Les enfants trouvés de Parthenay (Chapitre IV, partie 3)

(la série d’articles sur le sujet des « enfants trouvés de Parthenay » a été rédigée par Guillaume Kalb avec l’aide de Paule Morin et a d’abord été publiée sur la liste de discussion CGW79 . Guillaume a souhaité les rendre disponibles à tous via ce blog et je l’en remercie. Je lui laisse maintenant la parole, pour cette préface et ces nombreux chapitres qui seront mis en ligne au fur et à mesure)

Préface | chapitre 1 | chapitre 2 | chapitre 3 | chapitre 4 part. 1part. 2part. 3

  • c) Les BILLETS et Certificats/Extraits de Baptême :

    • 1846 :

      Onze billets dans cette année. Dix billets donnent le(s) prénom(s) et dans 8 billets il est question du Baptême. Trois de ces sept sont dits ‘certificats de baptême’ et 2 autres ont été écrites par le prêtre qui a baptisé l’enfant.

      De 1841 au 1845 je n’ai rencontré que 4 dates dans les 33 billets. Dans les 11 billets de 1846 je trouve 7 billets avec des dates : “a été baptisé aujourd’hui le 13 avril”(la declaration de naissance est le 14 avril ; “certificat de baptême de date du 23 juin”(decl.de naiss. le 26 juin) ; “…née le 6 janvier” Acte 89 du 6 août : “Cet enfant est né le 21 mai, baptisé le 22 du même mois et a été nommé Abel Marie” elle a donc 2 mois ½. Acte 109: “Baptisé le 26 septembre par moi soussigné Moreau, prêtre” . “Né le 7 exposé le neuf du mois d’auquetobre 1846 vous avez l’obligeance de le nommer Anselme” et dans l’acte 123 du 2 novembre nous trouvons le dernier billet avec date. C’est un certificat de baptême et il est vraiment spécial “cet enfant né le 6 octobre a été baptisé le 7 fils de Justine Marson et père inconnu” Un certificat très, très étonnant car contrairement à tous les autres certificats jusqu’à ici le nom de la mère est cité. Plus encore: le nom du parrain et de la marraine sont cités aussi : René MARSON et Magdelaine TAILLOT et le nom du prêtre MOREAU (1*) …. le prénom de l’enfant n’est pas donné, remarquable. L’enfant a été inscrit sous les noms Alexandre MARSON.(1*)

      Outre ces dates un des billets mentionne aussi que” l’enfant exposé a 13 mois”. Nous trouvons aussi 3 fois un lieu nommé dans un billet. L’Hospice de Parthenay était destiné à prendre les enfants trouvés de tout l’arrondissement (on pourrait dire un point de rassemblement temporaire) et si nous savons que l’arrondissement compte 8 cantons et 77 communes, que le superficie est 1585 km² et que le canton de Parthenay est déjà 187km² et compte 11 communes, vous comprenez que chaque précision nous aide un peu à nous mieux informer.

      Les lieux :

      - 1. Un certificat est du curé d’Azay. Supposant qu’Azay est Azay-sur-Thouet, cela se trouve à 10 km à l’ouest et un petit peu au sud de Parthenay.

      -2. Un baptême a été fait par le vicaire de Saint Laurent, c’est l’église dans le sud de la ville de Parthenay.

      - et 3. Un billet dit “Alexandre à Beaulieu agé 13 mois, fils naturel” (vous voyez: bien de renseignements en qqs mots). Beaulieu se trouve 12 km au sud de Parthenay.

  • 1847 :

    Les 7 billets donnent tous le(s) prénom(s) mais seulement 2 parlent du baptême dont 1 est un certificat de B. du 20 septembre :”Marie née d’aujourd’hui à 2 heures de l’après-midi et baptisée le même jour par moi curé du Saint Laurent , signé COCHARD” Cela est écrit dans l’acte 101 où l’enfant est déclaré par Soeur Sainte Léocadie le 21 septembre à midi et où elle est inscrit sous les noms Marie SENAAR.. Dans la marge : “La mère l’a retiré et l’enfant et l’enfant est inscrit dans l’acte suivant” acte 102, le 21 septembre à dix heures Il y a ici des choses qui clochent mais cela nous donne de l’information sur la mère : C’est Marie DORMY (patronyme très rare et presqu’ exclusivement dans le nord-ouest de la France. Elle est fille d’un journalier qui est décedé en janvier 1847 et sa mère, veuve donc, est sans profession et a 36 ans. L’age de la mère de Marie n’est pas donné (16 à 19ans?). Marie SENAAR tourne donc en Marie DORMY. Les autres billets sont assez simples “Ils se nomme louis” écrit au crayon sur un petit billet, dit l’acte 129 ou le billet dans l’acte 116 “Darman Darman”, Ils ont compris que la mère voulait nommer son enfant Armand.

