(la série d’articles sur le sujet des « enfants trouvés de Parthenay » a été rédigée par Guillaume Kalb avec l’aide de Paule Morin et a d’abord été publiée sur la liste de discussion CGW79 . Guillaume a souhaité les rendre disponibles à tous via ce blog et je l’en remercie. Je lui laisse maintenant la parole, pour cette préface et ces nombreux chapitres qui seront mis en ligne au fur et à mesure)
Préface | chapitre 1 | chapitre 2 | chapitre 3 | chapitre 4 part. 1 – part. 2 – part. 3
Monsieur le Maire de Parthenay
Dans le chapitre I je vous ai dit que pendant toute la période de 1841 – 1850 c’était Alexis AUDEBERT, le maire officier de l’Etat Civil, qui recevait les déclarants. Je ne suppose pas qu’il était toute la journée présent mais il a signé tous les actes. En chaque cas il n’a pas écrit tous les actes car ceux-ci ont été écrits par plusieurs mains. Alexis AUDEBERT apparaît dans cette fonction de maire officier de l’E.C. pour la première fois le 12 octobre 1835 (Naissances 1832-1835, Vue 223). Il a été maire de 1835 jusqu’à sa mort en 1855 (*1) sauf quelques mois en 1852. Monsieur le Maire est né à Thouars (Deux Sèvres) le 20 février 1788. Il a été baptisé dans la belle église romane Saint Laon (dédiée à Saint Lô, évêque de Coutances, 5e s.).
Thouars, Saint Laon, Vue 129/145 : |
Le 5 juillet 1819 il se marie avec Désirée Fanni GUYONNET, 18 ans, née et demeurant à Parthenay où son père est négociant. Audebert est alors aussi avocat avoué près du tribunal de l’arrondissement de Bressuire et adjoint au maire de Bressuire. Probablement il déménage tout de suite ou peu après son mariage à Parthenay car on le trouve là le 1er juillet 1820 quand il déclare son premier enfant, Fanni Estelle Audebert, née le 30 juin 1820.
Est-ce qu’il a joué un rôle important en nommant les enfants trouvés? Je ne pense pas, mais je peux me tromper. Je pense qu’il laisse cela à la déclarante (et l’écrivain de l’acte?) mais il se peut qu’il faisait du remue-méninges de temps en temps avec elle. Toujours est-il que l’hospice devait faire un dossier de chaque enfant trouvé et l’hospice (donc la supérieure) était responsable.
Déclarer un enfant trouvé :
Après que l’officier de l’Etat Civil est nommé, le texte de l’acte continue “…..est comparu” et alors ….c’est la déclarante qui entre en scène. Facile, sur les plus de 400 actes il n’y a que trois enfants qui n’ont pas été déclarés par les 2 dames ci-dessous. La qualification est toujours la même : … »est comparu Madame Sœur Saint(e) X religieuse hospitalière, supérieure de l’hospice de cette ville ».
De 1841 jusqu’au février 1846 ce « X » = AUGUSTIN. Le nom sans –e m’a étonné d’abord mais c’est toujours écrit ainsi et en plus elle signe “Sr St Augustin” (= sœur saint Augustin). Elle a pris donc le nom du grand Père de l’Église du 4e-5e siècle, évêque d’Hippone (Algérie) et c’est donc pourquoi on écrit “Sœur Saint Augustin » 2 fois sans -e.
Dans ces 5 années observées qu’elle était supérieure à Parthenay Sœur Saint Augustin n’a cédé sa place comme déclarante qu’une fois : le 25 juillet 1845 c’est Soeur Saint FLORIBERT, 56 ans, vice-supérieure qui déclare un enfant ‘par absence de Sœur Saint Augustin’ (Vue 93). Elle aussi porte un nom d’un saint homme comme nom religieux. Saint FLORIBERT était un disciple de saint AMAND (*2) , le grand évêque missionnaire (Flandres, Nord de la France et Pays Basque). Floribert lui a succédé comme abbé à Gand (Belgique) et il y + 661. Il y a un autre saint ‘belge’ qui s’appelait Floribert, celui-là a été évêque de Liège de 727 à 746. Il était le 2e évêque de Liège et…il a succédé son père, saint Hubert (c’était encore bien possible et légitime à l’époque). Son père était donc celui qui allait à la chasse un vendredi saint, légende bien connue, j’espère. Après il a changé sa vie et il était le premier prince-évêque de Liège de 708 – 726. J’ignore quel Floribert la sœur honorait en portant son nom.
Après le 3 mars 1846, le « X » = LÉOCADIE. Cette sœur est donc nommée à une sainte martyre espagnole du 4e siècle, patronne de la ville de Tolède et qui a donné son nom à un petit village dans les Hautes Pyrenées. À la fin de 1849 sœur Léocadie est toujours supérieure à Parthenay.
Pour être “complet’: Le 28 février 1847 l’enfant trouvé est déclaré par “Madame Sœur Saint LUCILLIEN religieuse hospitalière, remplissant les fonctions de supérieure en l’absence de madame Sainte Léocadie” et le 18 avril 1849 c’est la Sœur Saint HERBLAIN qui vient par la même cause: absence de Sœur Sainte Léocadie.
Vous voyez que ces 2 sœurs portent , comme sœur Augustin, un nom masculin. [dans un article antérieur j’avais dit que son nom était LUCILLION et j’avais cela pris comme une forme hypercoristique de LUCIE, mais ayant encore une fois mieux regardé, c’est LUCILLIEN et Saint et pas Sainte. LUCILLIEN était un martyr à Nicomédie (c’est dans l’actuelle région d’Izmit en Turquie). Parce qu’il n’a pas voulu rejeter sa foi chrétienne on l’a avec quelques autres torturé et tué en 273. On l’a crucifié mais pour varier un peu on a mis les clous dans ses genoux et aussi (dixit Nominis) ‘dans sa poitrine et tout son corps’.
HERBLAIN a eu sa commune en France, près de Nantes. Le nom de ce saint connait bien de variantes : Erblan, Erblon, Erblain, Arbland, Herblein et Hermeland. C’était un noble de Picardie qui a été élevé à la cour de Clotaire III, après il est allé dans l’abbaye de Fontenelle (plus tard cela s'appelle Wandrille) et sur demande de l’évêque de Nantes, Saint Pasquier, il est le premier abbé de l’Indre, une fondation monastique dans une île dans la Loire. + 718 (juste un peu au sud de la commune Saint-Herblain).
Les âges de ces sœurs? Ce n’est pas poli de demander l’âge aux dames mais cela est intéressant car cela montre que ce sont des femmes ni jeunes, ni (très) vieilles. Il faut de l’expérience et de l’autorité donc pas de ‘jeunes’ mais il faut aussi être en bonne santé et une certaine dureté surtout envers soi-même. Nous dirions aujourd’hui: il faut être un bon Manager et excellent organisateur en plus…il y a outre toute l'organisation aussi l’administration et il fallait gérer les finances (toujours trop sobres) donc pas de faibles, de non-instruites, de stressées etc.
Les 3 sœurs que nous ne rencontrons qu’une fois ont 56 (la vice-supérieure), 35 et 40 ans. Les 2 sœurs supérieures que nous suivent dans ces 10 années :
1. AUGUSTIN a 51 ans dans l’acte 1. de 1841 et en 1845 donc 55 mais en avril 1845 elle a 57 ans…et ça reste et donc quand elle part fin février/début mars 1846 elle a 58 ans.
Vient alors
2. LÉOCADIE en 1846 et elle a déjà 61 ans; chaque année une année de plus ( c’est comme tout le monde) mais…en 1850 ça reste 64 jusqu’à la fin de 1850. Devenu curieux j’ai regardé rapidement dans les registres après : Ha! 1851 65 ans mais…qu’est-ce que c’est? En juillet 64 et ça reste toute l’année. Si l’âge dans les premières années étaient correctes donc 61 ans en 1846 elle aurait dû avoir 73 ans en 1858…je trouve 68 ans. Cinq ans “gagnés”! Quoi donc, un boulot dur? Ma foi, ça rajeunit. [Je sais que ceci n’a aucune importance mais une bonne petite anecdote ça fait un peu de sel dans la soupe.] (*3)
Guillaume KALB
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(*1) : Je n’ai pas trouvé la date de son décès. En 1855 il signe encore les actes de naissances (dernier au 29 juin 1855), – de décès (dernier le 2 juillet 1855) et – mariage (dernier le 29 juin….à 6 heures du matin [le mariage était prévu à 8 h. du soir!]. Après c’est l’ adjoint au maire Emmanuel CHABOREAU qui remplit les fonction de l’officier de l’E.C. (en janvier il est encore 2e adjoint) de 11 juillet au 18 août 1855 (entre 28 juillet et 7 août AUDEBERT fait encore des actes ainsi qu’entre 4 et 17 septembre) Le 1er octobre il se dit “maire provisoire” et au 2 octobre “adjoint” dans l’acte de naissance et “maire” dans un acte de décès (4 heures auparavant) après c’est toujours “maire”. Je suppose que le 1er adjoint est décédé ou abdiqué , que Chaboneau est alors devenu 1er adjoint et que Audebert est décédé entre 18 septembre et le 1er octobre. Si quelqu’un connait la date de son décès, veuillez-le signaler s.v.p.
(*2) : Plusieurs communes portent son nom p.e. Saint-Amand-les-Eaux (Nord) où il est décédé mais aussi en Deux-Sèvres à un 60 km. nord-ouest de Parthenay tout près de la limite Vendée.
(*3) J’ai cru faire bien en regardant dans les registres après 1850 car
a. la Sœur avait donc en fait plus de 70 ans si les premières indications en 1846 au 1849 étaient correctes et il me semblait utile de savoir quand « l’époque » Léocadie finissait,
b. comme j’ai décidé, à juste titre ou à tort, d’aller en reculons je ne reviendra à 1851 après que j’aurai fait 1840 à 1793 et ce n’est pas avant 2016…quand je resterai en forme.