Sainte Verge, Sainte Viergue, Sainte et village des Deux-Sèvres, qui aurait put s’appeler Sainte-Elvire

En 1930, le curé de Sainte-Verge fut expulsé de son village par la municipalité, dans les mois qui suivirent, ce fut le tour du chef des pompiers….

L’origine des articles est le journal Ouest-Éclair, édition de Vendée, des articles ont une autre origine qui est mentionnée. Les coupures sont en mode vignette, faire un click droit sur l’image et ouvrir vers … pour les lire.

19 février 1930
La question du presbytère
Les gens de la souriante commune de Sainte-Verge — presque faubourg de Thouars — étaient dimanche, une fois de plus, en effervescence, au sujet de la brûlante question de l’augmentation du presbytère qui, ainsi que nous l’avons relaté, fut agitée une première fois vers la fin de décembre.
A cette époque, on s’en souvient, la nouvelle municipalité composée en majeure partie de jeunes conseillers municipaux qui s’étaient présentés sous l’étiquette socialiste, avaient décidé d’augmenter le loyer du presbytère.
Une lettre de l’évêque de Poitiers
M. le curé Vergniaud, qui depuis 21 ans exerce son ministère avec un tact et un esprit conciliant, que même que ses adversaires doivent lui reconnaitre, mis au courant de la nouvelle, y répondit quelques jours plus tard, en lisant à ses paroissiens une lettre de son chef, Mgr l’évêque de Poitiers, qui lui ordonnait de ne pas se soumettre aux exigences de la municipalité, quand bien même son départ devrait en résulter, cela afin de ne pas créer de précédent dans le diocèse.
La commune s’agite
Mis en émoi par cette menace, des amis du vénérable pasteur firent circuler parmi les électeurs de la commune une liste de protestations contre l’augmentation du loyer de la cure ; cette liste se couvrit — nous a-t-on assuré — de 204 signatures sur environ 275 électeurs à qui elles furent présentées.
Le petit pays se prononçait donc ouvertement pour le maintien de son curé.
Une séance mouvementée au conseil municipal
Et c’est la présentation de cette liste au Conseil municipal qui vient une fois de plus rallumer le feu qui couve dans le cœur de bien des habitants.
Cela s’est produit samedi soir. Le Conseil municipal était réuni pour sa session de février sans avoir fait paraître aucun ordre du jour.
M. Désiré Bouleau, jeune maire, à qui tous — malgré ses idées anticléricales — s’accordent à reconnaître des qualités administratives qui en font un premier magistrat prudent, intelligent et avisé, présidait, entouré de son Conseil au grand complet. Les conseillers n’abordèrent pas la question de l’augmentation du presbytère ; mais ils comprirent fort bien qu’elle serait posée en raison de la présence inaccoutumée d’une centaine de personnes, dont une quinzaine de femmes. La question vint en effet sur le tapis au moment où M. le maire, sans avoir soufflé mot sur cette affaire, déclara la séance terminée. C’est alors que l’un des assistants lui présenta la liste de protestation en demandant ce que pensait le Conseil de cette consultation populaire, et quelle décision il en résulterait.
« Aucune pour le moment, répondirent M. le maire et ses conseillers ; nous allons à nouveau étudier la question, et nous la résoudrons à une prochaine séance du Conseil, devrions-nous nous réunir en session extraordinaire. »
Ce fut, cela va sans dire, un mécontentement général de la part des assistants, qui auraient voulu savoir ce soir-là ce que décidaient leurs édiles au sujet de cette grave question, qui depuis deux mois passionne l’opinion publique. Comme nous l’avons dit, les gens du pays voudraient voir ce conflit terminé et la paix établie.
On dit que…
Le dimanche, les conversations d’il y a deux mois reprenaient leur train. Les uns assuraient que le maire, ennuyé de ce conflit voulait démissionner ; les autres certifiaient que les conseillers ne reviendraient pas sur leur décision, qui devait entraîner le départ de M. le curé ; qu’un de ses acharnés adversaires du Conseil se faisait fort de déménager les meubles et de faire de l’église une salle de danse, etc…
Voilà, en toute impartialité, où en sont des événements qui jettent le trouble dans une commune habituellement calme et paisible.

Remarque : au début de l’article il est dit « ainsi que nous l’avons relaté vers fin décembre », je n’ai pas trouvé l’article.

23 février 1930
Les tribulations d’une municipalité
Si, comme nous l’avons dit, la question du Presbytère, qui est actuellement à l’ordre du jour, rend bien perplexes les habitants de Sainte-Verge, on peut dire que le maire et son Conseil ne sont pas les moins ennuyés dans l’affaire.
En effet, depuis la manifestation qui eut lieu à l’issue de la réunion du Conseil municipal, le samedi 18 février, une certaine divergence de vues s’est produite dans le Conseil. Le maire et cinq de ses conseillers, qui étaient partisans de l’augmentation avant la séance de samedi, ont, depuis, changé d’avis devant l’attitude de leurs concitoyens. Ils sont maintenant nettement désireux de voir se calmer cette effervescence et de ne plus parler de cette affaire. D’ailleurs, ils estiment qu’ils ont encore du temps devant eux pour résoudre cette question d’une façon pacifique, puisque le bail de M. le Curé n’expire qu’en juillet prochain
D’ici là peut intervenir un arrangement amiable souhaité bien sincèrement.
La nouvelle attitude de ces modérés est expliqué par eux, de la façon suivante : « Puisque la majorité des électeurs qui nous ont confié la gérance des affaires communales, nous demande, par leur protestation presque unanime de faire cesser le conflit existant entre nous et M. le Curé, notre conscience nous conseille de nous ranger à cet avis. Nous donnerons ainsi une preuve de notre bonne volonté et nous montrerons que nous sommes les vrais représentants de nos électeurs, qui nous expriment aujourd’hui leurs désirs de paix et de Conciliation.
A la recherche d’une solution
Trouvera-t-on une solution avant l’expiration du bail de la cure ?
M. le Maire, qui le souhaite maintenant ardemment, voit bien un moyen qui arrangerait peut-être les choses. Ce serait de faire accepter par M le Curé le paiement des contributions et les réparations de l’immeuble dont le montant s’élèverait certainement à plus de 150 francs par an, somme dont il est question d’augmenter le loyer annuel. Cette solution ne semble pas possible aux partisans de M. le Curé.
Il faut en chercher une autre. Mais laquelle ? Comment faire pour « ménager la chèvre et le chou » ? C’est-à-dire pour exécuter, d’une part, les recommandations préfectorales et d’autre part, donner satisfaction à la population presque presque tout entière qui entend qu’on laisse M le Curé tranquille ?
M le Maire, au tempérament pacifique et conciliant, aurait pensé, nous a-t-on assuré, à donner sa démission, si les choses devaient se compliquer encore.
Un bon conseil
On nous a également assuré qu’un des conseiller, ayant demandé, sur ce sujet embarrassant un conseil à M. Chacun, maire socialiste de Thouars et conseiller général du canton, celui-ci lui aurait textuellement répondu ceci :
« Si votre curé est convenable, laissez-le donc tranquille ! »
Cette qualité, M le curé Vergnaud a prouvé qu’il la possède, depuis 21 ans qu’il exerce son ministère dans une paroisse assez agitée, puisque, sur une façade de l’église, au moment des inventaires, quelques conseillers municipaux de l’époque avaient tenu à faire remarquer aux fidèles et à leur curé que cet édifice religieux était devenu bien communal, en y faisant peindre, en gros caractères, l’inscription suivante, encore bien apparente :
« République Française », et en dessous : « Liberté, Egalité, Fraternité ».

