Tremblement de terre à Saint-Maixent en 1512

Tremblement de terre à Saint-Maixent en 1512

Les renseignements relatifs à la météorologie intéressent plus spécialement un certain nombre de nos collègues. C’est donc à eux que s’adresse surtout ma seconde communication.
Dans un manuscrit de la Bibliothèque Nationale, longuement décrit par Berger de Xivrey, Traditions tératologiques, prolégomènes, p. XLVI et seq., une note écrite sur la face intérieure nous apprend que :
« Le vingt cinquième jour aougst, jour sainct Loys, en l’an mil cinq cens et douze, trambla la terre en Sainct-Maixent, tellement que les solleaux et autres boys des maisons crioient en leurs mortoises. »
Pour ceux qui voudraient remonter aux sources, il est bon de savoir qu le manuscrit portait en 1836, le n° 83. On lit en outre sur le dos de la reliure, garnie de fer, les n° 1907 et 5800. Ce dernier numéro est au-dessous d’une étiquette où est écrit comme nom de l’ouvrage : Histoire de Quinte Curse (sic).
C’est un grand in-folio sur papier, qui de la bibliothèque de Séguier est passée dans celle de Coislin, léguée à l’abbaye de Saint-Germain-des-Près, où il portait le n° 138. Il est écrit à deux colonnes, chaque feuillet est numéroté sur le recto, on en compte 288, indépendamment des 20ff. d’une table qui précède la pagination, etc. etc. (B. de Xivrey). La note est de la même main que le manuscrit, ce qui porterait à croire que le copiste était Poitevin, hypothèse qu’un autre Saint-Maixentais, mon excellent cousin Alfred Richard, archiviste de la Vienne, dit avoir vérifié.

Léo Desaivre

Bulletin de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres – Tome 3 – 1876-1878 – page 463.

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LE PETIT JOURNAL – N° 1305 – 6 septembre 1866

Samedi dernier, dit le Mémorial des Deux-Sèvres,  sur les huit heures et demie du soir, un tremblement de terre s’est fait sentir à Niort. Le bruit, pareil à celui d’un train de chemin de fer en marche, a duré quelques secondes et a groupé aussitôt la population dans différents quartier. Les secousses paraissaient venir de l’Ouest. Pareil phénomène aurait été observé, dit-on, à Saint-Maixent et à la Mothe-Saint-Héraye.

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Tremblements de terre en 1704 et 1711 à Niort :
Le 26 febvrier 1704, il y eut un tremblement de terre entre 4 et 5 heures du soir. Mon fils le capucin m’a escript de Tours que ce tremblement s’estait fait sentir et entendre par trois secouses a Tours et à dix lieues à la ronde. P. B.

Le mardy 6 octobre 1711 sur les 8 heures du soir, il y eut un tremblement de terre par deux différentes fois. La première fut précédée d’un grand bruit que je crus estre un tonnerre, et, estant en attention avec ceux de ma maison, le tremblement fust sy grand qu’il esbranla les murs, planchers et vitres de la maison et nous aussy dans nos sièges. Cela obligea beaucoup de personnes à sortir dans les rues.

Source : Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres – 3e série – Tome IV – 1887 —- Papier Mémorial de la Famille Bastard (1585-1721)

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Tremblement de terre en 1772 à Parthenay :
1772. — 2 janvier, entre 6 et 7 heures du matin, à Parthenay (Deux-Sèvres), une forte secousse qui a renversé des meubles.
Le 9 , à 7 heures du matin, une nouvelle secousse avec bruit pareil à celui des voitures, renversa des édifices. Le Thoué sortit de son lit deux minutes auparavant. A 9 heures du matin, une secousse très-légère.
Source : Mémoire sur les tremblements de terre ressentis en France, en Belgique et en Hollande depuis le quatrième siècle … jusqu’à nos jours – Alexis Perrey – 1845

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Les tremblements de terre dans les Deux-sèvres :
http://www.sisfrance.net/donnees_seisme.asp?DPT=79

Grégory Quenet, 2005, Les Tremblements de terre aux dix-septième et dix-huitième siècles. La naissance d’un risque, Seyssel, Champ Vallon, 587 p. :
http://developpementdurable.revues.org/937

Le tremblement de terre de Bordeaux du 10 août 1759 vu par un compagnon vitrier – Grégory Quenet :
http://www.cairn.info/revue-hypotheses-1999-1-page-39.htm

Le tremblement de terre du 11 octobre 1749 en Poitou et en Touraine – J.Vogt – Norois – 1987 :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182x_1987_num_136_1_4365

Le raz de marée du 21 juillet 365
Jacques François, Bousquet Bernard. Le raz de marée du 21 juillet 365.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1984_num_96_1_1412

 

 

 

 

 

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Duel au pistolet dans le Saint-Maixentais, jeudi 24 avril 1873

LE JOURNAL DE LYON – Mardi 29 avril 1873
http://collections.bm-lyon.fr/PER00317611/PAGE1_PDF

http://collections.bm-lyon.fr/PER00317611/ISSUE_PDF

Une rencontre au pistolet a eu lieu mercredi dernier, à quatre heures du soir, dans les environs de Saint-Maixent, entre M. Louis Tribert, député, et M. Louis Lévesque, rédacteur de la Sèvre. Les adversaires, placés à trente pas, ont échangé chacun deux balles sans s’atteindre.
Les témoins ont alors jugé l’honneur satisfait et ont fait cesser le combat que les deux adversaires étaient décidés à continuer.
La cause de ce duel est un article contre M. Tribert, publié par la Sèvre. Avant de se séparer, M. Tribert et M. Lévesque se sont donné la main.
Mr Louis Tribert avait pour témoins M. le général Mazure, député, et M. Duplessis. Les deux témoins de M. Louis Lévesque étaient deux rédacteurs de la Sèvre, M. Guette et M. Ory.

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LE TEMPS – N° 4396 – 27 avril 1873
Une rencontre au pistolet a eu lieu jeudi, près de Saint-Maixent, entre M. Louis Tribert, député des Deux-Sèvres à l’Assemblée nationale, et l’auteur de l’article signé Ralapoil (?), qui avait paru dans le numéro de samedi 10 avril, du journal la Sèvre. Après l’échange de deux balles, les témoins ont mis fin au combat. Aucun des adversaires n’a été atteint.

 

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BIOGRAPHIE DE LOUIS PIERRE TRIBERT (1819 – 1899)
Né le 29/06/1819 à PARIS.
Décédé le 15/06/1899 à SAINT-DENIS (Deux-Sèvres).
Député des Deux-Sèvres (Centre gauche) du 08 février 1871 au 13 décembre 1875.
Propriétaire à Puyraveau de Saint-Denis (Deux-Sèvres), où il fit construire à ses frais une école communale.
Il eut un duel (1873) avec un journaliste bonapartiste des Deux-Sèvres, au sujet d’un article sur le conventionnel Lecointe-Puyraveau.
http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_dept=8822

Sénateur du 1er janvier 1875 au 1er janvier 1899 – Biographie et photo sur :
http://www.senat.fr/senateur-3eme-republique/tribert_louis1541r3.html

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BÉOTIANA – Apologie des Saint-Maixentais – Léo Desaivre

Les Saint-Maixentais n’ont point laissé sans réponse les brocards décochés par leurs voisins ; un humble apothicaire s’est fait (vers 1660) le champion de sa ville natale, il a eu de plus le rare mérite d’écrire en vers Poitevins. Sans rien sacrifier à la forme, Jean Drouhet relate avec une recherche méticuleuse des termes et des locutions populaires les facéties attribuées à Niort, Poitiers ou Fontenay en représailles de celles dont on gratifiait Saint-Maixent. Il en est qu’on ne raconte plus, mais ce dont il faut surtout le glorifier, c’est de nous les rendre toutes avec leur originalité native et quelque peu rabelaisienne.
Offrons tout d’abord, à ceux que n’effraie point cette âpre senteur du terroir, le groupe des Moiries injustement dédaigné par l’auteur des Saint-Maixentiades publiées dans le journal Le Français (1) et puisque les enfons de Sen-Moixont sont si chatouilleux, empruntons à l’un d’entre eux le récit de ces burlesques aventures municipales, nous ne saurions mieux interpréter les vers de Drouhet d’une intelligence difficile même pour ses contemporains.
« Les échevins de Poitiers, si l’on en croit la légende, après avoir vidé de nombreux flacons, parcouraient pendant toute la nuit les rues de la ville au grand galop de leurs chevaux, accompagnés de valets portant des torches. Ils allaient ensuite fourrer leur tête dans le trou d’une lanterne autour de laquelle se tenaient les bourgeois, et celui qui le garnissait au plus juste remportait le prix.
« A Niort, on s’en remettait au choix d’un baudet qui, après s’être bien repu d’avoine, venait devant l’un d’eux faire sa moue.
« A Fontenay, la palme était dévolue à celui qui après avoir bien couru dans la prairie pour en chasser les oies et les canards avalait le plus de petits pâtés.
« A Saint-Maixent enfin, les échevins se rendaient sous un prunier dont on secouait les branches et celui qui attrapait avec sa bouche l’un des fruits avant qu’il n’eût touché terre, était proclamé maire (2). »
Il fallait cracher le noyau ; il était arrivé qu’un échevin n’avait pu subir cette contre-épreuve ayant atteint par inadvertance le renvoi d’un dindon perché sur l’arbre. Cette année-là tout allait de mal en pis ; au second essai ce fut un cochon qui croqua la prune ; dans cette circonstance difficile le docte aréopage décida pour en finir que l’échevin le plus rapproché de l’animal serait choisi pour maire.
Quelque typiques que semblent ces Moiries, il est bien évident que nos ancêtres ne firent point grand effort pour les inventer. Ce n’est point chez nous que Victor Hugo est allé chercher la fameuse grimace de Quasimodo, elle est bien réellement une réminiscence d’un divertissement populaire, joyeux prélude, à Poitiers comme ailleurs, du choix du roi des fous.
Aux foires de Niort, les ânes savants ne s’y prennent point autrement que leur municipal ancêtre pour désigner le plus aimable, le plus amoureux, la plus belle etc. de la société.
L’élection de certain roi des gourmands rappelle, trait pour trait, l’épreuve subie par le futur maire de Fontenay.
J’ai vu enfin en Belgique des individus des deux sexes, il est vrai, s’efforcer de retenir avec leurs dents des brioches balancées au bout d’une corde, et leurs vains efforts me reportaient involontairement aux tentatives si souvent infructueuses des échevins Saint-Maixentais pour croquer la prune (3).
Ne croyez point que Drouhet n’ait à renvoyer à ses voisins rien que les histoires de leurs propres mairies.
Si les Niortais reprochaient aux gens de Saint-Maixent d’être gainés et de porter de gros sabots (4), il avait à répondre qu’eux-mêmes étaient toujours enroués grâce à l’humidité de leurs marais, inconvénient qui les obligeait de recourir à la puissante voix de ses compatriotes chaque fois qu’il fallait crier vive le roi. Il prouvait enfin dans la défonse des enfons de la ville de Sen-Moixont contre les railleries do gens de Poetey que les siens étaient tout aussi instruits et tout aussi policés que les habitants des autres cités de la province.
Il est pourtant une circonstance fort atténuante pour le prétendu béotisme Saint-Maixentais que Drouhet a toujours ignorée, c’est l’attribution à d’autres villes de la plupart des balourdises trop généreusement accordées jusqu’ici à sa cité natale. Il suffit de parcourir le Blason populaire de la France que viennent de nous donner MM. H. Gaidoz et P. Sébillot pour en avoir la preuve (5). Il fallait aussi que les railleurs fussent bien à court pour gratifier le pont de Croutelle (6) d’une inscription analogue (7) à celle qu’ils disaient lire sur la porte Châlon à Saint-Maixent : Cette porte a été faite ici.

Les histoires qui suivent se retrouvent encore ailleurs, quoique assez peu connues :
— Un habitant de St-Maixent eut l’ingénieuse idée de semer un boisseau de sel pour faire la nique aux gabelous l’année suivante. A la moisson il vint voir si le sel était bon à couper, mais ne voyant rien qu’une sauterelle bondissant sur le terrain nu, il pensa qu’elle avait tout mangé. Ne pouvant atteindre la maudite bête, il prie un chasseur de l’accompagner le lendemain avec son fusil. A leur arrivée clans le champ la sauterelle lui saute à la gorge il crie à son compagnon de tirer en lui montrant l’insecte, le coup part et naturellement tue la bête et l’homme ou plus exactement la sauterelle et le sautereau comme ne manque pas de le dire le narrateur.
— Des gens de St-Maixent allant à Niort voient clans un clos, près de la ville, de superbes citrouilles. Ils demandent au jardinier (8) ce que cela peut bien être, on leur répond que ce sont des œufs de mules. Etonnés à bien juste titre, ils les achètent et les emportent pour les faire couver. Fatigués au retour, ils déposent leurs potirons près d’un talus pour se reposer. L’un d’eux roule sur la pente et fait débouler un lièvre qu’ils prennent pour un petit mulet à cause de ses longues oreilles.
— Voici un exploit qui se passe en temps de guerre. Un bourgeois, fort inquiet, s’est endormi au soleil en surveillant ses vendangeurs. Tout à coup un bruit confus le réveille, ce sont trois bourdons entrés dans une gourde dont ils ne peuvent sortir. Notre homme saute à cheval et détale au plus vite croyant entendre le son du tambour. Pelotonné sous son lit sans avoir pris le temps d’ôter ses bottes, il croit sentir des épées qui lui pénètrent clans les chairs, ne pensant pas aux éperons de ses houzeaux trop près de son derrière. Sa femme arrive enfin et le tire de cette position ridicule (9).
— Un homme de St-Maixent part un jour sur son âne pour aller voir une tante qui habitait une localité voisine où il n’était jamais allé. Chemin faisant, un besoin l’oblige à mettre pied à terre et l’âne fait volte-face pendant qu’il a le clos tourné. Remonté sur sa bête, notre voyageur revient vers St-Maixent tout en croyant continuer sa route. Bientôt il arrive près de la ville et s’ébahit en voyant combien le pays diffère peu de celui où il est né. A mesure qu’il approche, les rues, les maisons mêmes semblent toutes pareilles ; bien plus les gens de chez sa tante sont faits comme les gens de St-Maixent, la porte enfin où l’âne s’arrête est identique à la sienne. Il frappe croyant avoir atteint le but de son voyage et est bien étonné de retrouver sa femme et ses enfants.

Enfin, dans l’article du Français, l’arrêté municipal relatif à l’herbe des promenades ne saurait être qu’une réminiscence d’une lettre « confidentielle et personnelle », écrite sous le second Empire par un maire de Coulonges-sur-l’Autise (Deux-Sèvres) à son garde-champêtre, divulguée clans un procès célèbre et qui sert depuis lors à l’ébaudissement des journalistes. Il s’agissait dans l’espèce de gens bien ou mal pensants dont les poules pourraient se trouver en contravention et qu’il fallait poursuivre ou non suivant le barème de leurs opinions politiques ; toujours comme ci-devant, cette récente bourde tend à passer aux gens de Saint-Maixent ; décidément on ne prête jamais qu’aux riches !
Les pots de moutarde (10), le clocher qui pousse grâce à l’affaissement du fumier, le cadran recouvert d’une caisse en bois, quelques joyeusetés de la porte Chalon dont l’une a été reproduite à propos de la pompe à incendie, voilà donc à peu près tout ce que les Poitevins auraient trouvé de neuf pour en glorifier Saint-Maixent si l’on en jugeait par les nombreux écrits qui traitent de ces graves matières. Pourtant l’enquête générale n’est qu’à peine commencée et l’on trouve bien encore par ailleurs la mention, un peu sommaire, il est vrai, d’un autre cadran (11). Cherchons encore et revenons à la porte Chalon, aussi bien peut-être ne savez-vous pas pourquoi elle est toujours ouverte (12).
— A une époque peu reculée, on songea enfin à paver la rue Chalon. Un dos d’âne s’éleva au-dessous de la célèbre porte qu’on fut bien étonné de ne pouvoir plus refermer le soir. Le Conseil municipal s’assemble en hâte et ne trouve d’autre remède que d’enlever la barrière, ce qui fut fait le lendemain. Depuis ce temps rien ne clôt plus la principale entrée de la ville et la porte Chalon est devenue une porte sans porte.
Voilà, penserez-vous, une belle invention, au moins n’a-t-elle encore rien de sinistre, celle qui suit n’est pas d’une gaîté folle. Il s’agit d’un pendu à qui on met une belle chemise blanche pour cacher sa nudité quand le roi vient à passer. Elle se trouve dans les Bons mots et joyeusetés des pendus (13) ; Jean Hiroux eut, paraît-il, des précurseurs.
Du pendu au juge il n’y a pas loin. Un quidam avait deux affaires le même jour au tribunal de Saint-Maixent. L’une lui semblait mauvaise ce fut pourtant la seule qu’il gagna. Comme il se récriait hautement, le juge se hâta de lui répondre: « Ah! Monsieur, ce n’est pas à Saint-Maixent qu’on gagne deux procès en un jour. »

Passons aux badauderies de fraîche date.

— Un vieux Saint-Maixentais se plaignait à sa femme de ce que les gamins lui volaient toujours son mouchoir pendant les offices. Celle-ci décida de le lui coudre au fond de la poche pour le dimanche suivant et comme les petits drôles tiraient encore, le bonhomme se mit à dire : « vous ne l’aurez pas aujourd’hui, ma femme l’a cousu. »
— Une sentinelle, placée à la porte Chalon pendant la chouannerie, s’écria en voyant arriver une bande d’individus armés : « ne tirez-pas, il y a du monde. »
— Un charlatan de Saint-Maixent disait qu’il savait sept langues mais qu’il les parlait en Français pour la commodité de ses auditeurs.
— Les gens de Saint-Maixent désirant recevoir le préfet avec toutes les pompes possibles vinrent au-devant de lui avec toutes les pompes de la ville qu’ils firent jouer en sa présence.
— Quand Napoléon 1er passa à Saint-Maixent, le maire lui déclara qu’il n’avait pas tiré le canon pour 21 raisons et se mit en devoir de les énumérer. Comme la première était qu’il n’en avait pas, l’empereur daigna le dispenser des autres.
— En 1815, après le retour des Bourbons, le préfet envoyé pour l’installation du nouveau maire, fut reçu dans la cour de l’ancien château déjà transformé en dépôt d’étalons. On remarqua que la musique des pompiers jouait avec beaucoup d’entrain à l’arrivée du préfet, l’air : « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille. »
Je passe et pour cause, la sanglante plaisanterie imaginée à propos du passage de Napoléon III, alors Président de la République (14), pour arriver à une jocrissade assez récente qui n’est peut-être pas cependant la dernière, car rien ne prouve, comme on l’a dit fort justement (15), que la source soit tarie.
— La pose des fils télégraphiques avait amené un grand concours d’habitants désireux d’assister à cette curieuse opération. Des paysans intrigués s’approchèrent à leur tour pour demander à un citadin de quoi il s’agissait. « C’est, dit-il, en se rengorgeant, un moulin à vent qu’on est en train de construire. » — Ah ! Monsieur, répondit l’autre, alors ça ne m’étonne pas de voir déjà les ânes autour.
Il y a, comme vous le voyez, une balourdise pour chaque évènement. Ces joyeusetés monumentent les fastes de la petite cité Poitevine, ce sont ses Marmora Oxonica.
N’allez pas croire cependant que les Saint-Maixentais n’aient jamais eu le dernier mot depuis Jean Drouhet ;  une anecdote, recueillie par Jouyneau-Desloges, vous prouverait le contraire (16).
« On sait combien la ville de Saint-Maixent est célèbre pour sa moutarde. Un voyageur s’y étant arrêté il y a quelques jours pour dîner, étonné de ce qu’on ne lui en servait pas, en demanda ; l’aubergiste répond qu’il n’en a pas dans ce moment ; j’en veux absolument, dit l’étranger, qu’on m’en cherche. On court chez tous les faiseurs ; point de moutarde ; le voyageur, qui était un plaisant, va chez un notaire, après son repas, et lui demande acte comme, dans une pareille saison, Saint-Maixent se trouvoit sans moutarde. Le notaire vit bien qu’on voulait le jouer et répandre du ridicule sur sa ville ; cependant il se promit intérieurement de se venger du plaisant ; il dresse l’acte, après être sorti un moment de son cabinet sous quelque prétexte, et avoir envoyé un huissier à l’auberge saisir le cheval et les équipages du voyageur ; on signe l’acte, le notaire dit qu’il va en faire l’expédition ; l’étranger sort, et à son retour à l’auberge est bien étonné de trouver son cheval et ses équipages saisis. Il revient chez le notaire qui convient qu’il était l’auteur de la saisie pour la sûreté de ses droits, parce qu’il ne le connaissoit pas, que cet acte étoit assez cher et qu’il ne donnerait main levée qu’en recevant un louis. Le voyageur, pressé d’ailleurs de continuer sa route, insista peu, parce qu’il vit qu’il étoit joué à son tour, comme il méritoit. Il donne le louis, reçoit la main levée de ses effets et part. On rit beaucoup aux dépens du voyageur et le louis fut envoyé à l’hôpital. »
Sous le gouvernement de Juillet, une singulière méprise du docteur Giraudeau de Saint-Gervais, auteur d’un Précis historique du Poitou (17), a aussi égayé les Saint-Maixentais. On y trouve ce qui suit :
« Saint-Maixent est situé sur le bord de la mer, à 10 lieues de Poitiers, sur la route de la Rochelle et à 15 lieues de cette ville. »
En Poitou, on dit de toute localité déplaisante : « c’est un joli port de mer ». Saint-Maixent, cela va sans dire, ne pouvait y échapper.
Le docte spécialiste a accepté, sans inventaire, cette facétie pour une réalité et voilà comment par un trait de plume, notre ville s’est trouvée tout à coup transportée sur les bords de l’Océan.
Vous voyez qu’il en cuit parfois de prendre trop à la lettre les billevesées dont on accable nos excellents voisins.
Jean Drouhet, nous l’avons dit, attribuait volontiers aux Niortais toutes ces malices, ailleurs réparties sur une foule de localités et accumulées en Poitou sur sa ville natale ; mais avait-il bien lieu de le faire, n’étaient-elles pas plutôt l’apport des marchands qui accouraient à nos grandes foires de tous les coins de la France !
Niort n’avait guère moins à se défendre, prendre le chemin de Niort (18), était une injure inventée par les argotiers à la suite des trafiquants ; c’étaient là ces sages qu’un proverbe de même origine, convie à se rendre chez nous (19) pour couper les bourses. N’oublions pas la réputation de laideur faite aux filles de Niort (20).
N’avons-nous pas vu qu’on disait à Saint-Maixent même que nos ancêtres étaient toujours enroués grâce au voisinage des marais et que pour crier vive le roi, il leur fallait emprunter l’assistance de leurs voisins (21) ?

Léo DESAIVRE.

Notes Saint-Maixentaises

« Le correspondant de Mélusine (col. 377) en ses Saint-Maixentiades a commis quelques erreurs et oublis qu’il est nécessaire de relever.

ART. : POT DE MOUTARDE. — Le roi était Henri IV, le pot de moutarde un baril en argent finement ciselé. Au bout de quelques temps, l’enthousiasme s’étant refroidi, le conseil de ville regretta ses dépenses et avisa un moyen de rentrer dans ses frais. Il écrivit alors au roi.

— « Sire, si vous avez trouvé la moutarde bonne, renvoyez le baril ! » Ils espéraient ainsi amorcer Sa Majesté et le baril une fois revenu, ne plus le renvoyer. Mais Henri IV, plus malin qu’eux, garda le baril, se disant sans doute :

Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras.

ART. : PONT. — Ce n’est point d’un pont dont on dit à Saint-Maixent qu’il a été « fait ici. »

Voici le fait :
Il existe à Saint-Maixent, reliant la ville et un faubourg, appelé faubourg Châlons, une porte monumentale, sorte d’arc de triomphe, dont les Saint-Maixentais sont très fiers. On l’appelle la Porte Châlons. C’est d’elle dont on dit : Cette porte a été faite ici.
Mais il est nécessaire de donner une explication qui excuse dans une certaine mesure la naïveté proverbiale de nos voisins.
En patois poitevin : « Thiau lou » signifie : « Ici. » —
Les paysans, par suite de la ressemblance des mots Chalons et Thiau lou, appelèrent ladite porte : la Porte de Thiau lou, la porte d’ici. Et quelque facétieux dut dans la suite inventer l’histoire de la porte « faite ici » (22).

ART. : BANCS POUR S’ASSEOIR ! Aggravation ! — (Entendu de mes oreilles).
Un jour on plaisantait un Saint-Maixentais devant moi, sur les « bancs pour s’asseoir. » — C’est une calomnie, dit notre homme indigné, à Saint-Maixent il n’y a jamais eu de bancs pour s’asseoir !

UN POITEVIN.

(1) Voir plus haut col. 377.

(2) Les œuvres de Jean Drouhet rééditées par Alfred Richard archiviste de la Vienne. Poitiers E. Druineaud, 1878, la Moirie de Sen-Moixont o lez vervedé de tretoute lez autres p. 15-16.
La 1re éd. est de 1661.

(3) [De même à Paris, dans les fêtes foraines, on voit des industriels, surtout ceux qui tiennent une loterie de pains d'épice, amorcer leur public en promenant autour d'eux une ligne appâtée d'un dé en pain d'épice que les enfants doivent happer avec la bouche, sans l'intervention des mains. — H. G.]

(4) Malhabillés. A. Richard L. C. 24 de la Fontenelle de Vaudoré Journal des Le Riche. (Requête des habitants de Saint-Maixent à l’intendant Moreau de Beaumont) en patois poitevin, p. 529.

(5) Paris, Léopold Cerf, 1884. Voir plus haut, col. 165.

(6) Ancien relai sur la route de Bordeaux, tout près de Poitiers.

(7) Ce pont a été fait ici. V. de Chergé, Guide du voyageur à Poitiers et aux environs, p. 344.

(8) La ville de Niort est entourée de cultures maraîchères.

(9) Voir plus haut, col. 357, n° 1.

(10) Quoi qu’on en dise, la fabrication de la moutarde à Saint-Maixent date de plusieurs siècles.

(11) Blason populaire, 188.

(12) Chalon est un nom d’homme et nullement celui d’une ville.

(13) Paris 1734, cité par Alfred Richard ; j’omets à dessein le curé de Saint-Maixent qui n’a qu’un œil et 4 dents et qui hausse bien le gobelet, etc. de la gente poitevin’rie.

(14) [En octobre 1851, L. N. passa par Saint-Maixent au retour de son Voyage du Midi. On lui avait, dit la légende, préparé une agréable surprise. A son entrée dans la ville, un manteau impérial et une couronne devaient descendre du haut de la porte
Chalon. Or voici ce qui serait arrivé. Le manteau et la couronne tombèrent à terre, il ne resta plus d'un truc si ingénieux qu'un écriteau portant : « Il l'aura pendu au bout d'une corde. La foule n'en saluait pas moins de ses acclamations enthousiastes. Note de la Rédaction).

(15) Gaidoz et Sébillot, Blason populaire, p. 258.

(16) Affiches du Poitou, 1775 n° 8, p. 35.

(17) Paris, Dussillion, p. 77.

(18) C.-à-d. nier.

(19) A Niort qui veut aller.
Faut qu'il soit sage à parler, Blason pop., 257.

(20) C'est la fille de Niort malheureuse en beauté.

(21) Voir plus haut.

(22) [Nous insérons cette explication pour montrer la tendance populaire à expliquer les légendes par des étymologies qui ont une apparence de raison — Red.]

Source du document : H. Gaidoz & E. Rolland – Mélusine – Recueil de Mythologie, littérature populaire, traditions & usages – Tome 2 – Paris 1884, 1885

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Inauguration de la statue de Denfert-Rochereau à Saint-Maixent

Le 15 mai 1880 eut lieu à Saint-Maixent-l’école l’inauguration de la statue de Denfert-Rochereau. Statue réalisée par le sculpteur Baptiste Baujault du village voisin de La Crèche.

Cet évènement est relaté dans divers quotidien, dont : Le Gaulois, Le Temps, Le Petit-Journal

LE GAULOIS – 16 mai 1880 – Numéro 246

A SAINT-MAIXENT
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Par dépêche télégraphique
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———————————————————————–Saint-Maixent, samedi 15 mai
Huit mois à peine nous séparent de la fête de Montbéliard.
Il faisait très chaud, comme aujourd’hui, bien qu’on fût à la fin de l’automne. La vieille ville féodale était tapissée de verdure ; chaque maison disparaissait sous des bouquets de fleurs, les plus pittoresques que j’aie jamais vues dans ma course aux fêtes officielles.
Sur une petite place étroite, le colonel Denfert-Rochereau, coulé en bronze, était debout, tenant d’une main certaine clef de Belfort, dont l’office m’échappe aujourd’hui, et de l’autre, la poignée du glaive qui, si je rappelle exactement mes souvenirs, se trouvait drôlement placé.
M. Lepère – ma mémoire ne me trahit-elle pas ? – fit un discours d’inauguration.
Nous voilà derechef convoqués à une inauguration de statue.
Toujours du colonel Denfert-Rochereau.
C’est décidément le seul grand homme que nous ayons eu pendant la guerre.
Loin de moi la pensée de ternir cette gloire nationale. Le colonel Denfert n’a pas rendu Belfort. On lui a su gré de cette heureuse issue d’une défense stratégique – qui est grande, mais simple, d’après tous les hommes de guerre. – Rien de mieux. Mais après Montbéliard, Saint-Maixent n’a-t-il point un tantinet exagérer.
Le désir légitime d’avoir une statue sur la jolie place, ornée de quinconces, qui est située au pied de la ville, n’a-t-il pas été plus fort, dans l’organisation de la souscription nationale, que le désir d’honorer l’enfant de Saint-Maixent, le fils du percepteur Denfert ?
On ne saurait dire; mais prenons les choses comme elles sont.

