huit heures.
Mais les plus chanceux furent bien ceux qui, pour leur déjeuner, réussirent à capturer une bonne friture de gardons. En effet, certains ont eu le bonheur de découvrir dans les trous des murs des gardons surpris par la baisse des eaux et qui étaient restés là, croyant la cachette sûre.

Du boulevard Main à Saint-Martin
Nous voici maintenant en aval de Niort, boulevard Main. Les dégâts dépassent tout ce qu’on peut supposer. Au Bas-Sablonnier, des murs sont démolis sur de grandes longueurs. Les chemins de halage qui conduisent à Saint-Martin ressemblent à un lit de de torrent desséché. Sur la rive gauche, le chemin est coupé de profondes rigoles, par lesquelles s’écoule en bouillonnant l’eau qui a envahi les cours et les jardins, ainsi que les maisons. Là encore, des murs ont été couchés, des grilles rompues et arrachées. Les installations nautiques de l’A.S.N. n’existent plus ; sur la rive droite, l’eau se retire lentement ; on pêche dans les jardins, où les poissons foisonnent.
Impossible d’aller jusqu’à la Belle-Etoile à pieds. Les autos elles-mêmes ne peuvent plus pousser jusqu’à St-Martin ; les chemins environnants sont recouverts de plus de 50 centimètres d’eau.

Dans le marais
Le maximum de la crue a atteint désormais le marais poitevin. Les nouvelles manquent totalement ; toutes les communications sont coupées avec la région la plus menacée. Il est même impossible, par suite de la violence du courant, d’y accéder en bateau.

Les services publics au secours des sinistrés
Dès l’aube, hier matin, M. Jouany, préfet des Deux-Sèvres, et M. le docteur Panou, retournaient sur les lieux pour se rendre compte de l’immensité du sinistre et tâcher, par leurs encouragements, de réconforter cette laborieuse population.
Nous croyons savoir qu’une demande de subvention va être adressée pour soulager tant d’infortunes. Mais comment évaluer tous les dégâts qui sont causés ?
De leur côté, les services de travaux de la Ville, malgré une nuit et une journée de dur labeur, ont repris hier matin pelles et camions. Sous la direction de M Martinet, ils ont porté secours aux sinistrés qui en avaient le plus besoin. Et ils ont commencé en hâte la réfection des chaussées. Des barrages ont été établis aux endroits les plus dangereux. Dans la journée d’hier, bien que le temps fût encore menaçant, une foule de Niortais vint défiler place du Port et tout le long des terrains immergés.

Potins de la Brèche

Les fiacres d’antan avaient pourtant leur utilité et leur charme. En 1904, lors de la terrible crue de la Sèvre, les fiacres d’alors prenaient des voyageurs et moyennant quatre sous leur faisaient traverser la place du Port, entièrement recouverte d’eau.
Il fut un moment où, samedi dernier, les taxis auraient été bien en peine d’en faire autant.
Il est des gens qui réellement se passionnèrent pour les inondations de samedi dernier. Une personne demeurant dans le centre de la ville est allée douze fois de chez elle aux Ponts-Main, pour se rendre compte où en était la crue.
Des paris même furent faits à l’occasion de la crue. Ainsi un très sympathique niortais annonçait, dans l’après-midi de samedi, à tous ses clients, qu’au cours de sa promenade sur les rives inondées de la Sèvre, il était allé de la rue Gambetta à la place du Port sans se mouiller les pieds. Ce fait paraissait paradoxal car tout le monde savait très bien que la place du Port et les jardins baignaient abondamment.
Mais un pari s’engagea, dont l’enjeu très intéressant était de 600 frs. La discussion se poursuivit, et ma foi, devant l’assurance de plus en plus grande du promeneur le pari ne tint pas.
Et dans la soirée, on pouvait encore entendre raconter l’exploit que personne évidemment ne voulait croire.
Même dans les moments les plus tragiques et les plus tristes, on cherche à se distraire afin que passent plus vite les mauvaises minutes. Ainsi bien des personnes dont le pied des maisons se trouvaient dans l’eau, étaient-elles tranquillement à leur fenêtre en train de pêcher.

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Le 7 janvier 1936 – L’Ouest-Éclair


NIORT – LENDEMAIN D’INONDATIONS

 

Hier matin dans le marais en aval de la Sotterie le niveau de la Sèvre s’élevait toujours. Dans notre marais la crue atteint une hauteur que de mémoire de maraîchins on n’avait jamais vu. Sur les deux rives de la Sèvre les villages de Prépelot, des Avis, de la Sotterie, de Baîlanger, de la Sèvre et des cabanes de la Sèvre sont complètement isolés. Le ravitaillement est très difficile. On nous signale même des fermes isolées qui n’ont pas été ravitaillées depuis jeudi.
Hier matin 6 janvier nous avons noté des hauteurs d’eau atteignant 1 m. 50 et 1 m. 80 sur les marais du Vanneau.
Les foins engrangés ont particulièrement eu à souffrir ; les dégâts sont considérables. Pour l’instant on ne peut les estimer. De nombreux maraîchers ont dû déménager en hâte leurs animaux et le déménagement se continuait encore dans la journée d’hier. A l’heure où nous télégraphions la décrue s’annonce à Coulon et même à la Sotterie ; mais l’eau continue de monter dans les villages des cabanes de la Sèvre aux confins des départements des Deux-Sèvres et de la Vendée. De toutes parts l’eau a envahi les maisons et les écuries. On a dû mettre des cales sous les meubles et monter dans les greniers tout ce qui était plus facilement transportable. La consternation règne dans toute la vallée de la Sèvre et pour ajouter encore à cette catastrophe la pluie s’est remise à tomber dans la nuit de dimanche à lundi.

A Frontenay-Rohan-Rohan
Le bourg de Frontenay-Rohan-Rohan qui cependant n’est traversé par aucune rivière a beaucoup souffert lui aussi des inondations. La plupart des habitants ont été contraints de puiser l’eau de leurs caves et même de leurs rez-de-chaussée à l’aide de pompes.
M. Didier, pâtissier, ne pouvait pas accéder à son four, aussi dut-il renoncer à faire cuire ses gâteaux. La ferme de la Clielle, sur la route de St-Symphorien, est toujours entourée d’eau, si bien qu’il est toujours impossible d’y aller autrement qu’en charrette. Les propriétaires des fermes de la Grenouille ont été obligés de déménager et d’aller se réfugier au 1er étage.

A Sansaîs Le dessèchement du marais communal
Le Conseil municipal de Sansais, après de très légères modifications, a adopté à l’unanimité un projet de dessèchement du marais communal de la Garette. D’après ce plan de nouveaux chemins ont été tracés et une orientation différente a été donnée aux Taches, ce qui permettra à chaque parcelle d’être desservie par un chemin et un fossé. Le prix total de ce projet voisine 25.000 francs. Afin de permettre de commencer les travaux la récolte de cette année sera vendue aux enchères.

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Le 8 janvier 1936 – L’Ouest-Éclair

LES INONDATIONS DANS LES DEUX-SÈVRES

 

NIORT (de notre rédaction). — Les dégâts causés par la crue dans le marais se chiffrent par plusieurs millions. Dans les villages de la Sèvre et des cabanes de la Sèvre la crue a atteint son maximum. Dans la soirée de lundi les deux tiers des maisons ont été abandonnées. L’évacuation des bêtes a été difficile. Des personnes ont passé des journées entières dans l’eau jusqu’au ventre. On doit à tous ces héros obscurs et anonymes de ne déplorer aujourd’hui aucun accident.
On signale un cas de congestion, M. Alphonse Coursault de Ballanger et une maison effondrée au village des Cabannes. Les maraichins et le bétail ont été recueillis par les habitants d’Irleau Arcais et Le Mazeau.
Aujourd’hui les hameaux des Cabanes de la Sèvre offrent un spectacle désolant. Les portes ouvertes des maisons abandonnées laissent voir à l’intérieur les meubles qui ont été soulevés au moyen de fagots. En certains endroits l’eau sort par les fenêtres. Ce sont surtout les meubles et les fourrages engrangés qui ont eu à souffrir. Nous espérons bien que la détresse des maraichins sera prise en considération par les pouvoirs publics et qu’on leur accordera les secours désirés.

Des villages submergés

MANCOUTANT. — Depuis quelques jours le niveau de la Sèvre Nantaise s’est considérablement élevé. La toiture du lavoir municipal disparait presque sous l’inondation. Les villages avoisinants en particulier la Morinière et la Sablière sont complètement submergés.

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Le 8 janvier 1936 – L’Ouest-Éclair


DEPUIS TROIS SIÈCLES NIORT A ÉTÉ INONDÉE SEPT FOIS

 