    Le plus “mystérieux” est l’acte 76 du 7 juin. Sans dévoiler le mystère (ça sera pour un des chapitres sur la Dénomination) je vous le présente ici : “L’enfant portait avec lui un billet où sont écrits au crayon les noms de rené magdelaine jacques binjamin” (2*) et alors on l’inscrit un peu plus loin sous les noms de “Jacques Binjamin Magdelaine René”.

    a. c’est le seul enfant sur les 413 des années 1841-1850 qui a reçu 4 prénoms et même si l’on considère qu’un de ces 4 noms pourra servir comme “nom de famille” ça reste exceptionnel
    b. souvent quand la mère avance 2 ou 3 prénoms on n’en accepte 1 ou 2 ou on intercale un autre prénom mais ici tous les 4 sont pris.
    Où donc est “le mystère”? C’est l’ordre. Pourquoi accepter tous les 4 noms, même le nom féminin, mais changer l’ordre? (1-2-3-4 est devenu 3-4-2-1) La Soeur comme déclarante avait une raison pour cela.

    L’acte 43, Vue 172 nous donne le texte d’un billet qu’on peut vraiment nommer “une petite lettre” . Voici ce texte :”Du 21 mars 1847 né à midi, ma chère soeurs je vous confie ce dépot autre r?/v?oment 1) pour le servi de mère jusque je puisse m’acquitte de mon devoir opre (2) de ma bienfaitrisse je vous prie ma soeurs de lui donner le nom de julienne et de fair antansion (3) une petite medaille que la a son cous pour la marque et vo pene (4) ceron recompensé

    1 = Je pense “autrement” en 2 mots ; 2 = auprès ; 3 = attention ; 4. vos peines

  • 1848 :

    3 billets parlent du baptême : “Je suis baptisé je m’appelle René il boit et mange bien conservez quelques reliques (sic ! g.k.) de mes vetements” On estime qu’il a environ trois mois. Il y a 1 certificat de baptême et c’est du curé de Viennay. C’est le seul lieu indiqué en 1848. Viennay se situe à 6 km nord de Parthenay. Tous les billets citent un ou deux prénoms. “Rose” ou en deux mots : “jules artur”. Il n’y a qu’une date dans ces 7 billets “…est net le 16 du mois à 5 heures du soir..” L’acte est du 18 octobre, acte 107. Un billet a un texte relativement long. Il s’agit d’un enfant dont l’âge paraissait d’environ 4 mois “on recommande au soint (soins?) de c’est dames cette enfant car on veut la reconnaitre sout peut (sous peu?) on désire qu’elle porte les noms de marie d’angelique on recommande la petite croix a son cout” …personne n’est venu reclamer cet enfant.

  • 1849 :

    Ceci est l’année record de la décennie: 14 billets pour 50 enfants.Ce n’est qu’un billet qui ne parle pas d’un prénom : acte 88 “La enfant est batisé”. 7 autres billets parlent aussi du baptême dont 2 sont des certificats de baptême. Remarquable est l’acte 83 du 4 juin. Non seulement parceque le billet a l’air d’un ordre “Baptisé lui les noms Porchaire théodore” mais aussi le choix de ce prénom …Porchaire? (3*).
    Il se peut que la mère est originaire de Saint-Porchaire (Charente Maritime) ou ses environs mais cela fait quand-même une distance de 130 km de Parthenay. Plus probable est …qu’elle a consulté quelquepart le calendrier des saints : Saint Porchaire, fête…le 5 juin! Ou quelqu’un l’a conseillé ce prénom est très inhabituel…mais dans ce cas on pense automatiquement à un prêtre….et alors il avait pu baptiser le gamin.

