Nuit du 23 au 24 février 1935 : Un cyclone dévastateur sur les Deux-Sèvres

Un véritable cyclone ravage une partie de la France accumulant des dégâts considérables dans les Deux-Sèvres, le Poitou, le Sud-Ouest,
la Bourgogne et le Bourbonnais

Le nombre des victimes semble heureusement
devoir être assez restreint

L’ouragan, dont la vitesse moyenne aurait été de 100
kilomètres à l’heure, a interrompu partiellement les
communications ferroviaires et télégraphiques

PARIS, 23 février (de notre rédaction parisienne). — Une violente tempête a causé, la nuit dernière, de très sérieux dégâts aux lignes télégraphiques dans les régions du Sud-Ouest, du Bourbonnais et de la Bourgogne. Les communications télégraphiques directes entre Paris et un certain nombre de villes situées au Sud de la Loire ont été interrompues.
M. Georges Mandel, ministre des P. T. T., a pris immédiatement des mesures pour que le trafic puisse tout de même rapidement s’écouler. Grâce à l’utilisation des câbles souterrains et des lignes aériennes secondaires, toutes les relations sont désormais rétablies.
Un communiqué du P. O.
PARIS, 23 février (de notre rédaction parisienne) :
La direction des Chemins de fer du P. O. communique qu’une violente tempête a sévi, la nuit dernière, sur les départements de l’Indre-et-Loire, des Deux-Sèvres, de la Charente et, en particulier, sur le Poitou.
Des chutes d’arbres, de poteaux télégraphiques ont entravé la marche des trains occasionnant des retards assez considérables et l’interruption des communications téléphoniques.
Heureusement, aucun accident n’est à déplorer. Un train de marchandises se dirigeant vers Saincaize (Nièvre) et devant passer à Châtellerault à 3 h. 31, a dû s’arrêter en cours de route.
Le rapide Pyrénées-Côte-d’Argent-Paris, qui passe à Châtellerault à 5 h. 37, n’a pu poursuivre sa marche.
Les courriers du Midi et de Bordeaux, de Cette-ville, ne sont arrivés en gare de Châtellerault qu’avec de gros retards.
Pendant plusieurs heures, cette gare ne put communiquer télégraphiquement et téléphoniquement qu’avec les stations de Dissay et de Port-de-Piles, situées à mi-chemin entre Poitiers et Tours.
De Châtellerault, les communications, télégraphiques ont été interrompues avec La Rochelle, Niort, Civray, Montmorillon et plusieurs localités du Sud de la Vienne. Elles ont subi de grands retards avec Limoges, Toulouse, Nantes, Angers, Rennes, Lyon, Caen, Rouen.
Des fils électriques à haute et basse tension ont été brisés en divers endroits. Châtellerault et diverses localités de la région ont été privées d’électricité. Toute la nuit, l’ouragan et la pluie ont fait rage, provoquant de graves dégâts.