Les habitants de certains quartiers de la ville viennent de vivre des heures particulièrement émouvantes. La Sèvre, espérons-le, va bientôt rentrer dans son lit, et, tout comme en 1747, 1859, 1874, 1904, 1908 et 1922, les Niortais n’auront plus bientôt que le triste souvenir de ces lamentables journées des vendredi, samedi et dimanche, 3, 4 et 5 janvier, qui resteront, certes, dans leur vie, comme un spectacle inoubliable.
Une dame du quartier du Port racontait, lundi dernier, que son piano en était à son troisième bain. C’est qu en effet, la plupart des Niortais actuels ont connu maintenant trois inondations : 1904, 1932 et 1936.
Mais, si l’on remonte beaucoup plus haut dans le passé, on découvre, dés le XVIIIe siècle, une crue très importante celle de 1747, qui emporta les fragiles ponts de bois établis alors à l’emplacement des ponts actuels.
On raconte, d’autre part, que les eaux de la source de Bouillounouse ayant envahi le pied du rempart de la ville, pour écouler cet amas de liquide dans la Sèvre, par le canal du Merdusson, les Pouvoirs Publics firent ouvrir, au droit de l’actuelle rue Richard une brèche dans le mur de la ville.
Il fallut attendre le 1er novembre 1859, pour assister à une nouvelle crue énorme, dont la hauteur a été longtemps indiquée par un trait et une date, au Moulin de Bessac, sur le mur, en amont du moulin. Tout le quartier du Port avait été inondé, aussi les sinistrés s’étaient-ils fortement émus à la pensée qu’ils étaient victimes du mauvais état de la rivière, et pourtant aucun travail ne fut fait, à cette époque, pour atténuer l’effet désastreux des crues.
La Regratterie, les rues Baugier et de Bessac durent baigner à nouveau, en l’année 1874, pour que des travaux fussent imposés aux propriétaires des moulins postérieurs à 1674. Mais, ajoutons que l’amélioration apportée alors au régime de la Sèvre fut néanmoins assez légère, d’ailleurs les riverains s’en aperçurent trente années plus tard, en février 1904.
Il y a encore huit jours, la fameuse crue de 1904 restait, dans l’histoire mortaise, comme la plus forte et la plus épouvantable. N’avait-elle pas, en effet, atteint, à l’étiage des Vieux-Ponts, 3 m. 55 ? Ceux qui ont assisté aux inondations de la semaine dernière se feront une juste idée de ce que furent celles du commencement du siècle. Mais les secours étaient alors assurés par les soldats du 7e hussards, et ce furent les fourgons du régiment qui firent la besogne effectuée, cette année, par les charrettes et camions. Et d’autre part, comme nous le soulignions, il y a quelques jours, les fiacres étaient là, qui moyennant quatre sous, faisaient faire aux curieux la traversée de la place du Port inondée.
Deux ans plus tard, exactement, la Sèvre fit à nouveau des siennes, et les Niortais revécurent une seconde fois les heures de février 1904

LA DERNIÈRE CRUE REMONTAIT A 1922
A la suite de pluies de plusieurs jours, le vendredi 29 décembre 1922, à 9 heures du soir, la rivière atteignait, dans certains endroits, le niveau redoutable de février 1904. Toute la nuit se passa dans l’angoisse, car, jusqu’à 2 heures du matin, la crue ne cessa de grossir, pour devenir sensiblement plus forte que les précédentes. Cette fois encore, les habitants des bas quartiers furent bien éprouvés, et, sans le concours des artilleurs du 49e, en garnison à Niort, et ceux de la police et des gendarmes, leur sort eût été des plus malheureux.
Enfin, il y a cinq jours, les « éternels rescapés » viennent de vivre le dernier épisode, combien épouvantable, de cette trop longue série de catastrophes. La Sèvre, loin de s’assagir, reste toujours indomptable. Elle continue d’inquiéter les riverains qui voudraient bien, en ces sinistres moments de crue, habiter loin de ses bords qui, cependant, restent, malgré tout, pour eux, pendant la belle saison, l’oasis de fertilité et de bien être.

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ÉPHÉMÉRIDES HISTORIQUES DE LA VILLE DE NIORT

Publiées en 1867 et 1868 dans le Mémorial des Deux-Sèvres, réimprimées avec une table par Émile Breuillac.

10 mars 1660
1660. Les ponts de Niort ont été ruinés par l’inondation du 12 mars 1657. Le conseil d’Etat a rendu le 14 janvier 1660 un arrêt ordonnant qu’ils seront reconstruits au prix (te seize mille livres, dont l’élection de Chastellerault paiera douze cents livres, celle de Poitiers quatre mille, celle de Saint-Maixent seize cents, celle de Niort deux mille quatre cents, celle de Fontenay-le-Comte trois mille deux cents, celle de Thouars deux mille quatre cents, enfin celle de Mauléon douze cents livres.
Le roi rend à son tour exécutoire l’arrêt du conseil d’État par des lettres royaux, dans lesquelles il constate que la démolition des ponts de Niort a fait un préjudice notable au commerce de la Saintonge, du Limouzin et du Poitou ; que la ville de Niort a contribué jadis à la réfection des ponts de Saumur, de Châtellerault, d’Houlines et de Puybermier, qu’il est juste qu’on lui vienne en aide ; il ordonne que la somme de seize mille livres sera levée sur les différentes éjections, plus une somme de quatre cents livres pour les frais d’expédition et de sceau réduits et modérés.

22 décembre 1748
1748. Une grande inondation ayant dévasté la ville de Niort vers la fin de 1747 l’ingénieur a préparé un devis des réparations nécessaires, et devant être exécutées en 1748. Ce devis s’élève à une somme de trois cent quarante et un mille cinq cents livres. Il comprend la réparation du pont sur la Sèvre communiquant avec le faubourg du Port, l’ouverture d’une nouvelle porte dans les murs, la construction d’un aqueduc pour l’écoulement des eaux de Bouitiounouse, le dessèchement des rues et le recurement du canal de la navigation de la ville. La porte qu’il était, question d’ouvrir était la porte de la Brèche, la quatrième de la ville. Elle est faite, dit le projet, pour la commodité de la route qui traverse la ville, venant de Paris, et sortant par la Porte Saint-Jean. Ce projet parle aussi de faire le champ de foire dans le terrain actuel, devant les murs. Le nom de l’ingénieur chargé des devis était Bonnichon : l’adjudicataire des travaux fut un nommé Jean Rambeaux, entrepreneur de Poitiers. Celui-ci eut plus tard un procès à soutenir avec la ville, particulièrement pour l’établissement qu’il avait fait d’un pont provisoire pendant les constructions. Ce procès, grâce à l’intervention de l’intendant de Poitiers, se termina le 28 janvier 1760, par une transaction entre la commune et l’entrepreneur.

Source : Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres, 3e série, tome 1er, 1884, pages 247-391

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LE CANAL DU MERDUSSON

 