16 mars 1930
La brûlante question du presbytère
Le calme qui semble  revenu dans la coquette et paisible bourgade de Ste-Verge, n’est qu’apparent et supernactel. Au fond des  cœurs, le feu couvre sous la cendre. Nos lecteurs savent pourquoi c’est toujours de la brûlante question du presbytère qu’il s’agit.
Ces jours derniers, le bruit courait que le maire avait envoyé se démission à la préfecture. S’il a dû en arriver là, c’est qu’il la bien voulu. Nous l’avons dit, tous, ses adversaires comme ses amis, lui reconnaissaient, malgré son jeune âge, des qualités sérieuses et nombreuses qui pouvaient faire de lui un excellent maire. Pourquoi s’est-il lancé dans cette aventure, pour revenir ensuite, devant des difficultés imprévues, sur sa première décision ?
Les gens, qui se disent bien informés, déclaraient, qu’une fois sa démission acceptée, M. Bouteau, comme simple conseiller, s’unirait à ses anciens amis partisans de l’augmentation.
Mais dans ce cas, qui ceindra l’écharpe tricolore ? M le curé est bien décidé à suivre les ordres très nets de son évêque. Quel sera parmi nos conseillers celui qui acceptera le poste de maire, s’il doit le lendemain de son élection, ceint de son écharpe, assisté du garde champêtre et des gendarmes, venir signifier au pasteur vénéré de toute la population qu’il a à quitter une maison qu’il occupe paisiblement depuis de nombreuses années et à abandonner une population qu’il aime et dont il est aimé ? Car c’est bien pour ne pas accomplir cette besogne répugnante, que le maire actuel veut donner sa démission.
On assure d’autre part que, dès que la démission de M. Bouteau sera officielle, deux conseillers modérés se retireront du conseil afin de provoquer des élections municipales partielles.
Au fond, la municipalité se rend compte qu’elle a fait une « gaffe ». Elle s’est jetée inconsidérément, par zèle anticléricale, dans une aventure dont elle ne peut plus sortir. Il lui en coûte trop de se désavouer elle-même. Le fait ne serait pourtant pas sans précédent dans la région. D’autres municipalités, celles de Louzy, celle de St-Léger-de-Montbrun, celle de Missé, celle même du gros chef-lieu de canton de Saint-Varent, ont connu les mêmes difficultés, se sont vues en face du même mouvement de révolte que celui qui soulève actuellement Sainte-Verge. Or ces municipalités ont préféré sacrifier leurs sentiments ou leurs idées aux intérêts bien compris de la commune qu’elles représentaient. Nous livrons ces exemples aux méditations de nos fougueux conseillers anticléricaux. Si on les traite de « dégonfleurs », suivant le mot de l’un d’eux, ils digéreront « l’épithète » pour le plus grand bien de la commune.
On assure que la démission de M. Bouteau serait acceptée par M. le préfet des Deux-Sèvres.
M. Bouteau garderait cependant sa place de conseiller et, comme tel, il demeurerait partisan de l’augmentation du loyer du presbytère.
Nous donnons cette information sous toutes réserves.

19 mars 1930
Pour ne pas avoir à expulser le curé de sa paroisse, le maire de Sainte-Verge démissionne.
Comme nous l’avons déjà annoncé sous réserve ces jours derniers, M. Bouteau, jeune maire socialiste de Sainte-Verge, a envoyé sa démission à la Préfecture. Et celle-ci vient d’être acceptée.
Il ne voulait pas, dit-il lui, enfant de la commune, être contraint à ceindre l’écharpe tricolore pour aller, accompagné de deux gendarmes, expulser M. le Curé de son presbytère.
M. Bouteau garde cependant sa place de conseiller. Et ainsi l’Assemblée municipale, qui se trouve au complet, va pouvoir procéder à l’élection d’un nouveau maire.
Quel sera celui de nos conseillers qui consentira à accepter ce poste, dans les circonstances présentes ?…  Attendons.

Le Matin – 19 mars 1930
Un maire socialiste démissionne pour ne pas expulser le curé de sa commune
THOUARS, 18 mars, Téléph. Matin. – Il y a près d’un mois le conseil municipal de Sainte-Verge décidait d’augmenter de 150 francs par an le loyer annuel du presbytère. Conformément aux instructions épiscopales, le curé, M. Vergniaud, refusant de s’incliner et étant approuvé par 220 électeurs sur 270, le jeune maire socialiste, M. Désiré Bouteau, ne pouvant trouver un compromis, a démissionné pour ne pas procéder à l’expulsion.

Le Temps 21 mars 1930
Démission d’un maire socialiste
Le conseil municipal de Sainte-Verge (Deux-Sèvres), avait décidé, il y a quelques semaines, d’augmenter le loyer du presbytère de 150 francs par an. Le curé se conformant aux ordres de l’évêque, a refusé d’accepter cette augmentation, et une pétition, signée par une partie de la population a appuyé son refus.
Le maire socialiste de Sainte-Verge, M. Bouteau, a alors adressé sa démission au Préfet des Deux-Sèvres. « Il ne voulait pas, a t-il dit, lui, enfant de la commune, être contraint à ceindre l’écharpe tricolore pour aller, accompagné de deux gendarmes, expulser le curé de son presbytère ». Cette démission vient d’être acceptée par le Préfet.