Depuis deux jours, la ville de Saint-Maixent est tout à fait métamorphosée.
C’est un remue-ménage général, depuis la Mairie, point central de l’organisation de la fête, jusqu’à la boutique du moindre artisan. Ces solennités ont cela de bon qu’elles font venir du monde par cohues, et que l’aubergiste, le marchand de tabac, le cafetier, l’épicier, le boulanger, le voiturier, l’actionnaire de chemins de fer, l’artificier, le marchand de verres de couleurs, le maraîcher, le menuisier, le faiseur d’estrades, tout le monde y trouve son compte.
L’inauguration de la statue du compatriote Denfert a lieu demain, et la fête se continue lundi. Aussi, la compagnie du chemin de fer d’Orléans a-t-elle organisé, en prévision de la foule qui commence à envahir la ville au moment où je vous télégraphie, des trains spéciaux entre La Rochelle, Niort, Poitiers et Saint-Maixent.
La ville compte près de 5,000 habitants. C’est un simple chef-lieu de canton, tout près de Niort aussi les autorités locales seront-elles appuyées par l’administration préfectorale le préfet des Deux-Sèvres, les sous-préfets du département, les secrétaires et conseillers de préfecture.

Procédons par ordre :

Quinze journaux de Paris ont répondu. J’ai eu le plaisir de retrouver ici mes confrères du Temps, de la Presse, du Voltaire, du Soir, de la Paix, du Rappel, du Mot d’Ordre, et du Petit Journal.
De Marseille (il fallait s’y attendre), on a envoyé la couronne inévitable des Catalans, avec des rubans rouges et les emblèmes en honneur là-bas.
Toute la troupe de Saint-Maixent, un régiment d’infanterie, plus un escadron de cuirassiers venant de Niort, et une batterie d’artillerie venant de Poitiers, plus toutes les fanfares, musiques d’harmonie et orphéons de la contrée, plus un ballon monté par M. Jovis, sans compter les jeux forains, le feu d’artifice et le banquet officiel tel est le programme de cette fête de deux jours, intéressante à cause du cadre pittoresque dans lequel elle va être célébrée,
Saint-Maixent est, en effet, une vieille ville poitevine dont on ferait volontiers, au jugé, une ville de la Haute-Italie. Maisons blanches, toits presque plats, couverts en tuiles moussues, fenêtres vertes ou bleues, toujours peintes en tons crus et criant sur la blancheur éclatante des murs. Ruelles étroites, avec des ombres projetées par des pignons qui se rejoignent à la hauteur du premier étage.
Façades trouées de fenêtres bizarres vieille église gothique entourée de masures, où les écuries ont des portes dentelées et des gargouilles du plus pur Moyen-Âge.
Le tout jeté avec un vieux désordre sur une colline verte, non loin du Bocage vendéen et à quelques portées de fusil de la Sèvre Niortaise. C’est fort joli.
Ajoutez à cette ville italienne des profusions d’herbes et de feuillages enguirlandés le long des façades, des drapeaux et des verres de couleur qu’on essaie ce soir pour demain, et vous aurez l’aspect de la petite cité poitevine, dans le plus beau jour de fête qu’elle ait jamais connu.

Denfert est né ici, rue Châlon.
On montre volontiers la maison du héros. Un jour viendra certainement où le conseil municipal de Saint-Maixent votera l’apposition, en cet endroit, d’une plaque commémorative.
Son père, le percepteur, était lui-même enfant du pays, car l’aïeul de Denfert était marchand drapier à Saint-Maixent.
Son père, en 1848, faillit passer, paraît-il, un fort mauvais quart d’heure. Il eut à soutenir un siège assez désagréable, pour sa caisse de percepteur d’abord et pour sa personne ensuite. La foule révolutionnaire en voulait à tous deux.
Heureusement tout s’arrangea.
Inutile de rappeler que Denfert était protestant très accentué, comme beaucoup de gens en ce pays.
Mais il convient d’ajouter que la manifestation de demain ne manquera pas d’un caractère très anticatholique. Denfert ne croyait pas en Dieu, n’admettait pas le Crédo de Genève; c’est dire que, parmi les protestants même, il était un intransigeant tout à fait caractérisé. Mais alors, que n’a-t-on prié M. Ferry de faire un discours ? C’était plutôt son affaire.
Mme Denfert, que le colonel a épousée à Montbéliard, et à qui l’Etat accorde par reconnaissance une pension de 6,000 fr. par an, est arrivée ici avant-hier. Les enfants de Denfert sont au nombre de deux un fils, lieutenant du génie, et une fille.

Je viens de voir la statue, qu’on est en train de couvrir d’un voile, suivant la tradition, en attendant la consécration officielle.
Elle est d’un artiste du pays, M. Baujault.
Sur une pyramide quadrangulaire assez haute, en pierre grise, ornée de créneaux et de meurtrières à son sommet, le colonel Denfert se tient debout, les deux bras croisés, dans l’attitude d’un homme qui attend l’ennemi de pied ferme. En effet, la main droite tient une épée, qui est droite, en l’air, et sort brillante de l’aisselle gauche.  L’autre main tient un chiffon que j’avais d’abord pris pour un gant, mais qui, bien examinée, porte gravé à l’intérieur ce mot TRESKOW.
C’est la lettre, restée fameuse, du général prussien, à laquelle la garnison de Belfort a répondu comme l’on sait, par la belle défense dont on fait revenir aujourd’hui la gloire exclusive à Denfert-Rochereau.
La place où est érigée la statue s’appellera aujourd’hui le Champ de Mars,  substitution belliqueuse au nom de Champ de Foire, qu’elle porte depuis des siècles.
Des tribunes y sont élevées pour le cortège officiel et pour les invités de la ville. Sur la place de la pyramide qui regarde la ville, on voit un gros lion en marbre vert, dans une attitude fière, heureusement trouvée et qui n’est point banale. Dameurs, M. Baujault a fait au Salon de 1876, je crois, le Premier Miroir, un joli morceau de sculpture qui lui a valu une médaille.
Pour sa statue de Denfert, qui certes n’est pas admirable, mais dont l’ensemble est original et bien supérieur, au surplus, à la statue de Montbéliard, M. Baujault sera décoré demain.
Tel le sculpteur Soitoux, après la statue de la République; le sculpteur X… après celle de M. Thiers; le sculpteur Y… après celle de Denfert, à Montbéliard.
Voulez-vous être décoré ? Faites-moi une bonne statue dans la note des 363. C’est bien simple.

Qu’ajouterai-je ? Qu’on lit encore sur la pyramide : Souscription nationale en 1879 ?
Que la statue a coûté 29 000 francs ? Qu’au pied du défenseur de Belfort l’artiste a groupé des fascines, des gabions, des pioches et des boulets ? Que le lion belfortain met la patte sur un obus, ce qui gâte un peu la trouvaille en marbre vert ?
Demain, tout cela sera commenté, célébré, discuté. Car, je dois le dire, si la municipalité de Saint-Maixent, tout à fait opportuniste ou plus encore, vit en parfaite harmonie et organise ses fêtes avec un soin tout particulier, une fraction de la population, la fraction catholique et conservatrice, représentée par le journal la Sèvre, qui se publie courageusement ici, ne les suit pas dans leur enthousiasme.
On est évidemment flatté d’avoir Denfert parmi ses compatriotes; mais on n’est pas satisfait de voir la politique, et la politique antireligieuse surtout, déborder les organisateurs.
D’où abstention complète de la part de la minorité.
Est-ce curieux que tout en France finisse par de la politique ?
On m’annonce ce soir que M. Lepère décorera également M. Goguet, le maire de Saint-Maixent.
A demain.
————————————————————————————PIERRE GIFFARD
P. S. – Notre collaborateur ne pouvait savoir à Saint-Maixent que M. Lepère, démissionnaire, priverait la fête de sa présence.

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LE TEMPS – Numéro 6955 – 5 mai 1880

La ville de Saint-Maixent prépare pour les 16 et 17 mai des fêtes pour l’inauguration du monument qu’elle élève à la mémoire du colonel Denfert-Rochereau.
Le colonel Denfert-Rochereau est né dans la ville de Saint-Maixent qui l’a compté au nombre de ses conseillers municipaux depuis 1870.
M. le président de la République s’y fera représenter par l’un des officiers de sa maison militaire.
M. le ministre de l’intérieur et M. Constans, sous-secrétaire d’Etat à l’intérieur, ont accepté l’invitation qui leur a été adressée par la municipalité de Saint-Maixent.
M. Edmond Turquet, sous-secrétaire d’Etat aux beaux-arts, a également accepté cette invitation.
M. le ministre de la guerre a, en outre, délégué M. le général de Galliffet, commandant du 9e corps, pour le représenter à la cérémonie d’inauguration.
La ville de Saint-Maixent, qui fait partie de la 1ère circonscription de l’arrondissement de Niort, est représentée à la Chambre par M. Antonin Proust, qui assistera également aux fêtes.
La statue du colonel Denfert-Rochereau, élevée au centre du champ de manœuvres est due au ciseau du sculpteur Baujault, gui a obtenu une première médaille au Salon de 1877, et qui est l’un des compatriotes du colonel Denfert-Rochereau.

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LE TEMPS – Numéro 6967 – 17 mai 1880

——————————— DÉPÊCHES TÉLÉGRAPHIQUES
—————————–Des correspondants particuliers du Temps
———————————————————————————–Saint-Maixent, midi
Il fait un temps splendide. Depuis ce matin, par toutes les routes de campagne défilent sans relâche des caravanes de paysans, et chaque train verse dans Saint-Maixent des flots de curieux.
MM. Sadi Carnot, colonel Bruyère, colonel Riu, général Blot, les députés républicains et M. Tribert, sénateur, arrivés à cinq heures ce matin, sont revenus à dix heures à la gare pour la réception officielle.
Par le train de dix heures quinze sont arrivés les généraux Galliffet et et Barbéa avec leur état-major; puis,  par le train de Niort de onze heures cinq, M. Barème, préfet, et M. Richard, secrétaire général des Deux-Sèvres, M. Granet, préfet, et M. Breté, le secrétaire général de la Vienne, et les sous-préfets de Bressuire, de Melle et de Parthenay.
Tous les invités étant réunis dans la gare, transformée en salon d’honneur brillamment décoré,  M. Goguet, maire de Saint-Maixent, leur a souhaité la bienvenue; puis M. Sadi Carnot l’a remercié de son accueil sympathique, et dit que le petit-fils du défenseur d’Anvers est particulièrement heureux de venir fêter le défenseur de Belfort.
Le cortège, musique en tête, s’est mis en marche au milieu d’une énorme affluence. Le 114e et le 115e de ligne faisaient la haie ; les cuirassiers fermaient la marche toutes les rues sont pavoisées et ornées d’arcs de triomphe. On s’est rendu à la mairie, où se donne un déjeuner de trente couverts.
M. Goguet, proposé pour la décoration, a décliné cet honneur ; M. Baujault, sculpteur, sera décoré.

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———————————————AU JOUR LE JOUR
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——————————————-Les fêtes de Saint-Maixent
————————————————————————–Saint-Maixent, 15 mai, soir.
L’inauguration de la statue du colonel Denfert-Rochereau a pris ici le caractère d’une manifestation patriotique à laquelle tout le département s’associe. La ville est déjà complètement pavoisée, et des arcs de triomphe sont dressés dans les rues que doit traverser le ministre de l’intérieur en venant de la gare et le cortège officiel se rendant sur la place où s’élève la statue. Vingt-cinq communes ont annoncé qu’elles enverraient des délégations.
Les frais de l’érection de cette statue ont été couverts par une souscription particulière en tête de laquelle le conseil municipal de Saint-Maixent s’était inscrit pour 1,000 francs, et qui a produit 28,000 francs en tout. Certains Maixentais ont mis un amour-propre incroyable à la faire réussir. On cite un ancien proscrit de 1851, M. Clerc, devenu commis-voyageur, qui a réuni à lui seul près de 9,000 francs tant en France qu’en Algérie. Ce brave homme n’aura pas eu le plaisir de voir inaugurer le monument de son glorieux compatriote il est mort il y a quelques mois ; son buste sera placé demain dans la salle du banquet.
La statue est l’œuvre d’un enfant du pays, le sculpteur Baujault, né à La Crèche, près de Saint-Maixent, et qui a obtenu il y a quelques années une des premières médailles du Salon. De l’avis des gens qui ont pu comparer, elle est supérieure à celle qui a été élevée l’année dernière à Montbéliard. L’artiste a admirablement rendu la qualité maîtresse qui a fait de Denfert un héros : l’inébranlable fermeté.
Le retard que les événements parlementaires ont apporté au départ du ministre de l’intérieur a un peu dérangé le programme primitif. Une réception que l’on préparait à Niort a dû être décommandée.
M. Lepère (1) doit arriver demain matin à cinq heures avec le colonel Brugère, représentant le président de la République, le colonel Riu, représentant du président de la Chambre, auquel le colonel Denfert avait dédié autrefois sa relation du siège de Belfort, et, dit-on, M. Sadi Carnot, sous-secrétaire d’Etat aux travaux publics.
Par le train de dix heures, arriveront le général de Galliffet, commandant du 9e corps d’armée le général Blot, chef d’état-major du ministre de la guerre et le général Barabé, directeur du génie, à Tours, On attend en outre M. Tribert, sénateur inamovible; les cinq députés républicains du département MM. Antonin Proust, Giraud, Ganne, de la Porte et Jouffrault ; les préfets des Deux-Sèvres et de la Vienne; le procureur général de Niort; tous les sous-préfets du département et un grand nombre de conseillers généraux et de conseillers d’arrondissement de la Vienne et des départements voisins. M. Viette, député de Montbéliard, s’est fait excuser au dernier moment.
Il y aura des discours de MM. le ministre de l’intérieur, Antonin Proust, Goguet, maire de Saint-Maixent, et le général de Galliffet, qui parlera au nom du ministre de la guerre.
Les fêtes dureront deux jours. Demain, à deux heures, inauguration à cinq heures, banquet de cinq cents couverts le soir, illumination et retraite aux flambeaux. Après demain, grand concours d’harmonies et de fanfares, feu d’artifice et ascension aérostatique.
Mme Denfert-Rochereau et sa fille sont ici depuis quelques jours. Elles sont descendues dans la maison que le colonel avait toujours conservée à Saint-Maixent, et elles sont l’objet de démonstrations générales de sympathie.

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———————Le Petit Journal – 18 mai 1880 – Numéro 6353
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————————————–UNE STATUE A DENFERT
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———————————————————————————Saint-Maixent, 15 mai
Correspondance particulière du Petit-Journal.
Une statue à Denfert. C’est la seconde.
L’an dernier, Montbéliard rendait un solennel hommage au défenseur de Belfort et du territoire belfortain. Demain, Saint-Maixent célèbrera le héros auquel la petite ville des Deux-Sèvres est fière d’avoir donné le jour.
A Montbéliard, c’était la fête de la reconnaissance; à Saint-Maixent, c’est la fête de l’orgueil national.
Tous ceux qui savent ce que fut le colonel Denfert-Rochereau, de quel poids sa résistance pesa dans les destinées de tout un coin de notre France, à quel point sa mémoire mérite d’être glorifié, comprendront le sentiment auquel obéissent les citoyens qui ont cet honneur : pouvoir se dire ses compatriotes !
Prétendre que Denfert ait laissé à Saint-Maixent des souvenirs d’enfance bien vifs, ce serait assurément dénaturer la vérité.
Une localité de quatre mille âmes suit toujours, de près ou de loin, ceux qu’elle a vus grandir et qui la quittent. Mais qui pouvait s’attendre aux circonstances d’où est sortie la grandeur de l’homme à qui, avec Thiers, notre pays doit la conservation d’un des lambeaux de son ancienne frontière de l’Est ?
Il était né ici, dans ce vieux centre protestant où ses coreligionnaires avaient dû serrer leurs rangs éclaircis par la persécution, après la révocation de l’Edit de Nantes.
La famille Denfert est ancienne dans la région. On s’y rappelle très bien le grand-père du colonel : il était marchand drapier. On y conserve de même le souvenir de son père ; il était percepteur.
Quant au futur soldat illustre, il était parti si jeune, il avait fait si loin ses études qu’à peine savait-on son élévation au grade de colonel commandant une place de guerre, à l’époque où le bruit de nos premiers revers déchirait tous les cœurs.
Les mémoires se réveillèrent plus tard. L’héroïsme du défenseur de Belfort devait être plus fort que l’oubli.
Et voilà pourquoi, demain, Saint-Maixent, comme Montbéliard, inaugurera une statue au patriotisme et à l’honneur.
Voilà pourquoi on attend, avec le représentant du gouvernement, on ne sait encore lequel à cause de la crise, un officier de la maison du président de la République,  M. le général de Galliffet, commandant du 9e corps, délégué par le ministre de la guerre, le préfet du département, le représentant de la circonscription à la chambre des députés, M. Antonin Proust, et d’autres notabilités de l’armée et de la politique.
En attendant, Saint-Maixent se recueille. Ses maisons se pavoisent, des arcs de triomphe se dressent dans ses rues, mais sans bruit, sans emphase, avec cette sorte de piété silencieuse qui accompagne les grands actes de la vie civique, précédent l’heure où l’enthousiasme fait explosion.
Un compatriote de celui qu’on s’apprête à fêter, le sculpteur Baujault, est l’auteur de la statue. En ce moment, le bronze est encore enveloppé du voile qui doit tomber seulement à l’heure de l’inauguration.
C’est cette heure qu’attendent les représentants de la presse parisienne, dont quelques-uns occupent leurs loisirs à animer les rues, à formuler par avances des programmes et à formuler des comparaisons archéologiques dont les Saint-Maixentais seront certainement surpris lorsqu’ils en retrouveront la trace dans nos journaux.
Soyons plus réservés et contentons-nous du récit sincère des évènements.
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——————————————————————————–Saint-Maixent, 16 mai
M. Sadi Carnot, sous-secrétaire aux travaux publics, est arrivé à cinq heures, ce matin, avec M. de la Bruyère, représentant le Président de la République ; le colonel Riu, représentant le Président de la chambre ; le général Blot, chef d’état-major au ministère de la guerre, représentant le général Farre; M. Tribert, sénateur des Deux-Sèvres ; M. Antonin Proust, député de la circonscription ; M. Delaporte et M. Giraud, députés du département.
M. Sadi Carnot a été reçu par M. Goguet, maire de Saint-Maixent, et par les adjoints.
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——————————————————————————–Saint-Maixent, 16 mai
Le général de Galliffet est arrivé à 10 heures 30, accompagné par le général Barrabé, commandant du Génie du 9e corps, et plusieurs officiers d’état-major, ainsi que par M. Barrême, préfet des Deux-Sèvres ; M. Granet, préfet de la Haute-Vienne ; le secrétaire général du département ; M. Léo Aymé, conseiller à la cour d’appel de Poitiers et conseiller général.
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————————————————————————Saint-Maixent, 16 mai au soir
Après les présentations officielles qui ont eu lieu dans le salon de la gare magnifiquement décoré, le cortège s’est mis en marche pour la mairie où a eu lieu un déjeuner officiel.
Un incident s’est produit : après le déjeuner, le capitaine Thiers, qui prit part à la défense de Belfort, est venu demander au général de Galliffet l’autorisation de prononcer un discours, lors de l’inauguration de la statue du colonel Denfert.
Sur le refus du général de Galliffet, basé sur les règlements militaires qui exigeaient que tout discours fût soumis au ministre de la guerre, le capitaine Thiers offrit sa démission que le général de Galiffet refusa comme n’ayant pas qualité pour l’accepter.
A deux heures a eu lieu l’inauguration de la statue au milieu d’une affluence considérable.
La veuve du colonel Denfert ; son fils et sa fille avaient pris place sur l’estrade officielle. M. Sadi Carnot a développé les considérations qu’inspire une pareille fête au point de vue patriotique.
Le général de Galliffet a annoncé que le ministre de la guerre accorde à la ville de Saint-Maixent une école de sous-officiers. Puis le général a salué le défenseur de Belfort.
M. Antonin Proust, dans un discours très applaudi, a rendu un hommage solennel à la mémoire du plus illustre de ses compatriotes.
Le maire a fait ensuite la biographie du colonel Denfert.
————————————————————–Saint-Maixent, 16 mai, 10 heures, soir
M. le maire de Saint-Maixent a refusé la décoration qui lui était offerte par le gouvernement.

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Le sculpteur Baptiste Baujault (1828-1899), originaire de la Crèche (Deux-Sèvres)
http://patrimoine-lacreche.pagesperso-orange.fr/histoire/19_20s/F_baujault.htm

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Acte de naissance - Pierre Philippe Denfert-Rochereau - 11 janvier 1823 - Saint Maixent

Acte de décès - Pierre Philippe Denfert-Rochereau - 11 mai 1878 - Versailles

 

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Militaires des Deux-Sèvres blessés à la guerre de Crimée, à la campagne d’Italie et à la guerre 1870-1871

Jean-Charles Chenu, médecin et naturaliste français (30 août 1808, Metz – 12 novembre 1879, Paris).
En 1855, Chenu est promu médecin principal de 1ère classe et participe à l’expédition française en Crimée (1853-1856).

Ses travaux statistiques sur les guerres auxquelles ont pris part les armées françaises sont restés célèbres :

– Rapport au conseil de santé des armées sur les résultats du service médico-chirurgical aux ambulances de Crimée et aux hôpitaux militaires français de Turquie, pendant la campagne d’Orient en 1854-1856-1856, (1865)
– De la mortalité dans l’armée et des moyens d’économiser la vie humaine, (1870)
– Statistique médico-chirurgicale de la campagne d’Italie en 1859 et 1860, (2 volumes et un atlas, 1869)
– Recrutement de l’armée et population de la France, (1867)

Source :  http://officiersdemetz.wordpress.com/2011/01/23/jean-charles-chenu-1808-1879-medecin-militaire-francais/

Les travaux du docteur Chenu sur la campagne d’Orient, publiés en 1865, font découvrir à un public relativement large que plus de 95 000 soldats français sont morts au cours de ce conflit dont environ 75 000 de maladies, des chiffres proportionnellement plus importants que dans l’armée anglaise.
L’organisation des services de santé expliquerait ces mortalités différenciées.
Le discours met également en avant le service de santé des troupes américaines au cours de la guerre de Sécession, reposant sur le même principe de liberté. À partir de 1865, l’efficacité des services de santé anglo-saxons et les lourdes pertes françaises sont donc largement reprises dans la presse, médicale ou non et deviennent des lieux communs du discours politique lorsque, au début de la Troisième République, se pose la question de la réorganisation du corps de santé.
Source : Claire FREDJ – Université Paris-Ouest-Nanterre – dans www.cairn.info :
–> Compter les morts de Crimée : un tournant sur l’identité professionnelle des médecins de l’armée française (1865-1882)

CAMPAGNE D’ITALIE ET CAMPAGNE D’ORIENT

Campagne d’Italie

Deux tomes appelés :

Statistique médico-chirurgicale de la campagne d’Italie en 1859 et 1860 – Service des ambulances et des hôpitaux militaires et civils

Le tome 1 est une série de rapports sur les services de santé de plusieurs régiments, c’est aussi une sorte d’historique de ces régiments à travers des itinéraires très détaillés comme
- Itinéraire du 11e Régiment de ligne du 22 avril au 1er août 1859 – Départ de Grenoble
- Itinéraire du 15e Régiment de ligne – Combat de Montebello
- Rapport sur les pertes du 33e de ligne – Combat de Montebello

Le tome 2 présente les types de blessure de guerre (par balles, baïonnette, sabre, lance, boulet, etc…), les soins apportés aux blessés, les complications, les épidémies, les blessures liées aux différentes parties du corps.
Des listes alphabétiques de militaires apparaissent dans les différentes blessures du corps, avec des Deux-Sévriens dont les relevés qui suivent.

BLESSURES DE LA FACE

CHAINGNIAU Jean, né le 19 mars 1827, à Soutiers (Deux-Sèvres), 65e de ligne.
— Coup de feu à la tête, Magenta.
— Amaurose de l’œil droit; paralysie des muscles de la face de ce côté. Otorrhée suivie de surdité de l’oreille droite. Ankylose et cal vicieux des mâchoires rendant la mastication et la phonation très difficiles. Atrophie incomplète du bras droit. — 30 mai 1860.

BLESSURES DU THORAX

GUILLEMAIN François, né le 9 mai 1832, à Saint-Symphorien (Deux-Sèvres), 34e de ligne.
— Coup de feu à la région sous-claviculaire, Solférino.
— La balle est sortie au niveau de l’apophyse épineuse de la 4e vertèbre dorsale.
— Gratification renouvelable.

BLESSURES DE LA RÉGION SACRO-LOMBAIRE

BARATON Jean, né le 24 avril 1832, à Rouvres (Deux-Sèvres), 40e de ligne.
— Violente contusion par éboulement de terre. Déviation de la partie inférieure de la colonne vertébrale, hémoptysies fréquentes, paraplégie. — 1er avril 1864.

BLESSURES DE LA RÉGION INGUINALE

BÉGUIER Louis, né le 22 juillet 1835, à Caunay (Deux-Sèvres), 84e de ligne.
— Plaie contuse à l’aine droite, coup de feu, Montebello.
— Amaigrissement de la jambe.
— Gratification renouvelable.

BLESSURES DU BRAS

BELIN Augustin, né le 29 mai 1829, à Pamproux (Deux-Sèvres), 84e de ligne.
— Coup de feu au bras droit, Solférino.
— Ankylose de l’articulation huméro-cubitale droite dans la demi-flexion. — 30 mai 1860.

BONNEAU François-Benjamin, né le 14 avril 1836, à Niort (Deux-Sèvres), 17e chasseurs à pied.
— Coup de feu au bras droit, lésion du plexus brachial, Montebello.
— Paralysie de la main et de l’avant-bras droit. — 30 mai 1860.

GERSON François, né le 24 février 1833, à Allonne (Deux-Sèvres), 84e de ligne.
— Coup de feu au bras droit et à la main, Solférino.
— Rétraction de l’avant-bras, avec amaigrissement du membre. — 30 mai 1860.

MERCERON Louis, né le 28 janvier 1837, à Montcontant (Deux-Sèvres), 55e de ligne.
— Coup de feu à la partie postérieure interne du bras droit. La balle entre à la partie postérieure interne du bras et contourne l’articulation (?)
— Ankylose du coude, rétraction des trois derniers doigts, atrophie de l’avant-bras. — 3 juillet 1863

AMPUTATION DU BRAS

DENAIS Jean-Pierre, né le 18 août 1820, à Noirterre (Deux-Sèvres), 91e de ligne.
— Coup de feu au bras gauche, Solférino.
— Amputation du bras. — 31 mars 1860.

BLESSURES DE LA RÉGION HUMÉRO-CUBITALE

MARTIN Louis-Félix, né le 30 mai 1834, à Terves (Deux-Sèvres), 30e de ligne.
— Coup de feu au coude droit, Solférino.
— Ankylose complète de l’articulation huméro-cubitale, avec flexion permanente de l’avant-bras sur le bras, et atrophie du membre; le projectile a traversé le coude. — 11 juillet 1860.

BLESSURES DE L’AVANT-BRAS

BOUGOUIN François, né le 8 janvier 1833, à Chey (Deux-Sèvres), 84e de ligne.
— Fracture du radius et plaie contuse à la cuisse droite, deux coups de feu, Solférino.
— Gêne et faiblesse dans les mouvements de la main. — Gratification renouvelable.

GAILLARD Pierre-Désiré, né le 26 janvier 1823, à Largeasse (Deux-Sèvres), 1er Voltigeurs de la Garde.
— Coup de feu à l’avant-bras droit, fracture (?) Solférino.
— Paralysie de la main et de l’avant-bras. — 31 mars 1860.

PERRAIN Constant, né le 3 novembre 1834, à Chizé (Deux-Sèvres), sergent, 17e Bataillon de Chasseurs.
— Coup de feu à l’avant-bras droit ; fracture comminutive, Solférino.
— Perte absolue de l’usage du membre. — 14 mars 1860.

THÉBAULT André-Armand, né le 8 mai 1830, à Vouillé (Deux-Sèvres), 21e de ligne.
— Coup de feu à l’avant-bras droit, fracture comminutive des deux os, au tiers moyen, Solférino.
— Extension permanente des doigts; cicatrice adhérente. — 6 mars 1861.

BLESSURES, AMPUTATIONS, DÉSARTICULATIONS ET RÉSECTIONS

AUGER Louis, né le 13 mai 1832, à Thouars (Deux-Sèvres), 2e Voltigeurs de la Garde.
— perte des deux dernières phalanges du médius de la main droite avec ankylose de l’articulation métacarpo-phalangienne de ce doigt, coup de feu, Solférino. — Gratification renouvelable

BERNARD Pierre-Eugène, né le 14 novembre 1833, à Pioussey [Deux-Sèvres), 84e de ligne.
— Perte des deux dernières phalanges du petit doigt de la main gauche, coup de feu, Solférino.
— Gratification renouvelable.

BLANCHET Louis, né le 9 décembre 1836, à Melle (Deux-Sèvres), 1er Zouaves.
— Amputation de l'auriculaire droit; gêne des mouvements de l'annulaire, et cicatrice à la hanche droite, coup de feu, Mélégnano.
— Gratification renouvelable.

DES MÉTACARPIENS ET DES DOIGTS

DELAGARDE Olivier, né le 27 mai 1837, à Lezay (Deux-Sèvres), 90e de ligne.
— Amputation du pouce gauche dans l'articulation, coup de feu, Magenta.
— Gratification renouvelable.

PAPOT André, né le 14 février 1826, à Souvigné (Deux-Sèvres), sergent, 30e de ligne.
— Coup de feu à la main droite, Solférino.
— Amputation des doigts indicateurs, médius et annulaire de la main droite. — 16 mai 1860.

PARENT Pierre-François-Victor, né le 10 décembre 1834, à Chiché (Deux-Sèvres), 86e de ligne.
— Perte des deux dernières phalanges de l'indicateur de la main droite, coup de feu, Solférino.
— Gratification renouvelable.