Par un arrêté du 12 juillet 1867, le maire de Niort donna le nom de rue des Accacias (sic) à la petite rue qui commence à la rue Saint-Jean et se termine en potence par un passage étroit sur la rue du Rabot. Cette ruelle s’appelait antérieurement rue du Merdusson. On la nommait ainsi dans le langage naïf de nos pères, dit M. de Sainte-Hermine (1), parce qu’à son extrémité se trouve un égout qui communique au grand canal de la ville et sert de réceptacle à toute espèce d’immondices.
On substituait au nom du Merdusson celui des Acacias à cause de deux arbres plantés dans la rue pour éviter que les passants ne tombassent dans le canal ouvert en cet endroit. Ainsi disparaissait le nom, dernier vestige, d’un canal qui, après avoir rendu de grands services à nos ancêtres, avait été pour eux la cause de nombreux maux.
Avant que Niort devint une ville par la réunion des deux collines de Saint-André et de Notre-Dame, les terrains situés entre ces deux hauteurs étalent une espèce de marais traversé par les eaux descendant des coteaux voisins. En hiver, après des pluies abondantes, les eaux formaient un véritable ruisseau émergeant au bas du rocher sur lequel l’avenue de Paris est aujourd’hui établie. L’embouchure de ce cours d’eau se trouvait sur le quai actuel de la préfecture, à l’endroit à peu près où l’on voit un lavoir abandonné depuis quelques années. Une source sort du lavoir. Nous croyons pouvoir affirmer, sans crainte d’erreur, qu’elle est résultat des infiltrations des eaux qui autrefois trouvaient là un débouché complet et suffisant. Toutefois l’ancien cours de la rivière demande quelques explications.
Le quartier de la rue du Pont est un terrain remanié ; le coteau Saint-André, (ainsi que très judicieusement M. Apollin Briquet l’observe, Soc. de Stat. Mém. t. VIII, 1re série), était autrefois plus abrupt. Le cours du moulin du château n’était pas encore creusé, l’îlot de la fonderie se rattachait à l’est à la terre ferme. La rivière, déjà divisée par la bande de terre où sont aujourd’hui les bains Clert, tournait à droite avec grand élargissement de son lit, cernait les îlots de l’usine Boulard et Simon, plus loin du fort Foucault et ramenait son bras principal vers la gauche, au quai actuel de la préfecture. L’état ancien se rétablirait à l’instant par la suppression du pavé entre le pont et la fonderie, du barrage sous l’arche du pont, près de l’entrée de l’usine Boulard et de celui qui sépare les bains Juin de la maison de Vidiani mouleur. Cet élargissement de la rivière explique le Novioretum puis Noiordum ou nouveau gué, lequel d’après M. Fillon a donné son nom à la ville. C’est le seul endroit où l’eau ne soit pas trop profonde pour établir ce gué, surtout en abaissant le niveau de la nappe, vu la non existence des barrages de la Roussille et Comporté. Le premier chemin fait sur le coteau Saint-André a été l’accession à ce passage le bon sens fait comprendre qu’on l’a établi sur le fort, hors de la portée du ruisseau et de ses alluvions marécageuses.
On a eu d’ailleurs une preuve directe que le cours d’eau tournait à gauche alors qu’on a creusé les fondations des halles et qu’on a descendu 2 mètres pour trouver le terrain solide. C’est aussi dans la partie de la Sèvre, en aval du moulin actuel du château, qu’était le premier port ou pour mieux s’exprimer le point d’attache des bateaux de nos ancêtres. Nous ne croyons point beaucoup à la tradition populaire qui veut que les vaisseaux aient, dans un temps, gagné par les fossés la place de la Brèche. Le fameux navire des contes de fées qui marchait sur mer et sur terre n’était pas encore passé dans la pratique, il paraît aussi difficile de faire monter une barque des Ponts-Main à la place Saint-Jean que de lui faire escalader les rochers du jardin public. Mais si cette légende a le moindre fond de vérité, elle s’applique à ce moment de notre histoire. Rien n’empêchait à la rigueur les bateaux plats de remonter l’hiver le cours de Bouillonnouse, même de s’y mettre à l’abri, lors des crues de la Sèvre plus fréquentes et plus torrentielles, puisqu’il n’y avait alors ni moulins ni chaussées de retenue pour modérer son cours.
Toutes ces choses ne présentent pas grandes difficultés en remontant jusqu’au VIe siècle de notre ère. Mais antérieurement on se trouve en présence du texte de la chronique de Maillezais qui dit que jusqu’à cette époque tous nos pays ont été recouverts par la mer. Le bas de la ville de Niort a-t-il été réellement sous la mer ? M. Fillon croyait que non ; II acceptait les dires du moine de Saint-Maixent, mais il les restreignait à l’estuaire formé plus bas par l’ile de Maillezais, séparant l’eau salée et l’eau douce entre l’île susdite et le marais d’Arsay par une barre limoneuse analogue à celles du golfe de Lyon si bien décrites par M. Lenthéric. M. Briquet au contraire, dans le Mémoire cité plus haut, mettait la rue des halles en eau profonde, limitant le rivage à la hauteur de la rue du Faisan et du Soleil. Les personnes qui se rangeraient encore du coté de cette opinion plus ancienne, ne feront pas mal de surveiller de près les constructions romaines de la rue des Ponts-Main. Comme elles sont datées par les monnaies, au 1er siècle de notre ère, elles seraient bien plus remarquables que les villes si renommées créées par les Romains dans la baie de Baïa. En effet sans communications avec la terre ferme, elles auraient été bâties au-dessous de six à sept mètres d’eau et seraient restées cinq cents ans recouvertes par l’eau de mer. C’est peut-être ce qui explique que nous trouvions tant d’huîtres au travers du ciment.
Plus tard Niort se forma. Notre ville reçut une enceinte continue de murailles et de fossés que Bouillonnouse servit alimenter en partie. Un château fut élevé tout près du port pour en garantir la sécurité (2). Établir les fondations d’un château était une tâche pénible dans ces terrains rendus partiellement marécageux par le cours d’eau dont nous avons parlé. On obvia à cet inconvénient en remblayant et en détournant le ruisseau. Ses eaux furent captées dans un canal qui fut le Merdusson et rejoignit évidemment les fossés du donjon reconstruit.
Ce canal recevait donc le trop-plein de la source de Bouillonnouse, ainsi nommée probablement à cause du bruit qu’elle fait en sortant de terre ou plutôt en revilant l’hiver, selon l’expression poitevine.
L’ancienneté du Merdusson est incontestable. Nous le trouvons cité au XIIIe  siècle ainsi que l’Herberie dans le curieux document publié par M. Bardonnet sur l’état du domaine royal en Poitou (3), 1260. Vers la fin du XIVe siècle, Jean de Berry remania, refit peut-être le canal du Merdusson, lorsqu’il construisit les halles. Sous son gouvernement le bas de la ville de Niort se transforma complètement. Le frère de Charles V a été pour notre commune un bienfaiteur dont le nom doit toujours rester gravé dans nos souvenirs. Un hôtel de ville, un port, des halles et probablement la flèche de Notre-Dame sont autant de titres à notre éternelle reconnaissance !
Le Merdusson jusqu’à ce jour creusé à ciel découvert fut dévié vers la porte du Pont et devint souterrain dans presque tout son parcours. On laissa toutefois des ouvertures dans plusieurs endroits pour en faciliter le nettoyage. Cette précaution était bien utile, car sûrement les cochons de Saint-Antoine-de-la-Lande autorisés au parcours dans la ville n’étaient pas de fameux ouvriers, et nos concitoyens durent procéder fréquemment au curage de ce canal devenu un cloaque. La salubrité publique en souffrit.
M. Briquet donne le nom d’un charretier qui fut chargé, en 1490, de nettoyer le canal. Les travaux de curage durèrent cinquante jours.
Fait pour éviter l’inondation dans la ville basse, le Merdusson devint bientôt une cause d’insalubrité, surtout au moment où la peste ravagea notre contrée. Niort a vu plusieurs fois le terrible fléau décimer ses habitants. Dès le XIVe siècle nous trouvons la trace de son passage. Le XVe et le XVIe la voient aussi dans nos murs. Enfin au commencement du XVIIe siècle la peste fait les plus grands ravages parmi nos concitoyens.
Assurément le canal du Merdusson n’est pas étranger à la propagation de cette cruelle maladie.
A cette époque le Merdusson commençait au bout des halles, du côté du minage, devant l’hôtel des Trois Pigeons que possédait Joseph Boreil. Dans cet endroit un pont en recouvrait l’ouverture. Après avoir côtoyé les halles le canal entrait dans la rue de l’Herberie, passait devant l’hôtel du Cheval Blanc tenu par Jehan Leroy et devant lequel se trouvait encore un pont ; puis traversant la rue Saint-Jean, il pénétrait dans la rue qui porta son nom. Au bout de la rue du Merdusson le canal passait sous la venelle qui faisait communiquer la rue avec les halles, à côté de la maison de Perrette Senné, veuve de Rolland Thibaut, échevin. Contournant l’extrémité des halles, du côté du château, et entrant, devant le placiste du château, sous la maison de Jehan Esserteau, il traversait la rue du puits Nallier puis longeant la maison de Daniel Couras, à laquelle pendait l’enseigne de la Pine d’Or, et passant dans les fondations de l’ancienne prison criminelle qui est une construction du XVe siècle, le Merdusson coulait parallèlement à la rue du pont et se jetait dans la Sèvre près de la porte du pont, à côté de la tour qui lui empruntait son nom.
Tel était le parcours de ce canal dont la portion voisine des halles se trouvait presque toujours obstruée par les détritus que jetaient les marchands établis dans cet édifice. Peu à peu l’eau de Bouillonnouse n’y arrivant plus qu’un ou deux mois d’hiver, le Merdusson fut négligé et se combla. Les Niortais furent de nouveau incommodés par de fréquentes inondations, d’autant plus que les fossés eux-mêmes devenant moins utiles s’atterrissaient aussi.
Augier de la Terraudière, en 1675, raconte dans la préface du Thrésor de Nyort que l’emplacement des halles est « tellement marécageux qu’aux grandes pluyes il y sourd de l’eau en quantité, toutes les caves des maisons en estant remplies, mesme l’église des Cordeliers et pour y remédier, il n’y a pas longtemps qu’on fut contraint de faire un canal dans ces halles pour y attirer l’eau et de hausser beaucoup l’église des Cordeliers. » Le Merdusson, plus ancien que les halles, passait en dehors. Ce second canal était dans l’édifice même. Était-il trop étroit ou mal entretenu ? Nous ne pouvons le dire. Mais il est certain qu’il fut insuffisant puisqu’on 1748, après de nouvelles pluies abondantes, les eaux s’accumulèrent devant les murailles de la ville et en menacèrent la solidité. On fit une large brèche pour laisser passer les eaux qui recouvraient les terrains devenus plus tard la place de la Brèche.
Aujourd’hui l’écoulement des eaux pluviales est une question d’actualité pour certains habitants de notre ville. Nous donnons ces renseignements historiques avec l’espoir qu’ils ne paraîtront pas superflus à ceux qui cherchent à réprimer les envahissements de Bouillonnouse.

Émile Breuillac

(1) Arrêté du 24 décembre 1825.
(2). Un château plus ancien fut brûlé eu 1104 et a été remplacé au XIIe siècle par le donjon actuel.
(3). Hommages d’Alphonse, comte de Poitiers, frère de Saint-Louis, par A. Bardonnet. Niort, Clouzot, 1873.

Source : Bulletins de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres, n° 10-12, octobre-décembre 1882, page 143

Remarque : Breuillac dit : « On fit une large brèche pour laisser passer les eaux qui recouvraient les terrains devenus plus tard la place de la Brèche. ». Mais, si l’on lit le travail de M. Barelle sur « La Place de la Brèche à Niort et ses allées hautes depuis leur création en 1770 jusqu’à 1909 » :

Dans un article très documenté publié par M. Henri Proust dans le Bulletin de la Société de Statistique (janvier-mars 1887) sur la véritable origine du nom de place de la Brèche (2), l’auteur expose qu’on croyait généralement, à Niort, que ce nom venait d’une brèche qui fut ouverte dans les murs de la ville, en cet endroit, pour faire écouler les eaux qui, par suite des inondations extraordinaires survenues en 1747 et causées par une source qu’on nomme Bouillounouse, s’étaient accumulées en bas des remparts et inondaient jusqu’aux deux tiers les rez-de-chaussée du quartier du Port. Celle croyance n’était pas exacte. Lorsque le tarif d’octroi fut établi en 1718, les remparts tombaient en ruine en bien des endroits. il fallait les relever pour qu’ils pussent arrêter les fraudeurs ; aussi, le 23 mai de cetle année, le maire et les échevins procédèrent à une visite générale qui devait servir de base au devis des réparations.
Il résulte de leurs constatations qu’il y avait, à l’endroit en question une brèche qui était devenue un passage habituel. Elle n’était pas la seule, la visite des experts en fait foi, mais elle se trouvait en un lieu plus commode pour rentrée et la sortie de la ville. Cependant, elle fut murée, mais elle avait tellement sa raison d’être que trente ans plus lard elle fut rouverte officiellement et devint une porte charretière comme les trois autres grandes portes. Le terrain contigu fut dit « lieu de la Brèche ». Etc…

Source : Bulletin de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres, tome 6, 1er, 2e, 3e et 4e trimestres de 1931, page 66.

