Les prêches du « Désert »

Extraits de « 100 lectures d’histoire locale se rapportant au département des Deux Sèvres », G. Picard, 1939

La révocation de l’Edit de NANTES s’était fait cruellement sentir dans tout le pays protestant de la vallée de la SEVRE. Les protestants, fugitifs, ruinés ou découragés, n’avaient point ensemencé leurs terres. Restées incultes, les riches campagnes dont les moulins et les minots étaient alors si renommés, n’avaient plus rien à envoyer aux marchés voisins. La disette et même la famine étaient partout. Une affreuse mortalité, dans quelques paroisses, emporta jusqu’à moitié des habitants. L’industrie des petites villes avait été ruinée, le commerce était tombé, la population démoralisée, tels étaient les résultats de l’intolérance inspirant la politique de Louis XIV.

Et cependant, le pays ruiné n’était pas converti. Les temples avaient été rasés, les ministres du culte reprenaient pourtant dans les lieux écartés, les clairières et les bois (*), les réunions proscrites, dites « assemblée du Désert ». (Les termes du Désert, de l’assemblée, se retrouvent dans bien des noms de lieux).

Dès 1686, des assemblées nocturnes eurent lieu près de MONCOUTANT et de POUZAUGES. Un maître d’école, nommé BIGOT, y faisait la lecture de la Bible. Il fut jugé à FONTENAY, conduit en chemise devant la porte de l’église Notre Dame pour faire amende honorable et fut ensuite étranglé. Il marcha au supplice en chantant un psaume, tandis que la populace fanatisée hurlait le « Salve ».

En 1688, il y eu des assemblées en plein jour auprès de MOUGON et de MELLE. Un des lieux choisis fut la cour du logis de GRANDRY, entre THORIGNE et PRAILLES. Les dragons avertis, vinrent à GRANDRY et tirèrent sur les protestants « comme on tire sur une volée de pigeons. »

L’intendant Foucault emmena avec lui sept ou huit des plus compromis. C’était : Des TOUCHES, dit le Grand THOMAS, maréchal habitant la paroisse de THORIGNE ; Jacques GUERIN, de la paroisse de SAINTE BLANDINE et Pierre ROUSSEAU, fermier de GANDRY : Le Grand THOMAS et Jacques GUERIN furent pendus (**).

De nombreux protestants furent condamnés aux galères ; d’autres furent enfermés dans des cloîtres, dans des châteaux forts (c’était ceux qui avaient le moyen d’y payer leur pension) ; d’autres étaient détenus dans les hôpitaux ou les prisons. Beaucoup furent bannis, exilés.

* Ombrages de VERGOT, entre LA MOTHE et SALLES. Forêt de l’HERMITAIN.

** Pour plus d’informations sur l’assemblée du Grand Ry et le supplice du Grand Thomas des Touches, voir le site de E. et G. Vidal http://guy.vidal.pagesperso-orange.fr/Thomas_MARCHE/index2.htm

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