UNE NUIT D’ÉPOUVANTE A NIORT

NIORT, 23 février. (De notre rédaction.) — Il n’y a pas beaucoup de Niortais qui ont pu fermer les yeux cette nuit.
C’est une véritable nuit d’épouvante que nous avons vécue.
Depuis plusieurs jours la tempête soufflait avec violence de l’Ouest-Sud-Ouest et vendredi les giboulées de grêle avaient succédé à la pluie. Mais, dans la nuit de vendredi à samedi, c’est une véritable tornade qui s’est abattue sur la ville, à partir d’une heure du matin. Venant de la direction de La Rochelle, elle souffla pendant plus de deux heures au cours desquelles le vent secoua la ville avec une violence inaccoutumée dans un bruit de volets qui battaient et de matériaux tombant sur la chaussée.
Au matin, quand la ville s’éveilla, les rues et les places étaient jonchées de branches d’arbres, de tuiles, d’ardoises, de planches et de tuyaux de cheminées.
Peu à peu on s’aperçut que les dégâts étaient beaucoup plus importants qu’on ne l’avait pensé tout d’abord. Actuellement on ne peut encore les évaluer, car toutes les communications sont coupées et les enseignements très difficiles à rassembler. Sur la place de la Brèche, les quelques attractions qui s’y trouvaient ont eu leurs bâches arrachées et la pluie, tombant en torrents à l’intérieur, a fait subir à leurs propriétaires des pertes considérables.
L’Hippo-Palace, à lui seul, aura à effectuer pour plus de 50.000 francs de réparations.
Dans le jardin public de la Brèche, plusieurs arbres qui en faisaient l’ornement sont déracinés. Il en est de même dans le jardin public situé au bout de la rue de la Regratterie.
Des arbres sont également arrachés dans tous les coins de la ville, en particulier rue de la Juiverie, dont l’un est tombé sur la toiture du collège Saint-Hilaire ; avenue de Paris, avenue de Limoges, ainsi qu’à l’École Normale, avenue de La Rochelle.
Quinze troncs coupaient la chaussée à la sortie de la ville. Même chose à la sortie de l’avenue de Limoges, et aux Maisons-Rouges, sur l’avenue de Paris.
Le hall du stade Espinassou a été emporté. Les tribunes du vélodrome de Romagné ont été renversées puis emportées à plus de vingt mètres. Elles se sont brisées, comme si les pauvres dirigeants du vélodrome de Romagné avaient encore besoin d’un désastre pareil.
En pleine tempête l’électricité s’éteignit tout à coup, plongeant la ville dans une obscurité complète.
A 11 heures du matin le courant n’avait pas pu être rétabli, car de nombreuses lignes haute tension traînaient à terre et on pouvait craindre les accidente les plus graves. Les communications téléphoniques et télégraphiques sont interrompues. Les poteaux téléphoniques ayant été arrachés par le vent ou par les arbres tombés sur les lignes, les communications téléphoniques et télégraphiques sont interrompues. A 10 heures du matin, Niort n’était relié téléphoniquement que par un seul fil avec Paris et un autre avec Saint-Maixent-l’École. Le télégraphe ne fonctionnait plus qu’avec Prahecq et Saint-Maixent-l’École. Donc, impossible de communiquer avec La Rochelle ni avec n’importe quelle localité des Deux-Sèvres.
Le trafic ferroviaire retardé ou arrêté.
Les lignes téléphoniques étant également tombées sur les voies ferrées, le trafic fut retardé ou interrompu. 600 mètres de lignes seraient tombés près de Marigny ; 500 mètres près de Saint-Florent, et également quelques centaines de mètres sur la ligne de Poitiers et Paris, près de Bouillon-Nouze. Les trains durent s’arrêter pour attendre que la voie fût quelque peu déblayée. Aussi, les trains de Paris et de Poitiers, entrèrent-ils en gare avec plus d’une heure de retard. Ceux de La Roche-sur-Yon, Fontenay-le-Comte et de Bressuire subirent des retards considérables. Ils ne purent entrer en gare qu’après 9 heures. Dès l’aube, des équipes avaient été envoyées pour haubanner les poteaux, remplacer les lignes tombées, par des câbles. On espérait que le trafic normal pourrait reprendre dans la soirée sur les lignes de Paris-Niort, Paris-La Rochelle et Paris-Barcelone. Mais il faudra plusieurs jours pour remettre les lignes en état.
Les trains, pour entrer en gare, au lieu de passer par le pont d’Inkermann étaient déviés par la gare de triage, puis refoulés sur la gare des voyageurs. Ceux en partance dans la même direction ne pouvaient emprunter qu’une seule des trois voies.
Sur les routes
Le trafic routier a été complètement interrompu sur toutes les routes partant de Niort. De nombreux forains de Niort, qui se rendaient aux marchés de Champdeniers, Saint-Maixent. Poitiers, n’ont pas pu passer et ils ont été obligés de faire demi-tour ou de gagner leur marché par des chemins de terre. Les autobus voulurent, malgré tout, assurer leur service ; mais ils ont été arrêtés à quelques kilomètres de Niort, voire même à quelques centaines de mètres.
L’autobus d’Angers réussit à franchir les arbres tombés sur la route d’Échiré et sur la route de Champdeniers, dans la côte de Chizon ; mais, à Rouvres, il se trouva en présence d’un gros ormeau barrant complètement la route sur laquelle était tombée la ligne à haute tension. Il voulut faire demi-tour pour prendre un chemin détourné sur la gauche. Un autre arbre lui barra la route et un cycliste qui arrivait déclara :
« Je viens de Surin. Il y a plus de 60 arbres tombés ! J’ai fait plus de chemin dans les champs que sur la chaussée… »
Revenant sur sa droite, l’autobus se trouva à nouveau bloqué par un arbre énorme. Force lui fut donc de s’arrêter en attendant que des équipes d’ouvriers bénévoles aient scié les troncs d’arbres et libéré le passage ; mais, l’opération dut se répéter de nombreuses fois.
Il est impossible actuellement de savoir exactement où les dégâts ont été le plus importants. En tout cas, ils sont très grands sur toute la région des rives de la Sèvre, exposée aux vents du Sud-Ouest.
A Surineau, en particulier, de nombreux arbres ont été abattus. Tous les beaux pieds du parc de M. Pierrey sont à terre.
Un arbre défonce la toiture de la demeure d’une vieille femme
C’est un gros arbre de ce parc qui s’est abattu, vers 2 heures du matin, sur la maison basse où dormait Mlle Clémentine Nouzilles. La toiture fut écrasée et de nombreuses branches vinrent donner violemment contre le plancher du grenier. Mlle Clémentine Nouzilles, qui dormait immédiatement au-dessous, se précipita au dehors sans prendre le temps de se vêtir.
« Je suis restée dans la cour pendant plus de deux heures ! nous a-t-elle dit. Je n’osais plus rentrer… »
Une famille entière l’échappe belle
A la ferme de Crouzé, une famille entière a échappé de peu à un accident grave. L’ouragan emporta d’abord la toiture, puis tout a coup les murs s’abattirent. De grosses pierres défoncèrent le parquet. Pris de frayeur on le conçoit, le fermier, sa femme, ses enfants et ses domestiques se précipitèrent dehors en chemise. Ils traversèrent la cour, sous la pluie battante et les rafales, pour aller se réfugier dans une vieille chapelle. Mais à peine en atteignaient-ils la porte, qu’un gros noyer qui se trouvait près de là s’abattit dans un craquement sinistre et vint écraser le coin de la chapelle.
Dès maintenant on se rend compte que les dégâts infligés aux cultivateurs sont extrêmement élevés. Nous espérons que les pouvoirs publics leur viendront en aide. De nombreux cultivateurs ont vu leur blé, entassé dans leurs greniers, abîmé par la pluie et en grande partie devenu invendable.