PASQUET François, né le 19 janvier 1834, à Limalonges (Deux-Sèvres), 30e de ligne. —
Perte complète de l'annulaire gauche; gêne considérable des mouvements de la main, coup de feu, Solférino.
— Gratification renouvelable.

RIOLON Ferdinand-Aimé, né le 14 octobre 1835, à Saint-Jenin (Deux-Sèvres), 33e de ligne.
— Perte de l'usage du doigt indicateur de la main droite, coup de feu, Mélégnano.
— Gratification renouvelable.

BLESSURES, AMPUTATIONS, DÉSARTICULATIONS ET RÉSECTIONS

ROY Jean-Baptiste, né le 25 juillet 1837, à Neuvy-Bouin (Deux-Sèvres), 55e de ligne.
— Amputation du médius de la main droite et gêne dans les mouvements des autres doigts, coup de feu, Solférino.
— Gratification renouvelable.

BLESSURES DE LA CUISSE

BAUDRY Louis-Constant, né le 14 janvier 1837, à Saint-Amand-sur-Sèvre (Deux-Sèvres), 55e de ligne.
— Coup de feu à la cuisse droite, Solférino.
— Deux cicatrices profondes et adhérentes, l'une au côté externe du tiers moyen de.la cuisse droite, l'autre à sa face externe.
Le projectile a traversé le membre de bas en haut, et d'avant en arrière, en contournant le fémur, dont il a détaché deux petites esquilles. La deuxième cicatrice s'ouvre encore de temps à autre et donne passage à du pus. — 7 octobre 1863.

BELLIVIER Jacques, né le 21 août 1837, à Vouillé (Deux-Sèvres), 55e de ligne.
— Coup de feu à la partie supérieure et interne de la cuisse droite, Solférino.
— Cicatrices adhérentes ; gêne des mouvements.
— Gratification renouvelable.

BETIN Etienne-Frédéric, né le 18 mars 1834, à Sainte-Pezenne (Deux-Sèvres), 17e Bataillon de Chasseurs.
— Coup de feu à la cuisse droite, Solférino.
— Amaigrissement de la cuisse avec gêne dans les mouvements.
— Gratification renouvelable.

DEVASLLE Pierre, né le 29 mars 1837, à Saint-Varent (Deux-Sèvres), 90e de ligne.
— Coup de feu, Magenta. — Le projectile pénètre dans le tissu spongieux du condyle externe du fémur. Gêne dans les mouvements du genou droit.
— Gratification renouvelable.

GRIL Charles, né le 18 novembre 1827, à Niort (Deux-Sèvres), 1er Zouaves.
— Fracture du col du fémur gauche et des 3e et 4e métacarpiens de la main gauche, coups de feu, Mélégnano.
— Ankylose complète de l'articulation coxo-fémorale gauche avec atrophie du membre. Raccourcissement de 4 centimètres, et paralysie du gros orteil. Flexion permanente du doigt médius et gêne des mouvements de l'indicateur de la main gauche. — 6 octobre 1860.

HÉRISSÉ Jacques-Augustin, né le 28 août 1837, à Saint-Sauveur (Deux-Sèvres), 55e de ligne.
— Deux coups de feu à la partie inférieure et interne des deux cuisses, près du genou et à la main gauche, Solférino.
— Gêne considérable des mouvements; ankylose des deux dernières phalanges du doigt indicateur.
— Gratification renouvelable.

LABRUIERE Paul-Jean-François, né le 18 juillet 1835, à Saint-Laurs (Deux-Sèvres), 3e Zouaves.
— Plaie déchirée à la partie inférieure de la cuisse gauche, biscaïen, Palestro.
— Gratification renouvelable.

PENNETIER François-Louis, né le 19 février 1834, à Geay (Deux-Sèvres), 86e de ligne.
— Plaie contuse à la cuisse gauche, Solférino.
— La balle a pénétré au tiers interne et moyen de la cuisse, a contourné le fémur et est sortie en dessous du bord inférieur du muscle grand fessier. Le nerf sciatique a été contusionné; claudication; engorgement du pied.
— Gratification renouvelable.

AMPUTATIONS DE LA CUISSE

GENTY Joseph, né le 6 mars 1835, à Chef Boutonne (Deux-Sèvres), 84e de ligne.
— Fracture du genou droit, coup de feu, Montebello.
— Amputé à la cuisse, à Voghera? Entré le 23 mai à l'hôpital de Sainte-Marthe, Alexandrie; évacué le 16 octobre sur Gênes.
— Évacué sur le Météore; entré le 27 octobre à l'hôpital de Saint-Mandrier, Toulon; sorti le 29 octobre. — 31 mars 1860

BLESSURES DE LA RÉGION FÉMORO-TIBIALE

LUCQUIAUX Pierre, né le 17 mars 1837, à Vanzay (Deux-Sèvres), 86e de ligne.
— Coup de feu au genou droit, Solférino.
— Gêne dans la marche. — Gratification renouvelable.

MERLE Aimé-Victor, né le 17 février 1833, au Pin (Deux-Sèvres), 84e de ligne.
— Coup de feu au genou gauche, Solférino.
— Ankylose incomplète de l'articulation fémoro-tibiale gauche, compliquée de la présence du projectile dans l'articulation. — 30 mai 1860.

BLESSURES DE LA JAMBE

COUDRET Jacques, né le 13 septembre 1834, à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), 30e de ligne.
— Coup de feu pénétrant à la partie supérieure et antérieure de la jambe gauche, sortant à la partie postérieure externe; fracture de la crête du tibia, Solférino.
— Cicatrice adhérente.
— Gratification renouvelable.

DELEZAY François, né lé 9 décembre 1834, à Loizé (Deux-Sèvres), 30e de ligne.
— Coup de feu à la jambe gauche, fracture comminutive au tiers moyen, Solférino.
— Consolidation vicieuse, cicatrices adhérentes, trajets fistuleux, rétraction des tendons des muscles postérieurs, et atrophie du membre. — 11 juillet 1860.

PAPOT François, né le 20 mars 1836, à Tillou (Deux-Sèvres), 21e de ligne.
— Coup de feu à la partie supérieure de la jambe gauche; fracture comminutive du tibia et du péroné, Solférino.
— Cicatrices adhérentes au tiers supérieur de la jambe gauche ; l'une à sa partie antérieure, l'autre au creux poplité, avec atrophie considérable du membre et douleurs vives. — 6 mars 1861.

VERGER Louis-Julien, né le 10 juillet 1834, à Saint-Porchaire (Deux-Sèvres), 86e de ligne.
— Coup de feu à la jambe droite; fracture comminutive du tibia, Solférino.
— Extraction d'esquilles. — Larges cicatrices adhérentes dans toute l'étendue, avec perte de substance des parties molles.
— Atrophie très-prononcée. — En Italie, la fracture se consolida, et le malade arriva à l'hôpital de Saint-Mandrier, le 4 novembre 1859, dans un état satisfaisant.
— La plaie de sortie est cicatrisée; l'autre, restée fistuleuse, suppure encore, et a fourni, il y a peu de temps, quelques esquilles.
— Le 7 on extrait huit esquilles par la plaie d'entrée agrandie.
— Le 14, un gonflement phlegmoneux s'empare du mollet et réagit sur l'état général; un abcès se forme, est ouvert le 16, et, quelques jours après, la jambe reprend son volume ordinaire; mais la plaie d'entrée et l'incision de l'abcès n'ont pas de tendance à la cicatrisation.
— Le 7 décembre. L'exploration fait constater un décollement étendu au-dessous de l'incision de l'abcès ; des injections iodées y sont poussées.
— Le 13, la douleur et le gonflement reparaissent, s'accompagnant de mouvement fébrile. Purgatif.
— Le 15, les plaies présentent tous les caractères du phagédénisme des hôpitaux, avec décollements étendus, abcès, isolés; la jambe est gonflée, dure, très douloureuse.
— Le 17, le malade, étant soumis à l'action du chloroforme, on pratique 4 longues incisions qui, pénétrant jusqu'à la couche musculaire superficielle, donnent issue à du pus grisâtre, mal lié et fétide.
— Le cautère actuel est promené sur toutes les plaies, jusque dans les profondeurs des décollements; un drain est passé dans le trajet sinueux de la balle et sert à pousser des injections détersives.
— 25,  amélioration sensible, locale et générale; les plaies, pansées avec la poudre de camphre et de charbon, sont bien moins douloureuses, perdent de leur enduit pultacé et de leur coloration blafarde.
— 4 janvier 1860, les plaies sont vermeilles dans toute leur étendue, suppurent moins; leurs bords commencent à s'affaisser; en un mot, elles marchent activement vers la cicatrisation.
— 12 janvier, la plaie d'entrée du projectile et celle de l'incision externe ne sont pas cicatrisées; les bords sont affaissés et elles se couvrent de bourgeons charnus de bonne nature, qu'il faut réprimer avec le nitrate d'argent.
— L'état général s'est aussi amélioré sensiblement.
— 18, nouvel abcès à la partie inféro-externe de la jambe; incision.
— 22, le malade, très-affaibli, a de la fièvre, de l'inappétence, un état muqueux, et bientôt après, est atteint d'une varioloïde confluente.
— Les plaies sont redevenues grisâtres et douloureuses. Un abcès s'est formé a la partie interne de la jambe; incision.
— Le 30 janvier, cette incision est cicatrisée; les pustules sont desséchées; les plaies, qui ont repris leur aspect vermeil, marchent, désormais, vers une prochaine cicatrisation.
— 8 février, les plaies sont bien rétrécies, mais elles sont profondes et donnent encore passage à du pus sanieux qui vient de la plaie osseuse; les injections, poussées par la plaie d'entrée, sortent encore par la plaie externe.
— L'état général est très bon.
— 25, les plaies se rétrécissent de jour en jour et se comblent; elles n'arrivent plus jusqu'à l'os.
— 10 mars, la plaie d'entrée est cicatrisée; la plaie externe est très superficielle. — Verger se lève et peut faire quelques pas, à l'aide de béquilles.
— 25 mars, cette grave blessure n'est pas encore guérie; il ne reste plus à la partie moyenne et externe de la jambe qu'une plaie de 4 centimètres de diamètre, dont la cicatrisation marche lentement, au sein du tissu modulaire qui l'entoure.
— Verger restera encore quelque temps à l'hôpital, en attendant sa guérison.
J. Roux, médecin en chef de la marine, à Toulon. — 16 janvier 1861.

AMPUTATIONS DE LA JAMBE

GUIENNE Jean, né le 2 août 1835, à Couture-d'Argenson (Deux-Sèvres), 84e de ligne.
— Coup de feu à la jambe gauche, Solférino. — Amputation de la jambe. — 31 mars 1860.

BLESSURES DU PIED

GAILLARD Charles, né le 9 août 1837, à Louis (Deux-Sèvres), 90e de ligne.
— Coup de feu à la face dorsale du pied gauche, Magenta.
— Gratification renouvelable.

GAUTIER Daniel, né le 12 mai 1825, à Celles (Deux-Sèvres), caporal, 45e de ligne.
— Coup  de feu au pied gauche, fracture du tarse, Solférino
— Atrophie du pied gauche, trajets fistuleux sur la face dorsale du pied; ankylose incomplète de l'articulation tibio-tarsienne. — 24 avril 1861.

OLIVIER François, né le 2 mai 1834, à Combraud (Deux-Sèvres), 86e de ligne.
— Coup de feu au talon droit, fracture du calcanéum, Solférino.
— Cicatrice adhérente au talon droit. — 4 juin 1860.

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Campagne d'Orient

Rapport au Conseil de santé des armées sur les résultats du service médico-chirurgical aux ambulances de Crimée et aux hôpitaux militaires français en Turquie, pendant la campagne d'Orient en 1854-1855-1856, par J.-C. Chenu,...
Édition de 1865

BLESSURES DE LA TÊTE

PÉTRAULT Pierre-Auguste, né le 29 août 1829, à La Mothe-Saint-Héraye (Deux-Sèvres).  — Soldat au 61e de ligne.
— L'oreille traversée à sa base d'avant en arrière; coup de feu, le 8 septembre 1855.
— Entré le 17 septembre à l'hôpital de Gulhané. Évacué le 10 octobre.
— Entré le 11 octobre à l'hôpital de Gallipoli.
— Oblitération du conduit auditif, côté droit; surdité complète de ce côté. — 24 décembre 1855.

BLESSURES DE LA FACE

BAILLIS Charles-Désiré, né le 1er juin 1830, à Saint-Germier (Deux-Sèvres). — Soldat au 91e de ligne.
— Éclat d'obus à la face, le 2 avril 1855.
— Entré le 12 avril à l'hôpital de Gulhané. Évacué le 20 mai. — Perte absolue de l'oeil gauche. Difformité de la joue du même côté. — 28 mai 1855.

DOUSSIN Jean-Jacques, né le 28 avril 1821, à Gourgé (Deux-Sèvres). — Soldat au 2e Voltigeurs de la Garde.
— Coup de feu à la face, le 23 mai 1855. — La balle a pénétré au milieu de la joue droite, enlevé quatre dents molaires et la partie correspondante du maxillaire supérieur, lésé la langue et est sortie derrière l'angle du maxillaire inférieur gauche.
— Entré le 1er juin à l'hôpital du terrain de manœuvres. — 26 juin 1855.

BLESSURES DES YEUX

GIRAUD Louis, né le 2 avril 1830, à Échiré (Deux-Sèvres). — Soldat au 61e de ligne.
— Contusion à la tête, région orbitaire gauche; éclat d'obus, le 8 juin 1855.
— Entré le 12 juin à l'hôpital du terrain de manœuvres. Évacué le 17 juillet. — Perte de l'œil gauche.

MAGNAIN Pierre, né le 30 novembre 1830, à Sepvret (Deux-Sèvres). — Soldat au 97e de ligne.
— Coup de feu à l'œil gauche, le 18 juin 1855. Désorganisation de l'œil gauche et adhérence des paupières. — 14 septembre 1855.

BLESSURES DE LA MÂCHOIRE INFÉRIEURE

BOISSEAU Simon, né le S septembre 1830, à La Rochenard (Deux-Sèvres). — Soldat au 2e Zouaves.
— Fracture de la mâchoire inférieure; coup de feu, le 7 juin 1855.
— Entré le 11 juin à l'hôpital de Dolma-Bagtché. Evacué le 17 juillet. — Perte considérable de substance du maxillaire inférieur. Lésion qui comprend tout le bord alvéolaire droit depuis la symphyse jusqu'à la branche montante. Perte des dents dé la mâchoire supérieure du même côté, à l'exception des incisives qui cependant ont subi une déviation notable.
— 7 février 1856.

BLESSURES DE LA RÉGION SACRO - LOMBAIRE

CHAMPIGNY Louis, né le 25 octobre 1820, à Chanzay (Deux-Sèvres). — Soldat aux Chasseurs à Pied de la Garde.
— Plaie déchirée aux lombes; coup de feu, le 8 septembre 1855.
— Entré le 16 septembre à l'hôpital du terrain de manœuvres. — Cicatrice adhérente et profonde à la partie moyenne de la région lombaire. Impossibilité des mouvements de flexion du tronc en avant. — 2 mars 1856.

GONNORD Henri, né le 8 janvier 1833, à Terves (Deux-Sèvres). — Soldat au 14e de ligne.
— Large plaie dorso-lombaire; coup de feu, le 24 mai 1855. — Entré le 27 mai à l'hôpital de Gulhané. Évacué le 14 août. — Cicatrice adhérente au dos et aux lombes. Perte de substance des muscles. Impossibilité de la flexion du tronc. — 24 août 1855.

BLESSURES DES BRAS

COYNAULT Jean, né le 18 mars 1833, à Lezay (Deux-Sèvres). — Soldat au 80e de ligne.
— Fracture comminutive de l'humérus gauche à sa partie moyenne ; éclat de bombe, le 6 août 1855.
— Abcès nombreux, extraction d'esquilles, déperditions musculaires; plusieurs cicatrices adhérentes; atrophie du bras. — 16 décembre 1855.

HUCAULT Jean-Louis, né le 5 février 1833, à Mombrun (Deux-Sèvres). — Soldat au 14e de ligne.
— Le bras droit fracturé par un boulet, le 23 mai 1855. — Fracture vicieusement consolidée; atrophie du bras. — 3 juillet 1855.

SABOURIN Pierre, né le 9 avril 1828, à Thorigné (Deux-Sèvres). — Soldat au 2e Zouaves.
Large plaie contuse à la partie interne du bras gauche ; éclat de bombe, le 29 mai 1855.
— Entré le 7 juin à l'hôpital de Péra. Évacué le 9 juillet. — Flexion permanente de tous les doigts de la main gauche, à l'exception du pouce, qui est dans un état permanent d'extension.
— 27 avril 1856.

TRÉBUCHET Jean-Jérôme, né le 14 septembre 1829, à Pioussay (Deux-Sèvres). — Soldat au 84e de ligne.
— Coup de feu au bras droit, le 8 septembre 1855.
— Plaie fistuleuse au tiers supérieur du bras, entretenue par la présence du projectile incrusté dans l'os et dont l'extraction n'a pu se faire. — 19 décembre 1855.

AMPUTATIONS DU BRAS

DUFOUR François-Pierre, né le 23 avril 1833, à Mauzé (Deux-Sèvres). — Soldat au 20e de ligne.
— Fracture du bras gauche par un biscaïen, le 7 juillet 1855. Siège. — Amputé au-dessous du col de l'humérus. — 9 septembre 1855.

ROY François, né le 8 juin 1830, à Montalembert (Deux-Sèvres). — Soldat au 97e de ligne.
— Coup de feu au bras droit et à l'avant-bras gauche, le 7 juin 1855. Siège.
— Amputé du bras au tiers supérieur. — Entré le 21 juin à l'hôpital de Dolma-Bagtché. — 4 septembre 1855.

BLESSURES DE L'AVANT-BRAS

PIET Théodore-François, né le 23 mai 1830, à Niort (Deux-Sèvres). — Soldat au 1er Zouaves.
— Coup de feu à l'avant-bras gauche, le 8 septembre 1855.
— Atrophie et paralysie du membre supérieur gauche avec rétraction des fléchisseurs de la main. — 18 octobre 1855.

PLANTIVEAU Marie-Pierre-François, né le 28 avril 1825, à Deyrançon (Deux-Sèvres). — Soldat au 2e Voltigeurs de la Garde.
— Fracture comminutive de l'avant-bras droit; coup de feu, le 8 septembre 1855. Assaut. — Entré le 21 septembre à l'hôpital de Péra. — Atrophie de l'avant-bras gauche; perte de substance osseuse. Atrophie de la main. — 5 février 1856.

VIGNIER Louis-Marie, né le 18 juillet 1831, à La Chapelle-Saint-Laurent (Deux-Sèvres). — Soldat au 9e Bataillon de Chasseurs à Pied.
— Fracture compliquée de l'avant-bras gauche. Éclat d'obus, le 10 mai 1855. — Entré le 14 mai à l'hôpital de Dolma-Bagtché.
— Perte de substance du radius. Saillie du fragment inférieur du cubitus et ankylose de l'articulation huméro-cubitale. — 29 juin 1855.

BLESSURES DE LA MAIN ET DES DOIGTS

ALLARD Jacques, né le 24 mars 1834, à Mougon (Deux-Sèvres). — Soldat au 85e de ligne.
— Coup de feu aux deux mains, le 8 septembre 1855. — Perte de la moitié du médius et de la phalangette de l'annulaire de la main droite. — 4 décembre 1855.

AMPUTATIONS DES MÉTACARPIENS ET DES DOIGTS

GAUBERT Célestin, né le 7 novembre 1830, à Sauzé-Vaussais (Deux-Sèvres). — Soldat au 97e de ligne.
— Congélation de la main droite. — Désarticulation du pouce. — 22 mai 1885.

SIMON-FRUMENCE, né le 27 octobre 1824, à Niort (Deux-Sèvres). — Soldat au 3e Zouaves.
— Coup de feu à la main gauche, le 22 mars 1855. Siège. — Désarticulation des deux derniers doigts. — Gêne des mouvements des autres doigts. — 23 juin 1855.

BLESSURES DE LA CUISSE

GRELLIER Jean-Louis, né le 3 février 1827, à Moncontant (Deux-Sèvres). — Soldat au 3e Zouaves.
— Coup de feu à la cuisse droite, le 15 mars 1855. Fracture comminutive du fémur.
— Entré le 6 avril à l'hôpital de Dolma-Bagtché. Evacué le 30 juillet.
— Raccourcissement considérable du membre. — La balle a pénétré à la partie supérieure et postérieure du membre, au-dessous du pli de la fesse, un peu en dehors et au-dessus de la tubérosité ischiatique, a fracturé comminutivement le fémur à la jonction du tiers supérieur au tiers moyen et est sortie à la face antérieure de la cuisse en traversant le bord interne du droit antérieur. — Élimination d'esquilles secondaires. Raccourcissement de 7 centimètres.
— 28 novembre 1855

PHILIPPON François, né le 15 décembre 1821, à Gourgé (Deux-Sèvres). — Soldat au 2e Zouaves.
— Plaie déchirée à la partie moyenne de la cuisse droite; éclat d'obus, le 7 juin 1833.
— Entré le 14 juin à l'hôpital de Péra. — Cicatrice profonde et adhérente. Rétraction de la jambe. Atrophie de tout le membre. — 7 avril 1886.

BLESSURES DU GENOU

POINTEAU Louis-Augustin-Alexis, né le 25 mai 1836, à Magné (Deux-Sèvres). — Soldat au 7e de ligne.
— Contusion sans plaie; éclat de bombe au genou droit, le 17 mai 1855.
— Entré le 4 août à l'hôpital de Dolma-Bagtché. Évacué le 29 août. — Arthrite. Déformation du genou. Atrophie de la jambe. — 18 septembre 1855.

BLESSURES DE LA JAMBE

COURTIN Pierre, né le 9 novembre 1822, à Niort (Deux-Sèvres). — Soldat au 1er Voltigeurs de la Garde.
— Plaie déchirée à la jambe gauche; biscaïen, le 23 mai 1855. — Plaie fistuleuse à la partie inférieure et externe de la jambe. Ankylose complète de l'articulation tibio-tarsienne. — 15 juillet 1855.

MARTINEAU Jean, né le 27 novembre 1824, à Sainte-Verge (Deux-Sèvres). — Soldat au 96e de ligne.
— Coup de feu à la jambe droite; plaie en séton à la partie inférieure et externe, le 8 septembre 1855. — Entré le 13 septembre à l'hôpital de l'Université. — Cicatrice adhérente à la face externe et inférieure de la jambe. Évacué le 16 décembre. — Congélation des orteils. — 12 mars 1856.

AMPUTATIONS DE LA JAMBE

GRIMAULT François, né le 28 novembre 1833, à Thénezay (Deux-Sèvres).— Soldat au 80e de ligne.
— Fracture de la jambe gauche; éclat de bombe, le 23 mai 1855. Siège.
— Amputé immédiatement au lieu d'élection le lendemain. — Entré le 23 juin à l'hôpital de Gallipoli. Évacué le 9 novembre. — 12 décembre 1855.

BLESSURES DU PIED

BUSSIÈRE Jean, né le 24 novembre 1829, aux Alleuds (Deux-Sèvres). — Sergent au 61e de ligne.
— Deux coups de feu au pied droit, fracture du tarse, le 8 septembre 1855.
— Entré le 17 septembre à l'hôpital de Gulhané. Évacué le 25 novembre. — Plusieurs cicatrices adhérentes. Les balles ont traversé le tarse dans deux directions; l'une entre à la face dorsale et sort à la face plantaire. Ankylose des articulations tarsiennes et tibio-tarsienne. — 9 mars 1856.

RÉSECTIONS DES OS DES MEMBRES

BERT Jean-Félix, né le 17 mai 1829, à Pas-de-Jeu (Deux-Sèvres). — Soldat au 12e d'Artillerie.
— Coup de feu, le 16 août 1838. Siège. — Résection de la tête de l'humérus.
— 6 janvier 1886.

CONGÉLATIONS

MARTIN Charles-François, né le 23 août 1828, à Saint-Varent (Deux-Sèvres), — Soldat au 19e de ligne.
— Congélation de la jambe gauche (hiver 1854-1855). — Cicatrice adhérente à la partie antérieure de la jambe gauche. — 23 septembre 1855.

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GUERRE 1870 - 1871

Jean-Charles Chenu participera encore activement à la création de la Société de secours aux blessés militaires et dirigera ensuite les ambulances de cette Société, lors de la guerre franco-prussienne de 1870.

Rapport au conseil de la Société française de secours aux blessés des armées - Guerre de 1870 - Chenu Jean-Charles

Tome 2 - États nominatifs (alphabétique) des amputés, désarticulés, réséqués et blessés survivants ayant obtenu une pension de retraite ou une gratification renouvelable.
Il y a environ 19 militaires par pages, on a donc une liste de plus de 19 000 militaires, hélas le lieu de naissance n'est pas indiqué pour tous ces militaires.

Deux parties :
1) Amputations, désarticulations, résections - pages 1 à 151
2) Blessures diverses et maladies - pages 153 à 1038

AMPUTATIONS DÉSARTICULATION RÉSECTION

AIRAULT Louis-Philibert, né le 25 mai 1844, Borcq (Deux-Sèvres), 25e de ligne, sergent.
— Fracture comminutive du coude droit, coup de feu, Loigny.
— Résection de l'extrémité inférieure de l'humérus et de l'extrémité supérieure du cubitus.
— Ankylose incomplète du coude.

ARNAUDET Pierre, né le 5 octobre 1843, Bessines (Deux-Sèvres), 20e de ligne.
— Fracture comminutive du bras gauche, coup de feu, Bry-sur-Marne.
— Amputé du bras.

BARRET Louis-François, né le 21 mars 1848, Busseau (Deux-Sèvres), 94° de ligne.
— Fracture de l'articulation tibio-tarsienne gauche, coup de feu, Sedan.
— Amputation susmalléolaire.

BERTRAND Louis, né le 7 juillet 1847, Coulon (Deux-Sèvres), 58e de ligne.
— Plaie pénétrante du coude droit, coup de feu, Sedan.
— Amputation immédiate du bras au tiers inférieur.

CHARRON Jean, né le 30 septembre 1847, Azay-le-Brulé (Deux-Sèvres), 42e de ligne, sergent.
— Fracture de l'humérus et du coude gauche, éclat d'obus, Villejuif.
— Amputé du bras au tiers inférieur.

CHATAIGNER Victor-François, né le 2 avril 1843, Saint-Pierre-des-Echaubrognes (Deux-Sèvres), 65e de ligne.
— Fracture de l'humérus droit, coup de feu, armée du Nord.
— Désarticulation scapulo-humérale.

DRUT Pierre-Léon, né le 24 août 1848, Niort (Deux-Sèvres), 80e de ligne.
— Fracture de la jambe droite, coup de feu, Saint-Privat.
— Amputé de la jambe, au lieu d'élection.

DUPUIS François, né le 46 mars 1839, Vernoux (Deux-Sèvres), 49e de ligne, sergent.
— Fracture du bras droit, éclat d'obus, Wissembourg.
— Amputé du bras au tiers supérieur.

FIRMIN-GIRAC, né le 7 novembre 1850, Niort (Deux-Sèvres), 53e de ligne.
— Congélation, 15 janvier, Chagey.
— Désarticulation des dernières phalanges des orteils du pied gauche.

FRÈRE Léon, né le 5 juin 1850, Béceleuf (Deux-Sèvres), 53e de ligne.
— Congélation, 10 janvier, Changé.
— Amputation des cinq orteils du pied gauche.

FUZEAU Jean-Auguste, né le 24 juin 1847, Saint-Léger-de-Montbrun (Deux-Sèvres), garde mobile des Deux-Sèvres.
— Fracture de l'humérus gauche, coup de feu, 6 octobre, la Bourgonce.
— Amputé du bras.

GARCIN Jean, né le 25 juin 1850, Saint-Romans (Deux-Sèvres), 74e de ligne,
— Fracture comminutive de la jambe gauche, mitraille, Boulogne-sur-Seine, 19 mai.
— Amputé de la jambe au tiers supérieur.

GIRARD Louis, né le 14 janvier 1844, Saint-Vincent-]a-Châtre (Deux-Sèvres), sergent, 10e de ligne.
— Fracture de la jambe gauche, coup de feu, Saint-Privat.
— Amputé de la jambe.

GUILMET Désiré-Pierre, né le 28 novembre 1844, Saint-Loup (Deux-Sèvres), 25e de ligne.
— Fracture du poignet droit, éclat d’obus, Gravelotte.
— Amputé de l’avant-bras au tiers inférieur.

INGRENEAU Alexandre, né le 16 février 1831, Saint-Aubin-le-Cloud (Deux-Sèvres), sergent, 18e chass. à pied.
— Fracture de la jambe gauche, éclat d’obus, Saint-Quentin.
— Amputé de la jambe.

JAHAN Eugène-François, né le 29 mars 1848, Niort (Deux-Sèvres), 2e Zouaves.
— Fracture comminutive du fémur gauche, éclat d’obus, Froeschwiller.
— Amputé de la cuisse au tiers supérieur.

LONJARD François, né le 28 avril 1842, Busseau (Deux-Sèvres), 5e chass. à pied.
— Entorse, tumeur-blanche à l’articulation tibio-tarsienne droite.
— Amputé de la jambe.

MAGNERON Jean, né le 46 décembre 1844, Verrines-sur-Celles (Deux-Sèvres), 44e artill.
— Fracture comminutive de l’humérus gauche, éclat d’obus, Gravelotte.
— Désarticulation scapulo-humérale.

MIGAULT Jacques, né le 6 février 1848, Vauçais (Deux-Sèvres), 84e de ligne.
— Fracture comminutive de la partie supérieure de l’humérus gauche, coup de feu Ladonchamps.
— Résection de 8 centimètres de l’humérus, non-consolidation; inertie complète du bras.

MOREAU Eugène-Alexandre-Albert, né le 22 juillet 1848, Niort (Deux-Sèvres), garde mob, des Deux-Sèvres, capitaine.
— Fracture de l’humérus droit, coup de feu, Nompalelize.
— Amputé du bras au quart supérieur.

PETIT Joseph, né le 23 décembre 1846, Saint-Jean-de-Thouars (Deux-Sèvres), 3e train des équip. milit.
— Congélation, Beaugency, 7 décembre.
— Désarticulation ou élimination des orteils des deux pieds

SABOURIN André, garde mob. des Deux-Sèvres.
— Fracture de l’avant-pied droit, coup de feu, Beaune-la-Rolande.
— Amputation partielle du pied.

SAMPOUX Jean-Eugène-Émile, né le 20 octobre 1846, Niort (Deux-Sèvres), 13e de ligne.
— Fracture comminutive de la partie inférieure de l’humérus gauche coup de feu, Gravelotte.
— Amputé du bras à sa partie moyenne.

TARGÉ Louis-Victor, né le 27 décembre 1850, Secondigny (Deux-Sèvres), 53e de ligne.
— Fracture de l’avant-bras gauche et du coude, coup de feu, Chagey.
— Amputé du bras.

TAUDIÈRE François-Louis, né le 11 août 1834, Sauzay (Deux-Sèvres), 3e Zouaves.
— Plaie contuse à la tête, coup de feu, Beaune-la-Rolande.
— Congélation du pied droit pendant la nuit.
— Amputé de la jambe.

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BLESSURES DIVERSES ET MALADIES.

ANDRÉ François-Alexis, né le 18 octobre 1847, Couture-d’Argenson (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Mutilation de la main droite, fracture du métacarpe, coup de feu, la Bourgonce (Vosges), 6 octobre.
— Perte absolue du mouvement des doigts indicateur, médius et annulaire, paralysie de la main.

ARCHIMBAULT Pierre, né le 7 mars 1841, Sainte-Soline (Deux-Sèvres), 33e de ligne.
— Congélation, Arthenay.
— Ankylose de l’articulation tibio-tarsienne droite.

AUMOND Louis-Victor, né le 25 août 1850, Nueil (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Perte des phalanges unguéales des orteils du pied droit, congélation, armée de la Loire,
— Rétraction des tendons fléchisseurs.

BARON Alexandre, né le 9 avril 1843, Chenay (Deux-Sèvres), 7e de ligne.
— Plaie contuse à la partie antérieure et supérieure de la jambe droite, coup de feu, Bry-sur-Marne, 2 décembre.
— Atrophie du membre.

BARRET Augustin, né le 22 janvier 1844, Le Busseau (Deux-Sèvres), 3e train des équipages.
— Fracture du maxillaire inférieur, coup de feu, retraite de Montbéliard à Pontarlier, 24 janvier.
— Fausse ankylose de l’articulation temporo-maxillaire, fistule salivaire.

BAZIN Augustin-Pierre, garde mob. des Deux-Sèvres. — Fracture du calcanéum et de l’astragale, pied droit, coup de feu, Beaune-la-Rolande.
— Arthrite tibio-tarsienne, plaie fistuleuse.

BEAUJEAUD Louis-François, né le 2 août 1844, Beugné (Deux-Sèvres), 7e d’artillerie.
— Plaie en séton à la cuisse gauche, coup de feu, Sedan.

BELIN Jacques, né le 3 avril 1850, Saint-Eanne (Deux-Sèvres), 53e de ligne.
— Fracture du fémur droit, coup de feu, Chagey (Haute-Saône), 17 janvier.
— La balle a pénétré au- dessous du grand trochanter et est sortie au milieu de la face interne de la cuisse, raccourcissement de 4 centimètres.

BERGE François-Théophile, né le 22 octobre 1846, Tessonnières (Deux-Sèvres), 47e de ligne.
— Plaie contuse à l’épaule gauche, fracture de la clavicule et de l’omoplate, coup de feu, Beaune-la-Rolande.
— Ankylose de l’épaule gauche, atrophie du bras, flexion de l’avant-bras et insensibilité de la main.

BERSON Armand, né le 22 mars 1846, Saint-Maurice-la-Fougereuse (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Fracture au tiers inférieur du cubitus droit, coup de feu, la Bourgonce.
— Amaigrissement de l’avant-bras.

BERTONNAUX David, né le 16 juillet 1844, Sciecq (Deux-Sèvres), 43e de ligne.
— Plaie contuse à la face, coup de feu, Villorceau.
— Staphylôme opaque, perte de la vision de l’œil gauche.

BODET Auguste-Athanase, né le 9 décembre 1844, la Petite-Boissière (Deux-Sèvres), 10e de ligne.
— Fracture comminutive des os du carpe et du métacarpe, main gauche, coup de feu, Saint-Privat.
— Ankylose du poignet et atrophie de la main.

BOINEAU Jacques-Louis-Constant, garde mob. des Deux-Sèvres.
— Fracture du doigt médius, main droite, coup de feu, Beaune-la-Rolande.
— Ankylose avec déviation de ce doigt.

BONNEAU Jacques-Edouard, né le 10 avril 1846, la Foye-Monjault (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Destruction du globe oculaire gauche, coup de feu, Beaune-la-Rolande.

BOUTET Louis Henry, né le 27 août 1846, Noirlieu (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Plaie compliquée au pied gauche, fracture du 4e métatarsien, coup de feu, Beaune-la-Rolande,

BRACONNEAU Pierre, garde mob. des Deux-Sèvres. Plaie contuse à la main droite, coup de feu, Beaune-la-Rolande.
— Ankylose de l’annulaire.

BRANDARD Jean, né le 26 septembre 1846, Melleran (Deux-Sèvres), 52e de ligne.
— Erysipèle phlegmoneux au bras, Sedan.
— Suppuration prolongée, ankylose du coude.

BRARD Jean, né le 15 octobre 1850, Azay-le-Brûlé (Deux-Sèvres), 53e de ligne.
— Congélation des pieds, Héricourt, 16 janvier.
— Perte de phalanges de plusieurs orteils, ankylose des autres orteils.

BRÉDOIRE René né le 11 octobre 1850, Ardin (Deux-Sèvres), 53e de ligne.
— Fracture du poignet gauche et du métacarpe, coup de feu, Chagny, 17 janvier.
— Ankylose du poignet.

BRILLAND Pierre, né le 14 avril 1848, Cilles (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Plaie compliquée à la face, fracture des os du nez, perforation de la voûte palatine, coup de feu, la Bourgonce.

BROUSSARD Hippolyte, garde mob. des Deux-Sèvres.
— Fracture de la jambe droite, éclat d’obus, la Bourgonce (Vosges), 6 octobre.

CANTEAU Pierre-Louis, né le 3 octobre 1845, Saint-Laurs (Deux-Sèvres), 25e de ligne.
— Fracture comminutive de la jambe droite au tiers inférieur, coup de feu, Gravelotte.
— Ankylose tibio-tarsienne.

CHAIGNE Alexandre, né le 28 juillet 1844, Soudan (Deux-Sèvres), 10e de ligne.
— Plaie déchirée à la cuisse gauche, éclat d’obus, Saint-Privat.
— Ankylose du genou, atrophie du membre.

CHAIGNEAU Jean, né le 10 septembre 1849, Chapelle-Bertrand (Deux-Sèvres), 114e de ligne.
— Fracture de la jambe gauche, au tiers supérieur, coup de feu, Champigny.
— Nombreuses esquilles, incurvation de la jambe en dedans, plaies fistuleuses, affaiblissement du membre.

CHAMPAGNAT Antoine, garde mob. de la Corrèze.
— Variole épidémique, Bressuire (Deux-Sèvres), novembre.
— Perte de la vision à gauche

CHARBONNEAU Pierre-Charles, né le 4 novembre 1845, Saint-Symphorien (Deux-Sèvres), 76e de ligne.
— Plaie compliquée au bras gauche, coup de feu, Forbach.
— Atrophie du bras et de la main avec flexion de l’avant-bras et de la main et paralysie des doigts.

CHARTIER Louis, né le 9 février 1844, Saint-Vincent-la-Charte (Deux-Sèvres), 50e de ligne.
— Désorganisation du globe oculaire droit, coup de feu, Wissembourg.

CHARTRON Auguste-Théophile, garde mob. des Deux-Sèvres.
— Plaies contuses à la cuisse gauche, coup de feu, Pont-aux-Moines (Loiret), 4 décembre.
— Plaies fistuleuses, cicatrice adhérente.

CHASSIN Henri, né le 18 septembre 1848, Saint-Martin-d’Entraigues (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Plaie compliquée à la main droite, coup de feu, Pont-aux-Moines (Loiret).

CHERCHEMONT Pierre-Alexandre, né le 10 avril 1849, Alonne (Deux-Sèvres), 55e de ligne.
— Désorganisation du globe oculaire droit, coup de feu, Joinville, 28 novembre.

CLISSON Célestin-Théodomir, garde mob. des Deux-Sèvres, sergent.
— Fracture de l’humérus droit, coup de feu, la Bourgonce, 6 octobre.
— Arthrite du coude avec plaie fistuleuse et flexion de l’avant-bras.

CLOPEAU Joseph-François, né le 25 février 1849, Vernoux (Deux-Sèvres), 114e de ligne.
— Violente contusion aux jambes, explosion de la citadelle de Laon.
— Ankyloses tibio-tarsiennes.

COUTANT René, né le 17 mai, 1850, Courtenay (Deux-Sèvres), 51e de ligne.
— Plaie pénétrante au coude droit, coup de feu, Orléans, 4 décembre.
— Ankylose du coude dans la flexion, atrophie du membre et perte partielle des mouvements des doigts.

DAVID Victor, né le 25 août 1843, Azay-le-Brûlé (Deux-Sèvres), 57e de ligne.
— Fracture compliquée de l’épitrochlée, coude gauche, coup de feu, Gravelotte.
— Atrophie incomplète de l’avant-bras et de la main, rétraction permanente des fléchisseurs des deux derniers doigts.

DEGUIL Jean-Jacques, garde mob. des Deux-Sèvres.
— Fracture comminutive de la jambe gauche, coup de feu, Beaune-la-Rolande.
— Plaie fistuleuse, cal difforme.

DÉSILIERES Jean-Xavier, né le 8 août 1850, Parthenay (Deux-Sèvres), 16e chass. à pied.
— Fracture comminutive de l’avant-bras gauche, tiers supérieur, éclat d’obus, Vendôme (Loir-et-Cher), 25 décembre.
— Perte osseuse sur une étendue de 5 centimètres, ankylose du coude dans la flexion.

DRUET Louis, né le 19 février 1844, Romans (Deux-Sèvres), 25e de ligne.
— Plaie compliquée à l’avant-bras droit, coup de feu, Gravelotte.
— Ankylose du coude et de l’articulation radio-cubitale, atrophie et paralysie du bras et de la main.

DURET Pierre-Benjamin, né le 7 mai 1847, la Mothe (Deux-Sèvres), 42e de ligne.
— Fracture d’une apophyse de la 10e vertèbre dorsale, coup de feu, Champigny.
— Rigidité de la colonne vertébrale avec flexion en avant, gêne des mouvements du tronc.

ECALLE François, né le 2 avril 1843, Beaulieu (Deux-Sèvres), 37e dé ligne.
— Plaie contuse à la jambe droite, coup de feu, Orléans, 8 décembre (?).
— Phlegmons multiples, vastes fusées purulentes, ankylose fémoro-tibiale et tibio-tarsienne, la jambe fléchie à angle droit, émaciation de tout le membre.

FALOURD Pierre, né le 23 mars 1842, Courlay (Deux-Sèvres), 31e de ligne.
— Plaie contuse à la région dorsale du pied droit, coup de feu, Coulmiers, 9 novembre.
— Erysipèle gangréneux, cicatrice adhérente bridée, perte des mouvements d’extension du pied et de flexion des orteils.

FRADIN Jacques-Fridolin, né le 4 mars 1849, Boursaix (Deux-Sèvres), 114e de ligne.
— Plaies confuses au bras et à la main gauches, coups de feu, Champigny, 30 novembre.
— Cicatrice adhérente et bridée s’étendant à toute la partie interne du bras avec perte de l’extension de l’avant-bras, perte de la 1ère phalange du pouce et de la tête du ler métacarpien.

GARRAUD François, garde mob. des Deux-Sèvres.
— Fracture de la jambe (?), coup de feu, Beaune-la-Rolande.
— Cicatrice adhérente.

GEFFARD François, né le 3 décembre 1848, Courlay (Deux-Sèvres), 1er Zouaves.
— Plaie perforante oblique s’étendant de la pommette gauche à l’oreille droite, coup de feu, Froeschwiller.
— Ankylose incomplète temporo-maxillaire droite.

GEMMIER Louis-Victor, né le 17 septembre 1847, Niort (Deux-Sèvres), 42e de ligne, caporal,
— Plaie contuse au mollet droit, éclat d’obus, Champigny.
— Rétraction musculaire.

GERMONNEAU Charles, né le 2 mars 1845, Saint-Hilaire-la-Palud (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Plaie contuse à la main gauche, éclat d’obus, la Fourche, 6 janvier.
— Perte des deux dernières phalanges de l’indicateur, phlegmon diffus, ankylose du poignet et paralysie des doigts.

GOULARD Jacques, né le 17 octobre 1846, Echiré (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres
— plaie compliquée au bras droit, coup de feu, la Bourgonce (Vosges), 6 octobre.
— Fausse ankylose du coude, paralysie de la main et de l’avant-bras.

GROS Louis-Théophile, né le 27 septembre 1841, Niort (Deux-Sèvres), 2e de ligne.
— Plaie compliquée à l’épaule droite, coup de feu, Beaugency.
— Atrophie du bras qui est dans l’impossibilité de s’écarter du corps, ankylose du bras.

GUY Henri-Benjamin, né le 17 août 1840, Niort (Deux-Sèvres), 5e provisoire, sergent.
— Fracture du maxillaire supérieur droit, coup de feu, Paris, 27 mai.
— Perforation de la voûte palatine, perte d’une partie alvéolaire du maxillaire et des dents, cicatrice difforme à la joue gauche.

GUYON Augustin, né le 27 février 1848, Béceleuf (Deux-Sèvres), 11e artill.
— Plaie contuse s’étendant du bord supérieur de l’aisselle à l’épine de l’omoplate droite, éclat d’obus, Borny.
— Ankylose scapulo-humérale, large et profonde cicatrice adhérente.

JASMIN Hyacinthe, né le 30 août 1849, Voulsé (Deux-Sèvres), 114e de ligne.
— Fracture du péroné droit, coup de feu, Paris, 2e siège.
— Cicatrices adhérentes déprimées à la partie moyenne de la jambe.

JAUBERT DE BECQUE Charles-Joseph, né le 15 novembre 1827, Niort (Deux-Sèvres), 75e de ligne, capitaine.
— Fracture comminutive de la tête du péroné droit et des deux tubérosités du tibia, coup de feu, Sedan.
— Esquilles nombreuses, destruction des attaches des ligaments rotuliens, ankylose du genou.

JOURDIN Séraphin-Honoré, né le 13 mars 1849, aux Jumeaux (Deux-Sèvres), 14° de ligne.
— Fracture du 1er métacarpien et du pouce, main droite, coup de feu, Champigny.
— Consolidation vicieuse, déformation et atrophie du pouce.

LAIGNÉ Jacques-René, né le 23 septembre 1850, Gourgé (Deux-Sèvres), 32e de ligne.
— Plaie contuse à la poitrine, fracture de l’humérus gauche, 2 coups de feu, Terminiers, 2 décembre.
— Raccourcissement du bras, ankylose presque complète du coude dans la flexion, atrophie de l’avant-bras et de la main avec déformation des doigts, plaie fistuleuse à la poitrine.

MARIE Edouard, né le 15 août 1846, Niort (Deux-Sèvres), 98e de ligne.
— Fracture du cubitus droit au tiers supérieur, coup de feu, Ladonchamps.
— Semi-ankylose du coude, perte des mouvements de l’avant-bras avec flexion permanente des trois derniers doigts.

MARSAULT Pierre, né le 9 décembre 1849 Parthenay (Deux-Sèvres), 114e de ligne.
— Plaie perforante de poitrine, coup de feu, Champigny.
— Large cicatrice adhérente, et fortement déprimée, à la partie postérieure de l’épaule gauche, gêne des mouvements d’expansion du thorax et de ceux d’élévation du bras.

MARTIN François, né le 12 décembre 1846, Rom (Deux-Sèvres), 52e de ligne.
— Plaie contuse au genou gauche, éclat d’obus, Sedan.
— Engorgement chronique de la cuisse, plaies fistuleuses persistantes autour du genou avec nécrose des os, rétraction permanente des tendons fléchisseurs.

MASSE Louis, né le 31 août 1848, Saint-Vincent (Deux-Sèvres), 92e de ligne.
— Congélation des pieds, Chagny.
— Perte de la phalange unguéale (tes deux gros orteils, des 2e et 3e phalanges du 4e, et de la 3e du 2e orteil, pied gauche, atrophie de l’extrémité des 3e et 4e orteils, pied droit.

MAYNARD Louis-Alexis, garde mob. des Deux-Sèvres.
— Fracture de la 1re phalange des doigts auriculaire, annulaire et médius, coup de feu, la Bourgonce.

MELLIN Pierre-Auguste, né le 11 janvier 1847, Prailles (Deux-Sèvres), 28 de ligne, caporal.
— Fracture incomplète de l’humérus (?), coup de feu, Spickeren.
— Ankylose du coude, atrophie et perte des mouvements de ce membre.

MOTTARD François, né le 29 septembre 1850, Thouars (Deux-Sèvres), 32e de ligne.
— Plaie contuse à la partie supérieure de l’avant-bras gauche, éclat d’obus, Patay, 2 décembre,
— Mouvement d’extension de l’avant-bras très-borné, perte de celui de la supination et flexion incomplète des doigts, atrophie du bras.

NAUD Pierre, né le 17 mars 1850, Magné (Deux-Sèvres), 95e de ligne.
— Fracture du coude droit, coup de feu, le Bourget.
— Ankylose du coude dans l’extension.

NAUDIN Louis, né le 1er mai 1844, Saint-Georges de Noisné (Deux-Sèvres), 96e de ligne.
— Fracture comminutive de l’avant-bras droit, coup de feu, Woerth.
— Esquilles, perte des mouvements de pronation et de supination de l’avant-bras, atrophie du membre.

PATRY Félix, né le 23 novembre 1843, Paris (Seine), francs-tireurs des Deux-Sèvres.
— Fracture du 2e métacarpien, main gauche, coup de feu, Beaugency, 8 décembre.
— Ankylose de l’indicateur.

PAYNOT Jean-Baptiste-André, né le 29 novembre 1848, Boismé (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Plaie pénétrante de l’épine de l’omoplate droite, coup de feu, Beaune-la-Rolande.
— Plaie fistuleuse, gêne des mouvements du bras.

PIET Gustave-François, né le 25 juillet 1849, Niort (Deux-Sèvres), 4e Zouaves.
— Plaie pénétrante de la tubérosité du tibia, (?) coup de feu, Champigny.
— Nécrose, perte de substance, plaie fistuleuse, cicatrices adhérentes, ankylose fémoro-tibiale et tibio-tarsienne, flexion de la jambe et extension du pied.

PIGNON Pierre-Benjamin, garde mob. des Deux-Sèvres.
— Plaie profonde à la jambe droite, coup de feu, la Bourgonce, 6 octobre.
— Gêne dans la marche.

PROUST Pierre, né le 20 novembre 1847, Thorigné (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Désorganisation du globe oculaire droit, coup de feu, la Fourche, 6 janvier.

RANTIÈRÉ Louis-Armand-Stanislas, né le 7 février 1842, Cerizay (Deux-Sèvres), 32e de ligne.
— Désorganisation du globe oculaire gauche, coup de feu, Poupry, 2 décembre.

RAUTUREAU Jean-Marie, né le 14 décembre 1845, Saint-Jouin-sur-Châtillon (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Plaie pénétrante a la cuisse gauche, coup de feu, Beaune-la-Rolande.
— Balle non extraite, gêne des mouvements du membre.

RENAUDET Louis, né le 10 février 1847, Faye-sur-Ardin (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Fracture de l’extrémité inférieure du radius gauche, coup de feu, Beaune-la-Rolande.
— Abcès, fusées purulentes, ankylose du poignet avec perte des mouvements des doigts annulaire, médius et du pouce.

RIBERY Louis-Alexandre, né le 16 juillet 1849, Saint-Genard (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Plaie pénétrante de la région métacarpienne gauche, coup de feu, Chaffois (Doubs), 18 janvier.
— Ankylose du poignet, atrophie des doigts.

RIVIÈRE Jacques, garde mob. des Deux-Sèvres.
— Perte du doigt médius droit, coup de feu, la Fourche, 6 janvier.

ROBERT Antoine, garde mob. des Deux-Sèvres.
— Plaie contuse au bras gauche, coup de feu, la Bourgonce.
— Faiblesse du membre, flexion des doigts auriculaire et annulaire.

ROUHIER Louis, né le 20 mars 1845, Vollans (Deux-Sèvres), 77e de ligne.
— Fracture du poignet droit, coup de feu, Styring-Wendel.
— Ankylose du poignet avec extension permanente des doigts.

SAUQUET Alexandre né en 1847 Surans (Deux-Sèvres), 42e de ligne.
— Plaie contuse à l’avant-bras gauche, éclat d’obus, Champigny, 30 novembre.
— Amaigrissement et rétraction musculaire de l’avant-bras.

SÉNÉ Pierre, garde mob. des Deux-Sèvres.
— Plaie contuse à la partie inférieure de l’avant-bras droit, coup de feu, Varegs (Doubs), 22 octobre.
— Ankylose anormale et incomplète des doigts, cicatrice adhérente.

SIMONNET Léon, né le 3 juin 1844, Niort (Deux-Sèvres), 96e de ligne.
— Plaie contuse à la main droite, éclat d’obus, Sedan.
— Atrophie de la main, rétraction de l’indicateur, perte presque complète des mouvements du pouce.

TALLON François-Alexandre, né le 1er août 1849, la Chapelle-Saint-Etienne (Deux-Sèvres), 115e de ligne.
— Fracture intra-articulaire du genou gauche, coup de feu, Champigny, 30 novembre.
— Déformation des extrémités osseuses, cicatrices enveloppant le genou ankylosé presque complètement avec flexion légère de la jambe sur la cuisse.

TREMBLÉ Jean-Louis, garde mob. des Deux-Sèvres.
— Plaie contuse au pied gauche, coup de feu, la Bourgonce.
— Arthrite chronique tibio-tarsienne, gêne considérable des mouvements du pied.

TURPAULT Emile, né le 8 mai 1853, Thouars (Deux-Sèvres), 59e de ligne.
— Fracture comminutive du coude gauche, coup de feu, Morée.
— Ankylose incomplète du coude dans la demi-flexion avec demi-pronation de l’avant-bras, flexion permanente des doigts, et amaigrissement de la main et de l’avant-bras, cicatrices adhérentes multiples.

VÉZIEN Louis, garde mob. des Deux-Sèvres.
— Fracture du fémur droit, coup de feu, Villersexel.
— Raccourcissement du membre, plaie fistuleuse.

VOY Alexis, né le 6 août 1844, Champdeniers (Deux-Sèvres), 76e de ligne.
— Plaie à l’avant-bras droit, coup de feu, Gravelotte.
— Plaies ulcéreuses, gêne dans la pronation et la supination.

GUÉRET François-Célestin, né le 17 juin 1848, Noirterre (Deux-Sèvres), garde mob. des Deux-Sèvres.
— Plaie contuse a la main droite, coup de feu, Beaune-la-Rolande — Amputation de l’indicateur.

SUPPLEMENT AUX BLESSÉS

BILLY Pierre-Alexandre, né le 18 juin 1847, Bressuire (Deux-Sèvres), 68e de ligne.
— Plaies contuses aux deux pieds, coup de feu, Beaumont.
— Nodosités variqueuses aux deux jambes, engorgement œdémateux persistant.

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Remarque : il existe certainement dans ces listes d’autres militaires natifs des Deux-Sèvres, tous les militaires n’ayant pas un état-civil.

Le régiment ici cité Gardes Mobiles des Deux-Sèvres est le 34e Régiment de Mobiles des Deux-Sèvres, qui s’est distingué à la bataille de Beaune-la-Rolande le 28 novembre 1870 et à la bataille de Nompatelize (Burgonce) le 6 octobre 1870. Le Régiment (3 500 hommes) était commandé par le Lieutenant-colonel Rouget arrière-neveu de Charles Rouget, sieur de la Fosse mort à Jemmapes à la tête d’une brigade composée des légions de la Meurthe, des Deux-Sèvres et de la Vendée.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Nompatelize

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Beaune-la-Rolande

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LA GUERRE 1870-1871 ET LA MEDECINE :

Le Docteur Théophile Anger – Les ambulances civiles pendant la guerre Franco-Prussienne – (19 Juillet 1870-28 Janvier 1871)
http://www.carrouges.fr/AngerTheophile.html

La médecine d’urgence : évolution du concept, de l’antiquité au SAMU – Thèse de doctorat de Frank Barot – 1998 – Amiens
Chapitre VII : La guerre Franco-Allemande – 1870-1871
http://sofia.medicalistes.org/spip/IMG/pdf/These_dr_Barot_LA_MEDECINE_D_URGENCE_EVOLUTION_DU_CONCEPT_DE_L_ANTIQUITE_AU_SAMU.pdf

Les ambulances civiles pendant la guerre Franco-Prussienne (19 Juillet 1870-28 Janvier 1871) – M Guivarc’h, Chirurgien honoraire des hôpitaux de Paris.

http://www.bium.univ-paris5.fr/acad-chirurgie/ememoires/005_2007_6_2_057x061.pdf

Les hôpitaux militaires sous tentes et baraqués au XIXe siècle  – Nicolas Meynen

http://rha.revues.org/index6543.html

 

 

 

 

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Le Guide de la France Merveilleuse… en Deux-Sèvres et alentours

Pour votre information, les éditions Payot ont sorti un ouvrage en 4 volumes nommé « Guide de la France Merveilleuse ».

Cet ouvrage, qui a été édité à l’instigation de la Société de Mythologie Française, propose des parcours suivant les mythes et légendes de 19 régions françaises (Haute- et Basse-Normandie étant regroupées, Rhône-Alpes et Champagne-Ardennes n’étant pas mentionnées).

Il y a donc plusieurs parcours concernant les Deux Sèvres et les départements limitrophes:

=> Dans le tome « Poitou-Charentes, Limousin, Aquitaine, Midi-Pyrénées, Pyrénées »

PROMENADES MYTHOLOGIQUES EN POITOU-CHARENTES

  • « Pierres, fées et saints de la Vienne », par Frédérique Chauvet
  • « Gargantua, Mélusine et quelques saints dans les Deux-Sèvres et en Charente-Maritime », par Frédéric Dumerchat (avec la collaboration de Nelly Robert)
  • « Circuits nord Angoumois : des diables aux ermites », par Bernard Laurent- Benest

=> Dans le tome « Bretagne, Pays de la Loire, Normandie, Picardie »

PROMENADES MYTHOLOGIQUES EN PAYS DE LA LOIRE

  • « Merveilles d’Anjou », par Alain Bayeux et Philippe Parrain
  • « Secrets de Vendée », par Xavier Lefeuvre

Pour le détail de tous les chapitres de toutes les régions, je vous renvoie à la plaquette descriptive.
http://www.mythofrancaise.asso.fr/3_nouvel/Payot.pdf.

Je précise que je n’ai pas encore lu ces différents ouvrages et que cette note est à usage informatif et non une note de lecture.

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Frontenay Rohan-Rohan

Un petit mot afin de citer un site internet très complet sur  Frontenay Rohan-Rohan http://frontenay-rohan-rohan.e-monsite.com/.

Vous pourrez ainsi savoir pourquoi cette commune s’est appelé pendant longtemps « Frontenay l’Abattu », vous y trouverez aussi des infos sur les villages de la commune, ou encore une liste des maires ou des notaires de la commune. On y trouve aussi des photos d’école, un résumé de l’activité de la gare (détruite dans les années 90).

Plus anecdotique pour certains, des infos plus étonnantes sur la maison hantée de Frontenay Rohan-Rohan,  les faits divers et les crimes ayant eu lieu dans la commune, sur une période allant de l’Ancien Régime à 1986, ou encore des anecdotes où l’on apprendra qu’un lionceau fut vendu à Frontenay Rohan-Rohan en 1913…

Bref, un site qui devrait faire des heureux. Bonne visite !

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Sainte Macrine – Sainte Colombe – Sainte Pezenne (4/4)

Magné - L'église

Sainte-Pezenne - L'église

 

Sainte Pezenne - Fontaine des Morts

Magné - Eglise de Sainte-Macrine

Magné - Pèlerinage - Chacun Reprend son Indépendance

Magné - Pèlerinage - La statue antique avec sa robe

Magné - Pèlerinage - La statue de Sainte Macrine

Magné - Pèlerinage - Le Pique Nique

Magné - Pèlerinage - Les Pélerins arrivent à la Chapelle

Magné - Pèlerinage - On Vient se Grouper sous l'Ormeau

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Sainte Macrine – Sainte Colombe – Sainte Pezenne (3/4)

LES RELIQUES DE SAINTE-MACRINE DE BAS-POITOU,

DE SAINTE-MACRINE D’ORIENT

ET DE SAINTE-COLOMBE

Leur invention, leur dispersion

D’après l’abbé P. Picard (1), ancien curé de Magné, – « tout le long de l’ancienne chapelle de Sainte-Macrine (2), au sud, régnait un petit cimetière, clos d’une part, au levant, par la chapelle; au nord et au couchant, par les chemins de Niort au Gué-de-Mennevault, et du Gué à Coulon.
Ce cimetière, selon les anciens, était consacré à la sépulture des abbés commanditaires de Magné, chargés successivement du service religieux de la chapelle, service fort pénible dans le passé, à cause de l’affluence prodigieuse des peuples au pieux pèlerinage du 6 juillet. La métairie adjacente, dite la Chapelle, dont elle n’est éloignée que de la largeur du chemin, leur appartenait.
Dans ce cimetière (ancien champ des idoles), on voyait encore avant la Révolution, cinq à six pierres sépulcrales des anciens abbés, lesquelles disparurent avec le cimetière, sous le choc de la charrue.
Mais restait toujours l’antique tradition, portant que Sainte-Macrine y était enterrée au couchant, à vingt pas de la porte latérale, lorsqu’enfin il y a une trentaine d’années (dit l’auteur qui écrivait en 1888), c’est-à-dire vers 1888, le nommé Gelé, fermier de la susdite métairie, découvrit par hasard ce tombeau, le jour des Cendres. Voici comment :
Ayant ensemencé le terrain en orge, il ordonna à son domestique, René Griffon, d’aller le clore, le long du chemin, avec quelques fagots d’épine, selon l’usage. Celui-ci, tout en fouillant la terre pour y loger les pieds de ses fagots, transperça d’un coup de pioche, une large pierre plate qu’il prit d’abord pour un timbre; il appelle son maître pour lui aider à le dégager, et tous les deux mirent à découvert un tombeau antique, d’une seule pièce, dont ils brisèrent malheureusement le couvercle déjà bien sillonné par le socle de la charrue. Ce tombeau était posé d’une manière parallèle à la chapelle, et presque au niveau du chemin dans lequel s’allongeait la partie des pieds.
La face du mort était aussi tournée vers l’orient.

(1) Notice sur la vie de Sainte-Macrine de Magné et de Sainte-Pezenne, près Niort, etc., par l’abbé P. Picard, ancien curé de Magné, 3e édition, Niort, typ. de L. Favre.

(2) La chapelle de Sainte-Macrine est sur le territoire de la commune de Magné et non sur celle de Coulon, comme l’indique le dictionnaire de M. Beauchet-Filleau.

Dans ce tombeau, gisait un squelette parfaitement conservé; les mâchoires en étaient encore garnies de toutes leurs dents, d’une grande blancheur, bien que les autres ossements, aussi couverts de leur émail, fussent très friables à la main. »

Aussitôt, la nouvelle se répandit dans la contrée, et le peuple accourut de toutes parts. – Les distances indiquées par la tradition étant comptées, le public s’écriait avec l’enthousiasme, souvent peu raisonné, des foules : « C’est bien elle ! Oui, c’est la chère Sainte !!… ». – Et comme toujours, en pareil cas, de pieux larcins furent commis; on se partagea une bonne partie des ossements vénérés qu’avait recélés depuis si longtemps la terre.

Le lendemain, arriva le vénérable M. Rouvier, alors curé de Magné. Il connaissait la tradition populaire, et savait, d’après une vieille charte de la famille de Lusignan, laquelle se voyait autrefois dans les Archives de la mairie : « Que, lors de la réédification de la chapelle au XIIIe ou XIVe siècle, on avait trouvé un corps placé à telle distance, que l’on supposait généralement être celui de Sainte-Macrine ou Sainte-Magrine, – sans pouvoir l’affirmer. »

De concert avec le propriétaire du sol où avait eu lieu la découverte, l’abbé Rouvier fit rapporter ce qu’il put des ossements dérobés. On les déposa dans un sac dans la sacristie, afin de les mettre en sûreté, en attendant la décision épiscopale; et, le dimanche suivant le maire et le curé firent extraire le tombeau qu’on porta dans la chapelle où chacun allait en détacher un petit fragment avec son couteau.

Ce sarcophage fut nettoyé, lavé avec soin, pour y découvrir quelques inscriptions; mais ce fut en vain, le couvercle ayant été brisé lors de l’inventaire du tombeau, anciennement endommagé par le soc de la charrue (3).

Le curé de Magné, après avoir fait constater par des médecins, que le squelette trouvé était celui d’une femme, le fit placer dans un joli coffret en bois qui fut déposé dans le sarcophage de pierre.
Par ordre de Monseigneur Soyer, alors vicaire-général, cette tombe mise à jour, fut elle-même placée dans la maçonnerie formant la masse de l’autel. – Je me plais à croire qu’elle y est encore avec son contenu.

Si l’on s’en rapportait à des témoins oculaires, plusieurs personnes qui avaient ravi de ces os réputés précieux, éprouvèrent aussitôt, et les jours suivants, de cruelles souffrances physiques, – qu’on ne manqua pas, dit l’abbé Picard, d’attribuer aux reliques de la Sainte-Macrine Poitevine, – lesquelles se faisaient douloureusement sentir à ces trop vieux philistins.

(3) Antérieurement à cette découverte, le bruit s’était répandu qu’à une date impossible à déterminer, on avait constaté une inscription sur ce sarcophage, d’après laquelle le corps reposait là depuis 909, etc., époque qui s’éloignait peu de celle de la mort de Magrine, placée en l’an 850, par Trévoux.

Dans la charte constitutive du chapitre de Magné de l’an 1508, il est fait mention des processions à la chapelle de Sainte-Macrine, comme y étant établies et continuées depuis de longs siècles déjà, et des miracles nombreux obtenus par l’intercession de la bienheureuse. Il est vrai d’ajouter que, depuis 1830 environ, l’immense concours des pèlerins a considérablement diminué, avec l’esprit de foi, et les miracles aussi. Le peuple toujours disposé à grossir toute chose, a d’ailleurs transformé en faits merveilleux, des guérisons plus ou moins étonnantes, dont la source, toujours incertaine, trouve souvent sa genèse, dans des phénomènes physiques et moraux, que la science moderne explique ou recherche avec une impartiale ardeur.

Quoiqu’il en soit, il résulte évidemment de la tradition, de l’histoire, et de l’importance même attachée à l’invention de reliques que nous venons de rappeler : que ce n’était pas jadis la Saint-Macrine d’Orient qui était honorée d’un culte fervent dans l’Ile de Magné, mais bien la Sainte-Macrine idéale, continuatrice de la bonne fée poitevine, dont nous avons parlé dans notre essai sur les Mythes, les Cultes payens, les Légendes de Sainte-Macrine en Bas-Poitou (4); ou bien la Vierge sainte du IVe siècle, dont certains hagiographes placent la vie au IIIe siècle, et dont le sanctuaire de l’Ile de Magné est mentionné dans le cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers, dès le Xe siècle (en 936 ou 937).

En ce qui concerne l’authenticité des reliques, mises à jour vers 1858, je ne puis apporter dans le débat qu’un scepticisme, que l’on appréciera de bon aloi, en présence des incertitudes qui entourent qui entourent la trouvaille, et du silence gardé depuis, par le clergé et les savants, à son sujet.

Le narrateur même (ainsi qu’il est facile de s’en assurer), apporte dans sa consciencieuse relation, les sages restrictions qui doivent vous garer d’une affirmation qui ne pourrait être qu’audacieuse et sans bases réelle. – Ce n’est donc pas l’occasion de dire avec Cicéron : « Qui ut rationem nullam offerrent, ipsa auctoritate me frangerent ».

- Quand même ils n’apporteraient aucune raison, ils me persuaderaient sur leur seule autorité. – Cic., Tusculanes., I, 21.

(4) Les Mythes, les cultes payens, les légendes de Sainte-Macrine en Bas-Poitou, par C. de Saint-Marc (Mémoire de la société historique et scientifique des Deux-Sèvres, 1908).

Je rappellerai ici que si la fête de la Sainte-Macrine de la tradition poitevine se célèbre chaque année le 6 juillet, celle de Sainte-Macrine d’Orient morte en 379, se célèbre le 20 du même mois. Il ne peut donc y avoir identités d’hommages et de personnes, pour les deux bienheureuses admises au calendrier catholique. – Bien que le fait d’apport des reliques de la fille de Sainte-Basile, par l’un des puissants seigneurs de Magné (de la famille de Lusignan), à l’époque ou à la suite des croisades, soit un fait douteux jusqu’à ce jour, puisque rien ne vient nous attester d’une manière certaine, que ces reliques étaient conservées dans le trésor de l’église collégiale de Magné, il nous faut cependant ici tenir compte de cette tradition incertaine, mais qui a son intérêt et son importance. – Il est possible en effet qu’à une date  indéterminée, soit à la suite de la possession par le chapitre de Magné de restes de la sœur de Saint-Grégoire de Nysse, soit par une adaptation d’honneurs et une assimilation de noms, facile à faire accepter par des populations pleines de foi, que le culte de Sainte-Macrine fut pour ainsi dire dévié de sa source primitive, et rendu à des reliques dont l’identité de désignation pouvait égarer la vénération d’origine traditionnelle; c’est pourquoi nous allons vous entretenir de la dispersion des reliques de Sainte-Macrine, sœur des Saint-Basile et Grégoire, et de Sainte-Colombe, pour en tirer les conséquences historiques et agiographiques que ce fait peut comporter ou nous révéler.

Notre érudit collègue, Henri Clouzot, en faisant des recherches aux Archives Nationales, pour son travail sur les religieux, le monastère bénédictin et la collégiale de Saint-Maur-les-Fossés (5), a eu pour nous, la bonne fortune de retrouver les pièces justificatives et Procès-verbaux de la translation et distribution des châsses et Saintes Reliques trouvées en l’église collégiale de Saint-Maur-les-Fossés, le 27 janvier 1750 (6).

Par décret du 23 avril 1749, Mgr Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, duc de Saint-Cloud, pair de France, commandeur de l’ordre du Saint-Esprit : le chapitre de l’église collégiale de Saint-Louis-du-Louvre, et il fut ordonné que les chasses et reliques de ladite église de Sainte-Maur seraient transférées au palis archiépiscopal, pour en être ensuite disposé selon les ordres ultérieurs du prélat.

Parmi ces reliques, se trouvaient notamment, avec celles de Saint-Maur : « Une partie du crâne de Sainte-Macrine, vierge (sœur des saints Basile et Grégoire, évêques), renfermé dans une boîte vernie couleur rouge, avec quelques ornements dorés, ladite boîte exactement fermée et contenue dans une grande châsse de cuivre en forme de tombeau. – Une chasse de cuivre doré, contenant les reliques de Sainte-Marie, de Sainte-Magdeleine et de Sainte-Colombe. »

Le 30 avril de la même année 1750, les châsses de Saint-Babolin, de Sainte-Macrine, Sainte-Marie, Sainte-Madeleine et Sainte-Colombe, furent remises aux prévôt, chanoine et chapitre de l’église Saint-Louis du Louvre, où elles doivent être encore.

(5) Saint-Maur, paradis de salubrité, aménité … et délices, par H. Clouzot, Paris, Honoré Champion, 1909. Extrait de la Revue des Etudes Rabelaisiennes, t. VII, 1909.

(6) Archives Nationales, L. 454, pièce n° 24.

Voici d’ailleurs, ci-après, un extrait des pièces justificatives et procès-verbaux relatifs à ces translation et distributions des chasses de Saint-Maur :

Fol. 3 verso. – L’an mil sept cent cinquante le vingt-sept janvier, vous Nicolas Bonaventure Thierry, prêtre docteur de la Maison et Société de Sorbonne, chancelier et chanoine de l’Eglise de Paris, en vertu de la commission à nous donnée  par illustrissime et Révérendissime Seigneur, Monseigneur Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, duc de Saint-Cloud, Pair de France, Commandeur de l’Ordre du Saint-Esprit, nous sommes transportés accompagnés du sieur de La Touche, secrétaire de l’archevêché de Paris, au village de Saint-Maur-les-Fossés, près Paris, à l’effet de procéder au transport des châsses et reliques de l’église collégiale de Saint-Maur, en exécution du décret de mond. seigneur Archevêque, en date du 23 avril dernier, revêtu de lettres patentes duement enregistées au Parlement le vingt-quatre du présent mois, par lequel décret le chapitre de ladite église collégiale auroit été uni et transféré au chapitre et église royale et collégiale de Saint-Louis du Louvre à Paris, et ordonne entre autres choses que les châsses et reliques de ladite église de Saint-Maur seroient transférés dudit lieu de Saint-Maur en la chapelle du palais archiépiscopal de mond. seigneur Archevêque pour être ensuite disposé desdites châsses et reliques selon qu’il en ordonnera; et étant arrivés audit lieu de Saint-Maur sur les neuf heures du matin nous nous sommes rendus aussitôt à ladite église collégiale de Saint-Maur, où nous étant revêtus de surplis et d’étoile et après avoir fait notre prière devant l’autel du chœur nous avons procédé à l’exécution de notre dite commission en présence des témoins soussignés, et en la manière qui suit

……………………………..

Folio 5 verso. – 2° Nous sommes descendus dans la sacristie ou thrésor de ladite église collégiale où on nous a ouvert une grande armoire a deux battans dans laquelle nous avons trouvés différens reliquaires, sçavoir :

1°) Le chef de Saint-Maur renfermé dans une boête d’argent, et sur ladite boête un buste aussi d’argent représentant la figure de Saint-Maur, le tout posé sur un pied d’estal de bois noir;

2°) Le crâne de Sainte-Macrine renfermé dans une boête vernie couleur rouge avec quelque ornemens dorés, ladite boête exactement fermée et contenue en outre dans une grande châsse de cuivre en forme de tombeau, laquelle n’est pas fermée;

3°) Un coffre d’yvoire à fond d’écaille, aussi en forme de tombeau, chargé de différentes figures; ledit coffre bien fermé et contenant différentes reliques dont on n’a pu nous dire les noms.

4°) Un petit reliquaire d’argent en forme de croix avec le pied d’estal de bois noir, ledit reliquaire contenant une dent de Saint-Maur et bien fermé;

5°) Une croix ….

………………….

Folio 5 verso – et après avoir visité lesdits reliquaires, nous avons pareillement liés et ficelés la boête contenant le crâne de Sainte-Macrine et ledit coffre d’yvoire contenant différentes reliques; et les ficelles dont nous avons environnés lesdits trois reliquaires, ayant été nouées par les extrémités, nous avons sur les nœuds apposé le sceau des armes de mondit seigneur Archevêque, en cire d’Espagne rouge; les trois autres reliquaires n’ont point été ficellés, cela nous ayant paru inutile; ensuite de quoi ladite armoire a été refermée et dans icelle tous lesdits reliquaires préalablement remis, et nous avons emportés la clef d’icelle armoire, et sommes sortis de ladite église pour aller dîner.

Et après avoir dîné, nous sommes retournés à ladite église collégiale accompagnés comme dessus, avons fait placer lesdites châsses et reliquaires dans les voitures préparées à cet effet et les avons accompagnées à Paris où nous sommes retournés vers les quatre heures de relevées.

………………………………..

Folio 6 verso. – Et ledit jour, vers les six heures et demie, nous sommes arrivés au Palais Archiépiscopal, où nous avons déposé dans la chapelle intérieure d’icelui, lesdits châsses et reliquaires au même état que nous les avons tirées de ladite collégiale de Saint-Maur, et notamment lesdites trois châsses exactement fermées : est resté, toutes fois, dans la voiture où étaient les ornemens et argenterie de ladite église  collégiale, le coffre ou tombeau de cuivre servant à fermer la boête contenant le crâne de Sainte-Macrine, pour être ledit coffre, rapporté demain dans ladite chapelle.

………………………………

Folio 7 recto. – Christophe de Beaumont, par la miséricorde divine et par la grâce du Saint Siège Apostolique, Archevêque de Paris, Duc de Saint-Cloud, Pair de France, Commandeur de l’ordre du Saint-Esprit, etc… A tous présens et à venir, salut.

L’an de Notre Seigneur mil sept cent cinquante le quatorzième jour du mois d’août, sur les neuf heures du matin, nous nous sommes rendus dans la chapelle intérieure de Notre Palais, en rochet et camail, accompagnés de Messire Nicolas Bonaventure Thierry, prêtre chanoine de Notre église métropolitaine et chancelier de ladite église de l’université de Paris, ensemble du Sr Jean Baptiste Gauthier, notre aumônier, du Sr René Mathurin de la Touche, secrétaire de notre Archevêché, et du Sr Jean Baptiste Nicolas Jardin, vice-secrétaire, et assisté du Sr Jean le Bœuf, prêtre, chanoine de l’église d’Auxerre, de l’académie des inscriptions et belles lettres, et du sieur Civadier, maître en chirurgie, à l’effet de procéder à la reconnoissance, vérification et distribution des chasses et Saintes Reliques transférées de l’église collégiale de Saint-Maur des Fossés, et déposées en notre dite chapelle, le vingt-sept janvier dernier par ledit Messire Thierry, notre commissaire en cette partie, suivant le procès-verbal qu’il en a dressé ledit jour, assisté du sieur de la Touche, notre dit secrétaire; à quoi nous aurions vaqué en la manière qui suit, en présence des sieurs Esprit Artaud, prêtre, prévôt de l’église royale et collégiale de Saint-Louis du Louvre; Charles Bonnet, prêtre, chanoine de ladite église; Pierre Jean Baptiste Guyard de Bauny, soudiacre, chanoine de ladite église et François Pluyette, diacre, et Julien Panthou, prêtre, tous les deux chanoines de ladite église de Saint-Louis, et cy-devant de l’église et chapitre de Saint-Maur uni à ladite église de Saint-Louis, comme aussi en présence des frères Dom René Laneau, supérieur général de la Congrégation de Saint-Maur; Dom Jacques Nicolas Chrétien, prieur claustral de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prez de cette ville., Dom Jacques Nicolas Maumousseau, assistant dudit général, et Dom Joseph Avril aussi assistant dudit général, tous religieux bénédictins de ladite congrégation de Saint-Maur, le tout en exécution de notre décret du vingt-trois avril mil sept cent quarante-neuf, revêtu des lettres patentes de sa majesté duement enregistrées au parlement le vingt-quatre dudit mois de janvier dernier, par lequel décret nous aurions transféré uni et incorporé le chapitre de ladite église collégiale de Saint-Maur au chapitre de ladite église de Saint-Louis du Louvre, et ordonné entre autres, que les châsses, reliquaires et Saintes Reliques, étant dans ladite église collégiale de Saint-Maur au chapitre de ladite église de Saint-Louis du Louvre, et ordonné entre autres choses, que les châsses, reliquaires et saintes reliques, étant dans ladite église collégiale de Saint-Maur et Thrésor dicelle seroient transférés dans notre chapelle pour en être par nous, disposé, ainsi que nous aviserons.

Premièrement, sur une table, qui avoit été préparée à cet effet, ont été mis et posés devant nous, les reliquaires et châsses contenans lesdites reliques, sçavoir :

1°) La châsse de Saint-Maur en bois doré;

2°) La châsse de Saint-Babolein, aussi en bois, couvert de lames d’argent;

3°) La châsse appelée de Saint-Mein, Sainte-Magdeleine et Sainte-Colombe, en cuivre doré;

4°) Le chef de Saint-Maur, renfermé dans une boête d’argent, de figure ovale, couverte d’un buste aussi d’argent représentant un religieux bénédictin;

5°) Une partie du crâne de Sainte-Macrine renfermée dans une boête de cuivre vernie, couleur rouge, et en forme de demi-globe, la boête placée dans un grand reliquaire de cuivre doré en forme de nef;

6°) Un coffre d’yvoire à fond d’écaille, autour duquel sont les figures, aussi en yvoire, de la Sainte-Vierge, de Saint-Joseph, des trois Rois et des douze Apôtres, ledit coffre contenant différentes reliques;

7°) Une croix de cristal de roche avec son pied d’argent, contenant un morceau de la vrai Croix;

8°) La figure de Saint-Pierre, en argent, tenant en ses mains une côte du même saint;

9°) Une autre figure aussi d’argent représentant la Sainte-Vierge tenant en sa main un os d’un doigt de Sainte-Agnès, et une relique de Saint-Maurice dans un petit reliquaire de figure ronde.

……………………………………………

Folio 11 verso – 6°) Nous avons ouvert la boête renfermant le crâne de Sainte-Macrine et nous y avons trouvé un ossement sous une étiquette où est écrit d’une écriture du dernier siècle : Pars occipitis seu cranii sanctoe Macrinoe Virginis S.S. Basilii et Gregorii Episcoporum sororis.

………………………………….

Folio 14 verso – 12°) Nous avons fait fisceller les trois paquets qui étoient renfermés dans la châsse de Saint-Mein, Sainte-Magdeleine et Sainte-Colombe, et les avons pareillement fait sceller du sceau de nos armes en cire d’Espagne rouge, après quoi nous avons transporté de ladite châsse de Saint-Mein, lesdites trois paquets, et les avons mis dans une caisse neuve de bois de chesne de dix-neuf pouces de long sur un pied de large de dix pouces de haut, ladite caisse doublée de damas cramoisy que nous avons fait fermer à clouds fisceller et sceller du sceau de nos armes en cire d’Espagne rouge, pour être ensuite ladite caisse placée et enfermée dans le coffre ou châsse de cuivre doré en forme de nef où étoit cy-devant placée la boête renfermant le crâne de Sainte-Macrine;

13°) Nous avons aussi fait renfermer exactement la boête d’argent, contenant le chef de Saint-Maur, la boête contenant le crâne de Sainte-Macrine et le coffret d’yvoire contenant différentes reliques, autour duquel sont en yvoire les figures des douze apôtres de la Sainte-Vierge, Saint-Joseph et des trois Rois, et ont été lesdits trois reliquaires, dont il n’a été tiré aucune chose, fiscellés et scellés du sceau de nos armes en cire d’Espagne rouge.

14°) Nous avons donné et accordé la châsse de Saint-Maur renfermant le corps dudit Saint, le chef de Saint-Maur renfermé dans une boête d’argent, de figure ovale et couverte d’un buste aussi d’argent représentant un religieux Bénédictin, ensemble le fémur gauche de Saint-Babolein, placé par nous dans ladite châsse de Saint-Maur comme dit est, aux Général et Religieux de la Congrégation de Saint-Maur pour être lesdites Saintes Reliques placées et honorées dans l’église, chapelles ou oratoires de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prez de cette ville, lequel don ledit général de ladite Congrégation et les religieux cy-dessus nommés, ont reçu avec des témoignages de joye et des sentimens de piété qui nous ont édifiés et attendris : Et à l’égard des autres châsses et reliquaires, notamment la châsse de Saint-Balolein, contenant le corps dudit Saint, nous les avons donné et accordé aux Prévosts, chanoines et chapitre de Saint-Louis du Louvre, pour lesdites reliques renfermées dans lesdites châsses et reliquaires être honorées dans l’église royale et collégiale de Saint-Louis du Louvre, ainsi qu’elles l’étaient cy-devant dans l’église collégiale de Saint-Maur.

……………………….

Folio 16 recto – Et le dimanche trente dudit mois d’août, sur les neuf heures du matin, nous nous sommes rendus en mitre et en chape, précédés de notre Croix et accompagnés de nos aumôniers revêtus de surplis et dudit sieur de la Touche, notre secrétaire, dans la chapelle haute de notre palais, où nous avions fait placer la veille avec la décoration convenable, toutes lesdites Saintes Reliques et Reliquaires et châsses duement fermés et scellés du sceau de nos armes ainsi qu’il est dit en notre procès-verbal cy-dessus et des autres parts, du quatorze du présent mois, et nous avons trouvé dans ladite chapelle les prévôt, chanoines et chapitre de l’église de Saint-Louis du Louvre, et les curés, chanoines et clergé de Saint-Merry, qui tous y étoient venus processionnellement; et après qu’il a été chanté les antiennes et versets propres à la cérémonie et que nous avons eu récité les oraisons, nous avons incontinent distribué et délivré lesdites Saintes Reliques selon la destination que nous en avions fait ledit jour quatorze août, et ainsi qu’il suit :

1°) Auxdits prévôt, chanoines et chapitre de Saint-Louis du Louvre, la châsse renfermant le corps de Saint-Babolein, la chasse de cuivre doré renfermant les trois paquets des Saintes Reliques cy-devant placées dans la chasse dite de Saint-Mein, Sainte-Magdeleine et Sainte-Colombe, la boête renfermant le crâne de Sainte-Macrine; le coffret d’yvoire renfermé dans une petite caisse de bois en forme de tombeau couverte de papier doré; la croix de cristal de roche renfermant un morceau de la vraie Croix; la figure de Saint-Pierre en argent tenant en ses mains un morceau d’une côte du même saint; la figure de la Sainte-Vierge, aussi en argent, portant un petit reliquaire de forme ronde, où sont des reliques de Sainte-Agnès et de Saint-Maurice.

………………………..

Folio 17 recto – Ce fait, lesdits prévost, chanoines et chapitre de Saint-Louis du Louvre et les curés, chanoines et clergé de Saint-Merry, après nous avoir témoigné leur satisfaction et leur reconnaissance, et reçu notre bénédiction pontificale, ont emporté processionnellement lesdites Saintes Reliques, châsses et reliquaires que nous leur avons respectivement distribué, comme dit est, sçavoir ledit chapitre de Saint-Louis, en ladite église de Saint-Louis du Louvre, et les curés et clergé de Saint-Merry, en la chapelle de Saint-Bon, scise en ladite paroisse de Saint-Merry, et lesdits sieurs Chevalier et Chambault ont aussi emporté lesdites Saintes Reliques à eux accordées. Fait à Paris en notre palais archiépiscopal les jours et an que dessus et avons signé avec les soussignez et fait contresigner par notre d. secrétaire, ainsi signé :

Chr., archevêque de Paris; Artaud, prévôt; Aubourg, chantre; Chevalier, chanoine de Paris; Artaud, chefcier, curé de Saint-Merry; Chambault, curé de Saint-Maur; Roger, Clément, Bonnet, tous avec paraphe; Rivière, chanoine de Saint-Merry; Socquand, chanoine de Saint-Merry; Charbonnier, vicaire de Saint-Merry; Faisant, vicaire de Saint-Merry, et par Monseigneur de la Touche, secrétaire de l’Archevêché.

 

Si le culte de la Vierge de Magné eut des fidèles à une époque très ancienne au Xe siècle, celui de Sainte-Macrine d’Orient, ne nous serait venu en Occident, que vers l’an 1553, – d’après les Ballandistes, – quarante-cinq ans après la constitution du chapitre de Magné.

D’autre part, Sainte-Colombe, celle qu’on a fait la sœur de notre Sainte-Macrine poitevine, – (par suite d’une association de pensées, a son origine dans un certain groupement de faits historiques à notre connaissance) – est-ce Sainte-Colombe de Sens, martyre à la fin du IIIe siècle, sous Aurélien,  (à l’époque où nous pensons que notre Sainte-Macrine poitevine peut avoir vécu ?). Est-ce Sainte-Colombe de Cordoue, née à Cordoue sous la domination des Maures et martyrisée le 17 septembre 853, (contemporaine peut-être de la Sainte-Macrine à laquelle les petits Bollandistes attribuent une origine espagnol ?) – La solution de la question est à trouver. – Il en est de même pour l’identification spéciale des reliques de la Sainte-Colombe de l’abbaye de Saint-Maur qui nous intéressent tout spécialement (7).

Quoiqu’il en soit, il résulte de ce qui précède, que les chanoines de Magné, – (après 1553, époque de la mise en honneur du culte de Sainte-Macrine d’Orient), – ne trouvant ni dans leur église, ni dans la chapelle de Sainte-Macrine, les reliques de la bienheureuse de la légende, et de sa soi-disant sœur Sainte-Colombe, eurent la pensée toute naturelle de se procurer les restes précieux qui rappelaient (directement ou indirectement), le souvenir pieux des Saintes dont le culte paraissait depuis de longs siècles déjà, implanté dans le pays de leur ministère.

(7) V. vie des Saints, etc., etc., tome VI et tome VIII, chez Estienne-François Savoye, Parais, 1739

Un prêtre n’est pas, en somme, forcément un archéologue, et ne peut se livrer toujours à une critique d’attribution historico-hagiographique toujours ardue et de solution incertaine. – Aussi, ne faut-il pas nous étonner si, trompés par une incertitude de noms, les chanoines de Magné ont, de bonne foi, livré à la vénération des fidèles, les reliques de Sainte-Macrine d’Orient, et de sa soi-disant sœur Sainte-Colombe. – Maintenant, est-ce à Sainte-Colombe de Sens ou à Sainte-Colombe de Cordoue que se réfèrent les documents qui précèdent, je l’ignore; à  de plus avisés que moi de résoudre le problème, qui, en somme, est secondaire par rapport à la question traitée.

Personnellement, par la lecture d’un procès-verbal d’enquête dressé, à Frontenay-Rohan-Rohan, par le notaire royal apostholique et subdélégué de l’intendant de la Rochelle, dans les premières années du XVIIIe siècle, contre un chanoine de Magné, j’ai retenu que ces prêtres bénédictins appartenaient à la grande congrégation de Saint-Maur.

Sans vouloir donc, se livrer à des suppositions toutes gratuites, il semble cependant logique de penser, que la présence des reliques de Sainte-Macrine d’Orient et de Sainte-Colombe à l’abbaye de Saint-Maur, révèle une origine non douteuse, et que ces pieux restes viennent de la collégiale de Magné, comme provenant d’un don à la maison mère. – La présence simultanée des reliques de Sainte-Colombe et de Sainte-Macrine honorées jadis dans l’Ile de Magné, renforce d’ailleurs cette présomption.

A ce point de vue tout spécial, le procès-verbal dont je viens de vous entretenir, ainsi que la lettre élogieusement aimable qu’à bien voulu m’adresser notre éminent archéologue poitevin le R. P. Camille de la Croix, le 4 octobre 1909, au sujet de mon étude sur les Mythes, les Cultes payens et les Légendes de Sainte-Macrine en Bas-Poitou, renforcent les théories et les opinion exposées par moi dans un essai où j’ai apporté, avec une indépendance no douteuse, le désir d’être fidèle à la vérité historique et à la tradition.

Camille de Saint-Marc

Niort, ce 1er décembre 1909

Bulletin de la Société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres
Tome 2 – 1913 – 2e trimestre – Page 62

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Si on s’intéresse à Sainte-Macrine, native du IVe siècle, soit Sainte Macrine de Césarée,
On trouvera des biographies de sa famille dans les ouvrages « les Petits Bollandistes », dont :

Saint-Basile le Grand, archevêque de Césarée, docteur de l’église
— Les petits Bollandistes : vies des saints – T. VII, Du 14 juin au 2 juillet – 1876 – p. 6
Saint-Grégoire de Nysse, évêque et docteur de l’église
— Les petits Bollandistes : vies des saints – T. III, Du 24 février au 25 mars – 1876 – p. 296
Sainte Macrine de Césarée
— Les petits Bollandistes : vies des saints – T. VIII, Du 3 juillet au 23 juillet – 1876 – p. 439

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Restauration du sanctuaire de Sainte-Macrine à Magné

En 1881. Le R. P. Briant, Oblat de Saint-Hilaire à Niort; plus tard, chanoine titulaire, et supérieur des Soeurs de Sainte-Philomène; directeur des pèlerinages du Poitou à Lourdes, à Rome, à la Salette, à Jérusalem, à Paray-le-Mônial. Il était chevalier du Saint-Sépulcre. Mort en 1896. Ce fut lui qui restaura le sanctuaire de Notre-Dame de Ranton et de Sainte-Macrine à Magné.

La Semaine religieuse du diocèse de Poitiers – - n° 1 – 1er janvier 1905

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- Magné : La Fontaine Sainte-Macrine
http://www.fontainesdefrance.info/fontaines/fontaine-magne.htm

- La Fontaine des Morts de Sainte-Pezenne
http://www.fontainesdefrance.info/fontaines/fontaine-niort.htm

- Histoire de la Fontaine Sainte-Macrine
http://www.fontainesdefrance.info/historiques/historique-fontaine-magne.htm

- Sainte-Pezenne et Sainte-Macrine sur le site du diocèse de Poitiers :
http://www.diocese-poitiers.com.fr/patrimoine-culture-et-foi/presentation-des-eglises/eglises-des-deux-sevres/de-j-a-p/niort-sainte-pezenne
http://www3.diocese-poitiers.fr/patrimoine/ch-magne.html
http://www.eglise-niort.net/Chapelle-de-la-Patronne-du-Marais

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Fonds Pierre Puységur – Recherches sur Sainte Macrine de Magné. Papiers de la famille Pierre-Puységur de Niort.

Archives départementales – Deux-Sèvres
http://daf.archivesdefrance.culture.gouv.fr/sdx-222-daf-bora-ap/ap/fiche.xsp?id=FRAD07900AP_000000061

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Bibliographie sur Magné, Sainte-Macrine et Sainte-Pezenne – Documents déposés aux Archives départementales de Niort et à la médiathèque de Niort, mais non vérifié :

– Sainte Macrine, vierge, honorée à Magné (Deux-Sèvres), et au Gué-de-Velluire (Vendée).  Légendes des marais de la Sèvre Niortaise et de la Vendée – Abbé Augustin Simonneau. – P. 51-59

– L’eau de Sainte-Macrine – Jean-Loïc Le Quellec – Le Marais Poitevin entre deux eaux – (1993) p. 88-103

– Petite notice sur Sainte-Macrine – (Eclair de l’Ouest, 27 juin 1925)

– Manuel du Pèlerinage à Sainte-Macrine, avec un historique – (Niort, Saint-Denis, 1925, 1 pl. In-8°, 16 pp)

– Le Pèlerinage à Sainte-Macrine – (Mémorial, 1er juillet 1925)

– Raymond Rousseau – Les marais de Magné sous le premier Empire – (Mémorial, 1920)

– Raymond Rousseau – La navigation autrefois à Magné – (Mémorial, 9 mai 1926)

– Raymond Rousseau – Raymond de Magné, XIVe siècle – (Mémorial, 9 mai 1925)

– Raymond Rousseau – Les seigneurs de Magné – (Mémorial, 19 août 1924)

– Raymond Rousseau – Thibault Portier, seigneur de Magné au XIVe siècle – (Mémorial, 30 octobre 1925.)

– Raymond Rousseau – Sainte Macrine de Magné, patronne du Marais : notice historique – 1977

– Raymond Rousseau – Etude sur Haut Lieu du marais Poitevin : Sainte-Macrine de Magné

– G. Deschamps – L’astronome de Sainte-Pezenne, Jean Marie Stéphan (1837-1923) – (Mémorial, 8 juillet 1925).

Peut-être aussi déposé aux même lieux :

– Raymond Rousseau – Les Foires de Magné – Société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres – Tome 8 – 1975

– Raymond Rousseau – Le prieuré de Sainte-Macrine – Société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres – Tome 13 – 1967 – p. 286-291

– Camille de Saint-Marc – Les reliques de Sainte-Macrine du Bas-Poitou, de Sainte-Macrine d’Orient et de Sainte-Colombe – Société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres – Tome 1 – 1913 – p. 62-75.

– Sainte-Pezenne – Découverte de tombeaux à Sainte-Pezenne (Ouest-Eclair, 12 novembre 1938)

– Léo Desaivre – Le cimetière des idoles de l’île de Magné – L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, t. LVIII (1908), col. 109-110

Médiathèque de Poitiers :

Allaire Théophile – Discours de Th. Allaire, curé de Magné-Niort, lors de sa prestation du serment exigé par la loi du 26 décembre 1790

Histoire abrégée de Sainte-Macrine de Magné, et de Sainte-Pezenne, près Niort – 1848

Largeault Alfred. l’abbé – Hagiographie poitevine. Légende populaire de Sainte Pezenne et de Sainte Macrine… – (Melle : Imp. Ed. Lacuve, 1896, 27 p.)

Mémoire pour les cabaretiers du Pavé de la Mare, paroisse de Ste Pezenne, près la ville de Niort en Poitou ; contre l’adjudicataire général des fermes. [Signé : Conseil des finances. Monsieur de Boullongne, intendant des finances. Me de Chabans, avocat]
Edition de l’imprimerie de Michel Lambert, [1772]

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Massacre des catholiques à Magné :
Dans le Tome 2 de Histoire du Poitou par Antoine René H. Thibaudeau, page 316, il y a un chapitre sur le massacre des catholiques à Magné.

L’amiral de Coligny, en 1567, fit attaquer le château de Magné qui n’était qu’une simple tour à proximité de Niort. Le capitaine Louis y commandait avec 40 hommes. Il déclara n’en pas sortir à moins qu’il vit du canon. On en fit venir et alors il se rendit à discrétion. Les protestants s’emparèrent de tout ce qui était dans la place. La garnison fut passée au fil de l’épée. L’amiral voulut s’y opposer. Les soldats huguenots n’écoutèrent pas leur chef.

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Sainte Macrine – Sainte Colombe – Sainte Pezenne (2/4)

LES MYTHES, LES CULTES PAYENS,

LES LÉGENDES DE SAINTE MAGRINE EN BAS-POITOU

Camille de Saint-Marc

« Difficile ex imo » (1)

Sur le point culminant de l’Ile de Magné, à quarante mètres environ au-dessus des marais et des plaines environnantes, se trouve une chapelle, sous le vocable de Sainte-Macrine (2). Ce petit sanctuaire a dû être précédé d’un sacellum payen, et peut-être d’une station militaire, située au bord de la voie romaine, de Saintes à Angers (3).

Du haut de cette éminence, on pouvait surveiller les deux gués qui traversent la Sèvre à ses pieds, celui de Malvault — ou de Mènevault — le plus rapproché, et celui de Maurepas au-dessus de la Périne ; puis, toute la plaine de Benêt, jusqu’au camp retranché de Prinçay (4).

 

(1) Inscription de l’escalier du château de Mursay, commune de Sciecq (Deux-Sèvres).

(2) Sainte-Macrine, commune de Coulon (Deux-Sèvres).

(3) V. Par voies et par chemins, par Léo Desaivre, Niort. Imp. Coussillan et Chebrou, 1908, pp. 26 et s.

(4) Prinçay, village, commune de Lesson, près Benêt (Vendée).

Gués donnant accès à l’Ile de Magné :

1°) Gué de Malvault ou Mèneveau au sud, et gué de Maurepas ou Maupasset au nord-ouest, sur le trajet de la voie de Saintes à Angers qui a succédé à un chemin gaulois, (Lièvre: Les chemins gaulois et romains entre la Loire et la Gironde. Mém. de la soc. des antiq. de l’Ouest, 2e série, XIV, voie VII. 476).

2°) Gué de Sevreau et gué de Coulon sur le chemin de Niort au port de Coulon, entretenu jusqu’à la Révolution.
(Cfr. Procès-verbal de l’Assemblée provinciale du Poitou, Poitiers, Barbier 1788.)

3°) Gué du chemin suivi par la procession du clergé de Niort se rendant au pèlerinage de Sainte-Macrine le 6 juillet, situé au sud du port de Sevreau actuel;

4°) Gué de l’Ouchette, à l’est de Mèneveau;

5°) M. Edmond Roy avait même découvert un autre gué, le Pas de la Vierge, dont la situation ne nous est pas connue.
Enfin, à la Tiffardière, existait un port d’embarquement pour les bois de la marine. (Cfr. Etats de l’Election de Niort), Larry, Mém. de la soc. de Statistique, 1ère série, V. 31, 32, évoque une tradition suivant laquelle la chaussée du gué de Malvault et deux autres gués situés à l’est de la chapelle, seraient dus à l’intervention de Sainte-Macrine, qui, vivement poursuivie, aurait obtenu de l’assistance divine, les moyens de traverser la Sèvre à pied sec (sic).
Pour la période gallo-romaine, à signaler : Tumulus de Val Breger, tuiles à rebord à Susville dans l’Ile de Magné, Cimetière des idoles près de la chapelle de Sainte-Macrine. — Deux cippes gallo-romains furent trouvés à la ferme de Sainte-Gemme, sur le chemin de Benêt au Mazeau. (V. Louis Brochet. Les gallo-romains du pays de Maillezais, Revue du Bas-Poitou, 1891). — M. Arthur Bouneault, si connu par ses recherches et ses trouvailles dans le domaine de l’archéologie lapidaire, les a obtenus de M. François Tristant, de Benêt, qui a bien voulu en faire don au musée de Niort.

Ce plateau était traversé lui-même, du nord au sud, et de l’est à l’ouest, par deux voies romaines qui s’y coupaient presque à angle droit, et que certaine légende attribuait à Sainte-Macrine. Jadis, et jusqu’en des temps très rapprochés, le sommet de la butte était boisé, et cette petite forêt donnait la vie à trois sources situées à mi-côte, et aujourd’hui taries (5).

L’existence d’un temple payen en ce lieu, au milieu de son bois sacré, est en réalité confirmée par la tradition qui s’en est transmise jusqu’à nos jours, et par la survivance d’un lieu-dit, près de la chapelle, sous la dénomination de Champ des idoles (6). En cet endroit, on a trouvé il y a quelques années, des briques à rebord, de petites statuettes payennes, qui corroborent par leur présence, cette théorie de préexistence d’un antique lieu consacré.

(5) Les pièces de terres sises sur ses versants, s’appellent encore le Champ du Bois, le Pré du Bois. — L’Ile de Magné est évidemment le plus ancien sanctuaire de la Sèvre, antérieur à la conquête. — On peut cependant mettre à peu près sur le même plan, dit M. L. Desaivre, ceux de Saint-Rémy, Sainte-Pezenne et Saînte-Néomaye; et celui-ci pourrait avoir des chances d’être autochthone.

(6) Le Champ ou le Cimetière des idoles suffirait seul à montrer que Sainte-Macrine fit oublier, après révangélisation, un culte plus ancien, sur le même tertre d’où, comme à la Garette, et à Lesson, on voit les clochers de Niort, Fontenay et Luçon.

La Sainte-Macrine que l’on y honore depuis le plus haut Moyen-Âge, est en grande vénération dans la contrée, et pendant longtemps, un pèlerinage très suivi y amenait de fort loin des fidèles, qui venaient demander la guérison de leurs maux; et qui, continuant à suivre une ancienne pratique de l’antique culte des fontaines, trempaient en l’eau qui coulait des petites sources miraculeuses de l’endroit, leurs membres paralysés ou endoloris.

A la suite de sa notice, fort rare d’ailleurs, (V. ci-après, p. 6), l’abbé Picard a inséré un cantique à Sainte-Macrine, composé le 19 juin 1848, par un auteur resté anonyme, qui l’avoue-t-il lui-même, à défaut d’une poésie parfaite, y a mis surtout l’expression de sa bonne volonté. Il y consacre un paragraphe spécial à la fontaine de Sainte-Macrine :

Toi, notre Siloé fontaine,
Dont Macrine bénit le cours,
Que ton eau de miracles pleine
Accorde un libéral secours !
Puisse sur tes bords réveillée
S’ouvrir l’oreille des muets,
Et que leur langue déliée
Emporte en chantant tes bienfaits !

Entends les vœux du pèlerin fidèle,
Du pieux laboureur, du pauvre qui t’appelle ;
Nous t’implorons, taris nos pleurs :
Douce Macrine, exauce les pécheurs !

Au milieu de sa nuit profonde,
Soupirant d’espoir et d’amour,
L’aveugle, penché sur ton onde,
Peut pleurer, mais non voir le jour ;
Ranime sa prunelle éteinte,
Et guidé par un cœur pieux,
L’aveugle aussi de notre sainte
Chantera la gloire en tous lieux !
Entends, etc.. (7).

Cette dévotion à Sainte-Macrine, moins suivie de nos jours, existe encore cependant, et sa chapelle, le 6 juillet de chaque année, est toujours garnie d’ex-voto en plâtre ou en cire, images de membres guéris ou à guérir par son intercession.

Mais, à quelle sainte avons-nous réellement à faire en ce lieu ?

Je sais bien que Sainte-Macrine, fille de Saint-Basile (et qui est morte en 379 en odeur de sainteté, disent les hagiographes), est honorée le 20 juillet (8); mais le culte de notre sainte locale étant célébré le 6 du même mois, faut-il renoncer au patronage de la sainte d’Orient, pour s’attacher à faire de la bienheureuse vierge poitevine (?), la protectrice invoquée par nos compatriotes Niortais et leurs voisins d’alentour ? — Rien n’indique d’ailleurs d’une manière certaine, que la première ait été jamais honorée dans notre pays d’un culte spécial, voulu et spontané, ou soit venue de si loin en cet endroit, pour être la divinité tutélaire de la contrée.

(7) Ce cantique en 16 couplets, se chantait parait-il sur l’air : De tes enfants reçois l’hommage, ou de Waterloo. — (Rappelé à titre de curiosité).

(8) Macrine, fille de Saint-Basile et de Sainte-Emmélie, fut l’ainée de dix enfants. Saint-Basile, évêque de Césarée, Saint-Pierre de Sébaste, et Saint-Grégoire de Nysse (qui écrivit la vie de sa sœur), sont les plus connus. — Sainte-Macrine mourut en 379, la même année que son frère Basile, à la tête du monastère qu’elle avait fait bâtir en Asie-Mineure, dans la province du Pont.

La Sainte-Macrine poitevine, ayant été invoquée avant le XIe siècle en Poitou, au temps des premières canonisations, on ne saurait admettre en fait, aucune confusion entre elle et la Sainte-Macrine d’Orient. Le culte de cette dernière vierge célèbre, ne serait en effet venu en occident (ainsi que le prétendent les Bollandistes), que vers l’an 1553 seulement ? — Les reliques de cette sainte, nous auraient-elles été apportées par quelqu’un des puissants seigneurs de Magné, de la famille des Lusignan, à la suite des croisades, comme l’a prétendu notre savant concitoyen, M. Charles Arnault ? Le fait est plus que douteux, étant donnée l’antiquité de la légende dorée de notre bienheureuse compatriote.

Quoiqu’il en soit, la Sainte-Macrine poitevine de la tradition, n’a pas été inscrite par l’église au martyrologe officiel de ses saints, et son souvenir n’a survécu dans la mémoire et le cœur de nos concitoyens, que par les prodiges qu’ils prêtent à son intercession, accrédités par la dévotion locale.

Le culte de Sainte-Macrine et les légendes qui s’y rattachent, ont déjà une bibliographie. Aussi, procédant par ordre chronologique, nous avons le devoir de citer, sans analyser ici les travaux des Petits Bollandistes :
1°) Les documents historiques et hagiographiques qui nous sont fournis sur Sainte-Macrine, Sainte-Pécinne ou Pezenne, et Sainte-Colombe, par dom François Chamard, bénédictin de Ligugé, dans son Histoire ecclésiastique du Poitou (9). — Il paraît pencher vers l’opinion qui donne à Macrine une origine espagnole, et croire qu’elle aurait été amenée en Poitou — (sans doute à l’époque de la fondation de la colonie d’Epannes, Deux-Sèvres), — sous le règne de Constance Chlore, à la fin du IIIe siècle ou au commencement du IVe.

2°) L’histoire de Sainte-Radégonde, par Pierre Pidoux, suivie de l’histoire de Sainte-Macrine, par Grégoire de Nysse.
L’auteur, paraissant ignorer l’existence d’une sainte locale, ne s’occupe absolument que de la sœur de Saint-Grégoire de Nysse.
Le culte de Sainte-Macrine lui paraît dû à l’existence de reliques rapportées des croisades, et il le circonscrit spécialement dans l’Ile de Magné (10).

3°) Notice sur les vies de Sainte-Macrine de Magné et de Sainte-Pezenne près Niort, écrites sur des documents historiques et traditionnels, par l’abbé P. Picard, ancien curé de Magné.
Suivant certaine chronique, dit l’abbé Picard, il y avait jadis à Magné la place des idoles, dont le nom fut changé plus tard, en celui de Béthanie. C’est là qu’habitaient les chanoines du chapitre, qui étaient tenus, par fondation, de construire et d’habiter en Béthanie. On y voyait encore des arbres séculaires en 1790. Là aussi, la tradition nous reporte aux temps lointains, où l’Ile de Magné était le lieu consacré par excellence, gardien fidèle des cultes primitifs, avec ses trois fontaines consacrées (11). Dans cette intéressante brochure, le chroniqueur rapporte les légendes les plus accréditées de la Sainte-Macrine poitevine (12).

4°) Recherches sur Gargantua en Poitou, avant Rabelais, par L. Desaivre, avec mention de la légende de Sainte-Macrine, dont le mythe est confondu avec celui de Gargantua, qui connu bien avant Rabelais, paraît être la personnification d’un Dieu gaulois, ayant des autels dans l’île de Magné (13).

L’époque celtique se manifestait jadis sur le terrain de Sainte-Macrine, notamment par la présence du tumulus de Vailbreger ou Val Breger, dont il serait urgent de déterminer la situation (14).

(9) Mémoire de la société des Antiquaires de l’Ouest, t. XXXVII, 1873 (Poitiers 1874), pp. 134 à 143.

(10) Histoire de Sainte-Radégonde, publiée par Ch. Arnault, revue, augmentée et suivie de l’histoire de Sainte-Macrine, par Grégoire de Nysse. A Niort, Poitiers et Saintes, 1843.

(11) La 3e édition (Niort, typ. de L. Favre, 1888), contient un cantique de Sainte-Macrine, composé le 19 juin 1848.

(12) La collection manuscrite de dom Fonteneau contient une Hist. abrégée de Sainte-Macrine, t. XLIII, p. 994.

(13) Extrait de la Revue de l’Aunis, de la Saintonge et du Poitou. — Niort, Clouzot (1869). — V. ci-après, pp. 16-77.

(14) Cfr. Lary, Mém. de la Soc. de stat. 1ère série V. 39. — Cfr. Edmond Roy. Description d’armes, etc., trouvées dans la Sèvre en 1868. Revue d’Aunis, de la Saintonge et du Poitou, 25 janvier 1869. 2 pl., dont la note (1) de la p. 28 de : « Par voies et par chemins », de L. Desaivre, est le complément. (Découvertes remontant jusqu’à la pierre éclatée). — Lièvre (loc, cit.), dit aussi que la voie de Saintes à Nantes a remplacé un chemin gaulois.

5°) Chergé (de). Les vies des saints en Poitou. Poitiers, Dupré, 1856, In-12. Note sur Sainte-Macrine. Lors de rétablissement du christianisme dans les Gaules, au IIIe siècle, la destruction des temples payens fut loin d’enlever de l’esprit des populations catéchisées, leurs habitudes de croyances et de cultes, attachées aux lieux consacrés qu’avaient toujours honorés leurs pères.

Aussi, pour déraciner de l’esprit public un courant de religiosité payenne et de traditions si difficiles à détruire, le clergé, par une modification ingénieuse, transforma certains temples en églises ou en chapelles, consacrées au culte chrétien, et les mirent sous la protection, soit d’un nouveau saint, soit d’un saint supposé, enfanté par la tradition, et dont le vocable fut emprunté au nom ancien du lieu lui-même ou du Dieu qu’on y adorait.

Un fait analogue se produisit au sanctuaire qui devint celui de Sainte-Macrine, soit que la vierge poitevine lui servît de nouvelle patronne, par une adaptation heureuse de l’ancienne dénomination du lieu qui avait un rapport d’apparence avec le nom de la sainte, (ce que nous allons examiner), soit que cette dernière ait été véritablement choisie à l’origine, pour y être spécialement honorée. Il y aura enfin lieu d’étudier si la Macrine poitevine a eu une existence réelle, ou n’a été qu’une incarnation de croyances anciennes et révérées, dans la contrée qui conserve son nom.

II nous paraît d’ailleurs acquis dès maintenant, que Sainte-Macrine d’Orient ne serait devenue l’objet d’un culte particulier, que par suite d’une conformité ou d’une confusion de nom, avec la Macrine de nos contrées.
A défaut de la vérité établie sur des bases certaines, et par un sentiment d’égoïste amour du pays, on s’est plu à représenter Sainte-Macrine comme une quasi compatriote poitevine, ainsi que Sainte-Pezenne et Sainte-Colombe, auxquelles l’abbé Picard, curé de Magné, a consacré son intéressante notice.
D’après un article inséré dans la Vendée Historique et reproduit dans la Revue de l’Ouest du 26 mars 1908, nous sommes à peu près édifiés sur ce que l’on croit savoir sur Sainte-Macrine.

En voici le texte :

SAINTE-MACRINE ET SAINTE-PEZENNE (15)

Sainte-Macrine (ou Magrine, Maicrine, Maigrine, Mesgrine), dont la fête se célèbre le 6 juillet, était  autrefois en grande vénération dans les marais avoisinant la Sèvre niortaise et la Vendée. Son histoire, mêlée à celle de Sainte-Pezenne (Pazane, Pecinne ou Pexine) et de Sainte-Colombe, est malheureusement quelque peu confuse, et ce n’est guère qu’appuyée sur la foi de la simple tradition locale qu’elle a été recueillie par M. l’abbé Picard, curé de Magné, auteur d’une Notice sur les Vies de Sainte-Macrine de Magné et de Sainte-Pezenne. Sainte-Macrine, d’après les Bollandistes, était désignée aussi sous les vocables de : Materna, Matrina. Macrine et Pezenne étaient deux vierges que les Petits Bollandistes font vivre au VIIIe siècle, mais qui, d’après dom Chamard, seraient contemporaines du quatrième (16). Originaires d’Espagne, si l’on en croit certains hagiographes, elles auraient vu le jour, suivant d’autres, dans l’ancienne Armorique ou Petite-Bretagne (17).

En tout cas, tout le monde est d’accord pour admettre que les deux jeunes filles, âgées d’une vingtaine d’années et chassées de leur pays par la persécution, étaient venues chercher un refuge sur les bords de la Sèvre Niortaise, au milieu des bois voisins de la ville de Niort, dans un coin sauvage où, peu après, elles avaient été jointes par Colombe, sœur de Macrine.

(15) Des recherches faites dans le célèbre et volumineux martyrologe des Bollandistes, au sujet de Sainte-Pezenne, n’y ont fait rencontrer la vie de Sainte-Macrine qu’incidemment, parce qu’elle fut associée de bonne heure à la sienne.
Les rédacteurs, dans une note critique, pensent que cette vie fut écrite vers le milieu du XIe siècle, par quelque religieux du monastère de Saint-Maixent ou des contrées voisines, et d’après une tradition populaire, plutôt que sur des documents historiques.
Sainte-Pezenne serait morte vers l’an 727.

(16) D’après dom Chamard (Hist, eccl, du Poitou, Mém. de la Soc. des ant. de l’Ouest, XXXVII, p. 135), Dacianus, qui avait immolé aux fureurs de son maître Maximin, toute une phalange de généreux martyrs poitevins, fût chargé de poursuivre cette œuvre de tyrannie en Espagne. Dans la partie septentrionale de la Péninsule, les deux sœurs Pecinna et Macrina vivaient ensemble dans la solitude, consacrant leur existence à la prière et à la charité. Pour échapper aux convoitises honteuses du persécuteur Dacianus, les vierges chrétiennes purent franchir la frontière d’Espagne et se réfugier en Poitou.

(17) Comme contribution à la recherche de l’origine espagnole ou gallo-romaine de Sainte-Macrine nous ajouterons ceci :
Le village d’Epannes, canton de Frontenay-Rohan-Rohan, doit sa fondation, selon la tradition et toutes probabilités, à une ancienne station militaire en cet endroit, de légionnaires espagnols aux temps de la conquête romaine. La famille de Macrine et Pexine était sans doute du nombre de ses premiers habitants, d’origine étrangère. Epannes est séparé du village du Pont (écart de la commune de Frontenay), par le ruisseau la Mère, dont les deux rives sont réunies par un pont autrefois appelé Pont de la Grande-Pierre, pour le passage de la route nationale de La Rochelle à Niort. Ce pont, dont l’assiette et la construction primitives étaient des ouvrages romains, avait valu le nom de Pont-de-Cesse, (de Cé ou de César), au lieu simplement désigné sous le nom de village du Pont, depuis 1792.
Là s’amorçait jadis, à la voie romaine d’Angers à Saintes, l’ancien chemin gaulois dénommé Chemin des Marchands, désigné aussi dans les actes antérieurs à la Révolution sous le nom de Chemin de Jules (Julius) au Pont-de-Cesse. Toujours, souvenir de la domination romaine en ces lieux. Ce chemin, qui traversait Epannes et le bourg de Frontenay (primitivement Villa Frontini), rejoignait la voie romaine de Saintes à Poitiers, en passant par Prahecq et Brioux.
D’Epannes au centre du bourg de Frontenay, le chemin de Jules au Pont-de-Cesse est remplacé par la route nationale, et il redevient chemin vicinal à l’entrée de la rue de la Grande-Fontaine à Jules et à la grande route de Niort à Beauvoir, qu’il franchit pour se diriger vers Saint-Martin-de-Bernegoue et Prahecq.

Séduit par la merveilleuse beauté des trois jeunes solitaires, un chef barbare de la région vint un jour les enlever (18).

Colombe seule fut surprise. Macrine et Pezenne eurent la chance d’échapper au ravisseur, et s’enfuirent jusqu’à un endroit appelé alors Tauriniacus, Tauriacus ou Taurinus (19), sur la rive droite de la Sèvre. Mais la course des fugitives avait été si précipitée que la pauvre Pezenne, épuisée, mourut en arrivant, entre les bras de Macrine. Le lieu de sa sépulture devait plus tard prendre son nom et donner naissance à la paroisse de Sainte-Pezenne, dans le premier canton de Niort. Désormais seule, Macrine repassa la Sèvre et se retira au milieu des marais de Magné. Ce fut là qu’elle mourut, en odeur de sainteté, après une vie des plus édifiantes.

Elle devint tout de suite l’objet d’un culte de la part des pieux habitants du voisinage qui, rapporte la tradition, obtenaient une foule de guérisons merveilleuses sur son tombeau. Celui-ci fut bientôt enlevé de terre et placé dans une chapelle plusieurs fois reconstruite, toujours existante et où, depuis des siècles, ne cessent d’affluer de nombreux pèlerins. Entre toutes les paroisses voisines, celle de Benêt se fit longtemps remarquer par sa dévotion, et chaque année, le 6 juillet, elle venait solennellement tout entière en pèlerinage à la chapelle.

Un peu plus loin, mais toujours dans le Marais, au Gué-de-Velluire, Sainte-Macrine avait également un sanctuaire très renommé. Elle fut même à l’origine la patronne officielle de l’église paroissiale, qui est passée, depuis, sous le patronage de Saint-Martin.

Du Marais, où il s’était tout d’abord localisé, le culte de Sainte-Macrine se répandit peu à peu jusqu’au fond du Bocage bas-poitevin : à la Gaubretière, notamment, les archives paroissiales nous apprennent qu’il y avait autrefois, dans l’église, une chapelle et un autel dédié à la vierge de Magné, vénérée sous le nom de Sainte-Mesgrine.
(Vendée Historique)

(18) Une tradition locale et fort ancienne, porte que Magrine avait traversé la Sèvre, en un lieu nommé aujourd’hui Pocron près Surimeau, dans la commune de Sciecq, limitrophe de celle de Sainte-Pezenne. — Abbé Picard, ibid., p. 20.

(19) Il existe non loin de Niort, commune de Coulon, une ferme nommée Torigné, On trouve encore : Thorigné, commune du canton de Celles, et Thorigny-sur-le-Mignon, commune du canton de Beauvoir, Deux-Sèvres.

Rappelons ici que le mythe de la femme poursuivie est fort ancien, et qu’il représente surtout la succession des saisons (20).

Comme il fallait s’y attendre, des légendes (dont nous essaierons de retrouver les origines), se sont créées autour de cette personnalité presque divine, — Elles sont racontées de plusieurs manières : l’une qui semble prêter à la sainte un caractère peu commode, et les autres, plus aimables et plus en rapport avec sa bonté si vantée.

Les voici dans leur ingénuité :

I. — Un laboureur conduisait sa charrue attelée de deux bœufs, dans le champ qui entoure la chapelle (l’ancienne enceinte sacrée), et à chaque sillon, il se rapprochait de plus en plus de la muraille de l’antique édifice.
Tout à coup, il entendit une voix, au timbre féminin irrité, qui lui ordonnait de s’arrêter là et de laisser une chaintre (21) entre la chapelle et la terre labourée.
Peut-être le laboureur était-il un esprit fort du temps, un incrédule peu facile à influencer; peut-être enfin ne comprit-il pas. Quoiqu’il en soit, le fait est que, sa versenne (22) finie, il retourna ses bœufs, et vint raser les contreforts du sanctuaire.
Alors, un bras sortit de la muraille, une main saisit la corne du bœuf le plus rapproché, et la lui arracha net.

(20) Loc.cit,, p. 129.

(21) Chaintre, sillon tracé à l’extrémité d’un champ. Du roman Chaint, ceinture; en latin cingere, ceindre.

(22) Versenne : Sillon tracé par le laboureur dans toute la longueur du champ. — Se dit d’un champ labouré. — Ancienne mesure agraire.

Les contes, les légendes, n’ont pas besoin d’être logiques; mais on remarquera que le plus puni dans cette aventure, ce fut le pauvre bœuf, qui, pris par le joug, aiguillonné par son maître, avait été forcé d’obéir, et n’était pour rien dans l’offense faite à la Sainte !

II. — L’abbé Picard rapporte une autre tradition légendaire, sous une forme moins sévère :
« A la Fontaine du Buisson, se lamentait un laboureur désolé, parce qu’en tournant, un de ses bœufs s’était écorné au vieux pied d’aubépine…
Magrine, compatissante, cherche à sécher les pleurs du pauvre homme; elle invoque aussitôt le Dieu qui, seul, opère des prodiges. Et, prenant la corne arrachée, elle la remet à sa place ; l’animal est guéri. » Et le cantique de rappeler le fait, par ces vers de mirlitons :

Si le bœuf mugit quand tu passes,
Bonne Sainte rends par pitié,
Avec ta main pleine de grâces,
Au joug un front humilié;
Si le mal hante ma demeure,
Si dans la fièvre qui l’étreint,
En t’invoquant l’infirme pleure,
Ecoute la voix qui se plaint.
Entends, etc., etc.

Aussi, les anciens tableaux la représentent-ils toujours avec une corne de bœuf à la main, sans oublier le bon laboureur et ses bœufs.

III. — Une ancienne tradition attribuant à la sainte, quelques circonstances de la vie de Sainte-Radégonde, porte que, fuyant les tristes honneurs que lui destinait à sa cour, la brutale convoitise d’un prince barbare, elle aborda miraculeusement à pied sec, dans l’île de Magné ; qu’elle rencontra sur le champ des idoles, un laboureur semant de l’avoine, à qui elle recommanda, comme Radégonde, de répondre à ceux qui la demanderaient : qu’il semait son avoine lorsqu’elle était passée… Peu d’instants après, cette plante étant montée subitement à maturité, cachait parfaitement Magrine aux regards de ceux qui la poursuivaient (23).

IV. — Le quatrième récit est non moins empreint d’une poétique fantaisie : Le laboureur passe toujours près de la chapelle… ; ce n’est pas un bras menaçant qu’il voit sortir de la muraille, mais une jeune femme d’une beauté radieuse qui le prie de s’éloigner; et qui, pour l’indemniser de la perte de son sillon, lui met dans les mains, une poignée de belles pièces d’or, et fait naître dans le champ, une moisson abondante et dorée (24).

Les 3e et 4e modes de variations de la légende, ont été condensés et résumés plus ou moins heureusement, (par ignorance sans doute de leurs diversités traditionnelles), par le peintre Niortais, Bernard d’Agescy, dans son tableau de Sainte-Macrine, qui ornait il y a quelque temps encore, une des chapelles (celle de droite du transept), de l’église Saint-André de Niort.

Ce tableau a dû être fait sous l’Empire. Il est peint dans les gammes claires chères à Guérin, le peintre du tableau célèbre (maintenant au Louvre), qui reproduit le récit de la prise de Troie, fait par Enée à la reine de Carthage.

(23) V. Abbé Picard, Ibid., pp. 27, 28.

(24) La représentation de la divinité solaire comme puissance créatrice, par la roue (rota) du disque du soleil, pleine, évidée, et par son dérivé la Croix gammée ou Swastika, se rencontre très fréquemment dans les monuments antiques; et, par dérivation, la monnaie d’or, par sa forme et sa couleur, a participé à ce mode particulier de résumer la puissance lumineuse créatrice et supérieure. C’est peut-être d’ailleurs par une association de pensées qui a sa source dans une si lointaine et honorable antiquité, que, dans le langage ultra vulgaire, l’idée de payer un service, de donner une récompense, de se créer des partisans, s’exprime par la locution : Eclairer. — Sous toutes réserves !

La sainte, en robe blanche légère et très simple, mais avec la ceinture en haut du buste sous les seins, est coiffée à la grecque, et sa tête est nimbée de rayons lumineux.

Elle retient de la main gauche son manteau de pourpre qui flotte derrière elle en passant sur son épaule droite. Elle fait l’aumône d’une pièce d’or à un vieillard infirme, et reçoit les caresses d’un petit épagneul, qui a l’air de joindre ses actions de grâce à celles de son maître, sans doute aveugle. Le fond du paysage est assez lumineux.

A l’horizon, on distingue une théorie de fidèles et de pèlerins qui se dirigent vers une chapelle. — Le peintre a sans doute eu l’intention de rappeler la troisième version de la légende de Macrine, au second plan de son tableau. Nous y apercevons en effet, le laboureur traçant son sillon avec ses bœufs; et en même temps (c’est là le miracle), on nous montre la partie du champ qu’il côtoie, couvert de blé mûr. Dans le ciel du tableau, trois jolies têtes d’anges, au milieu de nuées assez bien peintes, contemplent la scène avec un recueillement religieusement approbatif.

C’est une belle blonde qui a servi de modèle à l’artiste; sans doute quelque jolie fille de Niort, qui, moins heureuse que deux ou trois autres de nos compatriotes, modèles du peintre d’Agescy, n’a ainsi laissé d’elle que sa charmante image (25).

Dans la chapelle de Sainte-Macrine (commune de Coulon), on constate la présence d’un tableau peint il y a déjà de longues années, par une demoiselle de Cugnac. Il représente la sainte faisant l’aumône. Ce tableau, sans doute une réplique de celui de Bernard d’Agescy, est sans grand caractère artistique. — Dans le vitrail qui garnit le fond de l’église de Magné, on a bien placé une Sainte

(25) Ce tableau est en très mauvais état à l’heure actuelle. Il est placé dans la sacristie, salle du catéchisme de l’église Saint-André.
Une réparation de l’œuvre de notre peintre Niortais, serait absolument nécessaire, pour sa conservation, au moins à titre de souvenir.
- M. Marmuse, notre collègue, a bien voulu nous en offrir la photographie ici reproduite. Nous l’en remercions.

tableau SAINTE-MACRINE, PAR BERNARD D’AGESCY

 

Macrine comme on le fait ordinairement pour le patron de l’église ou de la paroisse; mais cette représentation de la sainte, n’offre rien de particulièrement remarquable (26).

Les deux premières formes de la légende de Sainte-Macrine ont été rappelées dans un vitrail de l’église de Frontenay-Rohan-Rohan (Deux-Sèvres), peint en 1853 par M. l’abbé Augustin-Constant Boinot, qui fut curé-doyen, et vice-archiprêtre de Frontenay, du 19 avril 1846 en mai 1859. Il mourut il y a une quinzaine d’années au couvent de La Puye (Vienne), près de la communauté des filles de la Croix de Saint-André, où on utilisa son réel talent de sculpteur et d’architecte.

Prêtre érudit et véritable artiste, il a doté son ancienne paroisse d’estimables travaux de sculpture sur bois et sur pierre, au nombre desquels je citerai : les vantaux et la partie supérieure de la porte latérale de l’église, représentant Saint-Pierre assis, (le patron de la paroisse), — et l’entrée monumentale du cimetière de Frontenay.

Ses essais de peinture sur verre, quoique moins heureux, comme coloris et finesse de touche, n’en dénotent pas moins une véritable entente artistique du dessin, de la valeur des nuances et des formes traditionnelles des personnages représentés. Deux grandes fenêtres en ogive, de la partie nord-est de l’édifice cultuel, et la baie romane au-dessus du grand portail d’entrée à l’ouest, ont été ornées de vitraux peints par ses soins.

Dans une rosace trilobée sculptée, placée à la partie supérieure de la seconde baie à partir de l’autel de Saint-Joseph, — laquelle est consacrée aux images de Saint-Gaudens et de Saint-Hilaire, — l’artiste a représenté, sur fond violet, en buste, la Sainte-Macrine de l’antique tradition populaire. Elle est Vêtue d’une tunique blanche avec ceinture d’or, et d’un manteau bleu, agrafé et bordé aussi d’or. Cheveux blonds et coiffure blanche ancienne. Elle tient à la main droite la macrocère, ou longue carne de bœuf de la légende hiératique (27).

 

Gravure – la macrocère

(26) Communication de M. l’abbé H. Montaudon curé de Magné, (ler juin 1908),

(27) La première fenêtre de la partie gauche de l’église représente Saint-Pierre dans la maison de Caïphe, debout, tête nue, les mains jointes et priant. Il est vêtu d’une tunique brune recouverte d’un manteau ou toge bleu foncé. Au fond, une baie, dont le faite est à plein ceintre, supporte une espèce de niche où l’on voit le coq symbolique de la légende dorée. A travers un porche, on distingue trois personnages :
Un homme recouvert d’une toge jaune, un juif vêtu de brun, se chauffant, et la servante de Caîphe, habillée de vert. La scène fait allusion à la renégation de Saint-Pierre; ses traits sont la traduction plus ou moins heureuse d’un portrait de famille. Près des initiales de l’artiste, C. B., on lit la date : 1853. La partie ogivale et l’encadrement de la fenêtre, sont ornés de philactères avec légendes, de feuilles et de fleurs de colorations variées.
En face de l’autel, la fenêtre romane au-dessus de la grande porte d’entrée à l’ouest, contient un vitrail d’une composition assez heureuse :
C’est un Saint-Jean-Baptiste nimbé, tenant la croix, assis sur le bord d’une fontaine où poussent des nénufars et des herbes aquatiques.
Rochers au fond, en paysage. Le Saint est couvert d’une toge brune violâtre, sur son vêtement de toison traditionnelle.
La bordure, fond bleu, composée d’ornements bruns et fleurs de diverses couleurs, contient au faite, un médaillon rond, fond or, avec le chef du Christ; sept têtes de Saints, aussi nimbées d’or, s’espacent pour compléter l’ornementation de la bordure.

On doit encore au ciseau habile de l’abbé Boinot :

1°) La porte latérale de l’église de Frontenay, en chêne sculpté. dont les deux vantaux présentent de délicates et profondes moulures verticales et parallèles. Sur l’imposte plein ceintre, un magnifique saint-Pierre, nimbé, tient un livre ouvert et la clef symbolique. Il est assis dans une haute chaire ornée, avec dais. C’est en somme une excellente réduction, superbement fouillée, du Saint-Pierre de Rome. La statuette repose sur un piédestal supporté par l’image écrasée du démon. Comme fond, un lacis d’oves chantourné, donne au tout, l’ensemble le plus séduisant.

2°) Une élégante porte en pierre, en plein ceintre, et d’une belle hauteur, donne accès au cimetière. Le couronnement et l’architrave, sont sobrement ornés de moulures et d’une grande branche de cyprès posée horizontalement, et d’un naturel parfait. Sur elle s’enroule en trois volutes, un philactère portant l’inscription :

EXPECTO RESURRECTIONEM MORTUORUM

Sur le montant de droite, l’artiste a réuni en un groupe formant cartouche : la trompette du jugement dernier, l’épée de justice et la palme des élus, mis en croix de Saint-André. Une couronne d’immortelles entrelace le tout en son centre.

Le montant de gauche est orné d’une grande croix processionnale, avec draperie tombant de son croisillon. Elle supporte, en son milieu, un livre ouvert, sur la page gauche duquel on lit : Requiem tibi dabit dominus. Après le mot Priez on continue sur la page de droite : Pour l’âme de M. C. Boinot, curé doyen de céans, qui a sculpté cette porte l’an 1856.

3°) Une chapelle funéraire, en forme de rotonde, avec plateforme, à laquelle on accédait par deux escaliers placés extérieurement, de chaque côté. Sur cette plateforme, une croix dont le piédestal était délicatement orné d’un bourrelet formé de deux grosses branches d’épines entrelacées, du plus artistique effet. Pour l’écoulement des eaux de la plateforme, deux grandes gargouilles représentaient :
l’une, l’ange du mal, et l’autre la mort. Cette chapelle, qui se trouvait à l’extrémité ouest du cimetière, en face la porte d’entrée à l’est, a été détruite il y a quelques années, et le piédestal que l’on voit encore dans l’église, a été seul conservé. Le reste a été malheureusement brisé, et a servi à paver la route.

V. — L’abbé A. Largeault, dans sa Légende populaire de Sainte-Pezenne et de Sainte-Macrine (28), rapporte aussi que l’on raconte que Sainte-Macrine, toujours poursuivie, aborda à pied sec, dans l’île de Magné. Un pont de pierre construit en un clin d’œil sur la Sèvre, au gué de Mennevault, lui en avait facilité le moyen (29).
On voit que ces récits se ressemblent beaucoup par un côté, et sont calqués sur un même thème. Ils reproduisent le fond de la légende ecclésiastique du XIe siècle. C’est toujours un persécuteur, un séducteur, qui poursuit les saintes et en veut à leur chasteté ; elles prennent la fuite et sont miraculeusement sauvées.
La dernière légende présentée par notre auteur, ne diffère pas des autres sous ce rapport ; seulement la merveille est peut-être plus grande encore. — Qu’on en juge :
— Depuis de longues années — en ces temps barbares inconnus de l’histoire, le bienheureux Père Maxire servait Dieu sur les bords solitaires de la Sèvre (30). Il habitait depuis de longues années la cabane de rouches et de branchages qu’il avait dressée de ses mains au penchant de la colline, à côté de l’église rustique construite en bois.
— D’un bout à l’autre de la vallée arrosée par la Sèvre, de la source à l’embouchure, les peuplades chrétiennes vénéraient le bienheureux Père Maxire comme un saint, et le consultaient comme un oracle.
— Non loin de l’ermitage du vieil anachorète, plus haut sur la rive opposée, deux jeunes vierges, sœurs, Pezenne et Macrine vivaient ensemble à l’ombre d’un petit monastère caché dans le feuillage et la verdure.

(28) Melle. Imp. Lacuve, 1896.
Voyez aussi : Légende de Sainte-Pezenne et de Sainte-Macrine, vierges-martyres, près Niort, dans la Revue de l’Ouest, n° des 4 et 6 juillet 1893.

(29) Lary, Mémoire [sur deux voies romaines secondaires inédites] lu à la séance générale de la Société de Statistique, dans les Mém, de la Soc, de Stat. des Deux-Sèvres. 1ère série, t. V (1841), p. 31.

(30) Saint-Maxire n’est point un saint local, ayant vécu et étant mort dans le pays, comme voudrait le faire croire la légende et comme on la imprimé dans une histoire sérieuse.
L’appellation onomastique de Maxire, orthographiée aussi Macire, Massire, est la forme romane du nom d’homme hébraïque Mathias, diminutif lui-même de celui de Mathathias (don du Seigneur), Saint-Mathias, apôtre, honoré le 24 février, et dans les années bissextiles, le 25, est en effet titulaire de l’église paroissiale de Saint-Maxire, Deux-Sèvres.

Pour donner corps à la fiction, l’abbé Largeault semble tout disposé à placer l’habitation de nos saintes, au lieu-dit Milan (31), commune d’Echiré, en face d’un petit promontoire où s’élèvent encore les ruines imposantes du château Salbart (32).

— Un matin, à l’époque du solstice d’été, Saint-Maxire, agenouillé à la porte de sa cellule, priait. Tout à coup, une immense clameur partie du cours supérieur de la Sèvre, éclata dans l’air comme un sinistre signal :
— « Salbart ! Salbart ! »
— L’anachorète est sorti de son extase, il se relève en frémissant, et son œil troublé consulte l’horizon. Colons, bêtes de somme, pâtres, troupeaux, marchands, pèlerins, voyageurs et chariots, tout dans les champs et sur les chemins, se sauve en désordre, et cherche un refuge où il peut.
— Seules, au milieu de l’affolement général, deux jeunes femmes fuyaient en toute hâte, à travers les plaines désertes, en se donnant la main.
— Bientôt, au milieu d’un tourbillon de poussière, Maxire put reconnaître des hommes à cheval, armés, nombreux, toute une troupe.
— « C’est lui ! C’est Salbart et ses gens d’armes ! Le terrible Salbart dont le sombre donjon se dresse sur la hauteur, par-delà ces coteaux ! (33)

(31) C’est là qu’était située l’antique yilla de Milon que Clovis donna à Saint-Maixent en 507 (Mabill, Act. S. S. ord, S. Bened., t. I, p. 579), après la bataille livrée à Âlaric, près de Poitiers, dans le campus Vogladenais,

(32) Baugier, Le Château de Salbar, dans les Mém, de la Soc. de Stat. des Deux-Sèvres, « 1ère série, t. V (1841), pp. 65-74;
— Ch. Arnauld, Monuments religieux, militaires et civils des Deux-Sèvres, pp. 145-150; — Em. Espérandieu, Le château Salbart, dans les Paysages et Monuments du Poitou, photographiés par J. Robuchon, livraisons 168-169, pp. 27-38.

(33) L’idée de faire un nom d’homme du nom de Salbart n’est pas une invention purement romanesque. Un de nos plus érudits historiens poitevins a écrit que « la villa donnée par Clovis au saint abbé Maixent, usurpée par quelque noble franc, sans doute par Salbart, et passée par conquête ou autrement au pouvoir des Parthenay, devint entre leurs mains une châtellenie dans laquelle était compris Milon, premier chef-lieu de ce domaine. (Cf. A. Richard, arch. de la Vienne, Etude critique sur les origines du monastère de Saint-Maixent, p. 45.
La conjecture émise par le savant archiviste est certainement très admissible : le terrible personnage de notre légende serait par suite moins imaginaire qu’i| semble au premier abord.

— Le voici, l’air menaçant, qui marche à la tête de sa troupe de mécréants, pillards, tueurs d’hommes et d’enfants, ravisseurs de femmes !
— Ils accourent rapides comme la flèche, et tout à l’heure ils auront atteint les fugitives.
« Malheur !» — Et en poussant ce cri de suprême détresse, le vieillard éperdu a tendu vers le ciel ses deux bras suppliants. — Saint-Maxire, plein de force, inspiré, rajeuni, redresse sa haute taille, et, comme autrefois Moïse au bord de la mer Rouge, d’un geste puissant, il lève son bâton sur le fleuve qui coule à ses pieds.
— Aussitôt, les eaux dociles à son commandement, s’accumulent; elles s’amassent en forme d’une montagne.
Puis, changeant brusquement de direction, elles se jettent à gauche, et prennent leur route vers le midi. Un lit neuf se creuse spontanément devant elles, et elles s’y précipitent avec fracas.
— L’onde qui roule impétueuse et mugissante s’avance sans relâche du côté des cavaliers. Toujours en avant, le farouche Salbart anime ses compagnons du son de sa trompe.
— Encore un peu, et les soudards aux casques coniques en fer poli s’empareront des deux fugitives, qui, épuisées de fatigue, gravissent avec peine le coteau escarpé où s’élèvera plus tard la bourgade de Sainte-Pezenne.
— Mais le fleuve merveilleux a grossi ; il s’est enflé d’une manière prodigieuse, et il approche, il approche en grondant.
— Au moment où, une dernière fois, Salbart et les siens relançaient leurs coursiers sur les pas des jeunes vierges, le fleuve crève et une immense nappe d’eau, barrière infranchissable, s’épand au-devant des chevaux effrayés qui se cabrent, et qui, à demi-submergés, s’efforcent de revenir en arrière.
— Salbart n’a pas reculé ; brandissant sa lance, écumant de rage, blasphémant, il brave du sein des flots l’élément déchaîné contre lui.
— Sainte-Pezenne et Sainte-Macrine, sauvées par ce prodige, tombent à genoux sur le haut de la colline et rendent grâce à Dieu. Et bien loin, au-dessus des rives de la Sèvre, on voyait encore Saint-Maxire, qui, le bras levé, tenait toujours son bâton étendu sur le fleuve.
Depuis ce temps, la Sèvre au lieu de se diriger, comme aux temps primitifs, par la vallée du Puysac, vers Villiers-en-Plaine et Lesson, est passée par Sainte-Pezenne et Niort (34).
Et, dans l’ancien lit, maintenant desséché, l’herbe pousse et les moissons croissent; les pâtres y font paître leurs troupeaux, et le laboureur y conduit la charrue en chantant.
Constatons donc à nouveau, que ces récits restent au fond toujours les mêmes, bien qu’ils placent le théâtre du miracle sur un point différent.
Le sanctuaire où reposaient autrefois les reliques de Sainte Macrine s’élève sur le plateau qui a pris le nom de Butte Sainte-Macrine ; il est mentionné dans le cartulaire de Saint-Cyprien de Poitiers (35) dès le Xe siècle (en 936 ou 937).

(34) Juste en face du coude que forme la Sèvre en accostant Saint-Maxire, s’ouvre la grande vallée qui limite le bourg du côté du nord.
Cette vallée, appelée vallée du Puysac, se bifurque au niveau de la ferme de la Couture : la branche septentrionale, plus courte, se dirige vers Villiers-en-PIaine ; l’autre branche se prolonge fort loin, jusque vers les pentes de la butte de Lesson, dans le département de la Vendée. — « C’est l’ancien lit de la Sèvre », disent les gens du pays; comme preuve, ils citent la tradition locale.

(35) Léon Faye, Recherches géographiques sur les vigueries du pays d’Aunis, dans les Mém. de la Soc, des Ant. de l’Ouest, 1ère série, t. XII, (1847), p. 383; — Redet, Arch, hist du Poitou, t. III, pp. 325-429.

VI — Sainte-Macrîne fuyait devant Gargantua, dit M. L. Desaivre, montée sur une mule ferrée à l’envers. La bête, harassée, s’arrêta dans l’île de Magné, près d’un champ où des paysans semaient de l’avoine. Macrine, se fiant à la miséricorde divine, les pria de dire à tout venant qu’elle a passé le jour qu’ils mettaient leurs grains en terre.
— Grand étonnement des laboureurs en trouvant, le lendemain, leur avoine mûre ; ils reconnaissent à ses œuvres, l’envoyée du Seigneur, et quand survint Gargantua, ils se hâtèrent de lui apprendre que l’avoine n’était pas née lors du passage de la sainte.
Le géant abandonne sa poursuite, mais avant de revenir sur ses pas, il nettoie ses sabots; alors, le tertre de la Garette et celui où s’éleva depuis la chapelle de Macrine, apparurent pour la première fois au-dessus de la vallée.
Gargantua est un dieu celtique, dont les apôtres du christianisme avaient intérêt à faire perdre le souvenir.
Les monuments qui lui étaient dédiés ont reçu des désignations nouvelles quand on n’a pu les détruire, tout comme les fontaines sacrées des Druides sont disparues sous des vocables de saints.
Gargantua n’était pas toujours de bonne humeur, comme on pourrait le croire. On raconte, en effet, qu’il dévora un jour un troupeau de bœufs que gardait une pauvre vieille. Nous connaissons l’effroi qu’il causait à Sainte-Macrine, et Jésus-Christ lui-même le redoutait, croyaient les bonnes et simples âmes de nos ancêtres.
Depuis qu’il est prouvé, dit M. Desaivre, que le nom de Gargantua est antérieur à Rabelais, il semble bien permis d’en faire un Dieu gaulois (36).
Par Gargantua, le mythe solaire est parvenu jusqu’à nous; moins heureuse, la Phœbé gauloise n’a pas traversé le Moyen-Âge.

(36) V. Recherches sur Gargantua en Poitou, avant Rabelais, Ibid., pp. 16 à 23. — Là encore est rappelé le mythe de la femme poursuivie, fort ancien, et qui représente la succession des saisons. — Gosier; en celtique, se traduit par l’expression gargaden, qui s’exprime en patois poitevin par garganac, garganit, garganet, gargate; en espagnol, par garganta, d’où est venu Gargantua, le type de férocité et de la gloutonnerie monstre, de notre vieille divinité gauloise, emprunté peut-être à d’autres mythes étrangers, et dont le culte se traduisait par des hécatombes de bœufs et d’autres animaux.
Rabelais, de toute évidence, a pris pour type de son géant Gargantua, le Gargantua de la légende poitevine. En adoucissant l’appétit sanguinaire du type primitif, il en a cependant consacré et conservé le souvenir.
D’après Rabelais, en effet : « Lui furent ordonnées 19,913 vaches de Paulille (Poitou ?) et de Brehemond y pour l’allaicter ordinairement. »

N’oublions pas qu’au XIe siècle, le culte du soleil avait encore de nombreux adeptes.

En remontant aux plus anciens cultes autochthones de nos contrées, nous rencontrons le coq, comme symbole religieux solaire, qui était connu bien avant les Romains, les Gaulois et les Celtes. D’après M. Marcel Baudouin {Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, 20 juillet 1908, n° 450, p. 95), on en trouve en effet la trace, jusqu’à l’époque des Menhirs, antérieure notablement à l’âge du fer et même à l’âge du bronze.

En Bretagne le coq était tabou, depuis la plus haute antiquité, et César nous apprend que de son temps encore, les Bretons en élevaient, mais n’en mangeaient pas. Sur des monnaies Gauloises, on voit un cheval galopant, et au-dessus de sa croupe, se trouvent indifféremment : une roue solaire, un s, une sorte de roue flammée, un coq. Le coq était donc bien considéré comme un oiseau solaire, et par conséquent comme un symbole de nature religieuse (37).

(37) A l’époque Gallo-romaine, il accompagna fréquemment les représentations si répandues du Mercure gaulois.
Les chrétiens à leur tour l’adoptèrent ; et pour eux, il symbolisait le lever du jour, et par suite, la résurrection.
En somme, c’est par l’antiquité et par l’universalité de son caractère symbolique qu’il faut expliquer la prédominance finale du coq. On ne saura probablement jamais sur quels clochers parut pour la première fois le coq des chrétiens ; mais, c’est sûrement dans un pays où il avait été jadis plus spécialement vénéré par les paysans, étant donné qu’en matière religieuse, ce sont surtout les morts qui parlent.

A Rome il était l’une des victimes divinatoires ordinaires.

Rappelons que le Coq tabou, animal consacré, était l’objet d’un sacrifice lors de l’érection des menhirs, comme plus tard lors de celle des Dieux Termes.

La coutume du Coq tabou se retrouve dans nombre de traditions populaires, indiquant que cet oiseau était un animal tutélaire, écartant les génies malfaisants; par exemple : Sacrifices de coqs et poules, lors de l’érection des maisons neuves, etc., — addition du Coq sur les serrures des poulaillers; — peinture à la chaux de coqs sur les fermes à côté des Croix latines tutélaires, etc., etc.
A Prahecq (Deux-Sèvres) il était d’usage, le jour de Pâques, de célébrer le renouveau de l’année, par le sacrifice d’un coq à l’occasion de la fête populaire du Tir jau (38).
Sous les halles ou sur la place publique, un malheureux coq était attaché par une ficelle à un piquet, et des jeunes gens exerçaient leur adresse en le lapidant sans pitié. La victoire et le coq étaient acquis à celui qui lui avait donné le coup fatal.
Sous le couvert de ces traditions sur notre bon génie poitevin, dont les origines paraissent, au premier abord, si obscures et bien difficiles à retrouver, se cache un réel fond de vérité, révélateur de leurs causes efficientes. Nous allons en rechercher la genèse, en procédant du connu à l’inconnu, et par comparaison.
Au lieu dénommé actuellement Sainte-Macrine, un temple payen existait très certainement aux temps gallo-romains, ainsi que l’atteste sa dénomination elle-même.

Ducange nous apprend en effet que : Macrona, porticus, ut videtur, aut solarium in longum porrectum, testudinalum et cameratum : quasi makrôn dictum. — Il ajoute : Priore loco andrôna seu locum viris destinatum fuisse macronem docel, ex quo Wolfius, œdem esse, ubi Catechumeni institucbantur, perperam putavit cum idem sit Macron, ac Andron, de qua voce suo loco egimus.

(38) Jau, du roman Gal, Gauss ; en latin Gallus.

Cette Macrone (macrona), dont les ruines subsistèrent longtemps après la, chute du paganisme, ainsi que l’atteste la dénomination de Champ des idoles, qui lui fut substituée, était primitivement un long portique (macros, long), une galène ouverte, dont le comble était soutenu par des colonnes ou des arcades; c’était un lieu exposé aux rayons du soleil, mais muni d*un toit en dôme voûté s’étendant dans toute la longueur du monument. C’était sans aucun doute l’endroit où s’accomplissaient les sacrifices chers à la divinité; de là ce nom de sancta Macrona, sancta Macrina, d’où Sainte-Macrine, par adaptation ultérieure.

Il est possible en outre, qu’avant ou après sa désaffectation en chapelle, cette partie du lieu consacré servit de lieu de réunion pour les catéchumènes.

Notons maintenant :

1°) Le rappel dans la légende de Sainte-Macrine, des actes de violence ou de pitié sacrée, caractérisés par l’appréhension du bœuf, et l’arrachement ou la remise en place de la corne, par la soi-disant sainte, ou génie du lieu;

2°) La persistance de cette image d’un geste tout spécial, traversant les siècles sous les deux premières formes, pour être attribué comme l’apanage de Sainte Macrine, sainte locale, dont le nom rappelle l’idée dominante de l’acte hiératique qu’on lui prête : sancta Macrinu, la sainte à la longue corne : Makrôkeras (39).

(39) Macrocère, du préfixe : macro et de kéras, corne. — Terme de zoologie; qui a de longues cornes ou antennes. — Terme de botanique : qui a un éperon en forme de longue corne.

Mais, à quelle divinité était donc dédié le temple primitif ?

