(la série d’articles sur le sujet des « enfants trouvés de Parthenay » a été rédigée par Guillaume Kalb avec l’aide de Paule Morin et a d’abord été publiée sur la liste de discussion CGW79 . Guillaume a souhaité les rendre disponibles à tous via ce blog et je l’en remercie. Je lui laisse maintenant la parole, pour cette préface et ces nombreux chapitres qui seront mis en ligne au fur et à mesure)
Préface | chapitre 1 | chapitre 2 | chapitre 3 | chapitre 4 part. 1 – part. 2 – part. 3
Je voudrais commencer ce chapitre par 2 choses qui pourraient sembler futiles à première vue : l’heure de déclaration et l’heure que l’enfant a été trouvé. J’espère vous montrer que même ces détails peuvent être intéressants.
L’heure de la Déclaration:
Tout au début de l’acte de naissance l’heure est dite et pour ne pas se tromper on ajoutait “du matin” ou “du soir”. La fréquence de faire la déclaration à 10 heures du matin est de sorte que je n’hésite pas à nommer cela “l’heure habituelle”. Il est vrai que pendant la période Sœur AUGUSTIN (1841-1845) c’était plus prononcé que pendant la période Sœur Léocadie (1846 – 1850) : 75,5% contre 62%, mais cela reste de loin l’heure préférée. Dans la première période 11 h. est un bon 2e avec 13% mais après c’est midi qui prend la 2e place avec 20% (contre 3,5% avant) tandis que 11h. reste stable à 12%. L’emploi du temps était clairement de sorte qu’une déclaration entre 14 et 18 h est plutôt exceptionnel : 7,5% en période 1 et 5,5% dans la période 2. De ces heures peu populaires c’était encore 14h. la plus ‘favorite’(4,5% et 3%). Des déclarations à 17 et 18 heures n’arrivaient que 2 fois pour chaque heure en 10 ans. En mai et juin : c’est encore bien jour mais 17h. en février et 18 h. en octobre, ça commence à faire nuit. Il est vrai que sœu Augustin était très souvent accompagné par le jardinier de l’hospice. Incontestablement un ex-enfant trouvé aussi car il n’est indiqué qu’avec ABRAHAM (30 ans en 1840), il ne sait pas signer. Cela s’arrête en 1845 : le 11 juillet 1845 Abraham est dit encore témoin mais le 14 juillet c’est Georges MAYNARD, un agent de police de 57 ans…et celui là reste faire cela mais seulement pour les déclarations de la sœur supérieure sœur Augustin et après pour sœur Léocadie jusqu’à dans l’été de 1848. Quelques semaines il le fait encore ensemble avec André AYRAULT, 27 ans, praticien. Peut-être un jeune médecin lié à l’hospice? Après c’est André avec le témoin habituel de la Mairie, le concierge, mais un deux mois après l’agent est de nouveau à sa poste et jusqu’à la fin de 1850 on les voit toujours signer ensemble.
Cela ne me semble pas téméraire de conclure que la supérieure allait aussi tôt que possible à la mairie. Si l’hospice est “réveillé”, les devoirs religieux du matin accomplis et que les affaires tournent alors elle va en route pour y arriver vers 10 heures. S’il y avait de petites choses imprévues ça pouvait être 11 heures. Sœur Augustin ne devait pas aimer d’aller à midi. Cela se tenait peut-être avec ses tâches à l’hospice autour le repas de midi mais bon ça ne sont que des hypothèses assez gratuites.
L’Heure de la Déposition à l’Hospice.
Ces enfants étaient déposé dans le tour de l’Hospice. Probablement il y avait une sorte de guichet qu’on pouvait ouvrir et peut-être il y avait un système (aussi primitif qu’il soit) pour qu’une sœur est avertie.
Je m’imagine ces pauvres filles et – femmes marchant dans les rues en général désertes avec “leur paquet”. Des filles qui venaient d’accoucher de leur enfant. Après il n’y avait pas des mains tendres qui essuyait les sueurs, qui nettoyaient et soignaient le nouveau-né. Nous, gens qui ont grandi au plein 20e siècle, nous étonnons des femmes en Afrique qui vont dans le bush-bush et qui reviennent avec le nouveau-né.. Il y a 1-2 siècles passés c’était un peu ça en Europe aussi…. surtout pour elles qui ne pouvaient pas garder leur enfant. Pour les heures qu’on déposait l’enfant il faut regarder aussi le saison. En hiver c’était plus facile de passer inaperçu qu’en été avec ses longues journées. Je n’ai pas distingué les saisons. Je trouve qu’un tableau général de 1841 – 1845 et de 1846 – 1850 est suffisant pour ce détail
Regardons d’abord les heures qu’on n’allait pas.
Avant 18 h. c’est rare. De 1841-45 1 fois à 13 h., 1 fois à 14 h. et 1 fois à 17 h.et dans la période 1846-1850 : 1 fois 14 h., 2 fois 16 h. 6 enfants sur plus de 400 (*1). La même chose pour les heures après 6 h. à midi. Rien entre 7h. et midi entre 1841-45 et 2 à 8h. de 1846-1850.
La plupart était exposée entre 18h. et 23h. : 279 enfants sur 409. Comme je veux voir s’il y a des changements au cours du temps, les nombres sont donnés en nombres absolus mais aussi en pourcentage pour faciliter une (éventuelle) comparaison.