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24 février 1935 – Niort

Les ravages causés par le cyclone entre Niort et La Roche-sur-Yon

NIORT, 23 février (De notre rédaction). — L’ouragan n’a pas soufflé partout avec la même violence. De Niort à La Roche-sur-Yon, nous avons pu en juger par le nombre des arbres tombés sur la route. Entre Niort et Benêt, sur 10 kilomètres, il y avait plus de 100 arbres déracinés, barrant la route. Le service des Ponts et Chaussées s’empressait de scier les troncs et de les dégager pour rétablir la circulation.
Aux environs d’Oulmes, il semble qu’il y ait eu une région de calme relatif. Puis, à l’approche de Fontenay-le-Comte, le spectacle lamentable se renouvelle. Jusqu’à La Roche-sur-Yon, les arbres tombés sont beaucoup moins nombreux que du côté de Niort.
A Sainte-Hermine, nous avons rencontré un voyageur qui, pour venir de La Rochelle avait dû abandonner la grande route et chercher un chemin de terre dans la plaine. Il nous a raconté qu’à La Rochelle, le parc splendide du Mail était dévasté. A 18 h. 30, la lumière n’était pas encore rétablie à Niort, qui reçoit son courant de la Centrale de l’Ile Jourdain. Des efforts vont être tentés pour rattacher cette distribution à la Centrale de Paymoreau, dans les Deux-Sèvres. Les lignes téléphoniques ne sont pas encore toutes réparées et les communications avec la région demeurent encore impossibles.

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25 février 1935 – Niort

LENDEMAIN DE TORNADE

Des milliers d’arbres sont arrachés. Les dégâts matériels sont très
importants, notamment dans le sud du département où les lignes
téléphoniques ne sont pas réparées. Le courant électrique manque
encore dans certains quartiers.