23 mars 1930
Sainte-Verge a un nouveau maire
Le Conseil municipal s’est réuni jeudi soir, pour élire un nouveau maire en remplacement de M. Désiré Bouteau, qui a démissionné dans les circonstances que l’on sait.
La séance étant publique, une soixantaine de personnes y assistaient.
M. Godin, premier adjoint, s’installe dans le fauteuil présidentiel et déclare la séance ouverte. M. Ollivier lit le procès-verbal de la dernière séance et M. Godin cède sa place à M. Gaury, doyen d’âge, tandis que M. Henri Beugnon, le benjamin de notre assemblée communale, est nommé secrétaire. Et le moment solennel est arrivé. On vote pour l’élection du maire.
L’élu
Le vote a donné les résultats suivants : M. François Piet, 7 voix ; M. Gaury, 2 voix ; M Godin, 1 voix.
En conséquence, M. François Piet est élu maire de Ste-Verge et succède à M. Bouteau, qui, nous l’avons dit, garde cependant sa place de conseiller.
A la suite de la proclamation des résultats du vote, un incident se produit. Personne ne connaît M. François Piet ; on ne connaît que M. Ernest Piet, conseiller municipal. Le nouveau maire fait connaître qu’à l’état civil il est inscrit sous le prénom de François. Et l’incident est clos.
M. François Piet, maire de Sainte-Verge, s’installe alors dans son fauteuil, l’air satisfait.
Il inaugure ses nouvelles fonctions en demandant qu’une souscription publique soit ouverte dans la commune en faveur des sinistrés du Sud-Ouest. Ce projet est adopté à l’unanimité.
Et le maire déclare la séance terminée.
L’orage éclate
L’assistance n’est pas de cet avis. Quelqu’un demande au maire ce qu’il pense de la pétition faite en faveur de la non augmentation du presbytère Le maire répond évasivement : « Nous verrons cela plus tard, nous étudierons la question au sein du Conseil. »
En entendant ces paroles, les assistants, qui savent combien le nouveau maire est hostile à la pétition, se mirent à crier : « hou ! hou ! conspuez-le ; conspuez-le » etc…
Le maire et quelques conseillers sortirent de la salle et se rendirent dans un café voisin, tandis que les cris hostiles reprenaient de plus belle.
Le garde champêtre réussit cependant, par ses exhortations, à ramener le calme. Et chacun regagna son logis.
Mais on commente vivement l’attitude des « sept » qui ont élu le nouveau maire. On leur reproche âprement d’avoir bouleversé la commune, plus par sectarisme, que pour une question pécuniaire.
Quand cette question sera-t-elle résolue définitivement ? Comment le serait-elle ? Bien malin, qui pourrait le dire.

30 mars 1930
Une nouvelle démission
Après la démission de M. le maire Bouteau, qui remplissait ces fonctions depuis le renouvellement du Conseil municipal, il nous faut enregistrer celle de M. Gallerneau Eugène.
Contrairement à son collègue, ce dernier abandonne définitivement le Conseil municipal. On chuchote que M. Bouteau, le maire d’hier, reste au sein du Conseil jusqu’à ce que son remplaçant ait mené à bien l’offensive contre le presbytère.
La démission de M. Gallerneau ne va rien changer à l’affaire ; car le nouveau maire dispose toujours pour approuver ses futures décisions des voix qui l’ont élu. On dit que la brûlante question qui a mis en émoi notre paisible population viendra en discussion dans le courant de la semaine prochaine.
Puissent les esprits s’apaiser un peu et la fureur anticléricale de certains marquer un temps d’arrêt. Le vieux combisme est vraiment trop démodé de nos jours.

2 avril 1930
Et les démissions continuent…
Après la démission du sein du conseil municipal de M. Gallerneau, il nous faut encore enregistrer celle de M. Brémauld. Comme celle de son collègue, celle-ci est motivée par le conflit qui a surgit entre la municipalité, et la cure.
Sera-ce la dernière démission ? Et verrons-nous d’autres conseillers suivre l’exemple de leurs deux collègues ?
Certains le croient facilement et s’il en était ainsi, ces défections successives pourraient être d’une importance capitale, puisqu’elles entraineraient fatalement de nouvelles élections.
Quoiqu’il en soit ces démissions devraient donner à réfléchir aux promoteurs du conflit.

6 avril 1930
Le conflit entre le presbytère et la municipalité serait en voie d’apaisement
Une fois de plus, il nous faut revenir sur le conflit dont depuis quelques dimanches nous entretenons nos nombreux lecteurs.
Cette brûlante question qui, comme nous le disions dimanche, a entraîné la démission du maire puis de deux conseillers municipaux, est actuellement, dit-on, en voie d’arrangement, et notre pasteur vénéré nous resterait.
Nous ne connaissons pas encore les clauses de cet accord ; mais ce coup de théâtre serait dû aux longs et patients efforts de vieux habitants de la commune, à la prudence et à l’habileté desquels il nous est agréable de rendre ici un public hommage.
Puissions-nous, à brève échéance, voir le calme et la tranquillité renaître en notre petite cité ! Ceux à qui la guerre n’a rien appris, les vieux survivants du « régime abject », n’ont qu’à se souvenir avec Waldeck-Rousseau que « l’anticléricalisme n’est pas un article d’exportation »
M. le Président de la République, dans les discours qu’il a prononcés ces jours-ci à Nantes, ne nous a-t-il pas fait entendre, lui-aussi, un langage tout de sagesse et de modération en faisant appel avec une telle insistance à l’union de tous les citoyens ?
Terminons en formulant le souhait que les joyeuses envolées des cloches pascales, faisant écho aux paroles présidentielles, voient enfin régner à Sainte-Verge la concorde et la paix, pour le plus grand bien de tous. L’orage n’a que trop duré.
A dimanche, nous l’espérons, de nouvelles précisions.
IMPARTIAL

16 juillet 1930
VERS LA SOLUTION D’UN REGRETTABLE CONFLIT. — C’est avec une profonde émotion que la majeure partie de la population de notre petit pays a remarqué dernièrement les allées et venues d’un huissier de Thouars à la cure, pour signifier à son paisible et vénérable locataire d’avoir, soit à signer l’augmentation de loyer que lui impose la municipalité, — et, en cas de refus de M. le curé qui respecte les ordres de son évêque — d’avoir à vider les lieux dans un assez bref délai.
Nous croyons savoir que le vénérable pasteur avant que s’accomplisse l’irréparable et stupide mesure municipale, s’adressera aux hommes de loi en appelant en référé les édiles anticléricaux de la commune où il exerce ses fonctions ecclésiastiques depuis 21 ans avec un tact et une dignité que lui reconnaissent même ceux qui font tout actuellement pour le faire partir tout en assurant à qui veut les entendre que le curé ne les dérange pas du tout et qu’ils ne demandent qu’à le voir rester ! ! !