Tableau 2. : (*2)
18h. | 19h. | 20h. | 21h. | 22h. | 23h. | Total | |
1841-45 | |||||||
nb absolu | 15 | 21 | 30 | 29 | 35 | 17 | 147/195 |
en % | 7 | 11 | 15 | 15 | 18 | 9 | 75% |
1846-50 | |||||||
nb absolu | 17 | 23 | 23 | 25 | 24 | 20 | 132/214 |
en % | 8 | 11 | 11 | 11.5 | 11 | 9 | 61,5% |
En prenant les 10 années ensemble l’image est encore plus claire :
Tableau 3. :
18h. | 19h. | 20h. | 21h. | 22h. | 23h. | Total | |
1841-50 | |||||||
nb absolu | 32 | 44 | 53 | 54 | 59 | 37 | 279/409 |
en % | 8 | 11 | 13 | 13 | 14 | 9 | 68% |
Ces simples tableaux montrent que l’heure de déposition est assez stable. Les autres décennies vont cela affirmer…ou contester, et plus d’années seront mises ensemble, plus les chiffres seront fiables. Donc ici…tout est bien provisoire.
Le Tableau 3 montre bien que la première heure (6h. ou 6h.30 du soir) et la dernière heure (23h. 11h. du soir) ont un nombre plus faible que les heures centrales de 7 heures du soir à 10 h. ou 10h30 du soir). Je réalise que ces heures indiquées sont approximatives. Les sœurs n’étaient pas cachées derrière le guichet chronomètre à la main; elles avaient sans aucun doute d’autres choses à faire. L’indication .30 n’est pas souvent employée, pour être plus précis: 8 fois sur 409 cas et au fond que 6 fois car il y a une fois .15 et une fois .45. Tous les 8 cas dans la période Sœur Augustine. Elle était donc sur ce point plus stricte que Sœur Léocadie qui ne donnait que les heures.
Outre ces heures de pointe dans la soirée, il y avait les dépôts nocturnes et très tôt le matin. Si je compte les enfants exposés entre minuit jusqu’aux 6h.30 le nombre pour les 10 années est 113 enfants, ce qui représente 27,6%. Les tableaux 4a et b, et 5 vont nous montrer s’il y a une différence entre les 2 périodes de 5 ans et comment cela a été divisé sur les différentes heures:
Tableau 4a: 1841-1845
1841-45 | minuit | 01h. | 02h. | 03h. | 04h. | 05h. | 06h. | Total |
absolu | 10 | 11 | 4 | 10 | 13 | 3 | 4 | 55/195 |
en % | 5% | 5,5% | 2% | 5% | 6,5% | 1,5% | 2% | 28% |
Tableau 4b: 1846-1850
1846-50 | minuit | 01h. | 02h. | 03h. | 04h. | 05h. | 06h. | Total |
absolu | — | 12 | 10 | 6 | 15 | 9 | 6 | 58/214 |
en % | 0% | 5,5% | 4,5% | 3% | 7,5% | 4% | 3% | 27% (*2) |
Tableau 5: 1841-1850
1841-45 | minuit | 01h. | 02h. | 03h. | 04h. | 05h. | 06h. | Total |
absolu | 10 | 23 | 14 | 16 | 28 | 12 | 10 | 113 /409 |
en % | 2,5% | 5,5% | 3,5% | 4% | 7% | 3% | 2,5% | 27,5% |
Vous voyez beaucoup moins que dans les heures avant. Il y a une pointe autour 4 h heures mais les différences sont , par les petits nombres, trop petites pour les nommer significatifs.
Le mouvement saisonnier :
Pour vous montrer ce mouvement de mois en mois j´avais préparé un tableau qui donne les nombres par mois. Dans quel mois il y avait le plus d´enfants exposés et dans quel mois le moins? Mais il y a tellement des fluctuations dans ces chiffres que je ne vous donnerai seulement quelques exemples mais pas le tableau. Ca sera un grand tableau pour ne pas dire grand´chose. Si j´aurai collectionné les données de plusieurs périodes je vous en reparlerai. Les mois de janvier et de février montrent le plus de cas : tous les 2 mois 41 enfants en 10 ans mais
a. il y a une grande différence entre les deux périodes de 5 ans. Dans la 1ere 25 et 23 enfants+ dans la 2e 16 et 18 enfants.
b. avec les chiffres de janvier et février on s´attend aussi à un nombre élevé en décembre et mars. Pour mars c´est vrai 40 cas mais pour décembre il n´y en a que 26 cas ; c´est à dire après août (24 cas) le moins.
Le mois le plus triste est sans concurrence janvier 1841 avec 10 enfants (*3). Il y avait 3 mois avec 8 enfants trouvés : avril en 1843 et en 1844 et en mars 1849. Des 84 mois relevés il y avait 7 mois sans enfant exposé. Ces mois sont décembre 1841, septembre 1842, août 1843, septembre ET novembre 1844, août 1845 et avril 1847.
PS : Je ne veux pas allonger ce chapitre donc les marques etc. doivent attendre chapitre IV. Probablement ces marques, les objets et les billets demandent certainement plus qu’un chapitre. Je vais voir comment je vais tourner ça. Les notes sont prises mais…la rédaction est encore toute à faire.
Guillaume KALB
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*1.Le nombre de 409 est autre que le total car parfois 2 enfants étaient déposés en même temps (jumeaux).
*2 Comme je n’ai pas voulu donner tout en décimales exactes le chiffre total n’est pas tout à fait égal à la somme des années. J’essaie d’être assez précise pour être fiable mais je ne suis pas un statisticien, ni un arithmiticien.
*3 Heureusement j´avais commencé mes relèves en 1846 au 1850 et alors j´aipris 1841. Si non, j´aurais peut/être laché en croyant que cela serait chaque mois à peu près comme janvier 1841. Cette semaine j´ai appris qu´une dame faisant les relèves pour ces enfants à Bayonne s´est arrêtée comme plus que la moitié de ces enfants décédaient avant 1 an.