Malgré l’admirable activité des services  de tous ordres, les dégâts causés par le cyclone dans la nuit de vendredi à samedi sont loin d’être réparés, et il faudra plus d’une semaine pour que tous les services reprennent leur marche normale. Hier encore, les trains venant de Thouars ont subi un certain retard.
De même que ceux venant de La Rochelle et de Fontenay-le-Comte. Par contre, la plupart des routes étaient dégagées dès samedi soir, sauf celle de Niort à Poitiers qui est restée 48 heures obstruée.
Niort sans lumière ni force motrice
Niort a été privée de lumière et de force motrice, depuis la nuit de vendredi jusqu’au dimanche. On s’imagine les perturbations qui ont pu en résulter en ville ! De nombreuses industries fonctionnant à l’électricité n’ont pu reprendre le travail. Les boulangers, obligés de brasser leur pain à bras, n’ont pu faire leur tournée habituelle, ni satisfaire les exigences de leur clientèle.
Hier matin, cependant, le courant a pu être rétabli dans une partie de la ville, car le service électrique avait pu rattacher le réseau des Deux-Sèvres à l’usine électrique de Faymoreau (Vendée). D’autres quartiers sont restés privés de lumière.
Dans les P. T. T.
Pendant 24 heures, nous n’avons été reliés au reste de la France que par une seule ligne avec Paris. Hier matin, seulement, on avait réussi à rétablir deux circuits sur Poitiers.
La ligne de La Rochelle n’était remise partiellement en état que jusqu’à la limite du département.
Les circuits départementaux de Niort étaient tous hors d’usage, sauf une ligne téléphonique sur Saint-Maixent et une télégraphique avec Prahecq. Dans les autres villes du département le même embarras existait. A Parthenay, il n’y avait plus aucun circuit avec les départements voisins ni avec Paris, ni avec Niort.
Il restait seulement des circuits départementaux : de Parthenay avec Moncoutant, Secondigny, Amailloux, Le Tallud, Airvault, Tenzay et Saint-Loup, encore celui-ci était-il coupé hier matin.
Par contre, Parthenay a pu être relié dimanche avec Thouars et avec Bressuire, ainsi qu’avec Poitiers par une ligne détournée, passant par Penzay et Miredeau. Thouars était isolé du reste du département.
M. Rouquet, directeur des Postes, rentrait de la tournée d’inspection qu’il avait tenu à faire lui-même samedi, quand nous avons pu le joindre samedi soir il nous a indiqué que plus que de 80 kilomètres de fils étaient par terre dans le Sud du département, et que, pour les remplacer, ils avaient dû faire venir des câbles de Nantes. Rennes et Nancy. Comme nous l’interrogions sur la durée des travaux de réparation, il n’a pu que nous répondre par un hommage au dévouement absolu des équipes d’employés qui, depuis deux jours, travaillent avec un dévouement admirable, et aux téléphonistes qui font l’impossible pour donner satisfaction à tous les abonnés en utilisant les quelques circuits qui restent à leur disposition. Les circuits départementaux seront réparés les derniers. On va d’abord s’employer à rétablir ceux de Niort, La Rochelle, Niort-Fontenay, Niort-Nantes et Niort-Tours.
Les habitants de la rue de la Paix ont couché dans leurs caves.
Nous avons donné hier une physionomie complète des dégâts causés à Niort, mais parmi les détails nouveaux que nous avons pu recueillir depuis, et qui ressemblent pour beaucoup à ceux donnés hier, voici une anecdote qui montre combien les Niortais ont été frappés d’épouvante par la violence du cyclone, et par le bruit que faisaient en retombant sur le sol, les matériaux emportés par le vent. Les habitants de la rue de la Paix ont tous couché dans leurs caves, tellement ils avaient l’impression que leurs maisons allaient être emportées par la rafale.
Vers minuit trente, un homme qui se rendait dans le quartier du Frêne fut pris par le vent et emporté comme un fétu de paille. Il parcourut ainsi, nous dit-il, environ vingt mètres, et finalement fut bloqué contre le parapet du pont de l’avenue de Limoges.
On nous a relaté également que samedi matin un camion partit de Niort à 5 h. 30, n’arriva à Frontenay-Rohan, distant de 10 kilomètres, qu’à 9 h. 30.
A travers le département ravagé
Comme il était absolument impossible de communiquer avec le reste du département par téléphone, nous avons essayé de faire le triste bilan de ce sinistre par une tournée rapide en automobile. Disons tout de suite que le sud des Deux-Sèvres a été beaucoup plus éprouvé que le nord. Partout, des centaines et des centaines d’arbres sont déracinés et déchiquetés. C’est autour de la route de La Rochelle-Niort-Poitiers que nous avons remarqué les plus importants dégâts.
Nombreux sont les arbres tombés sur la route, aux environs des Maisons Rouges. Mais, à six kilomètres de Niort, les Ponts et Chaussées, qui n’ont pourtant pas chômé non plus depuis deux jours, ont été obligés d’établir un barrage et de faire dévier toute la circulation routière par une petite route oui passe par Chauray et François. La route n’a pu en effet, être dégagée entre Trévins et La Crèche. Jusqu’à Saint-Maixent, particulière ment dans la côte de Kadoré, la route est bordée de centaines d’arbres tombés.
Saint-Maixent a particulièrement souffert