D’après ce qui précède, le culte qui se célébrait jadis en ces lieux consacrés, était à n’en pas douter, celui du soleil, de l’élément générateur, personnifié d’abord par Gargantna, la divinité celtique ou gauloise qui, aux temps primitifs avait ses autels dans l’île de Magné, et peut être assimilée à Teutatès, le Dieu cruel des sacrifices sanglants. Ce culte croyons-nous, fut remplacé au temps de la conquête romaine, par celui de Mithra, détrôné lui-même au IIe siècle par le culte de la Magna Mater ou de Cybèle, la déesse aux tauroboles. — Un souvenir lui est conservé par le nom de Materna, Malrina, donné à Macrine.

Mithra ou Mithras, divinité ou ized des anciens Perses, était subordonné à Oromaze (Ormuzd), le meilleur principe, qui avait pour rival le démon Ahriman, ou Dîeu du mal. Mithras tenait le milieu entre ces deux raisons d’être de la doctrine de Zoroastre, qui vivait cinq mille ans avant la guerre de Troie. Pour l’un, ce mage enseigna des sacrifices, des prières et des actions de grâces; pour l’autre, des cérémonies lugubres, destinées à étourner les maux.

Les grecs, puis les romains à l’époque où tous les cultes orientaux firent irruption dans l’empire, ont considéré Mithra comme une divinité solaire. C’est en réalité une personnification d’Ormuzd, comme principe générateur, et comme image de la fécondité qui perpétue et rajeunit le monde.

On figure cette divinité, ministre d’Ormuzd, sous la forme d’un jeune homme avec un bonnet phrygien, une tunique, et un manteau sur l’épaule gauche; il est armé d’un glaive qu’il plonge dans le cou d’un taureau, représentant le taureau Aboudad (40), dont le sang doit produire les animaux et les plantes utiles; ce qu’on explique en disant, que pour rendre la terre féconde, le soleil la perce de ses rayons. Le serpent, image d’Ahriman, est couché traîtreusement sous le taureau, qui est entouré par les deux crépuscules, sous la forme de jeunes Phygiens, tenant un flambeau ayant la forme d’une corne de taureau.
Ces bas-reliefs reproduisent souvent les inscriptions :

DEO SOLI INVICTO MITHRE – et – NAMA SEBESIO

Bas relief Borghèse (Musée du Louvre) – Fig. 5086 Art. Mithra

(Dict. des ant. grecques et romaines). Cliché communiqué par la maison Hachette.

(40) Le taureau Aboudad, qui, contient les germes de toute vie physique, ne fut pas plutôt créé par Ormuzd, qu’il fut mordu et tué par le serpent d’Ahriman. De l’épaule du taureau sortit le premier homme, Kaiomorts, et les différentes parties de son corps donnèrent naissance aux animaux et aux plantes utiles.

De nombreux monuments, qui sont tous pareils et datent de la décadence, se rattachent au culte de Mithra.

Un bas-relief du Musée britannique nous montre une figure qui est à tort prise pour une Victoire, maïs qui est en réalité une sorte de Mithra féminin, égorgeant le taureau, comme le véritable Mithra.

Le culte de Mithra qui s’était introduit et établi à Rome dès l’an 67 av. J. C, d’après certains auteurs, et vers l’an 101, d’après d’autres, se répandit plus tard dans certaines régions de la Gaule, notamment en Bas-Poitou, et il obtint une grande faveur sous le règne de ommode. On célébrait en son honneur des fêtes nommées Mithriaques, dans lesquelles on immolait dit-on, des victimes humaines. Tout y inspirait la crainte et la terreur, et les épreuves des initiations étaient si rigoureuses, que le récipiendaire y succombait souvent. Ce culte fut détruit au IV° siècle, au temps où dom Chamard fait précisément vivre sainte-Macrine.

Les auteurs ne sont pas d’accord sur l’origine des fêtes mithriaques ou du soleil, qui se célébraient chez les romains à différentes époques de l’année; et plusieurs, au lieu de la chercher chez les Perses, pensent que ces fêtes venaient de Chaldée et qu’elles avaient été instituées pour célébrer l’exaltation du soleil dans le signe du Taureau, au renouveau des forces de la nature (41).

Le principal agent de la propagation du culte de Mythra fut certainement l’armée, et l’on peut affirmer que le mithriacisme resta toujours et avant tout, un culte militaire.

En Espagne, on ne le rencontre guère que dans la région du nord-ouest, où une légion fut longtemps maintenue pour contenir les montagnards des Asturies et de la Galice.

Dans les provinces de l’ouest de la France, l’action de l’armée n’a pu s’exercer que directement par l’intermédiaire des vétérans ou des officiers devenus administrateurs; mais le mithriacisme s’est servi aussi d’autres missionnaires; on sait, en effet, que depuis le début de l’Empire, il se produisit en Occident, une véritable diaspora syrienne, parallèle à celle des Juifs.

Dans l’ouest de la Gaule, on n’a relevé que très peu de vestiges du culte persique. Sa tradition imposait aux mithriastes l’obligation d’établir leurs sanctuaires dans des grottes, et de préférence dans celles où jaillissait une source. A défaut d’une véritable caverne, ils aimaient au moins à bâtir leurs temples au milieu des rochers ou sur le flanc des collines, (comme dans l’île de Magné, à Sainte-Pezenne (Taurinus), etc.), où se trouvaient de l’eau en abondance ou des fontaines.

La religion mithriaque adopta dans les diverses provinces, les Dieux qui y étaient honorés, en les faisant rentrer dans son système doctrinal; c’est ce qui explique que chez nous, nous retrouvons dans la légende de notre Sainte, des réminiscences des cultes les plus divers, y compris celui du géant Gargantua. C’est ainsi qu’elle fit probablement alliance avec le culte de la Mater Magna, qui introduisit dans sa liturgie la cérémonie du taurobole.

(41) Quoi qu’il en soit, il est certain qu’au temps où le culte de Mithra était établi à Rome (dès l’an 101) et même beaucoup plus tard, il n’était pas encore connu en Egypte et en Syrie. Tertullien, en traitant des mystères de Mithra, parle d’une espèce de baptême qui lavait les initiés de toutes les souillures que leur âme avait contractées jusqu’alors. Il parle aussi d’une marque qu’on leur imprimait, d’une offrande de pain, et d’un emblème de la résurrection, qu’il n’explique pas en détail. Dans cette offrande, on présentait un vase d’eau avec le pain; et il dit ailleurs qu’on présentait aux initiés une couronne soutenue sur une épée, mais qu’on leur apprenait à la refuser en disant :
« C’est Mithra qui est ma couronne ». Porphyre, qui était à Rome en 263, nous rapporte que dans les mystères de Mythra, on donnait aux hommes le nom de lions, et aux femmes celui de hyènes; que les ministres supérieurs portaient le nom de père, et les inférieurs, ceux d’aigle, d’éperviers, de corbeaux, etc.
Avant d’étre reçu au rang des adeptes, on faisait subir aux initiés des épreuves pénibles et rigoureuses. Entr’autres, on leur imposait un jeune austère de cinquante jours, une retraite de plusieurs jours dans un lieu obscur, des bains dans l’eau froide et dans la neige, et quinze fustigations, dont chacune durait deux jours entiers.
Les prêtres de Mythra se déguisaient sous la forme de divers animaux féroces; et ceci n’était pas une pratique nouvelle à Rome, car il se passait quelque chose de semblable dans les mystères d’Isis.
(V. 1e Dict. universel, hist. et critique des mœurs, etc., par une société de gens de lettres. — à Paris, J.-P. Costard, lib. rue Saint-Jean de Beauvais. M. DCC. LXXII; 2° Dict. des Antiquités grecques et romaines, de Ch. Daremberg, Edm. Saglo et Ëdm. Pottier).

Ce panthéisme solaire était d’ailleurs soutenu par les Empereurs dont il favorisait la politique, et faillit, sous Aurélien, devenir la religion officielle de l’Etat romain (42).

Malgré cette déviation de culte, c’est à tort qu’on a prétendu rattacher le taurobole (taurobolium) au culte de Mithra. En Occident, cette immolation n’a été pratiquée qu’en l’honneur de la Magna Mater. Mais elle a été probablement empruntée par les Romains aux temples de Cappadoce, où son caractère s’était modifié sous l’action des croyances mazdéennes (43).

D’après ce qui précède, il est permis de croire que le culte de Mithra, avec ses sacrifices de jeunes taureaux, introduit en Bas-Poitou, par les vétérans espagnols, fondateurs de la station romaine d’Epannes, se transforma ensuite, au IIe siècle, en celui de Cybèle, sous Antonin-le-Pieux, qui imposa, pour ainsi dire, cette dernière religion en Gaule à cette époque, avec ses tauroboles, qui se pratiquaient dans les sanctuaires de Magné (ou de la Magna Mater), de Tauriacus, de Sainte-Macrine, etc. (44)

(42) V. Ibid., Dict. des Antiquités grecques et romaines.

(43) Le Taurobole était un sacrifice expiatoire, dans lequel le prêtre se faisait arroser du saug d’un taureau immolé à Cybèle (Magna Mater), — Ces sortes de sacrifices ne furent adoptés à Rome que sous le règne d’Antonin-le-Pieux, vers le milieu du IIe siècle, et ils furent aussitôt introduits en Gaule.

(44) G. Boissier. Fin du Paganisme, Hachette, 1894, p. 236. Amas considérables de débris brisés et martelés, découverts en 1618, en bâtissant la façade de Saint-Pierre-de-Rome. Ils provenaient d’autels érigés en souvenir des sacrifices tauroboliques fréquents, surtout à partir du règne de Gratien, (empereur d’Occident, en 375).
Cf. : Champ ou Cimetière des idoles de l’Ile de Magné.

Le Taurobole, cérémonie purificatoire, était une sorte de baptême ou de régénération par le sang. On creusait pour le sacrifice un fossé profond, que l’on couvrait de planches trouées en plusieurs endroits. Sur ces planches était étendu le taureau destiné au sacrifice. Le prêtre, vêtu d’une robe de soie et la tête couverte de bandelettes, se plaçait dans la fosse au-dessous de ces planches; et, pendant qu’on égorgeait la victime, il se tournait de tous côtés pour recevoir sur ses habits le sang qui en découlait. Il sortait de la fosse tout couvert de sang, et le peuple se prosternait devant lui comme devant une divinité; ces habits ensanglantés, qui inspiraient la plus profonde vénération, étaient conservés comme un objet sacré. — Lorsqu’il était procédé à un Taurobole pour la santé de l’empereur ou des membres de sa famille, on enlevait les cornes du taureau, et un prêtre les transportait au Vatican. A la suite des cérémonies de ce genre, on édifiait un autel qui recevait les cornes et la tête de l’animal sacrifié. (Cf. : Encyclop. de Larousse. — Dict. des ant. Grecques et Romaines, etc.

Dans la légende de Sainte-Macrine, nous constaterons le rappel du souvenir de ces diverses phases de religiosités payennes, qui eurent leurs multiples manifestations par périodes successives.

D’après le savant M. Lièvre, ce sont des soldats romains, des légionnaires, qui ont introduit le culte de Mithra en Poitou, où d’ailleurs il fut peu répandu. Néanmoins, B. Fillon aurait, paraît-il, constaté son existence indéniable à Saintes, par l’inspection attentive des précieux restes de ses antiques monuments lapidaires.

Ajoutons aussi qu’entre Maurepas et Malécot, à l’est de la ferme de Torigné, Taurinm, Taurinicus, non loin de Sainte-Macrine, près de Coulon et de la colonie romano-espagnole d’Epannes, on a trouvé il y a quelques années, en 1880, un crochet d’aruspice, qui nous confirme qu’il y avait là un centre religieux où s’accomplissaient sans doute les rites sanguinaires des cultes payens de Mythra ou de Cybèle (45). L’existence de ce culte nous paraît enfin attestée : par le ressouvenir dans la légende de notre sainte, du mythe ou symbole de la corne qui lui est pour ainsi dire consacré, et les survivances des lieux dits que nous venons de rappeler : Taurinus, Tauriactis, Tauriniacus, Torigné, Torigny, Taurigné, etc.

La genèse et l’époque où prit naissance la légende, nous sont ainsi révélées par toutes les circonstances de faits que nous venons de rappeler, et dont nous reconstituons les éléments, par les traditions populaires qui les concernent.

(45) Cf. : Lettre de Salomon Reinach, Bull, des Ant. de l’Ouest, 2e trim. 1896, p. 288.

Nous pouvons, dès maintenant, en tirer les conclusions et déductions suivantes :

1°) Le rappel, dans l’une des légendes de la sainte poitevine, du Dieu gaulois Gargantua, nous reporte aux temps ante-gallo-romains de notre histoire;

2°) L’origine du nom de notre sainte a peut-être sa source dans celui de l’ancien temple et de son portique sacré, la Macrone, où s’accomplissaient dans les derniers temps du paganisme en Gaule, les rites, les mystères et les sacrifices chers à Mythra et à Cybèle. Ce fut pour le peuple crédule, nous le répétons, le lieu saint par excellence, (la Sancta-Macrona, d’où Sainte-Macrine), qui fut considéré plus tard comme un être de raison, et auquel la croyance populaire donna ensuite une personnalité, sous le nom de Sainte-Macrine. Le peuple se souvenait en effet, qu’en ces lieux, près de l’antique Macrona où la légende fait se réfugier la sainte poursuivie par le chef barbare, de jeunes vierges néophytes d’une religion proscrite par les empereurs romains, avaient trouvé un abri sûr et une protection efficace.

C’est là d’ailleurs que l’abbé Picard, dans sa notice sur Macrine, fait mourir la sainte près du cimetière des idoles, au centre des trois fontaines sacrées (46), parmi les ruines romaines, sur le bord de l’antique voie qui joignait l’Armorique au pays des Santons, vis-à-vis le dolmen qui s’élevait au midi, de l’autre côté de la rivière, là où est aujourd’hui la ferme de Pierre-Levée (47), et non loin aussi des dolmens d’Amure.

(46) Le culte des génies des eaux, multiplié à l’infini parmi les campagnes de la Gaule, y constituait la religion du peuple. Chaque source avait sa fée, sa dame, dont l’influence se faisait sentir à tout instant. Par le culte des martyrs, le christianisme, religion universelle, prolongea en quelque sorte les religions locales. C’est ce qui eut lieu pour Sainte-Macrine.

Le païen cherche un protecteur plus proche, plus familier que Dieu, telle la fée de la source voisine,… à moins que ce ne soit le martyr qui s’est laissé trancher la tête tout auprès, et dont le tombeau voit tant de merveilles. (Cf. Dufourcq : Le christianisme des foules), Bloud, 1903, pp. 28, 35, 44. — Frontenay-Rohan-Rohan a sa Fontaine de la mariée, où, le jour de la noce, la jeune épouse vient en compagnie de son mari et de ses invités, boire de l’eau bienfaisante de la source, pour avoir de beaux enfants et du lait abondant.

Le culte des eaux étant un culte païen, l’église l’a proscrit et s’est appliquée à le faire disparaître; mais quelquefois, elle a rencontré des obstacles insurmontables; alors, ne pouvant le détruire, elle l’a modifié et transformé, comme à Sainte-Macrine.

(47) Cf. Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, 30 juill. 1908, n° 1191. — Le Cimetière des Idoles de l’Ile de Magné.

3°) Le culte de Mithra ou de Cybèle, ne nous est-il pas révélé, nous le redisons, aux lieux dénommés Tauriniacus, Tauriacus sur la rive droite de la Sèvre, — (comme en diverses autres localités de notre contrée, où avaient incontestablement lieu des sacrifices de jeunes taureaux selon les cérémonies et les formules consacrées), — et où vinrent se réfugier Sainte-Colombe, Sainte-Macrine et Sainte-Pezenne (sancta Pecina);

4°) La proximité du sanctuaire, de la colonie espagnole d’Epannes, ne peut-elle pas aussi nous faire admettre la survivance de tradition d’une jeune vierge d’origine espagnole, vouée au culte de Cybèle, devenue chrétienne et poursuivie par ses anciens coreligionnaires, ainsi que ses compagnes Pezenne et Colombe, du sanctuaire de Taurinus.

Le souvenir de son office de camilla des prêtres sacrificateurs du taureau, dans les tauroboles, a survécu dans l’esprit de nos populations, sous la forme de la légende de la corne arrachée, ou miraculeusement remise; et elle est devenue pour nous la sainte à la longue corne, (la macrocère sacrée), — Sainte-Macrine enfin, la sainte du IVe siècle, l’anachorète contemporaine des voies romaines de la contrée, dont on lui attribue (48) la construction.

(48) La domination romaine a laissé de nombreuses traces dans le pays. A Frontenay-Rohan-Roban, la fontaine de Neron est devenue, la fontaine de Nérain, d’Hérain, et d’Héron, à mesure que le sens primitif de sa désignation a échappé au vulgaire.

5°) Le geste de la corne arrachée pour violation du sanctuaire, ou replacée miraculeusement, ne reste-t-il pas comme le témoin de la tradition fidèle d’une antique coutume religieuse d’offrande aux dieux après le sacrifice, qui vient éclairer et compléter notre compréhension de la véritable nature morale, raison d’être et explication, de cette croyance persistante en une Sainte-Macrine réelle, dont l’existence néanmoins est toujours problématique.

6°) La pièce d’or de la sainte, et la féerique moisson, ne sont-elles pas les témoins fidèles de la puissance solaire fécondante, attribut du Gargantua gaulois, de Mythra et de la Mater Magna ? — Materna, Matrina, c’est notre Macrine.

Etant donnés ces faits, nous pouvons supposer sans audace, que les peuples anciens de la Gaule Poitevine catéchisée, ont été d’autant plus enclins à garder précieusement leurs croyances légendaires, que, pour l’apaisement des esprits, le clergé du IIIe siècle jugea sage et prudent de conserver leurs souvenirs, aux lieux connus pour leur réputation sacrée et leurs anciennes attributions, et de les consacrer à la religion chrétienne, sous un vocable de saint.

Ainsi fut-il fait à Sainte-Macrine, dont on établit comme patronne, — soit un être imaginaire ne rappelant que de lointains souvenirs d’un culte disparu, ou une nouvelle sainte, la vierge de la macrone sacrée devenue chrétienne, dont la légende se forma des traditions d’antan accommodées aux doctrines du christianisme ; soit enfin, (à une époque indéterminée), la Sainte-Macrine d’Orient, dont le nom se prêtait à une assimilation facile à faire accepter, dans un sanctuaire révéré par des populations ignorantes, crédules et pleines d’une foi nouvelle, docile et zélée. — Les légendes ont en réalité leur source, dans des traditions anciennes pt profondes.

Les gens de Frontenay se rendant en pèlerinage à Sainte-Macrine, disaient jadis : Nous allons aux saints, traduisant, rappelant inconsciemment ainsi, les antiques habitudes d’hommages déférés par leurs ancêtres, aux successives divinités qui avaient fait l’objet de leurs cultes.

Bien qu’en la bonne compagnie, on ne saurait critiquer les absents, il convient je crois cependant de rappeler ici, que les grands Bollandistes sont muets sur notre Macrine, comme sainte d’origine poitevine ayant eu une existence réelle. N’oublions pas aussi que ce n’est que sur une simple tradition populaire que sa vie fut écrite par des religieux de Saint-Maixent, (?) vers le milieu du XIe siècle, d’après des contes de veillées plus ou moins dénaturés (49).

L’abbé Auber dans sa vie des saints de l’église de Poitiers, a passé sous silence, la vie et la légende de Sainte-Macrine (50). M. de Chergé en a fait une sainte agricole.

En réalité, la Sainte-Macrine honorée le 6 juillet, au temps de la période des anciennes fêtes solaires du mythe de Gargantua, transformé en ceux de Mythra et de Cybèle, n’a eu qu’une existence problématique, virtuelle et toute d’imagination populaire, même si l’on peut admettre la version d’une camilla du culte de la Mater Magna, devenue chrétienne (51). Elle a joui ainsi des bénéfices moraux d’un hermétisme tout spéculatif et philosophique. Elle est la synthèse idéale d’anciennes croyances invétérées chez nos ancêtres, et asservies aux doctrines et aux règles du christianisme naissant (52).

(49) Chronicon Sancti Maxentii Pictaviensis, éd.Marchegay, dans les chroniques des églises d’Anjou, p. 416. — Bolland, Art, S, S., ad diem XXV junii.

(50) Vie des saints de l’Eglise de Poitiers, par M. l’abbé Auber, chanoine de la cathédrale de Poitiers et historiographe du diocèse.
Poitiers. Henri Oudin, lib. éd. 1858.

(51) On peut conjecturer que les feux de joie sont un reste des traditions païennes, souvenir du culte du soleil, d’autant plus que la Saint-Jean qui leur donnait prétexte se trouve précisément au solstice d’été. — En Poitou, chats et coqs, brûlés vivants, aux feux de la Saint-Jean.
Mais, l’habitude des feux de joie ne se fixa définitivement au 23 juin, qu’après l’an 362. A cette époque, les païens, sous Julien l’Apostat, ouvrirent la tombe de Saint Jean-Baptiste à Sébaste, où ses disciples l’avaient enseveli après sa décollation ; ils brûlèrent ses os avec ceux du prophète Elisée pour en jeter la cendre au vent.
Le monde chrétien s’émut et résolut de rappeler ce fait par des feux commémoratifs annuels le 23 juin, veille de l’anniversaire de la naissance du saint ; de sorte qu’on célèbre ainsi à la fois l’apparition de Saint Jean sur terre et la diffusion de ses restes dans les flammes.
A Niort, jusqu’en ces dernières années, on a été très fîdéle à cette coutume des feux de la Saint-Jean (Fête des chamoiseurs).
Cf. Les feux de la Saint-Jean, par J. de la Crouzilie. — Revue héraldique, avril-mai i908, — et Touche à tout (1908).

(52) Dans un calendrier de fin du XIIIe siècle, (D. Fonteneau, LVI, 161), à l’usage de l’abbaye de Sainte-Croix de Poitiers, on lit : II. Nonas julii (6 juillet), Macrine Virginia et Martyris. C’est l’un des  plus anciens témoignages liturgiques de son culte en Poitou.
Même où la religiosité païenne semble éteinte, elle subsiste à l’état latent, comme dans les légendes de notre sainte populaire du sanctuaire de l’Ile de Magné (ou de Magna Mater), mentionné dans le cartulaire de Saint-Cyprien de Poiliers, dès le Xe siècle (en 936 ou 937).

Ces croyances qui ont traversé les siècles passés sans modifications profondes, sont venues jusqu’à nous dans leur quasi-intégrité, cristallisées par le pèlerinage annuel du 6 juillet, qui est resté comme la réelle consécration d’une tradition antique respectée, et chère aux cœurs Niortais.

Anciennement, les paroisses de Niort se rendaient en pèlerinage à Sainte-Macrine, en procession et pieds nus.
On y accourait d’ailleurs de fort loin, de Marans en particulier, et de tous les bas marais de la Sèvre. Et, ajoute dom Fonteneau dans son Histoire abrégée de Sainte-Macrine de Magné, t. XL III, p. 994, il n’est pas rare de voir, à la grande fête de Sainte-Macrine, le protestant confondu avec le catholique, dans les mêmes vœux à l’illustre sainte.

En résumé, Sainte-Macrine dont la légende du XIe siècle ne relate ni la mort, ni la sépulture, est honorée dans l’île de Magné, à 8 kilomètres de Niort, sur le plateau qui a pris le nom de Butte Sainte-Macrine, là où reposaient, dit-on, ses reliques.

L’antique capella, but du pèlerinage annuel, était le siège d’un prieuré dans le Moyen-Age.

Le culte de Sainte Macrine s’est répandu en divers lieux, dans le Poitou, et hors du Poitou. — A signaler :

1°) L’église de Magné, deuxième arrondissement de Niort, vitrail de la Sainte;

2°) La Chapelle-Thireuil, canton de Coulonges-sur-l’Autize, arrondissement de Niort (Deux-Sèvres). — Sainte-Macrine est la patronne du lieu; culte remontant au moins au XVe siècle ;

3°) Abbaye de Sainte-Croix de Poitiers. — Inscrite au 6 juillet, dans le calendrier des fêtes, fin du XIIIe siècle;

4°) Boisbreteau, canton de Brossac, arrondissement de Barbezieux (Charente). — Titulaire de l’église paroissiale; le dimanche qui suit le 6 juillet concurremment avec la fête religieuse, frairie profane; tableau moderne de la Sainte;

5°) Le Gué-de-Velluire, canton de Chaillé-les-Marais, arrondissement de Fontenay-le-Comte (Vendée). — Titulaire de l’ancienne église prieurale jusqu’en 1678; fête, le 6 juillet et le dimanche suivant; tableau de la Sainte;

6°) La Gaubretière, canton de Mortagne-sur-Sèvre, arrondissement de la Roche-sur-Yon (Vendée). — Chapelle dans réglise paroissiale dès le XVIIe siècle, supprimée peu avant 1870; — ancien tableau de la Sainte;

7°) Eglise paroissiale de Saint-André de Niort. — Autel, vitrail et tableau de la Sainte;

8°) Eglise de Frontenay-Rohan-Rohan. — Vitrail de la Sainte-Macrine à la Corne.

« Si les Bollandistes, dit l’un d’eux (53), croyaient positivement à tous les miracles et à toutes les révélations qu’ils publient, il n’y aurait pas d’hommes d’une crédulité plus robuste. »

(52) Dans un calendrier de fin du XIIIe siècle, (D. Fonteneau, LVI, 161), à l’usage de l’abbaye de Sainte-Croix de Poitiers, on lit : II. Nonas julii (6 juillet), Macrine Virginia et Martyris. C’est l’un des plus anciens témoignages liturgiques de son culte en Poitou.

(53) Ch. de Smedt, Des Devoirs des Ecrivains catholiques, Bruxelles, 1886, p. 10.

Ni Bollandus, ni Papebroch, ni aucun de leurs successeurs, n’ont jamais eu les visées ambitieuses de prétendre à une autorité décisive dans les matières infiniment délicates qu’ils ont traitées, et qui sont d’ailleurs peu susceptibles d’une entière précision. Ils se sont abstenus généralement d’essayer de résoudre les questions insolubles, regardant comme une tâche suffisante, de classer les textes hagiographiques, de les publier scrupuleusement, et de faire connaître avec toute l’exactitude possible leur provenance, leurs sources, leur allure, et, s’il se peut, de caractériser le talent, la moralité et la probité littéraire de leurs auteurs. — Dans nos recherches sur la légende de Sainte-Macrine, tous nos efforts ont tendu à suivre cet exemple. Aussi en exprimant nos doutes sur l’existence de Sainte-Macrine, nous constatons simplement ce fait, qu’elle ne nous est connue que par une tradition basée sur des souvenirs payens et d’une autorité insuffisante à prouver son existence.

En écrivant cette étude, nous n’avons jamais eu la pensée de formuler une critique à l’adresse de convictions respectables par leur sincérité. Ces convictions traditionnelles d’ailleurs, loin de perdre par cet examen attentif de leur origine, l’antique apanage de l’esprit imaginatif de nos ancêtres, y trouveront au contraire, avec un regain de réelle poésie, l’explication de la genèse d’une religiosité séculaire, et d’une logique populaire évolutive, dignes d’intéresser et de fixer notre attention.

Puisse ce résultat d’une connaissance plus cherchée, si ce n’est mieux approfondie, des causes efficientes de notre vieille et pittoresque légende poitevine, nous valoir l’indulgence de nos lecteurs.

Les fidèles de Sainte-Macrine d’ailleurs, ne sauraient être déçus dans leur culte mineur puisqu’en adressant leurs hommages à la recluse du Pont (54), à la fille de Saint-Basile et de Sainte-Emmelie, ils trouveront dans cette évolution volontairement consentie de leur culte traditionnel, toute satisfaction à leurs aspirations mystiques. — Bien qu’en réalité, les dates des fêtes de ces deux saintes, étant différentes, nous conduisent à penser que la Macrine orientale n’a rien de commun avec le Bon génie poitevin, l’identité de leurs noms et des vertus qu’on leur prête, seraient des raisons suffisantes pour confondre les honneurs qui leur sont rendus.

(54) La Vie de Sainte-Macrine morte en 379, a été écrite par son frère Saint-Grégoire de Nysse. Sa fête est célébrée le 20 juillet.

La tradition se formant et se continuant par l’unanimité de nos consentements et de nos habitudes corporelles et d’esprit, confère une réelle quoique décevante immortalité, aux idées, aux choses, aux personnes célèbres, sacrées, (ou réputées telles, comme César et ses divins successeurs, etc.), — « Populus vult devipi », — et à celles surtout qui sont chères à nos cœurs.

C’est ainsi que le culte de Macrine, la fée poitevine ou la Sainte orientale, continué et précieusement gardé par la fidélité du souvenir de nos poètes, prêtres et rapsodes locaux, a été la raison d’être de la pérennité de sa durée en notre mémoire. Souvenons-nous enfin, que beaucoup d’entre nous, bercés dans leur enfance par les rêveries ancestrales qui nous séduisent encore, peuvent dire avec le poète :

« Et in Arcadia ego ! » — Et moi aussi j’ai vécu en Arcadie.

Malgré les miracles de la science moderne en effet, les vieilles traditions, les contes et les légendes, (que nous sommes toujours si empressés à rechercher et recueillir), continueront longtemps encore à charmer et faire la joie de ceux qui nous suivent. A chacun d’eux, on pourra rappeler et appliquer cette pensée de Lucrèce :

« Omnia te, vita perfuncta, sequentur ».

« Les races futures vont vous suivre » — Lucrèce (III, 981).

Niort, (12 avril-5 août) 1908

Camille de Saint-Marc.

 

Remerciements collectifs : A M. Léo Desaivre, pour ses intéressantes communications; à M. Bouneault, pour le dessin du vitrail de Sainte-Macrine (église de Frontenay); à M. Marmuse, pour sa belle photographie, et à M. Hachette pour le cliché du bas-relief Borghèse.

Société Historique et Scientifique des Deux-Sèvres
Procès-verbaux – Mémoires – Notes et documents – 4e année – 1908

 

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