La Brèche sera objet d’un article à venir …

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Encore la crue de 1747 :

LES REVENUS ET LES DÉPENSES DE L’HÔTEL DE VILLE DE NIORT AVANT 1789 PAR HENRI PROUST

Page 275

En 1747, par exemple, après une inondation extraordinaire qui avait emporté les ponts de la ville, les dégradations faites au port avaient occasionné une dépense que le faible revenu de la coutume, même accumulé pendant bien des années, eût été impuissant à couvrir.
« La crue d’eau arrivée le 20 février », dit le procès-verbal de la visite faite par les maire et échevins, « a été si abondante et si grande que de mémoire d’homme on n’avait vu notre rivière si grosse, ni si haute, de façon  qu’elle a inondé totalement le port de cette dite ville, au point qu’elle est montée et traversée la grande rue du dit port de plus de six à sept pieds de haut en dessus du pavé, qu’elle est allée se jeter et se joindre avec beaucoup de rapidité dans le bassin du quai, qu’elle est entrée dans toutes les boutiques et maisons du port à plus des deux tiers du rez-de-chaussée, qu’elle y a fait un dommage considérable dans les marchandises des marchands du dit port, surtout dans celles des sels qu’elle a entièrement emportés et fondus ; les marchands et habitants de ce faubourg ont été obligés de se retirer avec toute leur famille dans leur chambre haute, presque  sans aucun vivre ni subsistance, et ce pendant cinq à six jours sans pouvoir sortir de leur maison, ni qu’il fût  possible de leur porter aucun secours. »
« Cette inondation a été si violente qu’elle a renversé et emporté plusieurs moulins, chaussées et quantité de maisons du dit faubourg du port de cette ville. Elle a enfin fait tant de ravage qu’elle a occasionné des dégradations très considérables et très coûteuses  qui sont à la charge de ce dit hôtel-de-ville, tant aux ponts, quaihavre, bassin et murs de cette dite ville desquelles il est nécessaire d’en faire ici le détail. »
Les experts nommés pour cette visite qui se faisait le onze mars estimèrent à 8,140 livres les dommages causés au havre et bassin (1). On remarquera qu’il n’est pas question de ceux qu’il pouvait y avoir, qu’il y avait certainement en aval de Niort au canal et aux écluses.
(1) … Nous dits experts sommes transportés sur le quai ou havre du port où nous avons trouvé deux brèches au dit quai renversées dans le bassin où arrivent et déchargent les bateaux pour le commerce, la première desquelles brèches est de la longueur de douze toises sur neuf pieds de large et de douze pieds de hauteur et la seconde est de sept toises de longueur sur quinze pieds de hauteur, avons aussi vu et examiné la première cale ou décharge de bateaux à l’entrée du bassin que nous avons trouvé totalement dépavée et les terres qui forment la pente de la dite cale emportées dans le bassin…. pour rétablir les dites deux brèches et la cale comme elles étaient ci-devant estimons la dépense à la somme de deux mille cent quarante livres,
…. Avons pareillement vu et examiné et fait attention à la dépense qu’il convient absolument faire pour le nettoiement du havre ou bassin qui est presque rempli et comblé par les débris des moulins, chaussées, maisons renversées et emportées, brèches, pavés et immondices des rues et de toute part entraînées par les dites eaux dans le dit bassin, de manière qu’il est impossible que les bateaux puissent arriver jusqu’à la cale de décharge, laquelle dépense nous estimons la somme de six mille livres.

Source : Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres, 3e série, tome 5, 1888

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Bibliographie :

1747 – 1860 – Les inondations de la Charente, de la Tardoire, de la Boutonne et du Né
http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article687

Inondations en France en 1935 et 1936 – Maurice Pardé -  Annales de Géographie  – 1937
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1937_num_46_260_12162

Périodicité des grandes inondations et crues exceptionnelles – Maurice Pardé  – Revue de géographie alpine – 1928
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1928_num_16_2_4457

Les inondations désastreuses de mars 1930 – Maurice Pardé – Annales de Géographie   1930
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1930_num_39_219_10084

Maîtrise de l’eau et société en Marais Poitevin (vers 1150-1283) – Jean-Luc Sarrazin – Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest  – 1985
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1985_num_92_4_3196

L’évolution urbaine de Niort  – J. Miquet -  Norois  Année  – 1967
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182x_1967_num_55_1_1566

Les inondations de février 1904 à Nantes (on parle aussi de celle de 1936) :
http://www.archives.nantes.fr/pages/RESSOURCES/actualites/inondations_1904.htm

1711 – Extrait du livre nord de Cérémonial concernant la grande inondation de la Loire en février et mars 1711 : Au mois de février et mars 1711, il y a eu une si grande inondation de la rivière de Loire que cinq arches du pont de Pirmil ont été renversées ; la pluspart des ponts de la Madeleine renversés, aussi bien que ceux de la Belle-Croix, Pont-Rousseau, le bas de la Motte Saint-Pierre, etc… Les eaux ont été si grandes qu’on alloit en batteau depuis la rue du Port-Maillard, jusqu’à la porte Saint-Nicolas, passant par le Bouffay… sans cependant qu’il soit pery que cinq à six personnes ; … il n’y a eu aussy que cinq à six maisons renversées sur les ponts ; mais la plus grande partie des maisons et héritages des bords de la Loire ont été ruinées et renversées, ce qui n’a pas été retably et ne le sera de longtemps par la grande misère et la grande quantité de sables que les grandes eaux ont laissées… » —
http://www.archives.nantes.fr/pages/HISTORIQUE/IMAGES/fonds/grandes/EE236_5.htm

Des pluies persistantes du 28 décembre 1935 au 11 janvier 1936 provoquent d’importantes inondations dans l’ouest de la France.
Les inondations de janvier 1936 resteront gravées dans les mémoires.
http://pluiesextremes.meteo.fr/1936-01-10/inondations-dans-l-ouest-de-la-france.html

Les inondations en France depuis le VIe siècle jusqu’à nos jours – Maurice Champion (1824-1878) – Il y a 6 volumes qui sont sur le net.

L’œuvre de Maurice Champion – Denis Coeur
http://www.hydrologie.org/BIB/champion/oeuvre/CHAMP.pdf

L’évolution du risque d’inondation dans la vallée de l’Hers Mort (à l’Est de Toulouse) :
Mémoire de Nicolas Favre, maîtrise de géographie, juin 2004, Université Toulouse, le Mirail.
http://www.aquadoc.fr/IMG/pdf/01_memoire_inondation_Hers_Favre_introduction_et_sommaire.pdf

Partie 1 :
La vallée de l’Hers Mort, une région en mutation face au risque d’inondation
http://www.aquadoc.fr/IMG/pdf/02_memoire_inondation_Hers_Favre_partie_01.pdf

Partie 2 :
Le risque d’inondation du XVIe siècle à nos jours
http://www.aquadoc.fr/IMG/pdf/03_memoire_inondation_Hers_Favre_partie_02.pdf

Partie 3 :
Le SIG : un outil d’aide à la décision
http://www.aquadoc.fr/IMG/pdf/04_memoire_inondation_Hers_Favre_partie_03_A_debut.pdf

 

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Thouars – La grande Foire des Rois

THOUARS – LA FOIRE DES ROIS

 

C’était… Il n’y a pas si longtemps…

 

LA FOIRE DES ROIS. — C’est aujourd’hui mercredi qu’aura lieu la grande foire annuelle des Rois.
Puisse le beau temps être de la partie, afin de donner à cette manifestation commerciale toute l’ampleur désirable et afin de permettre à ses nombreux visiteurs d’arroser, suivant la coutume, du bon vin des crus thouarsais les traditionnels « gàtiaux et galettes des rois ».
L’OUEST-ÉCLAIR – ÉDITION VENDÉE – 7 janvier 1931

 

LA FOIRE DES ROIS. — Malgré le temps froid de mercredi matin de nombreuses personnes. sont venues à Thouars pour la grande foire annuelle dite des « Rois ». Après les transactions commerciales du matin l’après-midi fut consacrée à l’achat des traditionnelles galettes des rois qui furent mangées ensuite dans les cafés de la ville entre parents ou amis. Il va sans dire que comme le veut la coutume ceux qui eurent la fève remplacée maintenant par différents petits sujets en porcelaine furent mis à l’amende d’une bouteille supplémentaire.
Aux rires et à la gaité qui régnaient à toutes les tables on pouvait facilement se rendre compte que la vieille coutume des Rois était encore vivace à Thouars.
L’OUEST-ÉCLAIR – ÉDITION VENDÉE – 11 janvier 1931

 

LA FOIRE DES ROIS. — On sait que parmi les foires inamovibles de l’année figure celle du 7 janvier dite foire des Rois.
Celle-ci aura donc lieu samedi prochain et comme tous les ans de nombreux visiteurs ne manqueront pas de venir manger les traditionnels et succulentes galettes des Rois.
De plus, cette année la jeunesse pourra se livrer à son plaisir favori, car un parquet sera installé place Lavault avec orchestre jazz Harpaillé-Gou-deau ; il y aura également de nombreuses attractions foraines : tirs, loteries, etc..
L’OUEST-ÉCLAIR – ÉDITION VENDÉE – 1er janvier 1933

 

LA FOIRE DES ROIS. — Pour la grande foire des Rois un parquet de danse  sera installé samedi sur la place  Lavault.
A cette occasion le réputé « Sin-Fo-Nic-Jazz » de Thouars fera danser à l’établissement Naudon, également place Lavault.
L’OUEST-ÉCLAIR – ÉDITION VENDÉE – 6 janvier 1933

 

FOIRE DES ROIS. — La foire du 7 janvier, dite Foire des Rois, attire toujours à Thouars une affluence considérable de Jeunes gens des environs qui viennent s’amuser dans notre cité n physique et ne repartent jamais sans avoir acheté la traditionnelle galette. C’est dire que ce jour-là à Thouars les pâtissiers ne chôment guère. A cette occasion, la place Lauvault est toujours garnie d’attractions nombreuses qui dans notre ville. font recette, surtout lorsque le temps s’y prête. Espérons que Espérons que la température clémente dont nous sommes gratifiés actuellement se prolongera jusqu’à cette date, car déjà les ménageries, tir et confiseries abondent sur notre champ de foire.
L’OUEST-ÉCLAIR – ÉDITION VENDÉE – 31 décembre 1934

 

FOIRE DES ROIS. — Les attractions se montent de plus en plus nombreuses sur notre place Lavault.
Déjà nous pouvons admirer, l’auto-skooter, la Roue Joyeuse, la Grande Ménagerie Lambert, le Water-chute, le jeu de la lune, etc…
Si le temps le permet, il y aura foule demain dans notre ville, où les visiteurs pourront facilement s’y rendre en utilisant les divers services spéciaux de trains et d’autocars, mis en circulation à l’occasion de ladite foire des rois.
L’OUEST-ÉCLAIR – ÉDITION VENDÉE – 6 janvier 1935

 

LA GRANDE FOIRE DES ROIS A THOUARS
Depuis les temps les plus reculés, la tradition veut que chaque année, le 7 janvier, les habitants de toutes les campagnes environnantes se donnent rendez-vous à Thouars, ce jour-là, pour assister à la fameuse foire des Rois.
Autrefois, au temps des chevaux et des voitures, on voyait arriver dès le matin de longues processions de carioles et de tilburys, d’où descendaient de fraîches paysannes charmantes sous leur gracieuse coiffure tourangelle et de gais lurons qui, pour la circonstance, arboraient le fameux col à manger de la tarte… C’était le jour, n’est-ce pas, car chacun sait qu’avant le retour à la ferme lointaine, chaque promeneur emportera, non pas la tarte, mais la galette, la traditionnelle galette des rois, que l’on mangera le soir en famille, alors que dans les verres pétillera le petit vin blanc de la dernière récolte, que l’on boira tout à l’heure à la santé du roi ou de la reine !
On s’amusait alors à Thouars ce jour-là !
C’était une véritable assemblée, une ballade. On y venait un peu pour le commerce, très peu ; mais surtout, c’était pour voir les attractions : manèges, ménageries, baraques de lutteurs, etc… et pour danser sous de grands « parquets » posés ça et là sur notre immense place Lavault, et où toute la jeunesse virevoltait aux sons d’un violon criard ou d’un piston asthmatique…
Heureux temps… Heureuse jeunesse !
Mais vint la guerre, qui bouleversa nos traditions, et depuis lors, la foire des Rois ne connut plus que de maigres succès : les manèges, les jeux, les bals avaient déserté notre champ de foire,  et avec eux la foule des promeneurs, la joyeuse jeunesse.
On y venait par habitude, pour acheter la galette, mais on repartait vite, puisque rien ne retenait.
L’année dernière, pourtant, la foire des Rois parut revivre ; la foule vint plus nombreuse, et les autobus et trains  spéciaux firent de bonnes affaires.
Déjà quelques manèges et baraques foraines avaient eu la bonne idée de s’installer sur la place, et il faut croire que leurs propriétaires avaient gardé bon souvenir de cette foire, car cette année ils sont revenus, et avec eux d’autres, bien d’autres…
Est-ce un retour aux splendeurs d’antan. Nous le souhaitons de tout cœur.
En tout cas, le 7 janvier, à Thouars, il y eut une vraie foule qui, consciencieusement, pataugea trois heures durant dans un véritable marécage, car l’état de notre place Lavault est épouvantable pour peu qu’il tombe de l’eau la veille, et c’était le cas !
Il y eut donc beaucoup de monde, et les nombreuses attractions firent recette, et quoi qu’il n’y eut plus de « parquets », les jeunes gens et les jeunes filles eurent au moins la satisfaction de ne rien perdre au change, puisqu’il leur fut possible de daanser à l’Hôtel du Dauphin et à la Brasserie Excelsior, aux sons de jazz et de pick-up perfectionnés.
Mais les plus satisfaits furent, dit-on,  les pâtissiers, qui virent s’enlever littéralement les gigantesques piles de gâteaux préparés la veille.
Et l’on revit, le soir venu, les habitants de notre campagne thouarsaise regagner qui l’auto-car, qui sa voiture particulière, emportant précieusement serrée sous leurs bras la traditionnelle galette des rois, qu’ils mangeront le soir en famille, « à la veillée », accomplissant le même rite à un siècle d’intervalle, que leurs aïeux en blouse et chapeau rond !
L’OUEST-ÉCLAIR – ÉDITION VENDÉE – 9 janvier 1935

 

 

L’OUEST-ÉCLAIR – ÉDITION VENDÉE – 11 janvier 1935

 

L’OUEST-ÉCLAIR – ÉDITION VENDÉE – 5 janvier 1936

 

LA FOIRE DES ROIS. — Depuis déjà une semaine, une grande animation règne sur notre place Lavault.
Les attractions multiples en garnissent le centre, cependant que boutiques de confiseurs, tirs et loteries s’alignent sur les deux côtés. S’il fait beau, il y aura la grande foule à Thouars, et les pâtissiers feront de bonnes affaires. Ils ont déjà pris leur avance, car des piles de galettes s’échafaudent derrière les vitrines.
Ces galettes, on les découpera demain soir, au milieu de l’allégresse générale, dans l’anxiété joyeuse de savoir …. qui sera roi !
L’OUEST-ÉCLAIR – ÉDITION VENDÉE – 6 janvier 1937

 

LE PETIT PARISIEN – 8 janvier 1929
Il a dû faire grand froid avec d’abondantes chutes de neige en France, car dans sa première page ce journal mentionne :
Dans la région parisienne et le Midi, c’est le dégel.
… Désespoir à Thouars aussi, où la foire des « rois » a été désertées malgré de croustillants préparatifs.

 

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LA LÉGENDE DE L’ILE DE FAUSSEBRIE

LA LÉGENDE DE L’ILE DE FAUSSEBRIE

Sur la limite du territoire Poitevin, près des rivages de la Sèvre-Niortaise et de la Vendée, on rencontre deux antiques îles, l’une appelée l’Ile d’Elle et l’autre appelée l’Ile de Faussebrie.
La première, avant la Révolution française, faisait partie de l’Aunis et l’autre appartenait à la province de Poitiers ; là, dans les temps anciens existait un monastère dépendant de celui de Saint-Maixent.
La rivière nommée Vendée passait entre ces deux îles, pour se joindre à la Sèvre-Niortaise, et faisait la séparation du Poitou et de l’Aunis.
L’Ile de Faussebrie, élevée au-dessus du niveau du marais de dix mètres environ est, d’après l’antique tradition, habitée dans ses souterrains par des Larrons. Ces Larrons sont des Génies préposés à la garde des trésors qu’on suppose enfouis dans ces lieux.
Il y a déjà bien longtemps, une femme tenant entre ses bras une fille de deux à trois ans, et se promenant à Faussebrie, aperçut une grande porte entr’ouverte à l’entrée des caveaux. La curiosité la fit approcher et quel ne fut pas son étonnement ? Elle vit une quantité d’or, d’argent et de pièces monnayées. Elle voulut en ramasser et pour mieux réussir elle déposa son enfant sur la terre.
Elle recueillit tout ce qu’elle put d’or et d’argent, dans la dorne de son tablier aussitôt la porte se ferma avec vigueur et l’enfant se trouva renfermée dans le souterrain.
La mère essaya plusieurs fois d’ouvrir la porte, mais ce fut en vain. Désolée, elle partit sur le champ raconter son aventure au curé d’Elle, qui lui dit de lui remettre en mains tout l’or et l’argent que contenait son tablier.
Ce prêtre en prit une poignée, la jeta en l’air et tout l’or et l’argent disparurent emportés par une main invisible.
Mais ce n’était pas tout il s’agissait de délivrer l’enfant de sa prison.
Le curé d’Elle, avec une nombreuse assistance, partit en procession pour Faussebrie. Arrivé dans l’île, il prit son étole, fit plusieurs fois le signe de la croix, aspergea la porte d’eau bénite, fit une prière et un exorcisme et aussitôt la porte s’entr’ouvrit.
L’enfant était assise au fond du souterrain, n’ayant aucun mal. Le curé d’Elle la prit entre ses bras et la remit à sa mère. Aussitôt la porte se referma, pour ne plus jamais se rouvrir.

JEAN SIMONNEAU

La Tradition – Revue générale des contes, légendes, chants, usages, traditions et arts populaires – Emile Blémont et Henry Carnoy – Janvier 1903

Carte de Cassini (IGN). Faussebrie se trouve au Nord-Est de l’Ile d’Elle.

 

Carte d’Etat-Major – 1841 – IGN

L’IGN a mis sur son site des cartes de Cassini et d’Etat-Major au format JP2, que l’on peut télécharger.

Elles ne sont pas facile à trouver… Accès par le lien :

http://loisirs.ign.fr/visuRechCarto.do

En bas, à droite, une carte de France : cliquer sur Poitou-Charentes

A gauche, sous produits : « Cartes anciennes », cliquez Cassini ou Etat-Major.

Cliquer ensuite sur la partie de la carte de France qui est quadrillée, s’ouvre alors une fenêtre de téléchargement. Les fichiers téléchargés sont au format JP2. Cliquer sur « aide » de la fenêtre de téléchargement. Cela ouvre le lien suivant :

http://loisirs.ign.fr/partage/ca/faq_jp2/index.html

Remarque : pour lire les fichiers JP2, il faut un logiciel tel que IrfanView, les logiciels de traitement d’image tels que Photofiltre, Gimp, etc … ne savent pas lire ce format. Les fichiers téléchargés font : 50 Mo (Cassini) et 100 Mo (Etat-Major). Si par exemple on ouvre un fichier Etat-Major avec IrfanView et que ensuite on le sauvegarde sous le format JGP, on risque d’avoir un message lié à un pb de mémoire… De plus l’opération peut-être longue (on croit que l’écran est bloqué). La sauvegarde en format Tif ou Bmp ne cause pas ce désagrément de mémoire (mais faut être patient). Le passage du format Tif (le fichier fait 1 Go !) en JPG avec un programme tel que Gimp fonctionne….

Dossier Cassini : l’EHESS (L’École des hautes études en sciences sociales), propose sur son site un dossier Cassini très complet. On peut télécharger des dossiers.

http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/index.htm

On peut accéder par le site de l’école, en utilisant le moteur de recherche interne (mettre Cassini dans la fenêtre « recherche »)

http://www.ehess.fr/fr/

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Toujours sur les cartes

Arte et l’émission « le dessous des cartes » : trois films
L’IGN dans Le Dessous des cartes
http://www.ign.fr/institut/82/dossiers/l-ign-dans-le-dessous-des-cartes.htm

Le film sur Cassini est accessible en ce moment :
http://videos.arte.tv/fr/videos/le_dessous_des_cartes-4299416.html

Retour sur une épopée cartographique initiée à la fin du XVIIe siècle par Colbert et Louis XIV, et qui aboutira, sous le règne de Louis XV, à la création de la première carte détaillée du Royaume de France. Ce projet, qui commence à la création, en 1666, de l’Académie des sciences et qui fut mené par toute une génération de cartographes, les Cassini, posera les bases de la cartographie moderne.