Toute la campagne saint-maixentaise est dévastée. L’ouragan a été terrible et a duré sans interruption de 2 heures du matin à 5 heures. Partout, l’angoisse a régné dans la campagne. C’est par milliers qu’on compte les vergers dépouillés de leurs arbres et les immeubles sans toiture ni cheminée. Les communes les plus éprouvées sont celles d’Azay-le-Brûlé, Romans et Nanteuil.
Le plateau du Panier Fleuri, où passe la route de Niort, est jonché d’arbres couchés à quelques mètres  les uns des autres. Une honorable  famille d’artisans, qui habite sur le plateau, dans un petit pavillon de bois a vu celui-ci coupé en deux par arbre tombé dessus. L’arbre est même tombé à 50 centimètres de la chambre où était couchée Mme Roy, ainsi que son mari.
C’est à 3 heures que la bourrasque a atteint son maximum. Il faudrait remonter à 1905 pour retrouver le souvenir d’une pareille catastrophe. La ville a été privée de courrier, et toute la région est sans lumière. L’Ecole Militaire, par contre, a peu souffert. Quelques arbres ont été déracines et des salles d’étude ont vu leurs cloisons tomber. Voici encore, à la sortie de Saint-Maixent, quelques arbres tombés sur des maisons. Partout sur les routes, des équipes de cantonniers partent la cognée sur l’épaule ou la scie à la main.
Jusqu’à Reffanes, les dégâts sont beaucoup moins importants ; puis, au-delà, des spectacles de désolation recommencent et sont particulièrement lamentables de Pompaire jusqu’à Parthenay.
A Parthenay.
L’ouragan a enlevé les bâches des attractions qui se trouvaient sur. la place du Drapeau. Des glaces de vitrines ont été brisées en ville. Au château du Plant, 100 arbres ont été abattus. Le calvaire de Châtillon-sur-Thouet git en morceaux, et, pour comble de malheur, en pleine tempête, un incendie a détruit, place du Château, à Parthenay, une remise, faisant ainsi plus de 12.000 francs de dégâts.
De Parthenay à Thouars les dégâts sont particulièrement grands sur la rive droite du Thouet. A Gourgé Plus de 700 mètres de lignes téléphoniques ont été couchées a bas. Les arbres tombés ne se comptent pas.
A l’ouest du Thouet, jusqu’à Bressuire, les dommages causés sont ceux que fait souvent une tempête assez violente. A Bressuire, la toiture du dépôt de machines a été emportée.
Mais, si l’on revient vers le sud, on retrouve la désolation.
Mazières-en-Gâtine
A Mazières-en-Gâtine, la toiture de la ferme de la veuve Robin a été emportée, soit 10.000 francs de dégâts. Une maison neuve près de la gare n’a plus de toit. Plus loin, la ferme du « Petit-Chêne » a 300 pieds de pommiers arrachés. Dans l’ensemble, cependant, la Gâtine, protégée par ses haies nombreuses, n’a pas été trop éprouvée ; mais, aux environs de Champdeniers, jusqu’à la Sèvre Niortaise, nombreux sont encore les arbres déracinés.
Au Sud de Niort
Au sud de Niort, un calme relatif semble régner jusqu’à Prahecq ; par contre, la forêt de Chizé semble avoir beaucoup souffert. Le garde forestier de Rimbault évalue à 1.500 environ le nombre des arbres déracinés au carrefour du chêne Empereur. On dirait que la guerre est passée là. Sur la route de Prahecq, les dégâts sont à peu près nuls, sauf cependant à Aiffres, où les arbres tombés sont plus nombreux.
Dans le bourg de Périgné, les maisons sont indemnes, mais, par contre, le vent fit une véritable hécatombe de noyers. La route de Prahecq à Beauvoir est coupée à l’arrivée de cette dernière bourgade par les fils téléphoniques de la ligne de chemin de fer, qui forment un indicible enchevêtrement. Le garde-barrière, dont la maisonnette retient encore un poteau, nous a dit toute la peur qu’il a eue.
Beauvoir a souffert de la tornade ;  la plupart des maisons ont été endommagées. Une ferme même, sise à  la Croix-Portillon, a vu sa toiture enlevée entièrement, et un train de marchandises venant de Saint Jean d’Angély fut obligé de s’arrêter en gare de Beauvoir à 3 h. 30 du matin, par suite d’une panne causée par le choc de trois sapins.
A Frontenay-Rohan-Rohan et environs
Comme nous le disions plus haut, la route de La Rochelle à Niort a été particulièrement éprouvée. De Niort à Frontenay-Rohan-Rohan, sur une distance de 10 kilomètres, une quarantaine d’arbres ont été arrachés, et de Frontenay-Rohan-Rohan au Pont, soit sur 5 kilomètres, on en compte plus de vingt.
Dans le bourg de Frontenay-Rohan-Rohan, des quantités de toitures ont été arrachées, soit en entier, soit en partie. Un arbre de la route est tombé sur la maison de Mme Bernard, de Laumonerie.
La laiterie a beaucoup souffert. Toute la construction de la caséine a été endommagée.
Dans le parc du capitaine Cottereau, en plein centre, 16 arbres, et les plus gros, ont été arrachés par la tornade.
A Fougerit, petit village voisin, des hangars ont été détruits, et à Epannes, des maisons d’habitation se sont écroulées. Au Pont, chez M. Coutinet, un arbre est tombé sur un toit à porcs, tuant plusieurs animaux.
A Saint-Symphorien également, les dégâts se chiffrent plusieurs milliers de francs.
A Arçais, la tempête fit rage. Le hangar d’une scierie fut déporté de plusieurs mètres et un tuyau d’une cheminée de 28 mètres de hauteur fut projeté sur le sol.
——————————————————————————–Fernand Daudin.