17 juillet 1930
UNE ÉGLISE RURALE VA FERMER SES PORTES
On se souvient que quelque temps après le dernier renouvellement des municipalités, M. Blouteau, maire de la commune de Sainte-Verge — charmante localité, située à quelques kilomètres de Thouars — et ses conseillers, décidèrent à la quasi unanimité d’augmenter légèrement le prix du loyer du presbytère et en conséquence en informèrent le locataire, M. l’abbé Vergniau qui, depuis 22 ans l’habite en qualité de curé de la paroisse.
Se conformant aux ordres formels de l’évêque de Poitiers qui ordonne aux curés de son diocèse de répondre par un refus catégorique, si minime soit la somme demandée. M. le Curé de Sainte-Verge en informa ses nouveaux propriétaires.
Emus de ce conflit, les trois quarts des électeurs de la commune signèrent une protestation contre la décision de leurs édiles, demandant la non-augmentation de la cure. Voyant que le pays se prononçait ouvertement pour le maintien de son curé, le maire de Sainte-Verge fit entendre un langage de conciliation à ses collègues ; ce fut en vain : ceux-ci ne voulurent rien savoir, ne tenant pas, suivant leur propre expression, à passer, aux yeux de leurs partisans pour des « dégonfleurs ».
Devant cette attitude, M. Bouteau, maire, démissionna et fut remplacé par M. Ernest Piet qui, au cours de plusieurs réunions du Conseil, parfois tumultueuses, continua d’agiter la question sans parvenir à la solutionner en faveur de M. Vergniau.
Le bail de la cure étant arrivé à expiration à la fin du mois dernier, il vient donc, conformément à la loi, d’être signifié par huissier à M. l’abbé Vergniau, d’avoir à quitter les lieux qu’il occupait depuis 22 ans. Cette nouvelle, M. le Curé de Sainte-Verge l’a portée à la connaissance de ses paroissiens au dernier office dominical. Tout en leur faisant des adieux émouvants, il leur a annoncé que tous ses préparatifs de départ étaient faits, mais qu’il ne les quitterait que lorsqu’il serait expulsé par la force publique. Il va sans dire que ces événements causent une certaine émotion parmi la majeure partie des habitants d’une commune d’ordinaire calme et paisible.

Le Petit-Parisien – 18 juillet 1930
Thouars, 17 juillet (dépêche Petit-Parisien)
Peu avant son élection, la municipalité de Sainte-Verge décida que le loyer du presbytère serait augmenté. Le curé, M. Vergniau, fit savoir qu’il ne payerait pas cette augmentation, se conformant en cela aux ordres de l’évêque de Poitiers.
Un grand nombre d’électeurs signèrent une protestation contre la décision prise par le conseil municipal. Le maire, M. Bouteau, proposa alors à ses collègues de se montrer conciliants, mais ce fut en vain. Alors le maire démissionna. Il fut remplacé par M. Ernest Piet, qui, au cours de plusieurs réunions, parfois tumultueuses, tenta vainement d’obtenir des conseillers l’annulation de leur vote.
Le bail de M. Vergniau étant arrivé à expiration à la fin du mois dernier, il vient, conformément à la loi, d’être signifié au curé d’avoir à quitter son logement.
Le curé de Sainte-Verge a porté cette nouvelle à la connaissance de ses paroissiens au cours du dernier office dominical. En leur faisant ses adieux, il leur a annoncé que ses préparatifs de départ étaient faits, mais qu’il ne quitterait sa paroisse que lorsqu’il serait expulsé par des agents de la force publique.

20 juillet 1930
La question du presbytère
La nouvelle que nous avons annoncée de l’expulsion prochaine — à moins d’événements nouveaux qui ne semblent guère possibles — du curé de la paroisse a intéressé certains de nos grands confrères parisiens qui l’ont reproduite à leur tour, prouvant ainsi que le fait présent n’était pas comparable à celui d’un simple particulier qui a des démêlés avec son propriétaire.
Cette nouvelle a également suscité bien des commentaires dans la commune, où la majorité des habitants aurait été si heureuse de voir ce conflit s’apaiser avant d’aboutir au point extrême où il est rendu.
Une faible minorité, qui préfère sans doute la guerre à la paix, trouve tout naturel ce qui se passe actuellement et estime que le curé, tout comme un autre, peut bien se soumettre aux modestes exigences de son propriétaire.
M. le curé, lui aussi admet très bien que l’augmentation du prix de son loyer demandée par la municipalité n’a rien d’excessive.
Il la trouve ridiculement modeste, et c’est pourquoi il ne cède pas, car ce n’est pas la question de la somme d’argent qui est en jeu, mais la question de principe. Et sur celle-ci l’évêque de Poitiers est inflexible. Il a ordonné, comme nous l’avons déjà dit, aux curés de son diocèse de refuser même un centime d’augmentation, afin de ne pas créer de précédents dans les questions de loyers qui se compliqueraient d’année en année, et s’étendraient de paroisse à paroisse.
Cet ordre du chef hiérarchique du curé de Sainte-Verge n’était pas ignoré de ceux qui soulevèrent ce conflit quelque temps après leur avènement à la mairie. Pareil conflit avait, en effet, été déjà soulevé et résolu de façon pacifique par d’autres communes limitrophes de Sainte-Verge, comme par exemple par celle de Louzy éloignée de celle-ci d’une distance de trois kilomètres. Là aussi la population se montra hostile au projet de ses dirigeants qui, plus sages que leurs collègues de Sainte-Verge, ne s’entêtèrent pas dans leur première décision.
Si elle avait imité cet exemple nous sommes persuadés que la municipalité de Sainte-Verge eût remonté dans l’estime de la plupart de ses administrés. Ceux-ci n’éprouvent plus en effet que du mépris pour des gens qui ont montré que leur sectarisme, en exigeant une somme ridiculement modeste, qui n’aurait guère enrichi la caisse communale. Et pour ce motif futile, ils n’ont pas hésité à chasser « manu militari », un modeste curé de campagne
qui était depuis plus de vingt ans au milieu d’une population qui l’estimait et l’aimait.

8 août 1930
EN RÉFÉRÉ. — En même temps que paraissait l’article annonçant le départ de M. le Curé, on apprenait que cette mesure arbitraire était reculée de quelques jours, le tribunal de Niort ayant été saisi d’une demande en référé contre la sentence du tribunal de Thouars.
Cette prolongation de quelques jours sera bien accueillie par les gens de cœur du pays, qui ne verront pas partir sans un serrement de cœur l’ecclésiastique dévoué et aimable avec lequel tous entretiennent des relations courtoises, qu’ils soient pratiquants ou non.

20 août 1930
Vers le dénouement
Mercredi soir, M. l’abbé Vergniaud, le vénérable curé de Sainte-Verge, a reçu, par voie d’huissier, la sommation d’avoir à quitter son presbytère dans la huitaine. C’est donc jeudi prochain, 7 août, au soir, que le curé de Sainte-Verge quittera ses paroissiens. Il est, de plus, condamné à payer les frais de procédure, qui s’élèvent à la somme de 200 francs.
Ainsi se terminera ce long et regrettable conflit, provoqué par une municipalité qui a marché sciemment contre l’opinion de la grosse majorité de la population qu’elle devrait représenter. La liste de protestations, dont nous avons parlé en son temps, est une preuve de ce que nous avançons.
Et, dans quelques jours, Sainte-Verge sera comme plongée dans le deuil ; on n’entendra plus, matin et soir, le doux carillon de l’ « Angélus ». Finies les joyeuses envolées des cloches, qui saluaient le nouveau-né à son entrée dans la vie ou qui chantaient l’allégresse de ceux que venait d’unir la bénédiction nuptiale. Finies aussi, les notes graves et religieuses qui tombaient du clocher tandis que s’en allait vers sa dernière demeure un enfant du pays.
Les vrais enfants de Sainte-Verge trouveront qu’il y a, chez eux, quelque chose de changé.