    Sept billets donnent des dates comme dans l’acte 32, du 14 mars “Le 13 mars mille huy camph (??g.k.) quarante neuf né 11 heures du soir il est pabtisé” et l’acte 20 du 13 février nous informe “L’enfant était marqué d’un ruban blanc et rouge et portait un billet ainsi conçu: acte de naissance de Enfant inconnu né le 30 janvier 1849 dont il est baptisé dont on a donné Prénoms de françois Enfant exposé le 12 fevrier 1849 la mere un jour serait désirante de le reconnaitre “ ( personne n’est venu à ma connaissance), Acte 129 du 20 octobre (Vue 35) “Jean Stanislas Sauvigny né le 7 octobre mil huit cent quarante neuf ” Le billet donne donc un patronyme: Sauvigny. C’est un nom de famille qui existe mais qui est extrêmement rare 2 fois 3 naissances de 1891-1915 et de 1941-1965…mais pas aux Deux-Sèvres. Peut-être des descendants de Jean Stanislas?? Un lien avec Sauvigny-les-Bois est douteux par la distance de 350 km.

    Le dernier billet est probablement pas écrit par la mère, vu les tournures. C’est l’acte 148 du 10 décembre 1849 à la Vue 40 : “Je recommande à madame la Supérieure l’enfant présenté car la personne qui l’expose est dans l’intention de le reconnaitre plus tard. Je désire qu’il porte le nom de Pauline on trouvera sur lui une médaille de Saint Louis de Gonsalvez (4*) qu’il soit conservée ainsi que les autres marques qui se trouvent sur ses afferts “. Il est vrai que l’enfant a été reconnu par une femme demeurant à Parthenay. C’était Marie GOUAT Veuve Thomin, journalière le 26 décembre 1862. L’enfant avait donc déjà 13 ans. Dans un autre chapitre nous allons regarder ces Reconnaissances et Légitimations pour toute la période 1841-1850.

  • 1850 :

    Que 6 billets, score le plus bas de cette série de 5 ans, 1 sur 6 abandons. Oui, car au fond cette année n’a connu que 36 expositions par les 3 jumeaux qui ont été mis dans le tour. Seulement deux sur les 6 billets parlent du baptême : 1 dans un certificat de baptême d’un prêtre qui dit qu’il a baptisé “Marie de père et mère inconnus” et qu’il l’a “confiée à Jacques DESSEAUX pour être exposé dans le tour à l’hospice de Parthenay le six janvier “ (acte 3, du 7-1, vue 44). L’acte dit aussi “qu’il paraissait né de la veille” mais l’enfant décède déjà le 7 janvier, donc le jour de la déclaration même! , à Adilly (9 km nord-ouest de Parthenay). Bon, ça arrivait bien d’autres fois mais…l’acte de décès no. 1 de 1850 à Adilly du 8 janvier dit que “Marie Marona agé de quatre mois est décedé le 7 janvier chez la femme Largeau en nourrice” le décès est déclaré par René Largeau, maçon, 30 ans. Dans la marge d’acte de naissance on marque pour le décès 14 janvier. Vous voyez que faire des recherches peut apporter autant des questions ou même plus que des réponses! L’autre billet qui parle du baptême dit “L’enfant a été baptisé à l’Eglise catolique il sáppelle Célestin Louis “ (acte 99, Vue 68). Tous les billets donnent le(s) prénom(s). Sur 3 dates données, il n’y a qu’une qui nous donne de l’info utile : acte 11 du 2 février 1850 “Constant né le 10 avril 1849 “.
    Un billet qui cause un petit sourire “Charles mardi” c’est dans l’acte 19 du 13 février. Le treize était un mercredi et la mère a probablement voulu faire savoir le jour de naissance, mardi, donc le 12 février. L’administration a pris ce “mardi” et donné cela comme son ‘nom de famille’.
    Il reste encore un cas spécial qui se trouve dans la marge de l’acte 14, le 4 février la sage-femme fait la déclaration d’une naissance comme elles le faisaient souvent. C’est un petit garçon né du jour même, Mathurin. Le père, Mathurin Téxier, un maçon, est décedé, la mère a 28 ans . Dans la marge est écrit (verticalement) “Cet enfant a été exposé à l’hospice dans la nuit du 4 au 5 février son père était mort et la mère étant dans la plus grande misère “ Je ne retrouve pas son décès, peut-être il est décedé ailleurs mais en géneral il y a alors une transcription de l’acte de décès de la commune où il est décedé.