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26 février 1935 – Les dégâts de la tornade

Une nouvelle bourrasque à Niort où la crue de la Sèvre est menaçante

NIORT, 25 février (de notre correspondant) :
La température continue d’être inclémente. Le vent souffle toujours avec violence.
Dimanche, vers 22 heures, la bourrasque fut très forte. Nous n’en voulons pour preuve que l’extrême prudence de cet automobiliste qui, rentrant chez lui, dimanche soir, préféra retarder son arrivée de quelques heures et garer sa voiture dans un champ, où il passa la nuit, loin du danger des arbres de la route.
Aujourd’hui, les averses et même les brouillards de grêle, coupés de coups de tonnerre, se sont succédés à de courts intervalles.
Cependant, la Sèvre monte considérablement et, sans le vent contraire, le courant entraînerait ses eaux bourbeuses à une vitesse extraordinaire. La crue a été sans cesse croissante depuis samedi les dernières pluies faisaient prévoir une hausse de niveau.
Les lignes téléphoniques et télégraphiques sont peu à peu remises en état mais on comprendra aisément que ce travail ne se fasse pas en un jour. Aujourd’hui, le bureau de Niort se trouvait relié, en plus de Paris et de Saint-Maixent, avec Poitiers. Mauzé, La Crèche, Frontenay-Rohan-Rohan et les environs immédiats de la ville de Niort.
Les trains et les autobus ont encore accusé de longs retards.
A Celles-sur-Belle
La tempête a déraciné les arbres, enlevant des tuiles et même des toitures. L’église a été découverte en certains endroits et une partie d’un cadran de l’horloge du clocher est tombée.
Tous les bâtiments situés en plein air et surtout vers le quartier de la Gare ont eu des avaries. Des cheminées ont été emportées. Il n’y a pas d’accident de personnes à déplorer, mais les dégâts matériels sont très importants.
A Ménigoute
Les dégâts sont nombreux. De tous côtés on signale des toitures enlevées ; des tuyaux de cheminées coupés en deux. Dans le bourg, deux cheminées out été entièrement démolies ; des poteaux télégraphiques ont été renversés, des fils électriques coupés. Nombre d’arbres jonchent le sol entravant la circulation.
L’autorail qui fait le service de Parthenay à Melle et qui passe en gare de Ménigoute, vers 8 heures du matin, n’a pu circuler. C’est un autobus qui a fait le service et apporté les correspondances, vers 13 heures. Le niveau de la Vosne a considérablement augmenté. Les prés qui bordent la rivière sont inondés.
A Parthenay
Le Sport Athlétique Parthenaisien a été très touché par la tempête. En effet l’on pouvait voir dimanche sur son terrain des Cordiers que la tribune, pourtant d’envergure, avait été déplacée et que la toiture en zinc avait été en partie arrachée. La buvette a été projetée dans la rue des Cordiers; toutes les tables sont brisées, ainsi que l’achalandage. Tous les panneaux-réclame, au nombre d’une soixantaine, entourant le terrain du S.A.P. ont été projetés dans le voisinage, ou tordus, ou descellés. Les dégâts sont évalués à une vingtaine de mille francs, car, en deux endroits, le mur de clôture s’est écroulé.
Il faut espérer que M. Brisset, le dévoué président du S. A. P., pourra obtenir du ministère de l’Education physique une indemnité lui permettant de remettre tout cela en état. Dans le voisinage du S. A. P., une vingtaine de sapins ont été arrachés ou coupés dans le parc de M. Savin. Il en est de même dans le parc de M. Aubrun, propriétaire de l’usine d’équarrisse.
A Mauzé
Toutes les routes des environs de Mauzé étaient obstruées par la chute des arbres. La gendarmerie a dû réquisitionner les habitants de Prin-Deyrançon et du Petit-Breuil-Deyrançon, pour dégager la route de Niort, au lieu-dit « Niotteau », parce qu’une vingtaine d’arbres y étaient tombés.
A la sortie de Mauzé, sur les routes de La Rochelle et Rochefort, même spectacle. Ce sont les habitants de Mauzé qui ont aidé les cantonniers à dégager ces deux routes.
A Thouars
Partout, ce ne sont que cheminées démolies, dalles qui pendent, arbres complètement déracinés qui, en tombant, ont presque toujours brisé quelque chose.
Des hangars se sont écroulés, des toitures entières sont arrachées. Une maison eut tout un côté de sa toiture et de sa charpente soulevé. Après avoir traversé la route, passé par-dessus la maison d’en face, les débris vinrent s’abattre dans le jardin de cette dernière maison, sur des toits à lapins, parcourant ainsi une cinquantaine de mètres dans l’espace.
Depuis de longues années, on n’avait vu pareille chose, et les vieux Thouarsais rapprochent cette tempête de celle qui, le 21 janvier 1890, enleva le pont suspendu de Saint-Jacques de Thouars
A Mazières-en-Gâtine
Aux fermes de la Touche, Pressigny, Beauchamp, etc.. des maisons, hangars, écuries, sont, complètement découverts ou détruits. À la gare de Mazières-Verruyes, la charpente de la demeure de M. Aimon a été emportée dans un champ, de l’autre côté de la route. A la maison d’école des garçons, une servitude s’est effondrée.
Au château du Petit-Cheux, à Pressigny, on compte les arbres arrachés par centaine. Au château de la Ménardière, une trentaine sont tombées Chez M. Bodier à la Maison-Neuve, la cour présente le spectacle d’une véritable hécatombe d’arbres. Les pommiers principalement, ont souffert de la tempête.
Les lignes électriques sont coupées en multiples endroits. Nous n’aurons certainement pas de lumière avant une huitaine de jours.