12 octobre 1930
La question du presbytère
Le dénouement approche
Nos lecteurs sont au courant de la question du presbytère. Nous en avons parlé à plusieurs reprises. Toujours pendante, cette question va sous peu avoir une solution.
L’abbé Vergnault, le vénérable curé de la paroisse, s’est présenté devant les juges de Bressuire au sujet de l’augmentation du loyer du presbytère. Aucun arrangement n’étant survenu, comme d’ailleurs cela était à prévoir, il a été signifié au digne ecclésiastique qu’il serait expulsé le 20 de ce mois, d’un presbytère qui a été construit, au siècle dernier, grâce aux souscriptions des catholiques et, en particulier, grâce à la magnifique libéralité d’une famille aujourd’hui disparue. Sous le régime du Concordat jusqu’en 1906, ce presbytère fut mis gracieusement à la disposition des curés de Sainte-Verge, pour le logement desquels il avait été bâti.
Il a donc une destination religieuse consacrée par son origine et par le temps.
Cependant, en 1906. lors de l’application de la loi de séparation, l’autorité diocésaine, dans un but de conciliation, permit au desservant de payer un loyer pour le presbytère. Le prix de location était admis pour reconnaître le droit de propriété de la commune. Il devait être modeste et non en rapport avec la valeur locative de l’immeuble.
En 1929, aux termes d’un bail signé pour 9 ans, mais résiliable après 3 et 6 ans, ce prix était de 190 francs.
C’est dans ces conditions qu’en 1930, la municipalité de Sainte-Verge, composée d’éléments socialistes, sans attendre l’expiration du bail, décida d’augmenter le loyer et mit M. le curé Vergnault en demeure d’accepter l’augmentation.
Un avertissement
Le diocèse de Poitiers manque de prêtres. Près de 200 paroisses sont privées de curés. Aussi l’autorité diocésaine donne t-elle des prêtres de préférence aux paroisses plus hospitalières, qui n’aggravent pas les conditions antérieures du bail curial. C’est compréhensible.
La municipalité de Sainte-Verge fut donc officiellement informée par l’autorité diocésaine que M. l’abbé Vergnault n’était pas autorisé à accepter des conditions qui constituaient une aggravation des charges anciennes et qu’il recevrait l’ordre de quitter la paroisse sans y être remplacé si la décision municipale était mise à exécution. Toute cérémonie cultuelle serait interdite dans l’église de Sainte-Verge. Les habitants devraient aller à Louzy (commune distante d’environ trois kilomètres) pour les mariages et les enterrements religieux.
Mise au courant de la situation, la population manifesta clairement sa volonté. 204 électeurs, en effet, sur 275 inscrits, signèrent une pétition demandant le maintien des conditions anciennes pour le bail du presbytère. L’opinion publique s’était donc prononcée sur une question bien précise qui l’intéressait directement.
De tout cela, la municipalité, chargée cependant de défendre les intérêts de la population, n’a tenu aucun compte. Jusqu’au bout, elle s’est obstinée sous prétexte qu’il y avait entêtement de la part de l’évêque. Et pourtant, les édiles savaient parfaitement ce qui s’était passé dans d’autres communes, à Louzy par exemple. Là. une municipalité plus conciliante et plus intelligente, après avoir soulevé la même question, l’avait résolue pacifiquement, au gré des électeurs.
C’est cette obstination anticléricale, opposée à la volonté de la majorité des électeurs, qui sera cause que le 20 octobre, huissier, commissaire et gendarmes de Thouars viendront expulser un modeste curé de campagne qui, depuis 22 ans, avait su s’attirer l’estime et la sympathie de tous, même de ceux qui seront responsables de cette expulsion indigne.

21 octobre 1930
AVANT L’EXPULSION
Hier, comme aux jours des plus grandes fêtes religieuses, les fidèles de la coquette commune de Sainte-Verge, se pressaient nombreux aux offices du dimanche, où pour la dernière fois et pour toujours peut-être les appelaient les joyeuses envolées des cloches. Si les habitants avaient répondu nombreux aux appels de celles-ci, c’est que leur pasteur, M l’abbé Vergnault, curé de la paroisse depuis 22 ans, devait, au milieu de l’émotion de tous les assistants, célébrer ce jour-là les derniers offices religieux. Car il doit être expulsé du presbytère et par conséquent du pays dans le courant de cette semaine, à un jour et à une heure que M. le Commissaire de police de Thouars, chargé de cette mission, tient secrets. Il a pris cette décision afin de procéder avec le plus de calme possible et d’éviter tout incident.

2 novembre 1930
UN DÉLAI. — Lundi M. le commissaire de police de Thouars, accompagné d’un huissier, est venu notifier à M. le curé que le parquet avait reporté son expulsion au 15 de ce mois.
Cette visite, qui était attendue si impatiemment, provoqua un attroupement de quelques personnes qui firent sonner les cloches de l’église ; tout se passa dans le plus grand calme, surtout lorsque la nouvelle du délai parvint à la connaissance du public.

13 novembre 1930
Élections complémentaires
Dimanche prochain 16 novembre, auront lieu, à Sainte-Verge, des élections municipales complémentaires pour pourvoir au remplacement de trois conseillers, qui, à la suite des regrettables incidents qui se sont produits, au moment du conflit entre la Municipalité et M. le Curé, ont donné leur démission.
La lutte sera certainement chaude en raison de la surexcitation des esprits causée par une année de discussions, parfois vives, entre gens du même pays, voire même entre familles alliées. De plus, cette consultation communale aura lieu le lendemain où la veille de l’expulsion du vénérable ecclésiastique qui, pendant près d’une semaine, a été sur le qui-vive.

16 novembre 1930
Jour d’élections
Nous l’avons annoncé, c’est aujourd’hui qu’ont lieu les élection municipales complémentaires pour pourvoir au remplacement des trois conseillers qui ont donné leur démission à la suite du conflit survenu entre la municipalité et la cure. En accomplissant ce geste, ces trois conseillers se rangeaient à l’avis de la majorité des électeurs qui signèrent la fameuse liste de protestation dont nous avons parlé.
La lutte sera chaude en raison de la surexcitation des esprits et des divisions profondes causées, même entre familles, par ce malheureux conflit.
Voici les noms des candidats qui vont solliciter le suffrage des électeurs. Sur la liste du maire figurent MM. Bourdier, cheminot ; Régnier et Alexandre, propriétaires-cultivateurs.
Les trois candidats qui leur sont opposés sont MM. Boutet Albert, Bodin Auguste et Guilbault Georges.
On prévoit le succès de ces trois derniers comme certain, étant donné qu’ils sont connus comme de sincères partisans de la concorde et du respect absolu des croyances et de toutes les libertés.