Et sur Youtube et Dailymotion
http://www.youtube.com/watch?v=BWJVs3nep7c&context=C316f21dADOEgsToPDskLUMHzWDsK-1HOUqLHxJp2R

http://www.dailymotion.com/video/xn8ig6_le-dessous-des-cartes_tv

Une exposition sur le site de la médiathèque François Mitterrand de Poitiers (un chapitre sur la cartographie en Poitou) :
http://www.bm-poitiers.fr/medias/medias.aspx?INSTANCE=EXPLOITATION&PORTAL_ID=portal_model_instance__theatre_poitevin.xml

Des cartes anciennes du Poitou :
http://www.cc-parthenay.fr/peintres_1900/PAGES%20DESSINATEURS/cadre_dessinateurs.htm

Dont les cartes de la Gâtine du 16e au 19e siècle :
http://www.cc-parthenay.fr/peintres_1900/DESSINATEURS/PRESENTATION/geometres_et_cartographes.htm

La carte du Poitou de Pierre Rogiers (1579) :
http://abcd.ville-larochesuryon.fr/lrsy/files/w_panneau_a1.pdf

Carte que l’on a avec une bonne définition sur :
http://www.flickr.com/photos/bjacques/5473037271/sizes/o/in/photostream/

D’autres cartes du Poitou : les cartes de Nicolas Sanson (1690), avec une bonne définition :
Partie méridionale de l’évesché de Poictiers :
http://www.flickr.com/photos/normanbleventhalmapcenter/5121159340/sizes/o/in/photostream/

Partie septentrionale de l’evesché de Poictiers : les eslections de Chastelleraud, de Richelieu, de Loudun
http://www.flickr.com/photos/normanbleventhalmapcenter/5120555355/sizes/o/in/photostream/

Bien sûr ces cartes sont aussi sur le site de la BNF

Toujours pour le Poitou :
Le site des Archives de la Vendée et son moteur de recherche (chercher « cartes du Poitou »)
http://archives.vendee.fr/
avec par exemple : 24 Fi – Fonds de cartes et plans (XVIe-XXe siècles) – Dépôt de la ville de Luçon

Toujours sur la cartographie et la Charente-Maritime, un travail très intéressant :
Mobilité du trait de côte et cartographie historique
http://lienss.univ-larochelle.fr/IMG/pdf/VS_J2_1_Frederic_Pouget.pdf

Si l’on veut une carte qui date du temps de l’empire Romain : « la Table de Peutinger »
http://gen3553.pagesperso-orange.fr/peutinger.htm
La voie romaine dite « chemin Boisné » sur la table de Peutinger :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chemin_Boisn%C3%A9

http://eric.hurtebis.chez-alice.fr/peutinge.htm

La Saintonge d’après les cartes anciennes, de la Table de Peutinger à la carte de Cassini
http://www.histoirepassion.eu/spip.php?article29

Autres documents sur les voies de communication en Poitou :
De l’ancien Poitou et de sa capitale – Julien Michel Dufour – 1826
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5403758h

Les chemins gaulois et romains entre la Loire et la Gironde – Auguste François Lièvre
Plusieurs éditions sur Internet, dont une de 1893 (Niort)
http://www.archive.org/details/lescheminsgaulo00ligoog

Par voies et par chemins – Léo Desaivre – Niort – 1908
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5772671c

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DEVINETTES DU POITOU – EN PATOIS

DEVINETTES DU POITOU

1. Qu’est-o tchieu :
—-Mocieu sort, l’au moet pas
—-Madame ne dort pas
—-Mocieu est rontré l’au z’at mis
—-Madame at dormi ?

Le courail (verrou) de la porte….

2. Qu’est-o tchieu :
—-Té t’en as, mé ien’ai
—-Oll’ y en at tout pllein mais
—-Dons les bois de la Meilleraye ?

De l’ombre….

3. Qu’est-o tchieu :
—-Tâte-li le fond, manie-li le poel
—-Regarde, si l’ontraie te convint ?

In chapiâ (Chapeau)….

4. Qu’est-o tchieu :
—-Quatre tchieussères dons le fond
—-In p’tit ziguesin dans le mitont ?

In caléâ (Une noix)….

5. Qu’est-o tchieu :
—- Poélu deçay. Poélu delay
—- Levé la jombe i t’au moettrai ?

Ine chausse (bas)….

6. Qu’est-o tchieu :
—-Qui travarse la rivière sans foaire d’ombre ?

Le son de la cloche….

7. Qu’est-o tchieu :
—-Grond père, maligne mère
—-In p’tit infont qui at le tchieu tout blonc ?

In chatâgne (Châtaigne)….

8. Qu’est-o tchieu :
—-Qui monge la vionde le jour et qui la neut luche muraille ?

In agllon (Aiguillon)…..

9. Qu’est-o tchieu :
—-In’armoaire à deux battants
—-Deux criminelles et in patient ?

In confessionnal….

10. Qu’est-o tchieu :
—-Qui at sept ales (ailes) et sept ous (os)
—-Et qu’on monge que coure oll’est mouc ?

In m’rèle (nèfle)….

11. Qu’est-o tchieu :
—-In’grond’ moaison qui n’a ni feut ni ch’minaie
—-Et qui naurrit deux faignants toute l’annaie ?

L’église….

12. Qu’est-o tchieu :
—-Qui est aussi chétit mort qu’en vie ?

Ine aronze (Ronce)….

13. Qu’est-o tchieu :
—-Ine petite gronge
—-Toute plleine de j’ments blonches ?

La goule (bouche) et les dents…..

14. Qu’est-o tchieu :
—-Qui monte au clochet sons ses jombes ?

Le fumaie (fumée)….

15. Qu’est-o tchieu :
—-Qui n’est ni barbe ni arbre et qui at tout de même d’aux feuilles ?

In livre….

16. Qu’est-o tchieu :
—-Qui est le pus segret de la maison ?

La basseil (seuil) de la porte qui voait tout pllein d’affaires et qui ne dit jamais rein….

17. Qu’est-o tchieu :
—-Qui a les cornes au tchiu ?

Le soufflet….

18. Qu’est-o tchieu :
—-I n’en jete qu’in et coure i vat le qu’ri ien trouve trois ?

In uff (oeuf) la coquille, le blanc et le jaune….

19. Qu’est-o tchieu :
—-Qui est toujours mouillé et qui ne pourrit jamais ?

La laingue…..

20. Coure le buff s’rat et le pus rond ?
Coure le peurat se luchaie le dârre.

Source : R. M. LACUVE – Revue des Traditions Populaires – 14e Année – Tome XIV – N° 12 – Décembre 1899

René Marie LACUVE, instituteur public, membre de la Société des Traditions Populaires est né à Melle le 22 mai 1845, fils naturel de Marie LACUVE

Il signe ses travaux aussi sous le sous de Lathiube.

 

 

 


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Le voyage d’Alfred dans les Deux-Sèvres en 1835

Alfred Dorville, 16 ans, est un fils « de bonne famille », et il entreprend avec son frère appelé dans le récit « Dorville », un voyage dans toute la France. Ce frère aîné étant une sorte de tuteur, un « mentor ». On est en 1835.

« Ce que je veux maintenant, c’est que mon frère s’instruise eu s’amusant, je veux qu’en voyageant il apprenne à connaître les contrées qu’il parcourra, leurs villes et leurs habitans, les principaux traits de leur histoire, les monumens des arts, ceux de la nature. C’est ainsi qu’il peut utilement préluder à des études plus approfondies ou plus sérieuses. Les connaissances qu’il aura d’abord acquises lui aplaniront la route, et l’expérience qui sera le premier résultat de ses voyages, le conduira peut-être dans la suite plus sûrement que ne sauraient le faire des conseils qui ne seraient pas immédiatement appuyés sur des faits. »

Après avoir visité la Touraine, ils arrivent dans le Poitou, ils commencent par visiter la Vienne, Châtellerault et Poitiers, rencontrent un Niortais à Poitiers, avec qui ils font le trajet Poitiers-Niort et qui leur parle des Deux-Sèvres. Ce Niortais fait la part belle à sa ville, le reste du département, hé bien c’est pas terrible !!!!

CHAPITRE V

Maine et Loire ou Anjou – Indre et Loire ou Touraine – Vienne, Deux-Sèvres, Vendée ou l’ancien Poitou.