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26 février 1935 – Potins de la Brèche

Après le cyclone

Après avoir mis bien des malheureux dans la peine, le cyclone va permettre à certains de se chauffer pendant tous les vilains jours que nous avons encore sans doute à passer. Ils sont nombreux, en effet, les pauvres gens qui parcourent les routes nationales pour faire d’amples provisions de bois tombé au cours de la nuit de vendredi à samedi.
Et c’est ainsi qu’on peut croiser des quantités d’hommes, de femmes et d’enfants, à demi-courbés sous le poids d’un fagot, ou poussant, devant eux. de petites charrettes chargées de branches d’arbres.

Pas de chômage

Dimanche dernier, n’a pas été une journée de repos pour tout le inonde. Demandez plutôt aux marchands de tuiles et d’ardoises et aux maçons qui ne pouvaient arriver à livrer leurs marchandises et à prêter leur concours aux personnes dont les demeures avaient particulièrement souffert de la tornade.
Il n’y aura pas de chômage, cette semaine, chez les couvreurs, zingueurs et vitriers.

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26 février 1935

THOUARS

APRÈS LA TEMPÊTE. — Dès samedi soir, le courant électrique était rétabli, pour le plus grand plaisir des Thouarsais, qui avaient décédé de se rendre, soit à la brasserie Excelsior où avait lieu le bal des « Sangliers ».
Après une nuit très calme, la journée du dimanche fut gratifiée de nombreuses averses.
Les différentes manifestations sportives prévues pour ce dimanche 24 n’eurent pas lieu : le match de rugby comptant pour le championnat de France fut repoussé, et les membres du V. C. T. qui avaient organisé une sortie à Montreuil-Bellay durent renoncer au départ,
Les dégâts causés par la tempête furent particulièrement considérables dans le groupe d’habitations de sous-officiers et officiers avoisinant l’entrepôt de réserve générale des munitions, route de Puyravault. Plusieurs de ces pavillons ont eu leur toiture sérieusement endommagée.
Dans la campagne, de toute part, on signale des désastres : c’est à Poupois, dans le parc du château de la Josselinière, de superbes arbres arrachés, entr’autre un sapin de 30 mètres de hauteur.
A Rigné, la flèche de l’église est tombée et un hangar s’est écroulé
A Doret, également, des servitudes ont été emportées par le vent, etc…

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6 février 1938 – Saint Maixent – TROIS ANS APRÈS

Trois ans après l’ouragan nuit 22 et 23 février 1935

Dans la nuit du 22 au 23 février 1935, un ouragan épouvantable, qui dura de 1 heure à 5 heures du matin, semant la terreur et l’angoisse dans les foyers, dévasta plusieurs contrées de la France. Notre contrée poitevine eut particulièrement à souffrir, et c’est autour de la route La Rochelle-Niort-Poitiers qu’on enregistra les plus importants dégâts. A Saint-Maixent surtout, dans les vergers et sur les avenues, des centaines d’arbres avaient été déracinés, déchiquetés ou ébranlés, et ceux qui étaient restés debout, donnant des inquiétudes, avaient  pour la plupart été sciés à la base. A partir de ce moment la détermination des Ponts et Chaussées était prise : arracher les rescapés et refaire complètement l’avenue du Plateau, du Panier Fleuri à la Porte Châlon. Ce travail terminé depuis la semaine dernière, l’atelier des ouvriers communaux met la dernière main aux trottoirs, où une centaine de jeunes tilleuls ont remplacé les ormeaux de l’Intendant de Blossac.
Pour le troisième anniversaire de cette nuit tragique, tout sera terminé, et l’amertume ressentie par la suppression de nos ancêtres de la route qui faisaient l’ornement de notre gracieuse cité, sera compensée par l’espoir des jeunes ramures odorantes de nos tilleuls et ce sera l’adoucissement aux regrets de la disparition de ces témoins du passé.
Tel le sourire de l’enfant qui, dans son berceau, comble le vide du fauteuil causé par la disparition du grand-père.

C’était en 1935, en 1936 c’était les inondations (voir article sur 1936). Source des documents : Ouest-Éclair, édition de Vendée.


Les chroniques météo de l’année 1935…
La tempête des 22 et 23 février a atteint son maximum de violence dans la nuit du 22 au 23 :
http://www.meteo-paris.com/chronique/annee/1935

 

Un cyclone en 1917 à Bressuire :

Après le cyclone du 13 mai 1917 à Bressuire. Amas de grêlons rue de la Huchette.

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Quelques apports bibliographiques :

La Crèche dévastée par la tornade de 1935 (voir cartes postales anciennes ci-dessus) a connu un autre phénomène en 2008 :
Le village de la Crèche et la mini tornade du 7 juillet 2008 :
http://www.keraunos.org/dossier-tornade-la-creche-7-juillet-2008-tornade-france.htm

http://keraunos.forumpro.fr/t646-tornade-f1-a-la-creche-79-07-juillet-2008-vers-10h10

http://forums.infoclimat.fr/topic/32323-tornade-a-la-creche-79/

D’autres tornades dans les Deux-Sèvres :
Tornade du 26 juillet 1983 :
http://forums.infoclimat.fr/topic/23282-tornade-meurtriere-dans-le-poitou-charentes/

Photo d’un tuba à Thouars en juin 2008 :
http://keraunos.forumpro.fr/t503-tuba-thouars-le-1-juin-2008

Tornade à Brion sur Thouet le 31 juillet 2008 :
http://keraunos.forumpro.fr/t879-tornade-a-brion-sur-thouet-79-31-juillet-2008-vers-16h00

Tornade à Saint André sur Sèvre le 31 octobre 2003 :
http://www.keraunos.org/dossier-tornade-saint-andre-sur-sevre-31-octobre-2003-keraunos.htm

On évoque la tornade de 1935 :
http://keraunos.forumpro.fr/t384-tornade-probable-le-23-fevrier-1935-sauze-vaussais79-civray86

Tornades en Poitou Charentes :
http://superstorm.forumactif.com/t419-tornades-en-poitou-charentes

La chaine du Courrier de l’Ouest sur Youtube, mini tornade de Boismé – mercredi 14 décembre 2011 :
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=SLwUts6H3Ng

Les sources de l’histoire de l’environnement – Les archives départementales et les catastrophes naturelles.
Andrée Corvol et ses trois ouvrages sur l’histoire de l’environnement :

Nature, environnement et paysage.
Tome I, l’héritage du XVIIIe siècle.
Guide de recherches archivistiques et bibliographiques
Andrée Corvol, Isabelle Richefort – 1995 – L’Harmattan – 296 pages

Les sources de l’histoire de l’environnement.
Tome II, le XIXe siècle
Sous la direction de Andrée Corvol
Réalisé en coédition par la direction des Archives de France et l’Institut d’Histoire moderne et contemporaine – 1999 – L’Harmattan – 504 pages

Les sources de l’histoire de l’environnement.
Tome III : le XXe siècle
Sous la direction d’Andrée Corvol
Réalisé en coédition par la direction des Archives de France et l’Institut d’Histoire moderne et contemporaine – 2003 – L’Harmattan – 756 pages

Andrée Corvol (dir.), Les sources de l’histoire de l’Environnement, le XIXe siècle – Massard-Guilbaud Geneviève – 2000
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2000_num_19_4_2136_t1_0630_0000_3

Les sources de l’histoire de l’environnement : le XIXe siècle
http://books.google.fr/books?id=IoZiKTgGvIcC&pg=PA153&dq=catastrophe+naturelle+%22deux-s%C3%A8vres%22&hl=fr&sa=X&ei=TVI-T43BI4fJhAfywNDlBQ&ved=0CDkQ6AEwAA#v=onepage&q=%22deux-s%C3%A8vres%22&f=false

Dont extrait :

 

 

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