18 novembre 1930
LES ÉLECTEURS SE SONT PRONONCÉS
Les élections de Sainte-Verge ont eu lieu dimanche dernier dans le plus grand calme. Les électeurs sont accourus aux urnes avec un empressement qu’on voit rarement dans des élections complémentaires. Il y eut 256 votants, dont 4 bulletins nuls sur 280 inscrits.
La liste patronnée par le maire a été battue, alors qu’aux dernières élections elle avait remporté un éclatant succès. Ainsi la population s’est donc affirmée, une fois de plus, hostile aux procédés d’ostracisme dont à fait preuve le maire dans les récents événements. Le suffrage universel a protesté énergiquement contre une dictature sectaire.
Voici les résultats :
Liste du maire. — MM. Bourdin, 107 voix ; Reignier, 106 v. ; Alexandre, 105 v.
Liste opposée. — MM. Bobin, 142 voix ; Guilbault, 141 v. ; Boutet, 140 v.
Que fera le maire de Sainte-Verge devant cette défaite ? Gardera-t-il la même désinvolture à l’égard du suffrage universel ?
En tous cas, M. le curé attend d’un moment à l’autre la visite du commissaire et de l’huissier qui doivent l’expulser manu militari.
FAUSSE ALERTE
Mais la population ne semble pas accepter son départ sans quelque peine. Une vive anxiété règne dans le village, et elle nous a valu une histoire amusante : nous venions d’arriver lundi à Sainte-Verge, quand le bruit a couru que le commissaire de police et l’huissier étaient là.
Grand émoi ! les femmes sortent sur le seuil de leur porte. On court prévenir les amis. Pour nous, nous nous préparions à prendre des notes, pour un article sensationnel.
Nous sortons dans la rue, plus de commissaire, plus d’huissier. On nous avait tout simplement pris avec notre dépositaire à Thouars, pour le commissaire et l’huissier !
Et tout cela à cause de la casquette galonnée de ce brave Prioult !

23 novembre 1930
DANS L’ATTENTE DE L’EXPULSION
Contrairement aux bruits qui ont couru, l’expulsion du curé de Sainte-Verge n’a pas encore eu lieu.
L’intéressé, qui attend les autorités dans une certaine anxiété compréhensible, a déjà été prévenu qu’il serait expulsé il y a environ un mois.
Au bout de 15 jours, est venu un ordre du Procureur de la République, accordant un délai qui expirait le samedi soir 15 novembre, à minuit.
Le jugement étant prononcé, rien ne peut, paraît-il, en empêcher l’exécution, même pas l’acte de donation de terrain sur lequel est construit le presbytère et dont la découverte va, dit-on, être la cause d’un procès entre la municipalité de la commune et les héritiers des familles donatrices.
Si la découverte de cet acte entraîne une procédure, elle ne peut changer l’exécution du jugement ordonnant l’expulsion manu militari du curé de Sainte-Verge qui, ainsi qu’il a été dit, exerce son ministère dans cette commune depuis 22 ans.

Le Matin – 26 novembre 1930
L’abbé Verganult desservant de Sainte-Verge (Deux-Sèvres), qui refusait une augmentation de loyer, est expulsé de son presbytère.

26 novembre 1930
M. le Curé de Sainte-Verge a été expulsé de son presbytère lundi matin.
Lundi matin, à 10 heures, M. le Commissaire de police de Thouars, accompagné d’un huissier, d’un agent et de deux hommes de peine, est allé frapper au portail de la cure de Ste-Verge, où, depuis un mois, M. l’abbé Vergnault, desservant de la paroisse, attendait d’être expulsé du presbytère qu’il habite depuis 22 ans, et pour lequel, par ordre de l’évêque de Poitiers, son chef, il avait refusé d’accepter une augmentation de loyer que voulait lui imposer la nouvelle municipalité.
A la vue de ceux qui venaient faire exécuter le jugement d’expulsion, M. l’abbé Vergnault se dirigea vers son église et sonna une dernière fois les cloches. A cet appel inattendu, plusieurs personnes, se doutant de ce qui allaient se passer accoururent. Elles étaient assez nombreuses lorsque, ceint de son écharpe, le commissaire prononça les trois sommations d’usage. Celui à qui elles s’adressaient ayant opposé un refus catégorique, l’agent se rendit à Thouars chercher la gendarmerie.
Pendant ces minutes d’attente, le vénérable curé aux cheveux blancs recommanda le calme à la foule qui s’était massée autour du presbytère. Puis, avec émotion, il lut quelques lignes flétrissant la conduite des promoteurs de la mesure judiciaire, dont il était l’objet, la seule à sa connaissance qui se soit produite dans le diocèse de Poitiers.
Il fit remarquer que cette sentence était d’autant plus arbitraire que la cure avait été construite par la souscription des catholiques de la commune sur un terrain ayant été spécialement donné pour cette construction par des personnes, dont les héritiers vivent encore et revendiquent leurs droits.
Il avait à peine terminé sa lecture, qui fut écoutée dans un calme impressionnant, que M. le Capitaine de gendarmerie, commandant les brigades de l’arrondissement de Bressuire, accompagné de l’adjudant commandant celles de Thouars, arrivait à son tour. Il conseilla à l’ecclésiastique de se soumettre aux exigences de la loi. Ce fut alors que, sans résistance, celui-ci se laissa prendre au bras par un agent et franchir une dernière fois le seuil de son presbytère et il se retrouva au milieu de la foule qui l’attendait dans la rue et aussi en présence de son mobilier que les deux hommes de peine sortaient de la cure.
Il résultera de cette expulsion que les cérémonies cultuelles auront lieu désormais dans la commune de Louzy, distante de Sainte-Verge de trois kilomètre, et dans laquelle, ainsi que dans beaucoup d’autres de la région, le même conflit avait été soulevé mais pacifiquement résolu.

30 novembre 1930
Après l’expulsion
Dans notre compte rendu de la journée d’expulsion, nous avons notamment souligné le cas particulier de la construction du presbytère. Voici, à Ce sujet, la reproduction d’un document sur la situation particulière et qui sera sans doute cause d’un long procès entre la Municipalité et les descendants de ceux qui en offrirent le terrain sur lequel il est édifié.
Ce document, encore inédit, établit d’une manière irréfutable, que cet immeuble a été élevé sur un terrain donné à cet effet à la commune par M. de la Raye, ancien lieutenant de louveterie. L’acte de donation, passé le 15 avril 1846 par devant Me Cothereau, notaire, à Thouars, stipule que le terrain est concédé « à la condition expresse qu’il sera employé, partie pour la construction du presbytère ; partie pour le jardin du presbytère ».
Il s’agit, on le voit, d’une donation conditionnelle révocable par conséquent le jour où la condition n’est plus remplie.
C’est fort souvent que les tribunaux annulent des donations pour cause de non exécution des conditions stipulées.
Le jour donc où, comme actuellement, le presbytère n’abrite plus un ecclésiastique, la « condition expresse », posée par M. de la Raye à sa donation, n’est plus remplie, et les héritiers, qui sont encore existants, sont fondés à revendiquer la propriété du terrain autrefois concédé par leur famille.
Le Code civil est formel sur ce point. L’article 953 stipule en effet que : « La donation entre vifs pourra être révoquée pour cause d’inexécution sous lesquelles elle aura été faite.,. »
L’article 954 n’est pas moins formel à ce sujet, puisqu’il stipule que « Dans le cas de la révocation pour cause d’inexécution des conditions, les biens rentreront dans les mains du donateur, libres de toutes charges et hypothèques du chef de donataire ; et le donateur aura, contre les tiers, détenteurs des immeubles donnés tous les droits qu’il aurait contre le donataire lui-même ».
Voilà, notre avis, deux petits articles qui pourraient bien souffler en bise glaciale sur l’enthousiasme des acquéreurs éventuels du presbytère.
Comme on le voit, c’est en perspective un procès long et coûteux.

7 décembre 1930
Après le départ du curé
Le calme est loin d’être revenu à Sainte-Verge. La réunion du Conseil municipal, qui a eu lieu ces jours derniers, semble le prouver. Une cinquantaine d’habitants de la localité avaient tenu à y assister. Ce fut une séance orageuse. On aborda la question des enterrements.
Les trois nouveaux conseillers, qui combattent tout désordre, calculèrent que les frais par personne à enterrer s’élèveraient à plus de 50 francs, sans compter la perte de temps pour les formalités à remplir pour les enterrements qui, ainsi qu’il a été dit, auront lieu désormais à Louzy.
Les murmures s’élevèrent dans la salle et l’on ne fut pas peu surpris, pour calmer les esprits, sans doute, d’entendre certains conseillers qui avaient toujours été hostiles au projet de conciliation entre la municipalité et le curé, faire l’apologie de celui-ci en regrettant vivement son départ qui entraîne tant de difficultés.

Il n’y a plus de curé et qui va enterrer les défunts ???

6 janvier 1931
La question des enterrements
Et voilà que le départ du curé de Sainte-Verge entraîne des complications dont les habitants sont victimes. Car on n’a point pensé à la question des enterrements.
Exemple : dernièrement, M Audouin, homme très estimable, décédait à deux heures du matin, à la suite d’une longue et douloureuse maladie.Comme c’était son devoir, M. Audouin fils, après avoir rendu les derniers devoirs à son regretté père, se rendit dans la matinée près du maire de Ste-Verge, pour lui demander les renseignements sur les formalités à remplir concernant la cérémonie religieuse à Louzy.
Ce mode d’enterrement ne plaisait sans doute pas, au maire, qui répondit à son interlocuteur :
« Ce n’est pas mon affaire ! ! D’ailleurs, je pars à la chasse ! ! Adressez-vous au secrétaire de mairie. »
Douloureusement surpris d’une telle réponse, faite avec tant de désinvolture, M. Audouin fils s’en alla trouver la personne qu’on lui avait désignée. Or, à son grand étonnement, il ne fut pas peu surpris d’entendre une réponse identique :
« Ce n’est pas mon affaire, il faut vous adresser au maire », lui répondit, à son tour, le secrétaire de mairie.
M. Audouin fils s’en fut alors trouver le garde-champêtre, M. Daniel, homme serviable et correct à tous points de vue ; celui-ci se mit complaisamment à la disposition de son concitoyen, l’accompagnant près du maire et du curé de Louzy, pour régler toutes formalités et dispositions à prendre pour les obsèques de M. Audouin père.
On raconte que, se rendant compte de la bévue commise. quelques édiles se seraient mis en quête de renseignements afin de savoir à quoi s’en tenir pour le règlement des futurs enterrements religieux.

12 mars 1931
L’ANCIEN CURÉ DE STE-VERGE EST REÇU A BRAS OUVERT PAR SES NOUVEAUX PAROISSIENS. — M. le curé Vergnault, chassé de son presbytère de Sainte-Verge, a été nommé à Sauzay, près d’Argenton-Château. Il fit son entrée dans sa nouvelle paroisse la semaine dernière, et fut reçu par le maire, entouré de son Conseil, tandis que les trois cloches de l’église sonnaient à toute volée et qu’un feu de joie brûlait sur la place faisant exploser bombes et pétards.
Toute la population massée sur la place acclama son nouveau pasteur.

 

ET MAINTENANT LE CHEF DES POMPIERS !

Et qui va éteindre les incendies ???

16 janvier 1931
UN CONFLIT A LA SUBDIVISION DES SAPEURS-POMPIERS. — A l’issue de leur banquet annuel, la majeure partie des sapeurs-pompiers de la commune auxquels se sont ralliés depuis tous les autres sapeurs, ont notifié à leur lieutenant qu’ils démissionnaient parce que celui-ci leur imposait assez souvent des exigences de service exagérées et parce qu’il refusait d’accepter, comme cela se fait ailleurs, l’adhésion de membres honoraires, non seulement pour subventionner la société, mais aussi pour  aider à l’apaisement des conflits qui peuvent surgir.

25 janvier 1931
LE CONFLIT DE LA SUBDIVISION DES SAPEURS-POMPIERS. — Voilà une quinzaine de jours, nous avons annoncé que la presque totalité des sapeurs-pompiers de la commune avaient démissionné parce qu’ils ne voulaient pas servir sous les ordres de M. Gaury, lieutenant commandant la subdivision. Aucun accord n’est encore intervenu. Des deux côtés, chacun reste sur ses positions. La prochaine réunion mensuelle aura lieu le premier dimanche d’avril. Que se passsera-t-il d’ici là ? Attendons.

14 mai 1931
LE CONFLIT DURE TOUJOURS. — La deuxième réunion des sapeurs-pompiers de la commune, qui avait lieu ce mois-ci, n’a pas eu plus de succès que la première ; seuls, trois ou quatre partisans du lieutenant Gaury répondirent à l’appel. Les autres sapeurs s’abstinrent, cette fois-ci encore, de se rendre à la manœuvre.
On dit que ceux-ci auraient décidé de se réunir tous à la réunion de juin, afin d’avoir une explication définitive avec leur chef, qu’ils voudraient voir démissionner.
Puisse un arrangement amiable survenir et mettre fin à un regrettable conflit, qui n’a que trop duré.

25 mai 1931
VERS UNE SOLUTION. — On dit qu’à la suite d’une entrevue entre M. Gaury, lieutenant commandant la subdivision des sapeurs-pompiers de la commune et une délégation de ceux-ci, l’officier sus-nommé se rendrait aux désirs de la presque totalité de ses hommes en démissionnant.
Si, comme nous en avons la conviction, celui-ci joint le geste à la parole, ce sera la fin d’un conflit regrettable et la reconstitution à brève échéance, de l’excellente subdivision de sapeurs-pompiers de Sainte-Verge dont le dévouement et le mépris du danger sont connus de tous.

12 juillet 1931
LA FIN D’UN CONFLIT. — Dimanche dernier, les sapeurs-pompiers se sont enfin réunis pour la manœuvre mensuelle qui n’avait pas eu lieu depuis plusieurs mois à cause du conflit existant entre la plupart des hommes et leur lieutenant.
Ce dernier ayant envoyé sa démission au préfet, tout est rentré dans le calme.

 

2 août 1931
UNE PROCHAINE SORTIE.— Nous croyons savoir que sous peu les membres de la subdivision des sapeurs-pompiers de la commune, qu’ainsi que nous l’avons annoncé est reconstituée depuis quelque temps seulement, feront une promenade-sortie dans le coin pittoresque de Courmiers à Thouars.
Il y aura repas champêtre à midi et jeux divers l’après-midi ; le soir, un bal champêtre clôturera cette journée de réjouissances.

6 août 1931
UNE SORTIE CHAMPÊTRE DE NOS POMPIERS. — Suivant la coutume annuelle des hommes de la sub-division des sapeurs-pompiers de Thouars se sont — à l’issue de la manœuvre mensuelle — rendus en groupes joyeux dans le site pittoresque du cirque de Misse pour se retrouver chez l’ami Manger à Fertevault, où, comme tous les ans, les attendaient une succulente et odorante friture fraîchement sortie du Thouet.
Aux places d’honneur avaient pris place : M. Gauduchon. commandant la subdivision et Gaury, officier honoraire de la subdivision de Sainte-Verge.
A l’issue de ces amicales agapes et avant que les chanteurs ne se fassent entendre, M. le lieutenant Gaury se lève et dit combien il est heureux et fier d’épingler la croix des braves sur la poitrine de son collègue, le lieutenant Gauduchon. Un tonnerre d’applaudissements salue ses paroles.
Cette simple et touchante cérémonie terminée, les chanteurs ont la parole ; comme au feu il n’y eut pas de « tire au flanc » et chacun y alla de sa petite chanson.
Le retour à Thouars s’accomplit gaiement et déjà, il faisait nuit lorsque eût lieu la dislocation du cortège de nos braves sapeurs, qui regagnèrent leur logis heureux de ces bonnes heures de franche camaraderie.

13 août 1931
UNE SORTIE – Les hommes de la subdivision des sapeurs-pompiers de Sainte-Verge, se sont rendus dimanche à l’issue de la manœuvre, dans le coin champêtre du « Gué au Riche », où ils firent un repas champêtre ; après quoi, les joyeux convives s’acheminèrent vers « L’Entente Amicale » de Pompois. Et comme toujours en semblable circonstance, ce fut par des chants que se termina cette délicieuse journée passée en grande partie en plein air.

11 décembre 1931
LA SAINTE-BARBE. — Fidèle à sa tradition, la subdivision des sapeurs-pompiers a célébré dimanche sa fête annuelle de la Sainte-Barbe. L’après-midi, eut lieu, à travers les rues du bourg, un défilé impeccable aux sons des meilleurs pas redoublés joués par l’excellente clique de la subdivision.
Le soir, à 8 heures, un grand banquet réunissait les sapeurs-pompiers et les membres honoraires.
Ce fut une belle réunion d’amis, présidée par le nouveau et sympathique sous-lieutenant, M. Bretonneau, ayant à ses côtés M. Ernest Piet, maire de la commune, et de nombreux conseillers municipaux.
Une soixantaine de convives se trouvaient ainsi réunis.
Après que chanteurs et chanteuses eurent finit de se faire applaudir, un grand bal termina la fête.

Remarque : les pompiers de notre village gaulois fêtent la Sainte-Barbe, ils font la fête, il n’est pas dit si le barde a été bâillonné…

Il fallait un incendie…

29 décembre 1931
LE FEU AU VILLAGE. — Vendredi soir, vers 6 heures, au village de Belleville près de Thouars, un immense pailler, situé en bordure de la route et appartenant à M. Bohy, maquignon, prenait feu et bientôt d’immenses flammes s’élevaient dans la nuit tel un fantastique et énorme feu de Saint-Jean.
Les pompiers de Sainte-Verge alertés, ainsi que de nombreux habitants accourus sur les lieux durent se borner à préserver les maisons voisines.
Comme quelques personnes avaient remarquer quelques temps avant l’incendie, un étranger rôdant dans les parages d’où le feu était pris, ils le signalèrent aux gendarmes de Thouars accourus sur les lieux. Celui-ci retrouvé et peu après habilement interrogé, avoua être l’auteur du méfait qu’il avait commis afin dit-il de se venger de gens de la contrée l’ayant éconduit lorsqu’il leur demanda l’aumône.
Il déclara se nommer Martin Albert, être né à Paris, en 1892. actuellement sans domicile fixe, et fut incarcéré à la prison de Bressuire.
Les pertes subies par M. Bohy sont évaluées à près de 4.000 francs. Elles sont fort heureusement couvertes par une assurance.

Sainte-Verge une commune bien de chez nous, où Astérix et Obélix auraient pu habiter ! Dans les temps les plus anciens Sainte-Verge s’appelait Les Hauts-Bois. Sur Wikipedia, on peut lire : La municipalité, consciente du caractère particulier de sa toponymie, a adhéré à l’Association des communes de France aux noms burlesques et chantants (classé dans la catégorie jeux de mots).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Association_des_communes_de_France_aux_noms_burlesques_et_chantants

http://www.commune-burlesque.com/commune.php?commune=sainte-verge

Et d’après le site : http://le-cercle-histo.over-blog.fr/article-polemique-autour-d-un-eventuel-divorce-thouars-ste-verge–42721234.html
qui est en général bien renseigné, Sainte-Verge ne vire plus mais se vire !!!!

A la vue de tout cela, je me demande si c’est à Sainte-Verge qu’est née cette expression, oui, une institutrice, mutée dans l’école du village, au courant des évènements et inquiète pour son avenir (vont-ils me virer…), s’écria à l’entrée en voyant le panneau : http://droles-de-panneaux.skyrock.com/2338162831-Sainte-Verge-79100.html

Faire un click droit puis ouvrir vers …    Je suis mutée à Sainte-Verge

 

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