Le département de la Vienne, le Poitou, pour mieux dire car les Deux-Sèvres et la Vendée offrent le même caractère, se compose de plaines, de coteaux, de montagnes rocheuses de bruyères et de marais. Ses campagnes, comme tu as pu déjà t’en convaincre produisent un nombre infini de noyers d’où l’on tire une grande quantité d’huile. Le bois de chauffage et de construction est commun dans quelques parages, rare en d’autres. Le gibier, le poisson, la volaille, n’y manquent point ; on y voit surtout des oies par troupes nombreuse. Les montagnes fournissent du fer, de l’antimoine du marbre, de la pierre à bâtir. Les naturalistes et les géologues y trouvent des pétrifications des coquillages marins, des bancs d’huîtres fossiles de trente pieds de profondeur où d’épaisseur et de plusieurs milles d’étendue.
D’un autre côté, le Poitou commerce en laines, en gros et menu bétail, en chevaux et mulets ; on en tire encore du lin, du chanvre, des peaux de chamois, des toiles, des serges, des lainages, du poisson frais et salé, de la bonneterie de la coutellerie, des cuirs, de l’angélique confite, et même des vipères qui servent à fabriquer la thériaque. Le Bas-Poitou jouit d’un meilleur sol que le Haut-Poitou ; mais il est exposé à voir souvent ses terres noyées.
Tout ce pays était autrefois habité par les Pictaves, qui formaient au temps de César, une des principales tribus celtes. Les Visigoths s’en emparèrent au cinquième siècle mais ils ne gardèrent pas leur conquête : les Francs, conduits par Clovis, vinrent la leur arracher. Alaric se défendit avec courage ; la fortune lui fut contraire. il périt dans les champs de Vouillé (1), de la main du prince franc. Cette province passa plus tard au pouvoir des ducs d’Aquitaine. La fameuse Éléonore de Guienne en rendit maître le roi d’Angleterre, Henri II, qu’elle épousa. Les Anglais retinrent le Poitou jusqu’au moment où Charles VII les expulsa du sol Français.
Alfred avait reconnu sans peine que son frère raisonnait juste ; mais il n’en fut pas moins choqué, en entrant dans Poitiers, de voir une grande ville presque déserte, mal construite, obscure, pleine de rues tortueuses, dépourvue de monumens et de beaux édifices. Il voulut voir, pour se dédommager,  les restes d’un amphithéâtre romain, d’un aqueduc et d’un de l’empereur Gallien, surtout la promenade du Pont-Guillon, d’où l’on jouit d’un très-beau coup d’œil. Ensuite il entraîna son frère jusqu’à Pierre-Levée, dolmen de druides, à une demi-lieue de la ville. Mais la vue d’un bloc de pierre long de trente pieds sur dix-sept, posé sur quatre ou cinq piliers, ne parut pas trop le payer de la peine qu’il avait prise. Il sourit lorsqu’il entendit son frère lui dire d’un ton fort sérieux : cette pierre, suivant les uns, n’était qu’une pierre tumulaire des anciens Pictes ; d’autres en parlent comme d’un monument celtique. Les érudits poitevins ne s’accordent pas, et jamais sans doute ils ne s’accorderont, car chacun d’eux s’appuie de graves autorités. Pour moi, je ne pense ni comme les premiers, ni comme les seconds, Je ne m’en rapporte pas même à la légende, suivant laquelle ce fut Sainte-Radegonde qui éleva de sa main ce monument, et qui pour cela porta le gros bloc sur sa tête et les piliers sous son bras. Je suis de l’avis de Rabelais ce fut Pantagruel qui, revenant de la promenade, trouva cette pierre, la prit sous son bras et vint la placer tout près de la ville, afin que les étudians de l’Université pussent y banqueter à force flacons, pâtés et jambons.
Cette sainte Radegonde, continua Dorville, était fille du roi de Thuringe. Après le meurtre de son père elle devint la proie de Clotaire, l’un des fils de Clovis. Sur la fin de ses jours, elle se retira dans un cloître où elle mourut, en 590. Son tombeau en marbre noir est placé dans une crypte derrière l’autel de l’église qui lui est consacrée, sur une grande table de pierre que supportent de petits piliers.
Dans leurs diverses excursions autour de Poitiers, nos deux voyageurs virent en passant la petite ville de Lusiguan, auprès de laquelle on aperçoit les ruines du château dont les seigneurs donnèrent une race de rois à Jérusalem reconquise ; celle de Montcontour, où les protestans commandés par Coligny furent défaits par l’armée royale, que conduisait le duc d’Anjou ; Châtellerault, ville d’environ dix mille âmes, où l’on traverse la Vienne sur un très bon pont, industrieuse, connue par sa manufacture d’armes blanches, et surtout ses ateliers de coutellerie ; Loudun, tristement célèbre par le sacrifice d’Urbain Grandier, accusé et convaincu, dirent les juges, d’avoir ensorcelé les ursulines (2), et bien évidemment immolé aux vengeances du cardinal de Richelieu, contre lequel il s’était permis, dit-on, quelque épigramme un peu vive ; Civaux, à une demi-journée de la capitale, remarquable par son cimetière, où l’on voit un grand nombre de cercueils de pierre avec leur couvercle de granit, placés verticalement, et qui suivant M. Millin, remontent aux premiers temps du christianisme, Ils rentrèrent à Poitiers par Vouillé, où Clovis défit les Goths, où, trois siècles plus tard, Charles Martel arrêta les Arabes venus d’Espagne.
L’un des objets qui avait le plus excité la curieuse attention d’Alfred, c’était le monument de Montmorillon, petite ville sur la Gartempe. C’est un temple gaulois de figure octogone, à demi ruiné, enfermé dans l’enceinte d’un ancien couvent. Il forme deux étages. Celui du dehors est moins vaste que l’autre, parce que les murs, depuis le sol jusqu’au plancher, sont d’une épaisseur énorme. L’étage supérieur est éclairé par huit ouvertures, dont l’une sert de porte. Un tuyau cylindrique, long de vingt ou vingt-quatre pieds, traverse la voûte et laisse pénétrer quelques rayons de lumière dans l’étage inférieur ; un escalier pratiqué dans l’épaisseur du mur servait de communication entre les deux étages. Huit figures humaines grossièrement sculptées ornent le dessus de la porte. L’une de ces figures semble représenter une divinité, la seconde une prêtresse des druides, les autres des druides.

(l) A quatre lieues de Poitiers.
(2) En 1634.

Le département des Deux-Sèvres paraît en général plus triste et moins fertile que celui de la Vienne ; aussi nos deux voyageurs ne firent-ils à Niort, qui en est le chef-lieu, qu’un séjour assez court. Les autres villes leur offraient trop peu d’intérêt pour qu’ils fussent tentés de les visiter. Ils se contentèrent de voir les environs de la capitale, et des renseignemens que leur fournit sur le reste un Niortais qu’ils avaient rencontré à Poitiers, et à qui Dorville avait offert une place dans sa chaise.
Vous verrez Niort, dit-il, je n’ai pas besoin de vous en parler ; je vous dirai seulement que, depuis quelques années, les habitans et nos administrateurs travaillent à remplacer par de nouveaux édifices les vieilles maisons qui encombrent notre ville de leurs ruines. Thouars, sur le Thouet, s’élève en amphithéâtre autour d’une colline de moyenne hauteur. Melle, sur la Boutonne, était jadis un pays de mines. Les rois de la première race y avaient un château. Il y a un singulier usage : tous les ans, le mardi de Pâque, les garçons, ou bacheliers, s’assemblent et procèdent en grande pompe à la nomination d’un capitaine de la bachelérie. L’élu est installé le dimanche de la Pentecôte. Cette association, au reste, n’a aucun but politique.
Saint Maixan, continua le Niortais, souffrit beaucoup dans les guerres de religion. Sa population, autrefois nombreuse, fut réduite à 5,000 âmes, et depuis elle n’a pas augmenté. On y vend beaucoup de mulets. Champ-de-Niers et Châtillon avaient autrefois des bachéleries ; on voit dans leur territoire plusieurs pierres-levées. Le plus remarquable de ces monumens est celui du bois de Simelonge. On a trouvé à l’entour beaucoup d’ossemens humaines. Parthenay, Saint-Loup, Bressuire, n’ont absolument rien de remarquable.  Seulement, je dirai que Saint-Loup a quelque droit à une mention. Voltaire était originaire de cette bourgade ; son père y était né, et il existe encore dans la contrée des Arouet issus de la même famille.
Nos voyageurs arrivaient à Niort au moment où le Niortais finissait ; ils remarquèrent plusieurs rues larges et bien alignées et d’assez belles maisons, une église gothique construite par les Anglais, une fontaine abondante, dite du Vivier, qui doit ses eaux à un puits artésien, une bibliothèque publique ; les bâtimens qui ont remplacé depuis très peu de temps l’hôtel-de-ville, autrefois demeure d’Éléonore de Guienne ; deux ou trois tours qui ont servi longtemps de prisons reste de l’ancien château. Un de ces donjons a vu naître la fameuse Françoise d’Aubigné, qui, réduite à l’indigence par les malheurs de sa famille, se trouva heureuse de pouvoir devenir l’épouse de Scarron, et qui, par un étrange caprice de la fortune, de veuve du poète devint femme de Louis XIV, sous le titre modeste de marquise de Maintenon.
Les alentours de Niort sont agréables ; la végétation y est forte et vigoureuse. Dorville mesura un tilleul dont le tronc avait environ quinze pieds de diamètre, et dont les branches, disposées et dirigées avec art, ont l’apparence d’autant d’arbres qui tous sortent d’un tronc commun :  c’est une espèce de bois aérien porté sur une seule tige.
Les gens de la campagne, dans le département des Deux-Sèvres, paraissent aimer les distractions et l’amusement.  Tout le temps de la moisson est pour eux temps de fête ; les jeux les délassent de leurs travaux. A la Toussaint, fêtes nouvelles ; on allume le brazillet, c’est-à-dire des feux champêtres, pour faire cuire des châtaignes. A la Saint-Jean, ce sont des feux de joie auxquels, pour l’ordinaire, c’est le curé du village qui attache le feu ; durant tout l’été, ce sont des danses ou ballades, qui ont lieu aux fêtes patronales des villages. Les foires sont encore une occasion de réunions et de divertissemens. Au fond, l’habitant des plaines a plus de bienveillance et de franchise que le montagnard ou que l’habitant des marais. Celui-ci, vivant de chasse et de pêche, accoutumé à la solitude, est sombre, taciturne, un peu sauvage le paysan des montagnes est soupçonneux, méfiant, attaché à ses habitudes et aux forêts qu’il habite.

Les deux frères entrèrent dans la Vendée par Fontenay. Les Vendéens, dit Dorville, ressemblent aux habitans des Deux-Sèvres ;  seulement ils sont en général de plus petite taille et ils paraissent moins robustes. Ce sont là pourtant les hommes qui en 1793 et en 1832, soit par attachement opiniâtre à leurs anciennes habitudes, soit par dévouement à l’ancienne monarchie, se sont mis en révolte ouverte contre le gouvernement adopté par le reste de la France, ont soutenu par les armes l’insurrection qu’ils regardaient comme un devoir, et, malgré de sanglantes défaites, ont persévéré avec une inébranlable constance dans le parti qu’ils avaient embrassé.
Fontenay, peuplé de 7 à 8,000 âmes, est la plus grande ville du département, quoiqu’elle n’en soit pas le chef-lieu. Dans l’origine, elle ne se composa que de quelques cabanes de pêcheurs ; le comte de Poitou y fit construire un château ; bientôt après le château s’entoura de maisons. Plus tard, la population augmentant, on construisit des faubourgs : ils sont aujourd’hui aussi considérables et mieux bâtis que la ville, qui n’offre rien de remarquable que sa flèche, qui a 294 pieds de hauteur. Ce fut d’un couvent de cordeliers de Fontenay que sortit le fameux curé de Meudon.
En passant à Luçon, nos voyageurs virent le canal qui va de cette ville à la mer, et l’écluse par laquelle les eaux s’y introduisent au moment du flux. Ils traversèrent ensuite la ville d’Olonne ou des Sables d’Olonne, où les habitans, dont on porte le nombre à 5,000 parviennent presque tous à un âge très avancé, ce qu’ils doivent sans doute à l’air pur qu’ils respirent ; on ajoute qu’ils sont espagnols d’origine : leur teint basané semble donner quelque poids à cette assertion. Arrivés sur le soir à Bourbon-Vendée, ville moderne, bâtie sur l’emplacement de la Roche-sur-Yon, les deux frères eurent encore le temps de voir les promenades et quelques édifices assez beaux ; mais ils trouvèrent les rues et les places presque désertes. Cette ville construite pour une population présumée de quinze à vingt mille habitans, en renferme tout au plus quatre mille, et il n’est guère probable qu’elle prenne beaucoup d’accroissement à cause de sa situation loin de la mer et des rivières navigables. Napoléon y avait fait exécuter la plupart des travaux qu’on y remarque. Il voulait pacifier la Vendée après l’avoir soumise par les armes. Le meilleur moyen c’était d’y jeter une colonie, et d’attirer les naturels autour d’elle, en répandant sur eux, des bienfaits. Le département de la Vendée se divise en trois parties bien distinctes : le marais qui comprend tout le littoral et qui produit d’excellent grain ; la plaine, d’où l’on tire des grains et des légumes de toute espèce ; le bocage, tout entrecoupé de haies, de vergers, de bois de vignobles, de collines, de ravins. La plaine est exclusivement réservée pour la culture des terres; le marais nourrit de superbe bétail dans ses pâturages on en tire des roseaux pour couvrir les chaumières ; la côte fournit des sardines, les salines donnent beaucoup de sel. Les terrains couverts abondent en gibier ; mais après les pluies chaudes de l’été on y trouve beaucoup de vipères et d’autres reptiles malfaisans.
Il y a plusieurs îles sur la côte de la Vendée. La plus considérable est celle de Noirmoutier, dont le sol d’une extrême fertilité mais plus bas que le niveau de la mer, exige des habitans des travaux continuels. Une digue d’environ douze mille toises de longueur s’oppose aux envabissemens de la mer, et chaque jour encore on travaille à la consolider.

Alfred ou le jeune voyageur en France. Ouvrage dédié à la jeunesse. Par M. de Marlès. Auteur des Merveilles de la nature et de l’art dans les cinq parties du monde, de de l’Histoire des Arabes en Espagne, de l’Histoire générale de l’Inde, etc.
Paris, Didier, libraire-Editeur, 1835.

Jules Lacroix de Marlès est un écrivain catholique et historien français du XIXe siècle. Il est l’un des principaux rédacteurs de l’Encyclopédie Catholique. (Wikipédia).

Ce voyage en Poitou est commenté dans :
http://www.cc-parthenay.fr/parthenay/creparth/caliber-sainque/biblio/Alfred_ou_Jeune_voyageur_france.pdf

 

 

 

 

 

 

 

 

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De la sorcellerie en Poitou en plein XXe siècle

Les sorts et l’envoûtement existeraient-ils encore ?

Les amateurs de cinéma ont de fréquentes occasions de voir défiler sur l’écran des scènes de sorcellerie surprises dans la brousse des colonies par d’audacieux chasseurs d’images. chaque fois les pratiques bizarres  des sorciers sauvagement accoutrés provoquent des rires et des lazzis. Pourtant, les pays civilisés ne sont point exempts de telles superstitions ; et si les sorciers n’y revêtent point d’étranges costumes, on y croit, néanmoins, au plus profond des cœurs a leur plus funeste influence. De fait, le « sorcier » existe, mais il s’est adapté à la vie moderne. Il va au plus grand café de la ville. Il voyage en auto, déjeune au meilleur restaurant. Il remplit même des fonctions publiques. Nous en connaissons un qui est conseiller général de son canton.
Le département des Deux-Sèvres, qui s’inscrit en bien des cas, à l’avant-garde de la culture intellectuelle et s’enorgueillit de ses sociétés d’éducation populaire, échappe-t-il à la règle générale ?
La chronique des faits-divers évoque, de temps en temps, des querelles de village suscitées par des gens qui se prétendent « ensorcelés ». La machine à battre de Sevreau a tourné, il y a quelques années, pendant deux nuits consécutives sans aucun moteur apparent. L’an dernier, le tribunal correctionnel de Parthenay a entendu d’honorables personnes lui certifier que deux femmes étaient devenues folles à la suite d’une « cure » chez un guérisseur qu’on soupçonnait d’être aussi sorcier.
Et, si l’on en croit l’imagination populaire, l’action des sorciers est encore plus étendue : on peut la retrouver dans la plupart des malheurs qui nous frappent.
Tous les membres d’une famille viennent-ils à tomber malades successivement ? Cette famille est « ensorcelée ». Les bêtes crèvent-elles à l’étable ? Un sort a été jeté sur l’étable. Le terrible mot d’envoûtement a même été prononcé récemment dans le marais poitevin à l’occasion d’une mort particulièrement tragique et émouvante.
Et puis que craint-on au juste quand on se marie en hâte à la fin d’avril pour que l’union ne soit pas consacrée en mai ? Pourquoi ce monsieur, bien habillé, pâlit-il quand les poignées de mains sont échangées en croix ? On en veut point non plus trinquer avec du café, et on refuse d’allumer une troisième cigarette à la même allumette.
Pour tout dire, nous sommes sûrs qu’il y a plus, à Niort, de sorciers que de médecins. pourtant les médecins ne manquent pas.
Nous nous proposons de recueillir quelques-une de ces histoires qu’on se raconte, à voix basse, le soir quand la porte est fermée au verrou. Nous le ferons sans aucune prétention à philosopher, car un journaliste peut se borner à écouter et à regarder. Peut-être notre besogne ne sera t-elle point facile car ce sont des sujets qu’on ne remue jamais devant un non-initié.
C’est à tel point qu’en l’état actuel des choses, il serait impossible de tenter, sur cette partie du folklore poitevin, un travail d’histoire ou de documentation, si objectif soit-il. Nous avons à faire à une véritable société secrète. On ne sait jamais ! L’envoûtement est si mystérieux !
Espérons que les sorciers montreront quelque indulgence envers l’auteur de ces lignes qui ne leur veut aucun mal et qui parlera d’eux, peut-être sans admiration enthousiaste ; mais aussi, sans ironie, ni mépris.

ÉCOUTEZ CELLE-CI …
LA RUINE
DU MARCHAND DE CHEVAUX

Le fait est assez récent. Un marchand de chevaux de la Gâtine engraissait ses bêtes dans le marais avant de les revendre. Ses affaires prospéraient à souhait, quand il s’entendit un jour dire : « Tu t’enrichis trop vite. C’est fini. »
Ce fut, en effet, fini. A partir de ce jour, il ne put plus revendre un cheval. toutes ses bêtes crevaient deux, ou trois jours avant d’être revendues. L’histoire nous a été racontée ainsi.

ET CELLE-LÀ
LA MORT DU SORCIER

Il y a quelques cinq ou six ans, vivait dans un bourg du marais un menuisier qu’on disait sorcier.
Par intermittences, le pauvre homme avait des envies de taper à tour de bras sur sa femme et ses enfants.
Un jour, dans un suprême effort de volonté, il se dit : « Je vais quitter ma maison et partir au loin. ». il vint à Niort et se fit accepter comme domestique dans un pensionnat.
On s’aperçut vite qu’il ne profitait jamais de ses jours de sortie. Excellent pêcheur, il se refusait à toute partie de pêche dans le Marais.
Un jour pourtant, il sortit… mais, il ne rentra pas. On le trouva mort dans sa petite maison du Marais, au coin de la cheminée.
Ne dit-on pas que le sort jeté sur le sorcier revient sur lui s’il n’arrive pas à le rejetter sur une autre personne ?

LE PRÊTRE
PLUS FIN QUE LE SORCIER

Un prêtre nous a raconté cette troisième. il s’était rendu, pour le denier du culte, dans un village de dix feux situé à une douzaine de kilomètres de Niort.
La première visite se passe très bien. La deuxième aussi. A la troisième, il est reçu par deux vieillards qui lui font un excellent accueil.
Mais dans la maison suivante, on l’interroge. A-t-il été à côté ? Oui ? Quel malheur ! Les deux vieux qu’il vient de visiter sont des sorciers.« La preuve, lui dit-on, l’étable est rongée, les vaches ne donnent pas de lait. » Et la maîtresse de céans, atteinte d’arthritisme, prétend que chacune de ses crises est provoquée par un sort du vieux voisin.
Or le vieux voisin se met quelque temps à labourer une vigne. Il attrape chaud et meurt deux jours plus tard.
Le prêtre, en revenant de l’enterrer, entend cette réflexion : « Nous le savions bien. Le curé était venu chez lui l’autre jour. Il a été plus fin que lui. Il la fait crever ».
Nous ayant raconté cette aventure, l’ecclésiastique ajouta : « Je n’ai jamais pu enlever cette idée de la tête des habitants du petit village. »
Il est vrai que la main droite du prêtre a été spécialement consacrée en vue d’exorciser… – (A suivre).

Fernand Daudin

L’Ouest-Éclair (édition de Vendée) – 30 avril 1933

Il y a une gravure « les langueyeurs de porcs »
Le langueyeur a pendant des siècles pratiqué un art consistant à déceler la ladrerie chez le porc destiné à la vente et le cas échéant, déjouer les malices de certains paysans habiles à masquer l’affection dont l’animal était atteint. (Wikipédia).

Un bon résumé sur :
http://www.histoire-en-questions.fr/metiers/langueyeurs.html

Le blog « modes de vie aux 16e, 17e siècles. à travers les actes notariés par Odile Halbert »
chercher langueyeur dans le moteur de recherche du blog

Des ouvrages :
Étude sur la ladrerie chez l’homme comparée à cette affection chez le porc, par le docteur Joseph Boyron – 1876
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5721625f

De la ladrerie du porc au point de vue de l’hygiène privée et publique – Auguste Delpech – 1864
http://books.google.fr/books?id=wWW-lPHGUGcC&hl=fr&pg=PA3#v=onepage&q&f=false

 

 

 

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