Tableau 7b : Nombre de Billets et Sujets y figurant

Année Nombre Baptême Prénoms Date
1846 11 sur 44 enf 8 10 7 3
1847 7 sur 34 enf 2 7 2 1
1848 7 sur 32 enf 3 7 1 1
1849 14 sur 50 enf 8 13 7 2
1850 6 sur 39 enf 2 5 3
Total 45 sur 199
= 22,5%
23
= 51%
42
= 93%
20
= 44%
7
= 16%

Guillaume KALB

Retour en haut de page

Notes Chapitre IV partie 3 :

1*) J’ignore si ce MOREAU est le même prêtre qu’on trouve en acte 109. Le patronyme a connu presque 100.000 naissances de 1891-1990 et alors il était le plus fréquent aux Deux-Sèvres et départements limitrophes donc…2 ou plus de prêtres MOREAU ça ne serait pas étonnant.

Bienque le patronyme MARSON n’est pas très rare, entre 8 et 900 naissances de 1891 – 1990, il est rare aux Deux-Sèvres 0 naissances au 20e siècle. Le patronyme est plus repandu dans le nord-est de la France.

2*) L’administrateur qui écrit la plupart des actes, écrit toujours Binjamin au lieu de Benjamin (nom biblique, le dernier-né des 12 fils du Patriarch JACOB)

3*) Vu la proximité de Poitiers ce saint doit être bien connu. Il y a là une église qui porte son nom. Il a été un des premiers abbés du monastère Saint-Hilaire le Grand et il a été concerné dans le tumulte autour la révoltede 589 des nonnes cloîtrées du couvent de la Sainte Croix (fondée par Radegonde + 587) contre l’abbesse Leubovère qui a succedé Agnès + 588. C’est Chrotielde, Chlothilde ou bien Clothilde qui la mène. Cette révolte, arosée par l’écrivaine féministe Régine Deforges une sauce romantique et une bonne dose de fiction a paru dans un roman La Révolte des nonnes(1981) qui a été à la base d’une série à la télévision, L’enfant des loups (emissionnée en 1991 et 1993). Il est vrai qu’il y avait un Saint-Porchaire aux Deux-Sèvres aussi , cela forme actuellement un quartier de Bressuire (30 km, cela peut être un lien. Il existe aussi faïence de Porchaire du 16e s. mais le nom n’est donné que vers la fin du 19e s. et le nom est probablement mal choisi.

4*) Vraisemblablement il s’agit de Saint Louis de GONZAGUE. Il est vrai que le site Nominis met dans leur article sur lui que les Gonsalve/Gonzalve ont lur fête aussi le 21 juin mais aux fêtes des saints Gonsalve (le 10-1 et le 2012)…ils disent que c’est aussi la fête des Gonzague !? Saint Louis de G. était un prince italien de la région de Mantoue né en 1568. Il a passé 8 ans à la cour de Florence comme page puis à celle de Madrid pour arondir sa formation (1577 – 1585). Il n’aimait pas cette vie somptueuse; il voulait entrer dans le jeune ordre de Jésuites (fondé en 1534 à Paris). Papa pas content, Louis persiste et renonce à son droit à la principauté. Il entre dans le noviciat de Rome où il se fixe des limites austères et il a l’esprit brouillé (nous dirions maintenant “anorexia mentale” ou “trouble de la personnalité borderline” ou simplement : stressé, surmené. Mais n’ayant pas de remèdes à l’époque, il a eu à 22 ans “un message céleste” : Tu mouriras jeune! Et voilà, le miracle, il devient tout calme et serein. L’an après il y avait une épidémie de la peste à Rome et il a été contaminé en aidant les malades, et il décède en 1591 à 23 ans. Il est le saint patron de la Jeunesse et comme il était dans l’ordre des Jésuites il y a beaucoup d’écoles, lycées, instituts scolaires qui portent son nom. Au Canada il y a une commune Saint-Louis-de-Gonzague à 55 km sud-ouest de Montréal fondée vers 1850.

Cette entrée a été publiée dans * Tous les articles, divers, généalogie (généralités), histoire locale, ressources généalogiques. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire